France-Nigéria (2-0) : au pied de biche

Publié le 30 juin 2014 - Bruno Colombari

PNG - 20.3 kioSans briller, mais avec du sang-froid, de la patience et du courage, les Bleus ont passé l’obstacle du Nigéria (2-0). Evidemment, il faudra faire beaucoup mieux vendredi, mais tout ce qui vient est du bonus.

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Le résultat était-il prévisible ?

Il ne fallait certainement pas s’attendre à une promenade de santé, et un effondrement du collectif français était très improbable. Restait donc l’éventualité d’un résultat serré, et c’est ce qui s’est passé. Les Bleus ont mal attaqué, les Nigérians ont mal défendu, et le 0-0 à la mi-temps ne rassurait personne. Puis il y a eu une très mauvaise période, pendant la moitié de la deuxième mi-temps, où l’équipe de France a bien failli sortir du match, ce qui ne lui était plus arrivé depuis Kiev. L’entrée de Griezmann lui a fait un bien fou, et l’écroulement physique du Nigéria dans le dernier quart d’heure a fait basculer le match. On dit des grandes équipes qu’elles sont capables de gagner en jouant mal. A ce compte-là, sans doute que la France est une grande équipe.

L’équipe est-elle en progrès ?

Après deux victoires faciles au premier tour, et un match neutralisé pour économiser l’effectif, c’est une nouvelle configuration qu’on a vu à Brasilia : une rencontre couperet face à un adversaire bien plus joueur que l’Equateur, et finalement plus solide derrière que la Suisse. La défense a tenu bon, quitte à s’en tirer par des grands coups de savate en corner, mal exploités par l’adversaire. Le milieu a fait le boulot également, par contre le secteur offensif a clairement failli. C’est la principale suprise du jour, tant depuis six mois les Bleus faisaient des étincelles devant. Après un match vierge contre l’Equateur, la première mi-temps nous a ramené une vingtaine d’années en arrière, époque Jacquet à l’Euro 96, où les Bleus semblaient pouvoir jouer des semaines sans marquer de but. C’est finalement la frappe de Cabaye sur la barre à la 77e minute qui a sonné le réveil et fissuré le bloc défensif vert. Au final, les Bleus s’en sortent en ayant joué un quart d’heure, le dernier. Il faudra s’en souvenir.

Quels sont joueurs en vue ?

Raphaël Varane a régalé avec ses relances longues dans les pieds pendant toute la première mi-temps, puis il a sorti le bleu de chauffe pour colmater les brèches après la pause. Mathieu Debuchy a été très en vue, aussi bien devant que derrière. Après un début de match raté, Blaise Matuidi est monté en régime, mais sa très grosse faute sur Onazi aurait pu coûter très cher aux Bleus. Yohan Cabaye a rappelé pourquoi il était titulaire dans cette équipe, et aurait incontestablement mérité d’ouvrir le score sur une superbe volée à la 77e, mais il est dit que dans cette coupe du monde que les Français trouveront les poteaux à chaque fois qu’ils éviteront un carton rouge, ou inversement. Hugo Lloris a été très sûr derrière, malgré le nombre inhabituel de ballons qui ont voyagé devant sa cage ou qui sont retombés en chandelle. Enfin, la rentrée décisive d’Antoine Griezmann confirme son statut de joker : à chaque fois qu’il est entré, il a marqué ou provoqué directement un but comme à Brasilia.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Karim Benzema a-t-il pris la grosse tête ? En tout cas, après sa prestation décevante contre l’Equateur, il est passé complètement à côté de son sujet face au Nigéria, alors qu’il n’a pas été serré de près, loin de là. Pas inspiré, pas impliqué dans le replacement, lent, toujours derrière son défenseur, l’attaquant du Real n’a rien fait de bon. Olivier Giroud n’en a pas profité, même s’il s’est battu pour sortir des ballons aériens de sa surface. Patrice Evra est retombé dans ses travers en laissant son couloir gauche ouvert aux quatre vents, avec un marquage élastique. En première mi-temps, il aurait pu provoquer un pénalty en ceinturant Odemwingie dans la surface.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Maintenant qu’ils sont en quart de finale, les Bleus n’ont plus rien à perdre. Ils ont atteint l’objectif fixé par Noël Le Graët, et sortir de la coupe du monde à ce stade n’aurait rien de scandaleux. Tout est donc possible compte tenu des limites démontrée par les Allemands contre l’Algérie (et la fatigue engendrée par un match de haute intensité ayant duré deux heures), à condition de retrouver de la rigueur défensive (pas uniquement les arrières) et de lâcher la bride devant, en mettant de l’audace et de la folie dans un match qui devra se jouer sans calcul. Du panache, messieurs !

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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