2010, une année pleine de bleus

Publié le 13 décembre 2010 - Bruno Colombari

D’un côté Knysna et son bus, le vestiaire du stade de Polokwane à la mi-temps de France-Mexique et Michaël Ciani contre l’Espagne. De l’autre, Valbuena à Wembley, Mvila qui s’installe et Benzema qui se remet à planter. 2010, terre de constrastes.

4 minutes de lecture

2010, c’est bientôt terminé, pour l’équipe de France en tout cas qui ne reviendra que le 9 février prochain. Il est temps de mettre les crampons sous le sapin après avoir jeté un dernier coup d’œil sur une année à déconseiller aux âmes sensibles.

Les résultats

Avec cinq victoires, deux nuls et six défaites, l’année 2010 est, statistiquement, mauvaise. Si on établit le classement des cent une années où les Bleus ont joué au moins une fois depuis 1904 [1] et qu’on écarte les années à moins de cinq matches, 2010 arrive très loin, en 51ème position [2]. Avec six défaites, elle égale même le record de 1930, année de la première coupe du monde.

Certes, on peut objecter que ce classement n’a pas beaucoup de sens : ainsi, en cinquantième position, on trouve l’année 1986, où l’équipe de France termina troisième du Mundial mexicain... Disons qu’il donne une tendance, à pondérer évidemment par la qualité des adversaires rencontrés et du ratio compétition/matches amicaux.

De ce point de vue, 2010 aura été à peine équilibrée côté compétition (trois victoires contre la Bosnie, la Roumanie et le Luxembourg, un nul contre l’Uruguay, trois défaites contre le Mexique, l’Afrique du Sud et la Biélorussie) et mauvaise rayon amical (deux victoires contre le Costa Rica et l’Angleterre, un nul contre la Tunisie et trois défaites contre l’Espagne, la Chine et la Norvège).

Si on regarde maintenant l’année en tendance, on peut la découper en deux parties : de février à septembre, les résultats sont catastrophiques avec une série de quatre défaites de rang, dont trois en compétition, à laquelle il faut en ajouter deux autres contre un adversaire objectivement très supérieur (l’Espagne) et contre une sélection sur le papier beaucoup plus faible (la Chine). Le 4 septembre, au lendemain du match perdu contre la Biélorussie à Saint-Denis, les Bleus étaient au fond du trou. Soixante-quatorze jours et quatre victoires plus tard, les voilà en tête de leur groupe et auréolés d’une victoire de prestige à Wembley.

Bien malin cependant qui pourrait situer le niveau réel de cette équipe. Il n’en reste pas moins qu’on joue différemment après quatre victoires qu’après quatre défaites, et si aucun adversaire n’a vraiment secoué les Bleus depuis l’arrivée de Laurent Blanc, des progrès sont patents dans trois domaines : la solidité défensive (un seul but encaissé en quatre rencontres, contre sept pour les quatre matches précédents), la circulation du ballon et l’efficacité offensive (huit buts en quatre matches).

Les adversaires

Lors des treize rencontres de cette année, l’équipe de France aura rencontré un adversaire inédit : la Biélorussie en septembre, avec la réussite que l’on sait. Elle n’aura rencontré que deux champions du monde en titre, l’Uruguay en juin et l’Angleterre en novembre, auxquels on peut ajouter l’Espagne, champion d’Europe en février. Pour le reste, beaucoup d’adversaires modestes (Costa Rica, Tunisie, Chine, Afrique du Sud, Biélorussie, Luxembourg) ou moyens (Mexique, Norvège, Bosnie, Roumanie).

 

Les joueurs

Au total, ce ne sont pas moins de 46 joueurs qui ont porté le maillot bleu cette année, ce qui donne une idée de l’énorme brassage effectué avant la coupe du monde et après. C’est un record dans l’histoire des Bleus, puisqu’avant cette année, le seuil des 40 joueurs utilisés n’avait été franchi qu’une fois, en 2004. Cette année-là, Raymond Domenech avait succédé à Jacques Santini et avait lui aussi opéré une large revue d’effectif.

Avec 46 joueurs, on peut faire deux listes de 23, celle qui est partie en Afrique du Sud, et celle des autres joueurs.

La première est désormais bien connue :
Lloris, Mandanda et Carrasso
Sagna, Réveillère, Gallas, Abidal, Planus, Squillaci, Clichy et Evra
Diaby, A.Diarra et Toulalan
Valbuena, Gourcuff, Ribéry, Govou et Malouda
Henry, Anelka, Gignac et Cissé

La deuxième est celle-ci :
Ruffier
Fanni, Mexès, Rami, Ciani, Escudé, Cissokho et Sakho
L.Diarra, Mvila, Cabaye, Sissoko et Matuidi
Briand, Payet, Ménez, N’Zogbia, Nasri et Ben Arfa
Benzema, Rémy, Hoarau, Gameiro et Saha

Si Florent Malouda a participé à 12 matches sur 13, c’est Lloris qui a passé le plus de temps sur le terrain, avec 990 minutes (11 matches complets). Seuls cinq joueurs n’ont passé qu’un quart d’heure ou moins en bleu : Cabaye (16 minutes), Briand et Saha (11 minutes), Matuidi et Gameiro (10 minutes).

Le meilleur buteur de cette année bien pauvre en buts (13 en 13 matches) est Karim Benzema avec trois réalisations, devant Florent Malouda, Yoann Gourcuff et Mathieu Valbuena (2 buts chacun).

Le brassard de capitaine a quant à lui beaucoup tourné, puisque outre Patrice Evra (5 fois), l’ont aussi porté Alou Diarra (4), Thierry Henry (2), Florent Malouda, Sidney Govou, Philippe Mexès et Hugo Lloris (1).

Quinze nouveaux joueurs auront rejoint l’équipe de France en 2010. Trois appelés par Raymond Domenech : Ciani contre l’Espagne en mars, Valbuena contre le Costa Rica en mai et Planus contre la Tunisie en mai. L’arrivée de Laurent Blanc aura amené l’équivalent d’une équipe entière et d’un remplaçant en seulement quatre matches : Ruffier, Rami, Aly Cissokho, Mvila, N’Zogbia, Ménez, Hoarau et Cabaye contre la Norvège en août, Gameiro contre la Biélorussie en septembre, Matuidi contre la Bosnie en septembre, Payet contre la Roumanie en octobre et Sakho contre l’Angleterre en novembre. Sur ces quinze néophytes, neuf ne comptent toujours qu’une seule sélection.

Quinze nouveaux en une année, c’est encore loin du record (21 en 1908), mais c’est énorme pour la période récente : il faut remonter à 1973 pour voir autant de changements (Stefan Kovacs avait remplacé Georges Boulogne cette année-là). 1998 et 2000 n’avaient vu que cinq arrivées, et 2006 n’en a compté que six.

La révélation de l’année

En décembre 2009, honnêtement, qui aurait parié un euro sur Mathieu Valbuena ? Snobé par Deschamps à l’OM, Petit Vélo était annoncé sur le départ et se trouvait bien loin des Bleus. Six mois et un titre de champion de France plus tard, le voilà appelé par Domenech dans la liste des 23, auteur d’un but pour sa première sélection contre le Costa Rica et sur le banc lors de la calamiteuse campagne sud-africaine où il ne jouera que les 21 dernières minutes contre le Mexique. Relancé par Laurent Blanc, il remplace Rémy contre la Biélorussie, puis gagne une place de titulaire lors de trois des quatre matches suivants, marquant encore contre l’Angleterre à Wembley.

Le lexique 2010

Nous avons appris cette année l’expression les mutins de Knysna (prononcez naïsna), qui consiste à s’enfermer dans un bus pour sécher un entraînement, nous savons qu’il faut dire Bélarus et pas Biélorussie (pas étonnant d’avoir perdu contre une sélection dont on ne sait pas exactement le nom) et bosnien plutôt que bosniaque (le premier désigne les ressortissants de la Bosnie, le second correspond à un des trois groupes de populations de la Bosnie, avec les Serbes et les Croates).

[1L’équipe de France n’a pas disputé de rencontres entre 1915 et 1918, puis en 1941 et en 1943.

[2Critères de classement : tout d’abord le pourcentage de victoires, puis le nombre de matches gagnés, puis le pourcentage de défaites.

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