2011, rien n’est perdu

Publié le 19 décembre 2011 - Bruno Colombari

Vierge de défaites, cette année pauvre en émotions aura débouché sur une qualification directe pour l’Euro et aura permis de voir de nouvelles têtes. Pour les certitudes, il faudra attendre 2012.

4 minutes de lecture

Peu de buts, peu de spectacle, un jeu collectif embryonnaire, une certaine solidité défensive et des révélations qui n’auront pas confimé : coincée entre le désastre sud-africain et l’Euro à l’Est, cette année 2011 aura au moins sorti l’équipe de France du trou dans lequel elle s’était précipité.

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Les résultats

Sept victoires, six nuls, pas de défaite : cela faisait longtemps que les Bleus n’avaient pas fini l’année sans avoir perdu, depuis 2005 exactement. C’est la septième fois depuis 1950 que cela arrive, donc cinq fois sur les vingt dernières années.

Au classement des années depuis 1904 (en écartant celles comptant moins de cinq matches joués), 2011 se situe à une modeste 32ème place, en raison d’une proportion de victoires très moyenne (54% des matches joués). Elle se cale entre deux années récentes, 2005 et 2002.

Si on regarde en détail les sept victoires de l’année, on remarque que quatre d’entre elles ont été acquises lors de matches amicaux (Brésil, Ukraine, Pologne et Etats-Unis), et surtout que les trois en compétition ont été obtenues contre des adversaires très faibles (Luxembourg et Albanie deux fois). De plus, hormis le Brésil (qui a joué une mi-temps à dix et qui n’alignait pas sa meilleure équipe), la France n’a rencontré que des adversaires de deuxième ou troisième catégorie cette année, ce qui relativise grandement la série d’invincibilité en cours.

Enfin, trois matches sur treize se sont terminés sans but. Ce n’est pas un record (il remonte à 2004 avec cinq 0-0), mais c’est autant qu’en 1994 ou en 2008. C’est surtout le signe d’une équipe qui peine à produire du jeu face à des adversaires regroupés.

Les adversaires

On l’a dit au-dessus : les douze adversaires de l’année (l’Albanie a été rencontrée deux fois) n’ont rien de foudres de guerre. Exception faite, sans doute, du Brésil (du moins sur le papier) et du Chili. Les Bleus ont certes battu les deux pays organisateurs de l’Euro (Ukraine et Pologne) à l’extérieur, mais ils sont restés bredouilles face à un troisième qualifié, la Croatie.

Une seule fois, ils ont été vraiment mis en danger, contre la Bosnie en octobre, qui a mené au score pendant 37 minutes avant de concéder un pénalty largement évitable. Face à la Biélorussie à Minsk, ils ont été également menés, mais pendant deux petites minutes, le temps pour Malouda d’égaliser après un but contre son camp d’Abidal. Mais à trois reprises, un seul but encaissé leur a coûté la victoire (en ajoutant le nul contre le Chili en août). L’envers de la médaille représenté par une attaque bien faible (17 buts en 13 matches, dont sept contre l’Ukraine et l’Albanie au retour).

L’année 2012 montrera ce que valent les Bleus face à des adversaires de haut niveau. Ils en croiseront au moins trois : l’Allemagne en amical le 29 février, l’Angleterre à l’Euro le 11 juin et l’Espagne le 16 octobre en qualification du Mondial 2014.

Les joueurs

Trente-six joueurs ont participé aux treize matches de 2011. Ça en fait dix de moins que l’année précédente, mais c’est quand même beaucoup. Dans le lot, huit nouveaux ont été appelés par Laurent Blanc : trois qui n’ont joué qu’une fois (Cédric Carrasso, Jérémy Mathieu et Laurent Koscielny), trois autres que l’on a vu deux fois (Mathieu Debuchy, Maxime Gonalons et Olivier Giroud), un qui a joué cinq fois (Younès Kaboul) et enfin celui que l’on peut qualifier de révélation de l’année, Marvin Martin, qui vient d’enchaîner neuf matches consécutifs.

Au temps de jeu, Lloris est le joueur le plus utilisé (990 minutes), mais il est devancé au nombre de matches par Yann M’Vila (12) et à égalité avec Florent Malouda (11). Viennent ensuite Adil Rami, Loïc Rémy et Karim Benzema (10). Certains qui avaient, fin 2010, un statut de cadre, ont très peu joué en 2011 comme Diaby (4 matches), Gourcuff ou Mexès (3). A l’inverse, Martin (9), Cabaye (8) et dans une moindre mesure Ménez (7) ont été très présents.

La révélation de l’année

Même s’il a fini 2011 en petite forme, Marvin Martin a inconstestablement été la révélation de l’année. Son entrée fracassante contre l’Ukraine (deux buts et une passe décisive en un quart d’heure) restera dans les mémoires, surtout à Donetsk où l’on se méfiera énormément de lui en juin prochain. Ses neuf matches consécutifs laissent penser que Laurent Blanc le mettra certainement dans la liste des 23. Un bémol cependant : si ses deux premières titularisations contre la Pologne et le Chili ont été convaincantes, les deux suivantes (Roumanie et Belgique) n’ont pas démontré que le Sochalien avait la carrure pour s’imposer dans l’équipe de départ. Les cinq mois qui nous séparent de l’Euro devraient lui permettre de progresser, à Sochaux ou ailleurs.

Le lexique 2011

C’est le mot quotas qui a bien failli emporter le sélectionneur national, dix mois après sa nomination. Le 28 avril, le site Mediapart révèle que lors d’une réunion à la fédération, le 8 novembre 2010, le principe de quotas de joueurs noirs avait été abordé par Erick Mombaerts (sélectionneur des Espoirs), François Blacquart (DTN) et Laurent Blanc. Avec des propos particulièrement maladroits, pour ne pas dire très ambigus :

Laurent Blanc : « Qu’est-ce qu’il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks (...) Je crois qu’il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d’autres critères, modifiés avec notre propre culture (...) Les Espagnols, ils m’ont dit : “Nous, on n’a pas de problème. Nous, des blacks, on n’en a pas”. »

Erick Mombaerts : « Est-ce qu’on s’attelle au problème et on limite l’entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité ? »

Laurent Blanc : « Moi j’y suis tout à fait favorable. »

François Blaquart : « On peut s’organiser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit. »

L’affaire déclenche une tempête médiatique. Chantal Jouanno, ministre des sports, suspend le temps de l’enquête François Blacquart. Les anciens internationaux prennent position, les uns défendant le sélectionneur (Desailly, Dugarry, Deschamps, Lizarazu), d’autres (Vieira, Thuram) exprimant leur consternation. Laurent Blanc prend la tangente quelques jours à Merano, en Italie, et décide de rester en place. L’affaire finit par retomber au début de l’été.

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