Beckenbauer, Kaiser France

Publié le 8 janvier 2024 - Richard Coudrais

Franz Beckenbauer, mort le 7 janvier 2024 à 78 ans, fut l’un des plus grands joueurs du monde dans une période allant du milieu des sixties à la fin des seventies. Capitaine et figure de proue de la grande équipe de RFA, il a souvent croisé les Bleus.

Mise à jour d’un article initialement paru en janvier 2021.
4 minutes de lecture

Au cours de sa carrière de joueur et d’entraîneur, Franz Beckenbauer a rencontré l’équipe de France en huit occasions. Quatre fois comme joueur de la sélection ouest-allemande, une fois comme joueur du Bayern Munich et enfin trois fois comme sélectionneur de la RFA. Son bilan face aux Bleus (4 victoires, 2 nuls, 2 défaites) lui est favorable.

La période de sa grandeur en tant que joueur s’étale de 1965 à 1977, à une période où l’équipe de France ne compte pas vraiment parmi les plus grandes sélections mondiales. Le Kaiser n’a croisé les Tricolores que dans le cadre de rencontres amicales. Il n’a connu qu’une seule défaite et c’était lors de son ultime sélection.

De Berlin au Parc des Princes

Berlin, le 27 septembre 1967
Lorsque Franz Beckenbauer croise l’équipe de France pour la première fois, nous sommes en septembre 1967 et le jeune allemand de 23 ans est déjà un joueur très reconnu. Il fut la figure marquante de l’équipe de RFA parvenue en finale de la World Cup 1966 et est déjà celle du Bayern Munich vainqueur de la Coupe des Coupes 1967. Lorsque les Tricolores arrivent à Berlin pour un match amical chez les vice-champions du monde, le sélectionneur Louis Dugauguez affecte Robert Péri au marquage du jeune bavarois. Le Bordelais s’applique à la tâche mais y met tellement de zèle que l’arbitre l’exclut peu avant la mi-temps. Réduite à dix, la France s’incline 5-1. Beckenbauer est sorti en milieu de deuxième mi-temps (67’) remplacé par Gerd Müller.

Saint-Etienne, le 27 août 1968
Moins d’un an après leur première confrontation, Franz Beckenbauer retrouve l’équipe de France avec son club du Bayern Munich. Un match amical a en effet été organisé au stade Geoffroy-Guichard opposant les Tricolores au club allemand, lequel est un club riche de promesses, vainqueur de la Coupe des Coupes en 1967, mais qui court encore depuis plus de trente ans derrière son deuxième titre de champion d’Allemagne. Dans l’antre de l’AS Saint-Etienne, les deux équipes se séparent sur un match nul (1-1), Beckenbauer étant crédité d’une belle occasion où il dribble plusieurs défenseurs avant que Georges Carnus ne mette fin à l’action.

Marseille, le 25 septembre 1968
Un mois à peine après l’avoir affronté avec le Bayern, Franz Beckenbauer, mais aussi Sepp Maier et Gerd Müller, retrouvent l’équipe de France à Marseille, cette fois sous le maillot de la Mannschaft. La rencontre se termine sur un score identique, les Allemands quelque peu dilettantes étant surpris par l’ouverture du score de Bosquier dans les vingt dernières minutes (72’). Mais les hommes d’Helmut Schön piqués au vif parviendront à égaliser en fin de match (86’) par Overath.

Gelsenkirchen, le 13 octobre 1973
Lorsque les équipes de France et de RFA se retrouvent au début de la saison 1973/74, bien des choses ont changé. La sélection allemande est devenue championne d’Europe et Franz Beckenbauer, que l’on surnomme désormais le Kaiser, s’est reconverti en défenseur central. Helmut Schön et ses hommes reçoivent l’équipe de France à Gelsenkirchen dans le cadre de leur préparation à la Coupe du monde 1974 organisée sur leur sol. Dans le flambant neuf Parkstadion, les hommes de Stefan Kovacs subissent la loi de Gerd Müller, auteur de deux buts en cinq minutes (55’, 59’). Franz Beckenbauer quand à lui à solidement tenu la défense tout en provoquant de dangereuses attaques. Mais il a manqué de réussite en déviant légèrement le ballon sur un tir du jeune Marius Trésor (82’), contribuant involontairement à la réduction du score des Français (2-1).

Paris, le 23 février 1977
En février 1977, c’est un Franz Beckenbauer repu de titres et d’honneurs qui dispute au Parc des Princes sa 103e sélection en équipe de RFA. Face à lui, le cumul du nombre de sélections des 14 joueurs alignés par Michel Hidalgo n’en représentent même pas la moitié. L’équipe de RFA est invaincue depuis son triomphe de 1974, exception faite de la finale du championnat d’Europe perdue aux tirs au but face à la Tchécoslovaquie. Mais ce soir-là elle découvre une équipe de France jeune, joyeuse et inspirée qui parvient à faire chuter le géant grâce à un but d’Olivier Rouyer (52’). Une ère nouvelle commence pour l’équipe de France, mais elle aura lieu sans le Kaiser, qui dispute ce soir-là son ultime match avec la sélection de RFA.

De Jalisco à la Mosson

Guadalajara, le 25 juin 1986
Pour sa dernière sélection en tant que joueur, le Kaiser en pré-retraite avait découvert ce qui allait devenir la génération Platini, laquelle allait donner ses lettres de noblesse au football tricolore. L’âge d’or de cette génération allait prendre fin en 1986 quand Platini et les siens s’inclinèrent en demi-finale de la Coupe du monde, face à une équipe de RFA dirigée par... Franz Beckenbauer. Le Kaiser est en effet devenu sélectionneur de la Mannschaft, une équipe sans génie mais diablement efficace qu’il conduit en finale du mondial mexicain de 1986. Cette demi-finale disputée quatre ans après Séville est le seul match de compétition où il a rencontré la France. Son équipe s’impose de nouveau (2-0) grâce à Andreas Brehme et Rudi Völler.

Berlin, le 12 août 1987
Un peu plus d’un an après la demi-finale de Guadalajara, la sélection dirigée par Franz Beckenbauer retrouve celle d’Henri Michel à Berlin pour une rencontre amicale de début de saison. Le premier prépare son équipe pour l’Euro 1988 organisé sur son sol alors que le second s’efforce de renouveler une équipe qui a perdu ses joueurs cadres. Le match démarre en trombe avec deux buts de Rudi Völler dans les dix premières minutes. Mais la France revient dans le match grâce à un but de son jeune attaquant auxerrois Eric Cantona.

Montpellier, le 28 février 1990
En février 1990, le sélectionneur Franz Beckenbauer est opposé au sélectionneur Michel Platini pour une rencontre de préparation au stade de la Mosson à Montpellier. Les Allemands ouvrent le score par Andreas Möller, mais doivent encaisser deux buts d’une équipe de France qui, si elle a raté le train pour la Coupe du Monde en Italie, tient à démontrer qu’elle reste capable de dominer un qualifié figurant parmi les favoris. La défaite (2-1) portera chance à la Mannschaft puisque comme l’Italie de 1982 et l’Argentine de 1986, elle sera sacrée championne du monde quelques mois après avoir subi une défaite amicale face aux Bleus. Les buts français sont inscrits par Papin et Cantona, un duo qu’Henri Michel avait constitué lors du match de Berlin en 1987 et qui est devenue l’arme offensive de l’équipe dirigée par Michel Platini. Cette association n’échappe pas au Kaiser qui aura l’occasion d’en bénéficier lorsqu’il entraînera l’OM au début de la saison 1990/1991. Plus tard, lorsqu’il sera retourné au Bayern Munich, il fera signer Jean-Pierre Papin au club bavarois.

Il est décédé à 78 ans le 7 janvier 2024. Après la mort de Mario Zagallo le 5 janvier, Didier Deschamps est le seul footballeur vivant à avoir gagné la Coupe du monde comme joueur puis comme sélectionneur.

Joueur contre la France

SelGenreDateLieuÉquipeScore
19e Amical 27/09/1967 Berlin Allemagne 1-5
- Non officiel 27/08/1968 Saint-Etienne Bayern Munich 1-1
25e Amical 25/09/1968 Marseille Allemagne 1-1
71e Amical 13/10/1973 Gelsenkirchen Allemagne 1-2
103e Amical 23/02/1977 Paris (Parc) Allemagne 1-0

Sélectionneur contre la France

NumGenreDateLieuAdversaireScore
456 CM 1/2 25/06/1986 Guadalajara* Allemagne 0-2
464 Amical 12/08/1987 Berlin Allemagne 1-2
486 Amical 28/02/1990 Montpellier Allemagne 2-1

pour finir...

Voir l’article La collection de trophées du Kaiser sur Trophées du foot

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