C’est avec eux que tout commence et que tout finit

Publié le 17 janvier 2022 - Bruno Colombari - 1

Marche, Lacombe, Blanc et Barthez ont été les pionniers des équipes de 1958, 1984, 1998 et 2006. Douis, Fernandez, Amoros, Henry et Ribéry ont éteint la lumière en partant. Qui sont ceux de 2018 ?

4 minutes de lecture
Mise à jour d’un article initialement paru en novembre 2014.

2018 : de Steve Mandanda à Kylian Mbappé

Combien de temps met une grande équipe avant de disparaître ? Si on admet que la fin d’une équipe arrive lors du dernier match de son dernier représentant, il est évidemment trop tôt pour savoir quelle sera la durée de vie de celle de la Coupe du monde 2018. Car si l’on a le point de départ de chacun des 23 protagonistes, on ne connaît pas encore leur point d’arrivée, puisqu’aucun d’eux n’a officiellement mis un terme à sa carrière. On peut supposer que celles de Blaise Matuidi, d’Adil Rami et de Benjamin Mendy sont presque à coup sûr terminées pour les Bleus, et que pour Djibril Sidibé, Steve Mandanda, Steven Nzonzi, Florian Thauvin ou Olivier Giroud, la probabilité de les revoir en sélection est faible, mais pas nulle : les exemples récents d’Adrien Rabiot et de Karim Benzema sont là pour inciter à un minimum de prudence.

Pour 2018 donc, j’ai représenté sur le graphe suivant l’année de début de carrière internationale de chaque champion du monde (à gauche de la liste) et l’année de fin, du moins pour les joueurs qui n’ont pas eu de temps de jeu en 2021. Les autres sont considérés comme étant toujours dans le groupe, y compris Giroud. Pour ceux-là, la date de fin provisoire est calée à 2022. Mais bien sûr, pour la plupart d’entre eux elle sera beaucoup plus lointaine : le dernier représentant de l’équipe de 2018 sera certainement Mbappé, dont on peu estimer la fin de carrière internationale aux alentours de 2032.

On sait en revanche que son point de départ remonte au 27 mai 2008 contre l’Equateur, date de la première sélection de Steve Mandanda. Il sera suivi quelques mois plus tard (en novembre 2008) par Hugo Lloris, puis viendront Adil Rami (août 2010), Blaise Matuidi (septembre 2010), et Olivier Giroud (novembre 2011).

Le point d’équilibre actuel, qui se situe à la moitié de l’année 2017, va donc bouger et sûrement dépasser 2018, voire 2020 ou 2021. Quand le point d’équilibre est antérieur à l’année étudiée, c’est que l’équipe est en fin de cycle. Si ce point d’équilibre est postérieur, c’est qu’elle est en devenir.

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2006 : de Fabien Barthez à Franck Ribéry

La fin de l’équipe finaliste de la Coupe du monde en Allemagne en 2006 a eu lieu le 5 mars 2014, lors de l’ultime sélection de Franck Ribéry face aux Pays-Bas, même si, à ce moment-là, on ne le savait pas encore. A l’inverse, on peut dater son commencement lors du premier match disputé par son premier représentant. Pour 2006, il s’agit de Fabien Barthez, qui a débuté en Bleu le 26 mai 1994 contre l’Australie à Kobé, au Japon.

L’équipe de 2006 a donc vécu près de vingt ans, même si, par le biais de Mickaël Landreau, elle était encore représentée au Brésil. Mais comme la dernière sélection du troisième gardien des Bleus date de 2007, il n’entre pas en ligne de compte.

Le schéma ci-dessous montre que la sélection de 2006 était en fin de cycle. Sept joueurs n’ont pas rejoué après la coupe du monde (Barthez, Silvestre, Givet, Chimbonda, Dhorasoo, Zidane et Wiltord) et six autres ont quitté la sélection dans les deux années suivantes (Landreau en 2007, Coupet, Thuram, Sagnol, Makelele et Trezeguet en 2008).

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A l’inverse, sept d’entre eux étaient là depuis au moins huit ans, voire même douze pour Barthez, Thuram et Zidane. Le point d’équilibre de cette équipe, calculé en faisant la moyenne du milieu de carrière internationale de tous les joueurs, se situe à la mi-2004, soit deux ans avant la coupe du monde en Allemagne.

Amusons-nous maintenant à étendre cette étude sur trois autres équipes : celle championne du monde 1998, celle championne d’Europe en 1984, et, même si elle n’a pas atteint la finale mondiale, celle de la Suède en 1958.

1998 : de Laurent Blanc à Thierry Henry

L’équipe de 1998 est donc née le jour de la première sélection de Laurent Blanc le 7 février 1989 à Dublin contre L’Eire. Et elle est morte vingt et un ans plus tard, le 22 juin 2010 à l’autre bout du monde, à Bloemfontein contre l’Afrique du Sud avec la dernière apparition en bleu de Thierry Henry.

Il apparaît nettement que si trois joueurs étaient en place depuis huit ans au moins (Blanc, Deschamps et Petit), près de la moitié de l’effectif à trois ans d’expérience au maximum, dont sept qui n’ont été appelé qu’un an avant la coupe du monde. C’est donc une équipe équilibrée et qui a un bel avenir devant elle. Six joueurs la quitteront dans les trois ans suivants (dont les trois Auxerrois Charbonnier, Guivarc’h et Diomède qui n’auront fait que passer) et six autres à l’issue de la coupe du monde asiatique. Le point d’équilibre de cette équipe se situe vers la fin de l’année 1998. Des quatre époques étudiées, c’est la seule où le point d’équilibre n’est pas encore atteint quand l’équipe atteint son sommet. Même si celle de 1998 récidivera, avec quasiment les mêmes, à l’Euro 2000.

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1984 : de Bernard Lacombe à Manuel Amoros et Luis Fernandez

Les champions d’Europe 1984 ont commencé à exister le 8 septembre 1973 avec la première cape de Bernard Lacombe contre la Grèce au Parc des Princes. Et elle s’est achevée un peu moins de dix-neuf ans plus tard, le 17 juin 1992 à Malmö contre le Danemark avec Manuel Amoros et Luis Fernandez.

Cette équipe n’est pas encore en fin de cycle (elle le deviendra deux ans plus tard au Mexique), mais elle a peu été renouvelée depuis l’Espagne. Jean-François Domergue est le seul arrivé de 1984, alors que Bats et Le Roux ont rejoint les Bleus en 1983 et que Fernandez et Ferreri ont débuté après le Mundial. Mais l’ossature est ancienne : Giresse et Lacombe sont en bleu depuis plus de dix ans, et Bossis, Platini, Six et Rocheteau depuis au moins huit ans.

Si Bergeroo, Six et Lacombe vont jeter l’éponge après l’Euro, six autres joueurs n’iront pas au-delà du Mexique deux ans plus tard, tandis que Platini et Domergue finiront en 1987. Six ans après, il ne reste plus que Luis Fernandez et Manuel Amoros. Le point d’équilibre de cette équipe se situe au premier tiers de 1983.

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1958 : de Roger Marche à Yvon Douis

La grande équipe de Suède a vu le jour onze ans plus tôt, le 23 mars 1947 avec les débuts de Roger Marche contre le Portugal à Colombes. Elle s’est terminée le 15 septembre 1965, dix-huit ans plus tard avec la dernière apparition d’Yvon Douis à Oslo contre la Norvège. Si en 1958 l’équipe peut être qualifiée d’expérimentée (hormis les cas particuliers de Casimir Hnatow et de Robert Mouynet, dans la liste des 22 mais qui ne compteront aucune sélection), elle ne dispose que de deux vétérans (Marche et Jonquet, onze et dix ans d’expérience) alors que six joueurs n’ont débuté que dans la dernière année avant la Suède.

Mais l’espérance de vie de cette équipe pourtant brillante à la coupe du monde (où seul le Brésil a semblé supérieur) ne dépassera pas les deux ans, le temps d’un championnat d’Europe 1960 complètement raté (deux défaites en demi-finale contre la Yougoslavie et pour la troisième place face à la Tchécoslovaquie) et surtout de blessures à répétition qui vont mettre un terme prématuré à la carrière de Just Fontaine. Le point d’équilibre de cette équipe se situe au début de l’année 1957.

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