Partir ou rester : les matchs à élimination directe en Coupe du monde

Publié le 28 juin 2018 - Bruno Colombari

C’est maintenant que la Coupe du monde prend tout son sens : à chaque match, un éliminé et un qualifié, ou un vainqueur. Retour sur les 22 précédents de l’équipe de France depuis sa défaite contre l’Autriche, en prolongations, en juin 1934.

3 minutes de lecture

Terminées les rencontres de boutiquier où il s’agit de ne pas perdre et qu’importe l’ivresse pourvu qu’on ait le flacon. Désormais, on entre dans le dur, celui des matchs couperet où à la fin, l’un des protagonistes est officiellement en vacances.

Depuis 1930, l’équipe de France a joué 22 matchs à élimination directe, dans lesquels j’ai compté aussi les finales pour la troisième place (1958, 1982 et 1986) qui sont plus des voies de garages pour battus de demi-finales, mais qui définissent un vainqueur et un perdant.

Des éditions à géométrie variable

A noter que le nombre même de matchs à élimination directe a beaucoup varié depuis 1930 : ainsi, il n’y avait que ça en 1934 et 1938 (pas de phase de poules), aucun en 1950 (pas même de finale, remplacée par un tour à quatre) et seulement deux en 1974 et 1978 (la finale et le match de classement). L’abandon d’un deuxième tour par poules de quatre ou de trois (en 1982) et le retour aux huitièmes de finale en 1986 a permis, en théorie, de mettre plus d’enjeu à la deuxième quinzaine du tournoi.

Sur les quinze Coupes du monde auxquelles ils ont participé (en comptant 2018), c’est la neuvième fois que les Bleus accèdent à cette catégorie en sortant du premier tour. Les cinq autres fois, ils ont été éliminés avant (1930, 1954, 1966, 1978, 2002 et 2010).

14 victoires, 8 défaites

L’équipe de France a remporté 14 matchs à élimination directe et en ont perdu 8 : pour plus de lisibilité, les matchs terminés aux tirs au but (RFA 1982, Brésil 1986, Italie 1998 et Italie 2006) sont comptés comme des victoires ou des défaites, même s’ils sont statistiquement parlant des matchs nuls.

Comme dans un tournoi de tennis, il est logique que les défaites soient moins nombreuses que les victoires, puisqu’il ne peut y avoir plus de deux matchs perdus par tournoi (la demi et la troisième place), alors qu’une équipe qui gagne la compétition peut engranger jusqu’à quatre victoires (dans la formule en vigueur depuis 1986).

Voyons maintenant les différents scénarios possibles en fonction du déroulement de la partie. Les Bleus ont marqué les premiers 12 fois, et ont été menés au score en premier 9 fois. La 22e occurrence est le seul 0-0 de la série, contre l’Italie en 1998.

La France marque en premier et gagne (9 fois sur 22)

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Le point remarquable ici est le fait que lorsqu’ils marquent les premiers et l’emportent, les Bleus n’encaissent presque jamais de but. Les deux exceptions sont le France-RFA 1958 Cieslarczyk égalise juste après l’ouverture du score de Fontaine, à la 17ème, les buts de Rahn et de Schafer n’arrivent qu’alors que les Bleus mènent 4-1 et 5-2. Et le France-Irlande du Nord 1982, mais il y avait déjà 3-0 quand Gerald Armstrong réduit momentanément le score à la 75e.

La France marque en premier et perd (3 fois sur 22)

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Ce cas là est plus rare. En 1934, contre la Wunderteam autrichienne, l’équipe de France débute parfaitement par un but de Jean Nicolas à la 18ème. Mais les Bleus se font reprendre avant la mi-temps par Mathias Sindelar et tombent en prolongations, la toute pré de leur histoire (2-3).

En 1982, deux jours après la folle soirée de Séville, les joueurs de Michel Hidalgo prennent l’avantage contre la Pologne grâce à René Girard (18ème). Une accumulation de bourdes défensives avant la mi-temps leur fait perdre le fil et le match (2-3).

En 2006, tout avait trop bien commencé à Berlin contre l’Italie, avec le penalty transformé par Zinédine Zidane à la 7e. Mais en douze minutes les Italiens recollent par Marco Materazzi puis tiennent bon jusqu’aux tirs au but (1-1).

La France est d’abord menée au score et gagne (4 fois sur 22)

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Si les Bleus encaissent un but en premier, qu’ils se rassurent : à quatre reprises depuis 1986 ils ont su renverser la tendance et l’emporter. Passons rapidement sur le match de classement contre la Belgique au Mexique, anecdotique (Jan Ceulemans ouvre le score à la 11e, score final 4-2 après prolongations). Quelques jours plus tôt face au Brésil, le splendide but initial de Careca avait été annulé par Michel Platini juste avant la mi-temps (1-1, victoire aux tirs au but).

En 1998, la Croatie a mené pendant une minute suite au but de Davor Suker, le temps pour Lilian Thuram d’égaliser puis de donner la victoire aux Bleus 2-1). Enfin, en 2006, le penalty transformé par David Villa pour l’Espagne (27e) n’assomme pas les coéquipiers de Zinédine Zidane qui réagissent par Franck Ribéry (41e) avant de l’emporter en fin de match (3-1).

La France est d’abord menée au score et perd (5 fois sur 22)

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C’est le scénario a priori le plus logique. Les trois premières fois de cette série, les Bleus ont pourtant bien réagi en égalisant très vite après l’ouverture du score adverse : en 1938 Oscar Heisserer (8e) répond à Gino Colaussi (7e), en 1958, Just Fontaine (9e) réplique à Vava (2e) et en 1982, Michel Platini transforme un pénalty (27e) peu de temps après le but de Pierre Littbarski (18e). Si dans les deux premiers cas, les Français ne reviendront plus au score après le second but, ils prendront l’avantage dans le troisième en menant 3-1 en prolongations.

Les deux derniers cas sont plus classiques : l’Allemagne ouvre le score tôt dans la partie (Andreas Brehme à la 9e en 1986, Mats Hummels à la 12e en 2014) et s’assure de la victoire en ne lâchant plus rien.

Une représentation graphique de l’évolution du score

En petit bonus avant de se quitter, voici comment il est possible de représenter l’évolution du score d’un match. L’idée est de visualiser les périodes successives où une équipe mène, et les périodes où le score est en équilibre. Voici quelques exemples parmi les matchs à élimination directe évoqués ci-dessus. Les zones en bleu représentent les périodes où l’équipe de France mène au score (bleu clair pour un but d’avance, bleu foncé pour deux buts, etc), celles en rouge où l’adversaire mène, et celles en gris où le score est de parité.

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