Bleu de presse #7

Publié le 17 juin 2020 - Bruno Colombari

Faubert et les éphémères, Lizarazu et l’Euro 2000, Paul Pogba et son avenir, mais aussi les années noires de l’après-Platini, un France-Allemagne 2020 virtuel et le rapport d’enquête perdu de Knysna : avant-dernière revue de presse de la saison pour la semaine du 10 au 16 juin.

4 minutes de lecture

On commence par l’actualité, toujours aussi chétive concernant les équipes nationales, qui ne bougeront pas jusqu’à début septembre. A ce propos, Cédric Guillou sur France Info a fait le point sur le calendrier prévisionnel du dernier trimestre 2020 pour les Bleus. Il sera chargé, avec probablement huit matchs au programme : deux en septembre, trois en octobre et trois en novembre, car il va falloir recaler les deux amicaux de mars déplacés un premier temps en juin et toujours pas joués.

1-0 à Munich contre l’Allemagne, sur PES

Comme l’Euro aurait dû commencer le 12 juin, certains s’amusent à jouer les matchs en version console (après tout, après le public virtuel des matchs à huis clos, pourquoi pas des matchs virtuels ?). Eurosport a ainsi disputé l’Allemagne-France qui était prévu le 16 juin à Munich sur PES. Les Bleus jouent avec des manches longues et des gants, tenue logique pour un 16 juin à Munich on dira, dans une compo rigoureusement identique à celle de la finale 2018, sauf Benjamin Mendy à la place de Lucas Hernandez. Giroud ouvre le score à la 22e (du droit !). Score final 1-0. Finalement, les matchs en vrai, c’est quand même mieux.

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Dans France-Football du 16 juin, Thomas Simon consacre un article à l’avenir de Paul Pogba. Lequel semble toujours jouer le rôle d’une balle de ping-pong entre les raquettes Manchester United et Juventus Turin, avec Mino Raiola pour compter les points (et la commission). La tendance d’un transfert au Real Madrid a perdu de sa superbe, et apparemment Solskjaer compte sur lui pour la saison prochaine. Le contrat de Pogba va jusqu’à juin 2021, autant dire que le feuilleton n’est pas terminé.

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  • Paul Pogba, un départ en suspension, France Football, n°3859, 16 juin 2020, pp. 32-33

Pour patienter jusqu’en juin 2021 justement, Matthieu Delahais s’est lancé un défi sur Twitter : #1Jour1StatBleue. Le principe est simple : une anecdote ou une statistique originale sur les Bleus chaque jour pendant un an, jusqu’à l’Euro. Comme par exemple les pires défaites de l’histoire, les buteurs en série les plus rapides, les victoires consécutives contre un même adversaire…
https://twitter.com/ma2thieud

Et tant qu’on en est aux contributeurs de Chroniques bleues, c’est l’article de Pierre Cazal sur Rudi Hiden [1] qui a été cité par Gilles Dhers dans son article consacré au gardien autrichien publié sur le site de Libération samedi denier.

Le onze de la lose

Les Cahiers du football racontent, sous la plume de Mevatlav Ekraspeck, les années noires des Bleus, entre 1986 et 1990. Rien ne va dans cette période-là, avec une élimination de l’Euro 88, puis une autre pour la Coupe du monde 1990, des anciens qui n’arrivent pas à s’imposer (Amoros, Fernandez, Stopyra), des espoirs qui déçoivent (Ferreri, Vercruysse, Paille) et de bons joueurs de club qui tirent la langue au plus haut niveau (Sonor, Kastendeuch, Micciche, Fargeon). Le tout est raconté avec beaucoup de tendresse et d’indulgence, même au moment de dresser un onze de la lose :

Le onze des pas de pot, des trop tôt, des barrés, des auteurs d’un mauvais match au mauvais moment, a tout de même une sacrée gueule, et quelques trophées à son actif – avec une forte connotation bordelaise et messine, des touches monégasques et toulousaines.

Au milieu de tout ça, deux jeunes qui débutent au printemps 1989 : un dénommé Laurent Blanc et un certain Didier Deschamps.

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Le magazine L’Equipe du 12 juin consacre quant à lui un dossier à d’autres losers, ceux dont le compteur de sélections s’est arrêté à un. Ce que j’appelle ici les éphémères, et auquel Raphaël Perry consacre un livre à paraître bientôt. Julien Faubert fait la une (avec un maillot bleu frappé du 1 et donc floqué tout exprès) et des portaits sont consacrés à Lionel Charbonnier, Bernard Boissier et Steve Savidan. Jean-Michel Brochen raconte leurs rêves brisés, même si certains (Michel Hidalgo) ont bien su rebondir. Ce n’est pas le cas de

Fares Bousdira, magnifique footballeur, capable de tout faire balle au pied, comparé à Platini au printemps 1976. Hidalgo, qui construit une équipe, adore ce genre de joueur. Après le Nancéen en mars au Parc, il donne en avril, pour son deuxième match, sa chance à Bousdira, chez lui à Bollaert contre la Pologne (2-0). Il joue une demi-heure, mais sans impact. « Il n’a pu s’imposer, une faiblesse essentiellement psychologique », lira-t-on dans France Football.

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Un jour de gloire, Le Magazine L’Equipe, n°1972, 12 juin 2020, pp. 18-33


Lizarazu et les impatients de l’an 2000

Sinon, dates anniversaires obligent, les rétrospectives continuent sur l’Euro 2000 et Knysna 2010. Sur le site de la FFF, Guillaume Bigot continue sa série d’interviewes long format (un quart d’heure) aux protagonistes du deuxième titre de champions d’Europe, avec cette semaine Laurent Blanc et Bixente Lizarazu. Si les deux sont d’accord sur le fait que l’équipe était plus forte qu’en 1998, le consultant de TF1 est plus précis sur l’évolution d’un tournoi à l’autre :

La caractéristique de cette équipe à l’Euro 2000, c’était sa capacité à faire du jeu et à se créer des occasions, mais son défaut c’était de se laisser aspirer et d’être beaucoup moins disciplinée défensivement. Je sentais que ça pouvait être notre faille. En 1998, la défense était un mur, et je ne parle pas que des quatre derrière. Là, il y avait des aspirations vers l’avant qui laissaient quelques brèches.

Il raconte aussi en détail le dernier match contre l’Italie :

En finale, on n’était pas patients. C’est ce qu’on avait perdu par rapport à 1998 où on jouait bien les temps forts et les temps faibles, où on était capables de fermer un match. Je sors énervé, déçu qu’on n’arrive pas à lancer cette finale. On passe à trois en défense, et Robert [Pirès] entre comme attaquant supplémentaire. Sur le banc, il y a une tension qui est forte. Ce qui se passe derrière, c’est un coup qui réussit. Quand tu égalises, mentalement, il y a tout qui change. L’égalisation, c’est ça la bascule. Psychologiquement, ils sont morts.


 

Il y a bien des façons de mourir psychologiquement, et la Coupe du monde en Afrique du Sud en est une. Dans le Monde du 16 juin, Rémi Dupré et Adrien Pécout reviennent sur Knysna, un fantôme dont l’équipe de France, tel le sparadrap du capitaine Haddock, n’arrive décidément pas à se débarrasser. Les deux journalistes révèlent que le rapport d’enquête rédigé à l’été 2010 par la mission d’information de la FFF a tout bonnement disparu. Même si c’est le destin de la plupart des rapports d’enquête, ce dernier ne semblait pas considérable : 18 des 23 joueurs ont été auditionnés (au téléphone) en un temps record (le rapport est remis le 5 août), le tout tenant dans « 10 à 15 pages ».

A défaut, Rémi Dupré et Adrien Pécout ont peut-être retrouvé l’identité de l’auteur du fameux communiqué lu par Raymond Domenech à Knysna, le jour de la grève du bus. Il s’agirait de l’ex-secrétaire d’Etat aux sports Thierry Braillard (entre 2014 et 2017). Là aussi, le feuilleton continue.

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