Bilan 2022 de l’équipe de France (6/6) : quoi de neuf ?

Publié le 9 janvier 2023 - Bruno Colombari

Une finale de Coupe du monde sans mener au score, sept remplaçants en compétition, un buteur de plus de 36 ans, un match perdu après le coup de sifflet final : il s’en est passé des choses inédites en 2022 !

6 minutes de lecture

Dix nouveaux joueurs

C’est un record pour la période de Didier Deschamps comme sélectionneur, qui n’avait jamais dépassé les 8 nouveaux en une année civile (2016) et qui en est à 70 joueurs lancés en 10 ans et quatre mois (un peu moins de 7 par an). Mais c’est encore loin des 15 lancés en 2010 par Raymond Domenech (3) et Laurent Blanc (12 !). Pour l’instant, le seul éphémère de 2022 (une seule sélection) est Adrien Truffert, 25 minutes de temps de jeu à Copenhague en septembre face au Danemark. Tous les autres ont eu au moins une deuxième chance, comme Benoît Badiashile. Les trois plus souvent utilisés sont William Saliba, Christopher Nkunku et Youssouf Fofana (8 apparitions chacun). A noter aussi que sur les dix-nuits participants à la finale de la Coupe du monde, quatre étaient des débutants de l’année, tous entrés en jeu : Randal Kolo Muani, Youssouf Fofana, Ibrahima Konaté et Axel Disasi.

Deux nouveaux buteurs

Pas facile de s’imposer en 2022 alors que Kylian Mbappé (12 buts) et Olivier Giroud (7) ont cannibalisé les stats des buteurs en équipe de France, avec 19 réalisations sur 28. Deux nouveaux ont intégré le classement des buteurs : Mattéo Guendouzi fin mars contre l’Afrique du Sud, et Randal Kolo Muani face au Maroc en demi-finale de Coupe du monde. A noter que parmi les attaquants, Marcus Thuram (9 sélections) Christopher Nkunku et Moussa Diaby (8) n’ont toujours pas ouvert leur compteur.

23 matchs consécutifs avec au moins un but marqué

C’est un beau record que les Bleus ont parachevé en juin dernier : face à l’Autriche, ils ont marqué un but pour la 23e fois consécutive, depuis novembre 2020. La série s’est terminée face à la Croatie le 13 juin (0-1). Pas de regrets, puisque l’équipe de France n’a pas marqué non plus à Copenhague fin septembre (Danemark, 0-2) ni à Al Rayyan fin novembre (Croatie, 0-1). Et elle a perdu à chaque fois.

Une première défaite contre la Croatie et la Tunisie

Voilà deux adversaires de moins contre lesquels la France est encore invaincue. La Croatie s’est imposée à Saint-Denis en juin pour la première fois après neuf matchs bredouille (six défaites et deux nuls depuis 1998). Et la Tunisie en a fait de même en novembre à Al Rayyan à sa cinquième tentative (deux défaites et deux nuls depuis 1978). Pour la petite histoire, il reste 35 sélections qui n’ont jamais battu l’équipe de France, dont le Maroc et la Côte d’Ivoire, qui ont encore perdu en 2022.

Quatre défaites en compétition

C’est inédit : bien sûr, il est déjà arrivé aux Bleus de perdre plus de quatre matchs en une année civile (la dernière fois en 2013, cinq défaites), mais jamais quatre fois en compétition. Il leur était arrivé d’en perdre trois (en 1966, 1981, 2008 et 2010), mais pas plus. En 2022, l’équipe de France a perdu contre le Danemark deux fois (1-2 en juin, 0-2 en septembre), face à la Croatie (0-1 en juin) et devant la Tunisie (0-1 en novembre). La finale perdue aux tirs au but contre l’Argentine est statistiquement un match nul.

Aucune victoire lors des quatre premiers matchs de qualification

Quand le tirage au sort de la Ligue des Nations 2023 a attribué le Danemark, la Croatie et l’Autriche à l’équipe de France, une deuxième qualification pour le carré final semblait largement accessible. Les quatre matchs de juin ont douché les espérances : deux défaites, deux nuls et la dernière place du groupe. Jamais dans leur histoire les Bleus n’avaient aussi mal démarré une phase qualificative. Ils l’ont à peine mieux finie, avec une victoire, enfin, contre l’Autriche et une nouvelle défaite au Danemark. Et une troisième place qui permet de sauver le maintient en Ligue A.

Une finale de Coupe du monde sans mener au score

Zidane à la 28e contre le Brésil en 1998, Zidane encore à la 7e face à l’Italie en 2006 et Mandzukic contre son camp à la 18e devant la Croatie en 2018 : lors de leurs trois précédentes finales de Coupe du monde, les Bleus avaient toujours ouvert le score, et toujours dans la première demi-heure. Face à l’Argentine, c’est le contraire qui s’est produit, puisque Messi a ouvert la marque à la 23e avant que Di Maria ne creuse l’écart à la 36e.

Sept remplaçants utilisés lors d’un même match

Jusqu’en 2020, il n’était pas possible de faire entrer plus de trois remplaçants dans un match de compétition, quatre en comptant la prolongation (une possibilité jamais utilisée en équipe de France). A partir de l’automne 2020, le nombre de remplacements est passé à cinq, plus un en prolongation. Puis le protocole commotion a autorisé un sélectionneur à faire entrer un remplaçant supplémentaire si un joueur était victime d’un choc à la tête et devait sortir.

C’est cette combinaison de facteurs qui a fait que lors d’Argentine-France, pas moins de sept joueurs sont entrés en cours de match : Randal Kolo Muani et Marcus Thuram dès la 41ème minute, Eduardo Camavinga et Kingsley Coman à la 71e, Youssouf Fofana à la 96e, Ibrahima Konaté à la 113e et Axel Disasi à la 120e. Autrement dit, à la fin du match, il ne restait plus que trois joueurs de champ titulaires : Dayot Upamecano, Aurélien Tchouaméni et Kylian Mbappé. Celui-ci était l’un des deux champions du monde sortant encore sur la pelouse, avec Hugo Lloris.

Il y a eu deux matchs à 8 changements dans l’histoire des Bleus, mais il s’agissait d’amicaux, bien sûr : en août 2003 contre la Suisse, et en février 2004 face à la Belgique. Jacques Santini était le sélectionneur en poste lors de ces deux rencontres.

Un nouveau pays visité

L’équipe de France n’était jamais allée au Qatar avant la Coupe du monde. C’est le 58e pays différent (pour ceux ayant été divisés, comme l’URSS, la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie, ce sont les nations issues de la partition qui sont comptées. Pour la RFA et la RDA, c’est l’Allemagne qui est prise en compte) visé depuis 1904. Auparavant, les Bleus avaient joué dans le golfe persique, au Koweït, en janvier 1990. C’était leur seul déplacement dans la péninsule arabique.

Une défaite pour Deschamps au premier tour

Depuis qu’il est sélectionneur, Didier Deschamps a dirigé quinze matchs de premier tour lors d’une phase finale d’Euro ou de Coupe du monde. Il n’en avait perdu aucun (9 victoires, 5 nuls) avant celui contre la Tunisie le 30 novembre. C’est donc une première, sans conséquence.

Un premier match perdu après le coup de sifflet final

En Coupe du monde, l’équipe de France joue souvent les précurseurs : premier but (Lucien Laurent en 1930), première prolongation (Autriche 1934), premiers tirs au but (RFA 1982), premier but en or (Paraguay 1998), premier but accordé avec la Goal Line Technology (Honduras 2014), première utilisation de la VAR pour signaler un pénalty (Australie 2018) et désormais premier but refusé… après le coup de sifflet final (Tunisie 2022). C’est d’autant plus original que le règlement l’interdit, mais la FIFA n’a rien trouvé à y redire. On se souvient qu’en 2006, l’expulsion de Zidane avait été décidée après un recours (alors interdit également) à la vidéo.

Un buteur de plus de 36 ans

Olivier Giroud est le plus vieux buteur de l’histoire de l’équipe de France. Il a déboulonné Roger Marche (35 ans, 9 mois et 12 jours) fin septembre contre l’Autriche, et l’a porté à 36 ans, 2 mois et 10 jours en marquant face à l’Angleterre le 10 décembre 2022.

Quatre buts en finale de Coupe du monde

Personne ne l’avait fait avant lui : Kylian Mbappé est le premier joueur de l’histoire à avoir marqué quatre buts en finale de Coupe du monde. Un en 2018 contre la Croatie, trois en 2022 face à l’Argentine. Et comme il n’a que 24 ans, et possiblement au moins deux autres finales à jouer, il peut encore améliorer cette marque.

Ce qui n’a pas changé :

 Prolongations, 3-3 et défaite aux tirs au but. Ça vous dit quelque chose ? Séville 1982, Bucarest 2021, Lusail 2022. Le scénario n’est pas le même que lors des deux précédents (où les Bleus, menés 0-1, avaient mené à leur tour 3-1 avant d’être rejoints), mais la chute est identique.
 Les Bleus ne gagnent plus en prolongations. 2006 : rien de marqué contre l’Italie, tirs au but. 2009 : but de Gallas contre l’Irlande, 1-1 (après le 1-0 à l’aller à Dublin). 2016 : but de Eder qui donne la victoire au Portugal. 2021 : rien de marqué contre la Suisse, élimination aux tirs au but. 2022 : le but de Mbappé répond à celui de Messi mais n’est pas suffisant pour éviter une nouvelle séance de tirs au but, encore fatale.
 Antoine Griezmann n’a toujours pas manqué un match en 2022. Il en est à 74 consécutifs depuis août 2017. Il a joué 117 matchs sur 121 possibles depuis ses débuts en mars 2014.
 Encore beaucoup de penalties concédés cette année, 6 (un record), dont 5 transformés, le dernier étant tiré à côté (Harry Kane). Il y en a eu 20 depuis 2016, dont 18 réussis.
 Kingsley Coman n’a toujours pas joué un match entier. En 46 sélections, il a été titulaire 21 fois, mais toujours remplacé avant la fin du match (à la 89e minute contre le Danemark en juin) et remplaçant 25 fois. Son temps de jeu moyen est de 48 minutes, un peu plus qu’une mi-temps.
 Il n’y a toujours que neuf centenaires. Le dixième était pourtant attendu en 2022, mais Karim Benzema n’a joué que trois fois et son compteur de sélections est resté bloqué à 97. Le neuvième avait été Griezmann en 2021, le huitième Giroud en 2020 et le septième Lloris en 2018. Le dixième pourrait désormais être Raphaël Varane (93) ou Paul Pogba (91). Il y aura dix matchs à jouer en 2023.

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