L’hiver, une saison blanche pour les Bleus

Publié le 8 janvier 2017 - Bruno Colombari

Cent trente jours séparent le dernier match de 2016 des Bleus du premier de 2017, le 25 mars prochain au Luxembourg. Ce n’est pas un record, loin de là, mais c’est une tendance : depuis trois ans, l’équipe de France ne joue plus en hiver.

3 minutes de lecture

Pour un sélectionneur, la trêve hivernale prend tout son sens. Entre la mi-novembre et la fin mars, il a tout le temps de faire les courses de Noël, de digérer les fêtes et de faire les soldes. Car de plus en plus souvent, les Bleus restent au chaud pendant la saison la plus froide de l’année. C’est depuis trois ans une saison blanche.

On l’oublie sans doute, mais ça n’a pas toujours été le cas. Il y a même eu trois matches disputés un 25 décembre en 1952 à Colombes contre la Belgique, en 1955 à Bruxelles toujours contre les Diables rouges et en 1957 au Parc contre la Bulgarie. En 1944, alors que les troupes allemandes tentaient une contre-offensive dans les Ardennes, l’équipe de France a même joué un 24 décembre à Paris contre la Belgique.

 


 

Si le plus grand écart de l’histoire des Bleus se situe entre mai 1914 et mars 1919 (1743 jours), il est évidemment dû à la Grande Guerre qui a interrompu pendant près de cinq ans toutes les compétitions sportives internationales. Le deuxième écart se situe logiquement entre mars 1942 et Noël 1944 (1015 jours) et le troisième entre janvier 1940 et mars 1042 (770 jours). Ce sont les trois cas où la France n’a pas joué pendant plus d’un an depuis 1904.

Depuis l’après-guerre, un seul intervalle est supérieur à neuf mois : c’est entre mai 1946 et mars 1947 (308 jours). Depuis, il n’y a eu que deux intervalles supérieurs à six mois, en 1959 (224 jours entre mars et octobre) et en 1956 (196 jours entre mars et octobre).

Voici le tableau des trente plus grands écarts entre deux matches depuis 1904.

adversaire date écart
en jours
date
suivante
adv.
suivant
Hongrie 31/05/1914 1743 09/03/1919 Belgique
Espagne 15/03/1942 1015 24/12/1944 Belgique
Portugal 28/01/1940 770 08/03/1942 Suisse
Belgique 07/05/1905 350 22/04/1906 Belgique
Angleterre 21/05/1925 325 11/04/1926 Belgique
Belgique 21/04/1907 322 08/03/1908 Suisse
Angleterre 22/05/1909 316 03/04/1910 Belgique
Belgique 09/03/1919 315 18/01/1920 Italie
Angleterre 19/05/1946 308 23/03/1947 Portugal
Italie 17/03/1912 301 12/01/1913 Italie
Belgique 01/05/1904 286 11/02/1905 Suisse
Belgique 08/03/1936 280 13/12/1936 Yougoslavie
Luxembourg 20/04/1913 280 25/01/1914 Belgique
Roumanie 12/06/1932 273 12/03/1933 Autriche
Belgique 26/05/1929 273 23/02/1930 Portugal
Espagne 30/04/1922 273 28/01/1923 Espagne
Italie 29/05/1928 271 24/02/1929 Hongrie
Belgique 20/06/1926 269 16/03/1927 Portugal
Hongrie 12/06/1927 254 21/02/1928 Irlande
Galles 21/05/1939 252 28/01/1940 Portugal
Italie 15/05/1910 231 01/01/1911 Hongrie
Belgique 01/03/1959 224 11/10/1959 Bulgarie
Autriche 27/05/1934 203 16/12/1934 Yougoslavie
Angleterre 14/05/1931 199 29/11/1931 Pays-Bas
Danemark 22/10/1908 199 09/05/1909 Belgique
Autriche 25/03/1956 196 07/10/1956 Hongrie
Angleterre 26/05/1945 194 06/12/1945 Autriche
Belgique 22/04/1906 193 01/11/1906 Angleterre
Angleterre 05/05/1921 192 13/11/1921 Pays-Bas
Belgique 17/10/1948 188 23/04/1949 Pays-Bas

Cinq mois sans jouer en 1986-87

Sur les trente dernières années, l’écart le plus important date de la saison 1986-87. Entre le déplacement à Lepizig contre la RDA en novembre et la réception de l’Islande fin avril au Parc, il se passe pas mois de 161 jours. Ce qui a allongé d’ailleurs la carrière internationale de Michel Platini de cinq mois.

La dernière fois que l’équipe de France est restée plus de 130 jours sans jouer (on le rappelle, le délai qui sépare le France-Côte d’Ivoire de novembre 2016 au Luxembourg-France du 25 mars prochain), ça remonte à 1991. L’équipe dirigée alors par Michel Platini n’avait rien fait entre sa victoire au Parc contre l’Albanie en mars et son déplacement à Poznan contre la Pologne en août.

L’hiver au chaud, une tendance qui se confirme

On constatera toutefois que que les deux derniers hivers (en décidant arbitrairement que la période hivernale commence le 21 décembre et finit le 21 mars) avaient été aussi blancs que celui-ci, puisque les Bleus étaient restés au chaud pendant 129 jours entre novembre 2015 (Angleterre à Wembley) et mars 2016 (Pays-Bas à Amsterdam). Et 128 jours entre novembre 2014 (Suède à Marseille) et mars 2015 (Brésil à Saint-Denis).

Autrement dit, la tendance à l’hiver sans jouer se confirme. C’est donc la troisième fois que l’équipe de France ne sort plus avant le 21 mars. Elle ne joue plus en février depuis 2013 (Allemagne à Saint-Denis), elle boycotte janvier depuis 1999 (Maroc à Marseille) et elle évite décembre depuis 1994 (Azerbaïdjan à Trabzon).

L’unification progressive du calendrier international dans le courant des années 2000 a entraîné l’abandon des dates hivernales, les mois de février et la première quinzaine de mars étant consacrés prioritairement aux compétitions européennes de clubs.

 


 

Un quart de siècle de matches hivernaux

Ce phénomène est plutôt récent, car entre 1988 et 2013, soit 26 hivers consécutifs, les Bleus ont toujours joué au moins une fois entre début janvier et la troisième semaine de mars. En 1989, 1990, 1996, 1997 et 1998 ils ont même joué deux fois, et trois fois en 1988 et 1990. Dans le premier cas, il s’agissait d’une série de trois amicaux à Tel Aviv, à Toulouse et à Monaco. Dans le second, une tournée au Koweït puis un amical à Montpellier. En règle générale, au moins jusqu’en 1999, c’était l’occasion de jouer dans le sud (Marseille, Nîmes, Naples, le Portugal).

Mais à partir de 1998, onze matches ont eu lieu à Saint-Denis malgré le froid souvent glacial à cette période de l’année. On se souvient de deux matches disputés sur des terrains gelés, celui du Parc en février 1986 contre l’Irlande du Nord (0-0 pour les débuts de Papin) à Saint-Denis en janvier 1998 face à l’Espagne (1-0 pour l’inauguration du Stade de France et la première sélection de Trezeguet).

 

Une finale de coupe du monde le 18 décembre ?

Reverra-t-on un jour des matches internationaux en hiver ? En 2022, si la coupe du monde a bien lieu au Qatar, elle devrait se terminer le 18 décembre, dans les tout derniers jours de l’automne. Il semblerait plutôt qu’on s’oriente de plus en plus vers une saison internationale calée sur huit mois entre la mi-mars et la mi-novembre, comme c’est le cas depuis trois ans. A moins que le réchauffement climatique ne vienne bouleverser le calendrier et rendre praticable les terrains toute l’année. Pas impossible, mais dans ce cas il y aura des choses plus urgentes à régler que les dates des matches des Bleus.

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