[874] France-Bosnie (1-1) : le douzième homme était le meilleur

Publié le 2 septembre 2021 - Bruno Colombari

Dans l’ambiance festive et chaleureuse de la Meinau, l’équipe de France n’a rien montré de bien rassurant deux mois après l’Euro. Moins qu’une Bosnie assez quelconque, elle a montré que son principal adversaire cette année, c’était elle-même.

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Le résultat était-il prévisible ?

La tendance des matchs de mars indiquait que dans ce groupe riche en matchs nuls, les résultats seraient tous serrés. Les Bleus n’ont marqué que quatre fois en trois rencontres, et restaient sur trois nuls consécutifs à l’Euro avec toujours au moins un but encaissé, l’adversaire ouvrant le score à chaque fois. Il y avait peu de chances que le scénario de Strasbourg soit différent, mais une victoire française par un but d’écart semblait quand même un objectif réaliste.

Mais une première mi-temps inquiétante, encore une fois, a douché les espérances. Face à un bloc bas qui ne laissait aucun espace aux trois attaquants français, les Bleus ont semblé empruntés, sans inspiration, et s’en remettant à un hypothétique exploit de Mbappé ou Benzema et aux ouvertures longue portée de Pogba. Derrière, comme à l’Euro, la défense n’était pas sereine face à des Bosniens qui jouaient chaque coup à fond, comme Dzeko sur la passe manquée de Lemar.

Le coup de billard de Griezmann remettait en selle l’équipe de France, mais l’expulsion de Koundé en tout début de deuxième mi-temps laissait entrevoir le scénario final : un nouveau match nul à domicile (après celui contre l’Ukraine en mars) insuffisant pour faire un break définitif, mais qui laisse aux Bleus une marge confortable de quatre points d’avance sur l’Ukraine.

L’équipe est-elle en progrès ?

Non, et c’est bien ça le problème, après un Euro raté dans les grandes largeurs. On sait qu’il est rare qu’un match de début septembre donne lieu à un feu d’artifice (hormis contre les Pays-Bas le 31 août 2017, 4-0), encore moins une année de phase finale. Mais on pouvait espérer que les leçons de juin seraient tirées. Pour cela, il aurait sans doute fallu que moins de titulaires soient absents. Privé de Pavard, Hernandez, Kanté et Rabiot, Didier Deschamps a de nouveau placé Koundé arrière droit et a titularisé Veretout et Lemar au milieu.

Les principaux problèmes rencontrés à Strasbourg sont venus de ces trois-là, mais ils ne peuvent pas porter le chapeau pour toute l’équipe : l’animation offensive a été encore une fois très insuffisante, avec un nombre famélique de tirs cadrés (deux) et pas plus d’occasions que les doigts d’une main. L’agitation de la veille, jour de clôture du mercato estival, n’a sûrement pas arrangé les choses, notamment pour Antoine Griezmann qui n’a appris son prêt à l’Atlético de Madrid qu’à 1h30 du matin.

Mais le tableau d’ensemble n’est pas rassurant. Car si l’équipe jouerait certainement mieux avec Kanté au milieu et avec deux latéraux plus performants, ce n’est pas ça qui lui permettrait de se procurer plus d’occasions devant. Et d’avoir la maîtrise du score plutôt que lui courir après.

Quels sont les joueurs en vue ?

Difficile de sortir des noms après un match aussi décevant. Et quand il s’agit d’un débutant rentré après la pause, ce n’est jamais une bonne indication. Aurélien Tchouaméni, qui a pris la place (numériquement) de Thomas Lemar à la 46e, a montré des choses intéressantes dans le placement, l’engagement et l’interception, dans un registre proche de celui de Pogba. Le milieu mancunien a encore fait preuve de son bagage technique en cherchant ses attaquants par le jeu long, surtout en première mi-temps. Enfin, Lucas Digne aura été présent offensivement dans le couloir gauche et a bien géré ses tâches défensives. Dans le dernier quart d’heure, Kingsley Coman a beaucoup tenté, à droite puis à gauche.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Les sifflets à la sortie de Mbappé sont sans doute injustes tant il s’est battu pendant toute la partie, mais il a manqué de précision, notamment dans la dernière passe, et a multiplié les passements de jambes suivies d’une accélération qui rendaient son jeu prévisible. Il a trouvé le poteau dans un tir sans angle. Koundé, Veretout et Lemar ont raté leur match et ont vu leur destin lié : le premier a été expulsé, entraînant la sortie du second, dont le carton jaune précoce l’a empêché de faire faute sur Dzeko après la passe latérale ratée par le troisième.

Enfin, Karim Benzema n’a pas retrouvé son efficacité de l’Euro, bien pris par la défense adverse l’obligeant à jouer en pivot, ce qui n’est pas son meilleur rôle. Mais c’est toujours mieux qu’Anthony Martial, inexistant dans le pressing et capable de se prendre le pied dans la pelouse après avoir débordé son défenseur. On veut bien tenter de croire qu’Olivier Giroud n’a plus sa place dans cette équipe, mais il va falloir des arguments solides.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?}
Tout autre résultat qu’une victoire à Kiev samedi soir mettra une pression intense sur le sélectionneur. L’objectif de neuf points conquis en septembre est déjà envolé, alors qu’il aurait permis aux Bleus sinon d’assurer leur qualification, au moins d’avoir une marge très confortable avant les deux dernières sorties en novembre. Mais s’ils en comptent sept, ce devrait être suffisant dans un groupe où toutes les autres équipes collectionnent les matchs nuls, perdant donc des points ou ne rattrapant jamais leur retard.

En battant l’Ukraine sur son terrain, ce qu’ils ont fait deux fois en amical en 2011 et lors de l’Euro 2012, les Bleus mettrait leur adversaire direct à sept points, mais pour ça il faudra montrer bien autre chose que le brouillon de Strasbourg. On sait déjà que Koundé sera absent (suspendu) et un doute plane sur la disponibilité de Mbappé, touché au mollet. Dans ce cas, Coman pourrait débuter côté gauche, et Guendouzi pourrait apporter sa bonne forme actuelle au milieu.

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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