Comment débutent les décennies

Publié le 10 janvier 2020 - Bruno Colombari

Bilan des performances des Bleus par tranches de dix ans depuis 1950 et récit du tout premier match de la décennie : rarement brillant, mais n’augure en rien de ce qui va suivre, heureusement.

4 minutes de lecture

Si on regarde ce qu’ont fait les Bleus par décennie depuis 1950 (avant-guerre, il n’y avait eu que deux décennies complètes sur cinq, celles des années 1920 et 1930), la montée en puissance depuis les années 90 est spectaculaire. Jusqu’alors, entre 1950 et 1990 l’équipe de France gagnait à peu près la moitié de ses matchs, en perdait un quart et faisait jeu égal un autre quart. La décennie des années soixante est l’exception qui confirme la règle avec plus de la moitié de défaites pour un peu plus d’un quart de victoires.

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Depuis 1990, la progression est brutale. Désormais, les Bleus gagnent près de deux fois sur trois, et perdent rarement, une fois sur six en moyenne.

Bien entendu, le découpage en décennie est arbitraire : la première bonne période couvre plutôt les années 1976-1986 et la deuxième la période 1996-2006. La troisième, l’actuelle, a probablement débuté en 2014 et n’est pas finie.

Le bilan de la précédente décennie (2010-2019) est quelque peu plombé par trois mauvaises années au début : 2010 avec ses six défaites, 2012 et ses trois revers et 2013 où les Bleus se sont inclinés cinq fois. Soit 14 matchs perdus sur 52, ce qui représente 27% de défaites.

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Depuis 2014 et l’arrivée de Griezmann, le bilan est nettement meilleur, malgré une année 2015 à 4 défaites : sur 82 matchs joués, les Bleus en ont gagné 57 pour seulement 11 perdus (et 14 nuls). Ce qui fait près de 70% de victoires…

Voici maintenant le récit du match par lequel chaque décennie a commencé, toujours depuis 1950. Hormis un carton face à la Grèce en 1980, ce n’est pas brillant, quel que soit ce qui allait se passer par la suite. Généralement, les années en 0 ne réussissent pas aux Bleus, à l’exception majeure de 2000, évidemment. Et de 2020 ?

27 mai 1950 : France-Ecosse (0-1)

Les fifties ont commencé dans la confusion pour l’équipe de France : celle-ci a commencé par être éliminée de la quatrième Coupe du monde de l’histoire au Brésil, en perdant en barrages contre la Yougoslavie en décembre 1949. Puis, le 30 avril, elle était repêchée par la FIFA pour pallier à plusieurs forfaits, dont celui de l’Ecosse. La FFF programme donc à la hâte deux matchs amicaux tardifs contre la Belgique début juin à Bruxelles et face à l’Ecosse le 27 mai à Colombes.

Une équipe de France largement remaniée et disposée en 4-2-4 (une tactique peu utilisée à l’époque) faisait illusion pendant une mi-temps, trouvait deux fois les poteaux de James Cowan et fléchissait dans la dernière demi-heure, encaissant un but évitable d’Allan Brown (0-1).

Le reste est rocambolesque : après une lourde défaite à Bruxelles (1-4), la FFF décline l’invitation de la FIFA et déclare forfait, manquant la première phase finale de Coupe du monde de son histoire. Les circonstances
sont racontées en détail ici : Juin 1950 : quand la FFF ne voulait pas aller au Brésil

28 février 1960 : Belgique-France (1-0)

Quand arrive 1960, l’optimisme est de rigueur côté tricolore : les Français, troisièmes à la Coupe du monde 1958, sortent de trois matchs gagnés à domicile avec une attaque mitrailleuse : 5-3 contre le Portugal, 5-2 face à l’Autriche et 4-3 contre l’Espagne. Mais le 28 février à Bruxelles, ils retombent dans leurs travers, pas aidés par le gardien Georges Lamia, coupable sur le but de André Piters. Just Fontaine est forfait et Roger Piantoni sort juste après le but belge, touché au genou (0-1). Raymond Kopa et Jean Vincent n’arrivent pas à percer le bloc défensif adverse.

Quatre mois plus tard, après deux belles victoires face au Chili (6-0) et à l’Autriche (4-2), ce sera la grosse déception en phase finale de la première Coupe d’Europe des Nations, que la France accueille. Deux défaites contre la Yougoslavie au Parc (4-5 après avoir mené 4-2 !) et la Tchécoslovaquie à Marseille (0-2 pour la troisième place) mettent un terme à l’embellie suédoise.

8 avril 1970 : France-Bulgarie (1-1)

Pendant que les grands préparent la Coupe du monde au Mexique, l’équipe de France, privée de stade à Paris (le nouveau Parc des Princes est encore en chantier et Colombes est vétuste) reçoit la Bulgarie en amical à Rouen. Devant 22 000 Normands, les Bleus ne montrent pas grand chose dans un 4-4-2 où Bras et Bereta, les deux ailiers, jouaient à hauteur du milieu de terrain. Petar Jekov ouvre le score avant la demi-heure, Henri Michel égalise, et rideau. Les Bulgares, eux, iront au Mexique où ils seront éliminés au premier tour. Les Français devront attendre huit ans avant de participer à leur prochaine Coupe du monde.


 

27 février 1980 : France-Grèce (5-1)

Eliminés de l’Euro nouvelle formule à huit, les Bleus de Platini et Hidalgo sortent la grosse artillerie contre la Grèce. Michel Platini fait le show au milieu d’une équipe juvénile, redonne l’avantage aux Bleus après l’égalisation grecque et sème la panique en deuxième période, avec trois buts français en quatre minutes (Platini 62e, Christophe 63e et le débutant Stopyra à la 66e). Les absences de Janvion, Trésor, Bossis, Lacombe ou Rocheteau ne se sont pas vues. Et les quatre débutants Didier Christophe (titulaire), Jean-Luc Ettori, Bernard Genghini et Yannick Stopyra (entrés en deuxième mi-temps) ont fait bonne impression. On reverra ces trois derniers.


 

21 janvier 1990 : Koweit-France (0-1)

Après une année 1989 compliquée où les Bleus ont perdu leur place pour la Coupe du monde en Italie, Michel Platini décide d’emmener ses troupes dans un mini-tournoi exotique au Koweït, sept mois avant l’invasion irakienne. Le troisième protagoniste est la RDA qui va bientôt disparaître : le mur de Berlin est tombé deux mois plus tôt, et la réunification allemande aura lieu en octobre.

Le résultat est sans importance, même si le gardien Gilles Rousset, le milieu lyonnais Rémi Garde et l’attaquant auxerrois Pascal Vahirua font leurs débuts en sélection. Laurent Blanc commence pour sa part ailier droit et finit avant-centre aux côtés de Cantona. C’est d’ailleurs à ce poste qu’il marquera le seul but du match. Le mois suivant, Michel Platini le fera reculer au poste de libéro qu’il gardera le reste de sa carrière.


 

23 février 2000 : France-Pologne (1-0)

A moins de quatre mois de l’Euro, les champions du monde commencent leur préparation en recevant la Pologne à Saint-Denis.Le premier d’une série de six matchs amicaux, à l’occasion duquel ils inaugurent leur nouveau maillot à la fine bande rouge horizontale. Le match met du temps à se débloquer, grâce à Zidane à la 88e, au sein d’un 4-42 où l’attaque est composée de Wiltord et Trezeguet, alors que Pirès entre en cours de partie. Wiltord, Trezeguet, Pirès, ça vous dit quelque chose ?


 

3 mars 2010 : France-Espagne (0-2)

Tout ce qui ne fonctionnera pas trois mois plus tard en Afrique du Sud est déjà là, au Stade de France : une défense baroque avec dans l’axe un duo improbable Ciani-Escudé (le premier fait ses débuts, on ne le reverra plus), un trio offensif Ribéry-Anelka-Henry dont la principale préoccupation est d’ignorer un Yoann Gourcuff dégoûté, et un sentiment général d’impuissance qui aurait pu tourner à la débâcle si les Espagnols n’avaient pas levé le pied à la mi-temps, alors qu’ils menaient déjà 2-0. Des leçons auraient pu être tirées de ce fiasco. Il n’en a rien été. On connaît la suite.


 

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