Au-delà des Bleus

Publié le 4 août 2022 - Richard Coudrais

Il y a le club, il y a l’équipe de France, et pour certains Bleus, quelques convocations de prestige au sein des sélections supranationales, formées à l’occasion de jubilés, d’anniversaires ou de rencontres pour la bonne cause.

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Disputer un tel match valait bien tous les Ballons d’Or du monde. Le monde du football aime parfois organiser des rencontres opposant des sélections de continents ou de zones géographiques pour le seul plaisir de réunir sur une même pelouse les meilleurs footballeurs du monde. Si ces rencontres n’ont pas d’enjeu, et si leur spectacle atteint rarement les sommets du jeu, le simple fait d’y être présent constitue pour les joueurs un motif de fierté. Cette récompense a d’autant plus de valeur que ces rencontres sont plutôt rares.

Si ce genre de match est un peu négligé en France, il fait le régal du public britannique toujours présent en masse où un tel événement se déroule. L’équipe d’Angleterre et les autres nations britanniques sont les sélections qui ont le plus souvent rencontré des équipes d’Europe ou du Reste du monde.

1937 : Delfour et la journée olympique

La rencontre qui oppose le 20 juin 1937 à Amsterdam les sélections d’Europe centrale et d’Europe occidentale est considérée historiquement comme la première opposant deux sélections supranationales représentant des zones du continent européen. Elle se déroule au stade olympique d’Amsterdam dans le cadre des Olympische Dag, des journées olympiques organisées annuellement depuis 1933 afin de récolter des fonds pour les athlètes néerlandais qui participent aux Jeux olympiques.

Devant 60.000 spectateurs, l’Europe centrale, composée de joueurs autrichiens, hongrois, italiens et tchécoslovaques s’impose 3-1 face à l’équipe occidentale, composée d’Allemands, de Belges, de Néerlandais et d’un Français, Edmond Delfour, joueur du Racing et capitaine de l’équipe de France. Son compatriote Roger Courtois, de Sochaux, était quant à lui sur le banc de touche, mais l’entraîneur allemand Otto Nerz, chargé de diriger l’équipe, n’a pas jugé utile de le faire entrer en jeu.

1938 : Aston vit l’anniversaire

Le 26 octobre 1938, la FA fête son soixante-quinzième anniversaire au stade de Highbury en organisant devant 40.185 spectateurs un match de l’équipe d’Angleterre contre le Reste de l’Europe. Cette dernière est dirigée par l’Italien Vittorio Pozzo, lequel a aligné cinq de ses joueurs champions du monde et fait appel à deux Allemands, un Hongrois, un Belge, un Norvégien et un Français, Alfred Aston. Le Racingman, transfuge du Red Star, compte alors 17 sélections en équipe de France et deux participations à la Coupe du monde. L’équipe du continent s’inclinera 3-0.


 

1947 : Darui en prend six

Pour fêter la réintégration des nations britanniques à la FIFA, décrétée juste après la guerre, un match est organisé le 10 mai 1947 à l’Hampden Park de Glasgow devant pas moins de 137.000 spectateurs. Il oppose une équipe de Grande Bretagne (composé de joueurs anglais, écossais, gallois et nord-irlandais) à une sélection de joueurs du reste de l’Europe, conduite par l’Autrichien Karl Rappan. Celui-ci fait garder les buts par Julien Darui, 15 sélections chez les Tricolores. Le gardien roubaisien connaît alors l’une des pires après-midi de sa carrière : il encaisse six buts alors que ses coéquipiers n’en rendent qu’un seul.


 

1955 : Trois Français pour une victoire

Le 13 août 1955, on fête à Belfast le soixante-quinzième anniversaire de la fédération irlandaise de football (devenue dans les faits la fédération nord-irlandaise). Au Windsor Park devant 35.000 spectateurs, une rencontre oppose une équipe de Grande Bretagne à une sélection des joueurs du Continent, dirigée par le Belge Johan Crahay. Celui-ci a fait appel à pas moins de trois Français : Raymond Kopa, Robert Jonquet et Jean Vincent. Ce dernier inscrit à la 27’ minute le but égalisateur de l’équipe européenne avant que le Yougoslave Bernard Vukas ne signe un triplé qui donnera une victoire historique (4-1) aux Européens.

1963 : God save Kopa

L’anniversaire d’une fédération est donc devenu le prétexte d’un match prestigieux réunissant les plus grands joueurs du monde. Pour le centenaire de la FA est organisé à Wembley, le 23 octobre 1963, une rencontre opposant l’équipe d’Angleterre à celle du Reste du monde. Sans doute la plus fameuse des rencontres de ce type, où est sélectionné Raymond Kopa qui retrouve ses amis madrilènes Di Stefano, Gento et Puskas aux côtés de Eusebio, Yachine, Masopust, Law… Il ne manquait que Pelé et Garrincha. Le Français, blessé, devra céder sa place à Uwe Seeler à l’heure de jeu. Malgré cet effectif exceptionnel, l’équipe dirigée par le Chilien Fernando Riera s’inclinera 2-1 face au onze d’Alf Ramsey, bien parti dans sa conquête du titre mondial.


 

1971 : Tchouki et l’araignée noire

Le 27 mai 1971, Lev Yachine organise son jubilé à Moscou et invite une sélection du reste du monde à s’opposer à une équipe d’URSS formée par ses soins. Jean Djorkaeff, d’origine kalmouke, est le seul Français de la partie. Il joue aux côtés de Facchetti, Charlton, Lubanski et Gerd Müller dans une équipe, dirigée par le Yougoslave Rajko Mitić. Celle-ci accroche la sélection soviétique 2-2.

1973 : Trésor et Bereta construisent l’Europe

Le 3 janvier 1973, la Grande Bretagne fête son entrée dans le marché commun (ancienne Union Européenne) en organisant à Wembley une rencontre entre une sélection des joueurs des trois nouveaux pays (Grande Bretagne, Irlande et Danemark) contre une équipe composée des six pays fondateurs (France, RFA, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg). Longtemps, bien longtemps avant le Brexit, Marius Trésor et Georges Bereta représentent la France dans l’Europe des Six, qui s’incline 2-0 contre l’Europe des Trois.

1979 : Platini et la revanche de Buenos Aires

Le 25 juin 1979, l’Argentine fête le premier anniversaire de son titre mondial en invitant au Monumental de Buenos Aires une équipe mondiale dirigée par Enzo Bearzot et opposée aux champions du monde de Cesar Luis Menotti, renforcés par Maradona. Aux côtés de Rossi, Boniek, Tardelli et Cabrini, Michel Platini est le seul français figurant dans cette équipe de la FIFA, qui l’emporte 2-1. Le Nancéien sera remplacé par Zico à la mi-temps.


 

1982 : Platini, de Séville à New York

Le 7 août 1982, moins d’un mois après la fin du Mundial espagnol, la FIFA organise au Giants Stadium d’East Rutherford un match de gala au profit de l’UNICEF qui attire quelque 76.900 spectateurs. Dans cette opposition entre Europe et Reste du monde, Michel Platini est le seul Français sélectionné par Enzo Bearzot, Alain Giresse ayant dû décliner l’invitation pour cause de championnat de France. Le Français de la Juve débute sur le banc de touche, mais il entre à la mi-temps à la place de Franz Beckenbauer. L’équipe européenne s’impose 3-2 après avoir été menée 2-0.


 

1986 : Amoros et Rocheteau aux t.a.b.

Quatre ans après New York, c’est le Rose Bowl de Pasadena qui accueille un match post-Coupe du monde au profit de l’UNICEF. Le 27 juillet 1986, devant 57.600 spectateurs, l’équipe du Reste du monde tient tête à une équipe d’Europe dirigée par un duo Beckenbauer-Cruyff et où apparaissent deux Français : Manuel Amoros, qui joue l’ensemble du match, et Dominique Rocheteau, remplacé par le Marocain Timoumi à la pause. La rencontre se termine aux tirs au but après que les deux équipes se soient séparées sur le score de 2-2. Quatre ans après Séville et cinq ans avant Bari, Amoros manque son tir au but et provoque la défaite de son équipe.

1987 : le dernier match de Michel Platini

Le 8 août 1987, la Football League fête son centenaire avec une rencontre à Wembley opposant une sélection des joueurs du championnat d’Angleterre contre une équipe World XI composée d’un grand nombre de stars internationales parmi lesquelles Michel Platini. L’ancien capitaine des Bleus vient tout juste de mettre fin à sa carrière, mais un match à Wembley ne se refuse pas, surtout aux côtés de Maradona, Dasaev, Lineker et bien d’autres, sous la direction de Terry Venables. Devant 61.000 spectateurs, l’ancien capitaine des Bleus, encore affûté, se procure une occasion de marquer, mais son équipe doit admettre la supériorité de l’adversaire, qui l’emporte 3-0. Platini sort à la 70e minute, remplacé par le Hongrois Lajos Detari.

1996 : Desailly et Ginola rois de New York

Le relatif succès de ses sélections supranationales a incité la FIFA a vouloir légiférer ce qui pouvait l’être et imposer sa propre sélection de FIFA World Stars. Le 14 juillet 1996, le onze de la FIFA est opposé, au Giants Stadium d’East Rutherford, à l’équipe olympique du Brésil, grand favori du tournoi des Jeux d’Atlanta. La rencontre est jouée au profit de l’association SOS Village d’enfants. Deux joueurs français disputent la rencontre dans l’équipe FIFA dirigée par Richard Moller-Nielsen, Bora Milutinovic et Steve Sampson : les grands amis Marcel Desailly et David Ginola. Devant 78.416 spectateurs, le Brésil s’impose 2-1.


 

1997 : JPP frappe encore

Le 3 juillet 1997 est organisée à Hong Kong une rencontre pour célébrer le retour de l’île dans le giron chinois. Elle oppose l’équipe de la FIFA, dirigée par Bora Milutinovic et Jozef Venglos, à une sélection de joueurs asiatiques. Devant 23.000 spectateurs, l’équipe mondiale l’emporte 5-3, buts de Weah, Alfonso, Sukur, Reyna puis le seul Français du match, l’ancien tricolore Jean-Pierre Papin.

1997 : Youri à Moscou de père en fils

Le 18 août 1997, la ville de Moscou fête ses 850 ans en même temps que le centenaire de la Fédération russe de football. Le stade Luzhniki est le théâtre d’une rencontre entre l’équipe de Russie et celle de la FIFA, dirigée par Bobby Robson et Bora Milutinovic. Alors que son père avait participé dans ce même stade au jubilé Yachine vingt-six ans plus tôt, Youri Djorkaeff est de la partie et ouvre le score pour son équipe qui l’emporte 2-0. Jean-Pierre Papin était également présent.

1997 : Zidane en avant-première

Le 4 décembre 1997 se déroule au stade vélodrome de Marseille le tirage au sort de la Coupe du monde 1998. L’événement est précédé par une rencontre Europe-Reste du monde où figure un joueur de chaque sélection qualifiée pour le Mondial. La France est représentée par Zinédine Zidane, auteur d’un but, mais aussi par l’arbitre Gilles Veissière. Devant 38.000 spectateurs, l’équipe du Reste du monde l’emporte 5-2, buts de Lacatus, De Ávila, Ronaldo, Batistuta (deux fois), Ronaldo et Zidane.


 

1998 : JPP encore et toujours

Le 9 septembre 1998, c’est la fédération turque de football qui fête son 75e anniversaire à l’Inönü Stadium d’Istanbul avec une opposition de l’équipe FIFA face à une sélection de joueurs du championnat turc. La France peut compter sur Jean-Pierre Papin pour représenter le football champion du monde. Celui qui joue alors à Guingamp marque un but alors que le Roumain Gheorghe Hagi réalise un triplé pour un score nul échevelé : 4-4 devant 15.000 spectateurs.

1998 : Zizou et Harrel rois de Rome

Le 16 décembre 1998, la fédération italienne fête à son tour son centenaire au stadio olimpico de Rome où la Squadra Azzurra est opposée à la sélection FIFA conduite par Carlos Alberto Parreira et Jozef Venglos. Deux Français sont sur la pelouse : Zinédine Zidane, qui sera remplacé par Oliver Bierhoff à la pause, et l’arbitre Rémi Harrel. Devant 21.352 spectateurs, la sélection italienne s’impose 6-2.


 

1999 : Lama en forme olympique

Le 12 juin 1999, Sydney inaugure le stade qui servira de théâtre aux Jeux olympiques 2000. 88.101 spectateurs sont présents pour assister à un match de soccer entre la sélection australienne et la sélection FIFA dirigée par le Britannique Roy Hodgson et dont les buts sont gardés, en première mi-temps, par Bernard Lama. Le gardien parisien sera remplacé par le Mexicain Jorge Campos à la pause. Les Socceroos s’imposent 3-2.

1999 : Karembeu, Papin et Mandela

Le 17 août 1999 est organisé à l’Ellis Park de Johannesburg une rencontre en l’honneur de Nelson Mandela, laquelle oppose la sélection FIFA dirigée par Roy Hodgson et Ruud Gullit, à une sélection africaine. Deux Français sont dans les rangs : Christian Karembeu, récemment sacré champion du monde, et Jean-Pierre Papin, venu en voisin (et en amateur) puisqu’il joue désormais à Saint-Pierre de la Réunion. Devant 35.000 spectateurs, les deux équipes se séparent sur un score nul 2-2.

2000 : Lama pour la paix en Bosnie

Le 25 avril 2000 est organisé au Kosevo Stadion de Sarajevo un match pour la paix opposant la sélection FIFA, dirigée par Carlos Alberto Parreira et Carlos Queiroz, à la sélection bosnienne. Bernard Lama garde les buts de la sélection FIFA, qui s’impose 1-0 devant 25.000 spectateurs.


 

2002 : Lizarazu défie le Real

Le 18 décembre 2002, le Real Madrid poursuit les festivités de son centenaire à Santiago-Bernabeu avec une rencontre de son équipe (où figure Zinédine Zidane et quelques Galactiques) contre la sélection FIFA, conduite par Luiz Felipe Scolari, lequel a fait appel à Bixente Lizarazu. Devant 55.000 spectateurs, les deux équipes se séparent sur le score de 3-3. Le Français a été remplacé à la pause par Samuel Eto’o.

On jouera encore de par le monde quelques jubilés, anniversaires et autres matchs de prestiges avec notamment la sélection FIFA, mais plus aucun match de ce type ne semble avoir été référencé depuis 2007.

pour finir...

Le détail est matchs est disponible sur RSSSF :
http://www.rsssf.com/tablesc/contre...
http://www.rsssf.com/miscellaneous/...

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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