Douze questions pour 2012

Publié le 1er janvier 2012 - Bruno Colombari

JPEG - 6.2 kioNous y voilà. Dans six mois très exactement, nous saurons si les Bleus 2012 auront rejoint ceux de 1984 et de 2000 au palmarès de l’Euro. Une blague ? On va en tout cas essayer d’y répondre, ainsi qu’à onze autres questions pour l’année qui vient.

5 minutes de lecture

Les années finissant par 2 sont-elles favorables ?

JPEG - 34.7 kioPas vraiment, non. La seule à sortir du lot remonte à trois décennies, il s’agit bien entendu de 1982. Et encore, si elle est passée à la postérité, ce n’est pas pour l’ensemble de son œuvre (rappelons les défaites à domicile contre le Pérou et surtout la Pologne, et celles au Mundial face à l’Angleterre et encore la Pologne) mais pour ces fulgurances (contre l’Italie en février, l’Irlande du Nord et l’Allemagne en juillet) qui ont servi de bande-annonce pour 1984, l’année parfaite.

Pour le reste, beaucoup de ratés, le pire étant l’année 1962 avec deux nuls et trois défaites pour aucune victoire (mais un plateau chargé avec l’Allemagne, l’Italie et l’Angleterre). On ne reviendra pas sur 2002 et ses défaites contre la Belgique, le Sénégal et le Danemark (le tout en moins d’un mois), presque aussi mauvaise que 1992 avec ses deux victoires, quatre nuls et cinq défaites. 1952 et 1972 sont pour leur part des jumelles sans relief (cinq victoires, un nul, deux défaites) mais pas déshonorantes.

Enfin, et ce n’est pas forcément bon signe pour Laurent Blanc, le sélectionneur a changé en 1992 (Platini remplacé par Houllier) et en 2002 (Lemerre débarqué au profit de Santini). Jamais deux sans trois ?

Laurent Blanc sélectionneur jusqu’à quand ?

Actuellement en négociations avec la fédération pour le renouvellement de son contrat, Laurent Blanc ne serait pas, c’est le moins qu’on puisse dire, dans les meilleurs termes avec le président Noël Le Graet. Pour ce dernier, il est urgent d’attendre, il sera toujours temps d’y penser à la fin de l’Euro.

Dès lors, fragilisé par l’affaire des quotas, moins protégé dans la presse qu’en 2010, Laurent Blanc pourrait être tenté de préparer l’avenir en négociant avec l’un des clubs où il a joué, on pense notamment à l’Inter de Milan, voire à Manchester United. Si un départ avant l’Euro semble exclu, il est tout à fait possible que Blanc suive les traces de Jacques Santini, lequel avait annoncé quelques jours avant l’Euro 2004 qu’il allait signer à Tottenham. Une annonce qui n’a sans doute pas été neutre dans la perte de contrôle du sélectionneur pendant le tournoi, où l’équipe a semblé jouer en pilotage automatique.

Qui pour succéder à Laurent Blanc en cas de départ en 2012 ?

Plusieurs noms circulent déjà, toujours Didier Deschamps bien sûr, même si la saison en cours à l’OM ne plaide pas en sa faveur, mais aussi l’entraîneur de Lille, Rudi Garcia. Les amateurs de beau jeu pourraient aussi avancer les noms de Raynald Denoueix ou de Christian Gourcuff, lequel serait alors en situation de sélectionner son propre fils, situation inédite en équipe de France. L’hypothèse Arsène Wenger n’est pas la plus probable, même si pour l’entraîneur des Gunners ce serait une belle fin de carrière.

Qui sera la révélation de 2012 ?

Pas facile, car Laurent Blanc a multiplié les essais en 2011, et il est peu probable que de nouveaux joueurs arrivent avant l’Euro. Sinon, on peut citer Olivier Giroud, Mathieu Debuchy ou Maxime Gonalons. Et après l’Euro, peut-être Rafael Varane, même s’il n’aura à ce moment-là que dix-neuf ans et demi. C’est en tout cas le jeune joueur avec le plus fort potentiel, ce qui ne veut pas dire qu’il confirmera.

Quelles ambitions pour l’Euro ?

Avant le tirage au sort du 2 décembre, les ambitions tricolores se limitaient à éviter de tomber sur un favori au premier tour. Vœu exaucé puisque les Bleus ont hérité d’un groupe qui semble largement à leur portée (Angleterre, Ukraine et Suède pour ceux qui n’ont pas suivi), ce qui les a autorisé à réviser leurs projets (Même pas peur !). Un quart de finale semble désormais un objectif réaliste, voire, pourquoi pas, une demi. Au-delà, il faudrait passer sur le corps des Espagnols ou des Allemands, et là, c’est vraiment autre chose. Mais après tout, souvenons-nous que début 2006, personne ne voyait les Bleus en finale, sans même remonter à début 1998.

Quelle liste des 23 ?

C’est beaucoup trop tôt pour faire des hypothèses, mais la question va se poser inévitablement début mars, après le prochain Allemagne-France qui sera aussi le dernier match avant la liste. Mexès devrait retrouver sa place sans problème, mais la question se pose pour Gourcuff, voire Diaby ou Ben Arfa. Voir aussi l’article Quelle liste des 23 pour l’Euro ?

Quel capitaine à l’Euro ?

Hugo Lloris semble avoir été choisi par Laurent Blanc pour porter le brassard en premier choix. Avec Rami, M’Vila et Benzema, il est l’un des rares titulaires indiscutables actuellement, le choix semble donc logique. Reste qu’il manque au gardien lyonnais, qui n’a que 25 ans, un peu d’autorité et de charisme pour faire un capitaine influent. Force est de reconnaître qu’aucun autre joueur ne se dégage avec ce profil, c’est d’ailleurs un des soucis de l’équipe de France.

Quel schéma tactique à l’Euro ?

De ce côté, rien n’est inscrit dans le marbre. Longtemps partisan d’un 4-3-3, Laurent Blanc a semblé un moment changer d’avis et opter contre les Etats-Unis pour un 4-4-2 avec Benzema et Gameiro en pointe, Ribéry et Ménez étant chargé d’animer les ailes sans meneur axial. Le peu de succès de cette formule incitera sans doute le sélectionneur à revenir au 4-3-3, mais sans plus de certitude dans la composition du milieu. Un ou deux récupérateurs ? Qui en relayeur ? Et qui sur les côtés ?

Quel impact aurait une défaite contre l’Allemagne en février ?

A priori anecdotique, sauf si le score est élevé. Une large défaite (ce qui n’est plus arrivé aux Bleus depuis le 1-4 de juin 2008 contre les Pays-Bas) pourrait faire mal au moral de l’équipe de France, et remettre en cause les progrès réalisés depuis un an et demi. Une défaite serrée contre l’un des favoris de l’Euro, et probable meilleure sélection européenne actuelle, n’aurait rien d’infâmant. Mais dans ce cas, la manière sera regardée avec beaucoup d’attention : une défaite après avoir été dominés dans tous les compartiments du jeu comme contre l’Espagne en 2010 n’a pas le même impact que celle concédée à la Biélorussie en septembre 2010.

Invaincus, jusqu’à quand ?

La réponse à cette question est évidemment liée à la précédente. S’ils reviennent de Brême sans avoir perdu, les Bleus vont aborder les matches de préparation à l’Euro (a priori contre des adversaires abordables) avec un gros moral. Dans ce cas, la série pourrait se prolonger jusqu’après le premier tour de l’Euro, ce qui pourrait l’amener à 24, voire 25 unités. Et si l’Euro est réussi, alors la série record de trente matches de 1994-1996 pourrait être égalée juste avant l’Espagne-France d’octobre...

Quelle équipe d’Espagne en qualifications 2014 ?

L’année 2012 ne s’arrêtera pas à l’Euro, évidemment. Quelle que soit l’issue de celui-ci, l’équipe de France attaquera dans la foulée les matches qualificatifs pour le Mondial 2014 au Brésil, et là le tirage au sort n’a pas été tendre. Après un amical à domicile en août, les Bleus iront en Finlande le 7 septembre avant de recevoir la Biélorussie le 11 du même mois. Et ensuite, ils se déplaceront pour ce qui s’annonce le match le plus difficile de l’année, le 12 octobre en Espagne.

Il est bien trop tôt pour savoir dans quel état sera la Seleccion dans dix mois, mais s’il se confirme à l’Euro qu’elle est logiquement sur la pente descendante, il n’est pas impossible que les Bleus la croisent au meilleur moment : en cas d’échec en Ukraine, il pourrait y avoir du mouvement dans les joueurs, ce qui entraînerait une période de flottement de quelques mois. Dans tous les cas, et à condition d’avoir négocié au mieux les deux premiers matches du groupe, les Bleus n’auront aucune pression, et tout à gagner.

Quelle incidence aura la présidentielle ?

Décisive. Pour la bonne raison que jamais, au grand jamais, les Bleus n’ont gagné quelque chose avec la droite au pouvoir. Tous ses titres (1984, 1998 et 2000) ont été obtenus avec une majorité de gauche (ou prétendument, n’entrons pas ici dans les détails). Mieux même : elle a perdu des tournois où elle était favorite alors que la droite revenait juste aux manettes, comme en 1986 et bien sûr en 2002, pour ne pas parler de 2006. Le seul contre-exemple est 1982. Pour plus de précisions, voir ici : C’est par la gauche que les Bleus gagnent.

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