2019, un bilan en bleu (2/6) : le sélectionneur

Publié le 8 décembre 2019 - Bruno Colombari

Devenu en novembre le premier sélectionneur des Bleus à diriger cent matchs, Didier Deschamps a continué sa collection de records tout en qualifiant l’équipe de France pour l’Euro 2020.

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A chaque année suffit sa peine, à moins que ce ne soit son record : en 2017, celui du nombre de victoires, en 2018, celui du nombre de rencontres dirigées en équipe de France (sans parler du titre mondial) et en 2019, comme prévu et grâce à un calendrier agrémenté d’un amical en juin, le cap des 100 matchs. Pour 2020, le challenge est tout trouvé : devenir le premier sélectionneur français à remporter deux titres majeurs [1] et s’offrir au passage un double-double, à savoir le combo Coupe du monde + Euro vingt ans après l’avoir gagné en tant que joueur.


 

Victoires expéditives contre la Moldavie et l’Islande

En attendant, l’année 2019 n’aura pas été aussi facile et linéaire que pouvait le laisser croire son calendrier, avec un groupe où les épouvantails étaient Islandais et Turcs, et un amical aussi inédit que gentillet contre la Bolivie. Cette année intermédiaire, jamais facile à négocier (1985 et 1999 l’avaient déjà prouvé), avait pourtant bien démarré avec deux victoires expéditives et brillantes en Moldavie et contre l’Islande. A chaque fois, le trio Griezmann-Giroud-Mbappé réussissait une sorte de hat-trick collectif, complété par un but de défenseur (Varane puis Umtiti). Avec dix titulaires de 2018 (moins Hernandez), Deschamps opte alors pour son 4-2-3-1 asymétrique avec Matuidi à gauche plus bas que Mbappé à droite. On est là dans la conservation d’un système qui a fait ses preuves.

Après France-Islande (Le Parisien) :
« Il y a de la cohérence, des affinités techniques, de la complémentarité. Ils se trouvent de mieux en mieux. Cela n’a pas toujours été le cas, mais à force de répéter, de rejouer ensemble. Ils jouent les uns pour les autres. C’est aussi pour cela que j’ai choisi de remettre la même équipe. Ils se connaissent, ils ont des automatismes face à une équipe qui ne voulait pas nous laisser d’espaces. On a eu cette faculté à mettre en difficulté l’adversaire. »

Le match-piège habituel en juin d’une année impaire

En juin, après une variante plus offensive contre la Bolivie (Lemar-Griezmann-Thauvin derrière Mbappé) compte tenu des nombreuses absences, c’est le retour au classique pour le match théoriquement le plus difficile de l’année, à Konya contre la Turquie. Sans Kanté et Hernandez, remplacés poste pour poste par Sissoko et Digne, les Bleus prennent l’eau et ne cadrent aucun tir. Fait rarissime en compétition, Deschamps change deux joueurs à la pause (Mendy pour Digne, Coman pour Matuidi) sans résultat. On se souvient qu’un milieu à trois récupérateurs-relayeurs avait échoué à Rotterdam en 2018 (Matuidi, Nzonzi, Kanté) et à Solna en 2017 (Sissoko, Pogba, Matuidi).

Après Turquie-France (L’Equipe) : « Il a manqué tellement de tout. Je n’enlève surtout pas le mérite à cette équipe de Turquie, qui a fait un très bon match, mais nous, de notre côté, il y a eu beaucoup trop d’insuffisances, dans l’agressivité et dans la justesse technique. Au-delà de la qualité de cette équipe turque qui nous a mis en difficulté, on leur a aussi offert des opportunités. C’était un non-match de notre part. À partir du moment où on ne met pas tous les ingrédients, on est punis. Et heureusement que c’est comme ça. La route est encore longue. On ne pouvait pas espérer autre chose par rapport à ce qu’on a fait face à un adversaire dans de très bonnes dispositions. »


 

Matuidi et Sissoko pour un schéma prudent

Lors des trois matchs suivants, il revient à un 4-2-3-1 sans Pogba ni Kanté (forfaits) et avec quatre joueurs offensifs, pour onze buts marqués. Mais à Reykjavik, retour aux fondamentaux avec Matuidi à nouveau dans le couloir gauche alors que Coman supplée Mbappé à droite. Contre la Turquie, c’est une variante symétrique qui est choisie avec Sissoko à droite plus bas que Coman à gauche. Il n’y a alors plus que cinq titulaires de la finale de la Coupe du monde au coup d’envoi. Et à chaque match un manque de réussite à la finition, avec deux buts marqués, dont un sur pénalty.

Après Islande-France (Le Figaro) :
« On savait que ça allait être un combat physique, ça l’a été et on a été à la hauteur à ce niveau-là. Même si c’est resté relativement fermé sur la première mi-temps où on a eu deux petites occasions, on en a eu plus dans la seconde période où on aurait pu se mettre à l’abri. Mais face à cette équipe islandaise chez elle avec son jeu direct, beaucoup de déviation, de densité, on a été très solides parce qu’on ne leur a laissé aucune occasion. »

Une défense à trois pour le dernier match de l’année

La Moldavie étant l’équipe la plus faible du groupe, le schéma à deux relayeurs (Tolisso et Kanté) derrière quatre joueurs offensifs (et le retour de Mbappé devant) est censé produire des étincelles. Ce ne sera pas le cas. Il faudra même attendre la 79e minute pour voir les Bleus mener enfin au score, et la 88e pour voir le seul changement de joueur côté français.

Enfin, à la surprise générale, le sélectionneur innove à Tirana pour le dernier match de l’année et tente un 3-4-3, le tout premier en cent sélections. Avec Mendy et Dubois à hauteur de Tolisso et Sissoko (voire plus haut) et Griezmann installé devant deux attaquants axiaux (Ben Yerdder et Giroud), le jeu est plus fluide et le match rapidement plié. Reverra-t-on cette option en 2020 ?

Après Albanie-France (Le Parisien) :
« Je l’avais dans la tête depuis un bon moment. La question était de savoir à quel moment le faire. Mais ce n’est pas une option pour être plus défensif. Je fais toujours un choix de système pour mettre le plus en difficulté l’adversaire. Cela a été le cas avec le trio devant, même si Kylian était prévu au départ. Mais il était hors de question de prendre des risques alors qu’il avait de la température. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour le travailler, mais j’ai des joueurs intelligents qui ont tous déjà joué dans ce système en club. Même si cela s’était mal passé, je ne l’aurais pas abandonné. On a de la maîtrise, on a été solide et l’animation offensive a montré de la qualité. On pourrait revoir ce système. »

[1Roger Lemerre avait enchaîné un Euro et une Coupe des confédérations en 2000 et 2001

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