Quand les Bleus s’inclinent à Kiev en barrage aller pour la Coupe du monde au Brésil, le 15 novembre 2013, Samir Nasri a 26 ans, 4 mois et 20 jours. Il joue pour la 41e fois en Bleu, et probablement la dernière. Depuis, Didier Deschamps n’a plus jamais fait appel à lui, le poussant à déclarer qu’il renonçait à la sélection.
Des joueurs cadres comme Nasri, c’est-à-dire comptant au moins trente sélections (ce qui correspond, à trois unités près, au top 100 des Bleus) et ayant quitté l’équipe de France avant trente ans, il y en a quelques-uns. Pas beaucoup : vingt-six, en mettant évidemment de côté ceux qui sont encore dans le groupe (comme Moussa Sissoko, Paul Pogba et Raphaël Varane) ou sélectionnables (Karim Benzema).

On notera qu’une carrière en Bleu qui se termine avant trente ans est forcément tronquée : Didier Six, qui a quitté la sélection quelques semaines avant son trentième anniversaire, en juin 1984, ne compte que 52 capes. Ce qui le place au 41e rang du classement des joueurs, à hauteur de Mathieu Valbuena et Moussa Sissoko. Un total à comparer avec Thierry Henry, qui comptait 92 sélections à 30 ans, Vieira (89), Lloris (85) ou Deschamps (80).
Autre constatation : parmi ces 26, il n’y a qu’un seul champion du monde, Vincent Candela, et deux champions d’Europe 84, Bellone et Six. Ces générations-là ont produit des joueurs à carrière internationale longue [1]
Il y a aussi des curiosités, comme par exemple la paire d’attaquants stéphanois Revelli-Bereta, née à dix jours d’écart en mai 1946, et qui quitte les Bleus à deux mois d’intervalle au printemps 1975. Ou encore — l’histoire se répète — les défenseurs stéphanois Janvion et Lopez, nés en 1953, et dont la carrière internationale s’achève en 1982.
Enfin, le fait de débuter tôt multiplie les risques de sortie prématurée : Maryan Wisnieski, Georges Lech et Marcel Langiller ont étrenné leur premier maillot bleu avant 19 ans, tandis que Bruno Bellone, Samir Nasri, Yannick Stopyra et Jean-Marc Ferreri n’avaient pas encore 20 ans.
Détaillons maintenant le parcours de six (sans jeu de mots) de ces joueurs. En commençant par le seul gardien du lot, Alexis Thépot.
Alexis Thépot, le douanier KO
Concernant la Coupe du monde 1930 en Uruguay, on retient généralement le nom de Lucien Laurent, le premier buteur de l’histoire de la compétition. Mais on oublie que, lors du même match face au Mexique, le gardien Alexis Thépot, douanier de son état, est proprement assommé dans un choc avec l’attaquant Dionisio Mejia après 26 minutes de jeu. Il jouera 31 matches en sélections jusqu’en 1935, encaissant 76 buts (un record qui tient toujours) avant d’être évincé par René Llense suite au retour de l’entraîneur anglais George Kimpton.
Hervé Revelli, au plus mauvais moment
Trente sélections, quinze buts marqués : l’avant-centre de Saint-Etienne, Hervé Revelli, a fait une carrière d’attaquant international tout à fait honorable. Mais, pas de chance, elle a eu lieu au pire moment, en plein trou noir de la fin des années 60 et du début des années 70. Revelli est appelé en Bleu le 28 septembre 1966, juste après la Coupe du monde en Angleterre. Et il termine sa carrière internationale neuf ans plus tard, en mars 1975. Dans l’intervalle, il a successivement manqué les championnats d’Europe 1968 et 1972 et les Coupes du monde 1970 et 1974. Il a trente ans quand arrive Michel Hidalgo, au printemps 1976, et ce dernier lui préfère le Lyonnais Bernard Lacombe.