[925] Allemagne 0-2 France : un podium en mode 1958

Publié le 8 juin 2025 - Bruno Colombari

Comme en Suède à l’époque de Kopa et Fontaine, les Bleus ont gagné le match pour la troisième place face à l’Allemagne, certes dans des proportions moindres. Mais on prend.

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Le résultat était-il prévisible ?

Ce n’était évidemment pas à 15h qu’on aurait aimé voir cette finale, et pas pour obtenir une breloque sans intérêt (qui se vantera d’être troisième en Ligue des Nations ?). Mais puisqu’il fallait bien jouer ce match, on espérait au moins qu’il soit aussi spectaculaire et mouvementé que le deuxième mi-temps contre l’Espagne. Car, même renouvelée à 80%, la défense française était quand même loin de celle des titulaires habituels, et on pouvait supposer que les Allemands auraient à cœur de se racheter de leur piètre prestation contre le Portugal mercredi. En ce qui concerne le résultat, toutes les options étaient ouvertes, même si on espérait ne pas avoir besoin de passer par une nouvelle séance de tirs au but.

Il n’y en a pas eu, et il n’y a pas eu beaucoup de buts non plus, et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé des deux côtés, mais la lucidité et la précision étaient déjà à la plage. Les Bleus ont joué à l’allemande dans les années 1980, à savoir dominés, mais victorieux.

L’équipe est-elle en progrès ?

Il faudrait découper chaque match en petites tranches d’un quart d’heure ou vingt minutes pour pouvoir y répondre, tant se sont succédé, contre l’Espagne et l’Allemagne, d’énormes trous d’air défensifs et de bonnes séquences offensives, alternativement. Le premier quart d’heure et la dernière demi-heure de vendredi et la deuxième mi-temps de dimanche sont plutôt encourageantes, alors que la première période face à l’Allemagne et la période entre la 15e et la 60e minute contre l’Espagne ont parfois fait peur à voir.

Mais c’est un peu la signature de cette équipe, très irrégulière depuis l’Euro 2024, capable d’alterner le pire et le meilleur plusieurs fois dans le même match, hormis sans doute lors du retour contre la Croatie en mars dernier. Le retour de la défense titulaire pour septembre, on l’espère, devrait redonner de la stabilité à une équipe jeune et peu expérimentée. Est-ce que ça sera suffisant pour 2026, c’est une autre question.

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Quels sont les joueurs en vue ?

Mike Maignan, premier gardien français à avoir encaissé cinq buts depuis Georges Carnus en 1969, a fait un bien meilleur match contre l’Allemagne, même si on aurait bien aimé voir débuter Lucas Chevalier. Le Milanais a été très sûr au plus fort de la domination allemande en début de match, et il est resté vigilant ensuite, même si les locaux ont plutôt visé les nuages après la pause.

La défense-bis (ou ter, si on considère que la vraie était absente en Allemagne) a beaucoup flotté en première période, mais sur les côtés, Lucas Digne à gauche et Malo Gusto à droite ont été intéressants. Le défenseur de Chelsea a sans doute gagné une place de numéro deux derrière Jules Koundé, puisque Jonathan Clauss ne semble plus incarner l’avenir et que Pierre Kalulu a clairement laissé passer sa chance (même si ce n’est pas son poste).

Devant, Kylian Mbappé a soigné ses stats avec, pour la deuxième fois d’affilée, un but et une passe décisive (pour Michael Olise), mais il a gâché quelques bonnes occasions et sa reprise acrobatique était trop écrasée pour menacer Ter Stegen. Et les entrants Désiré Doué et Michael Olise ont marqué des points, et même un but pour le second. Ils ont sans aucun doute leur place dans le groupe, voire même au coup d’envoi.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Loïc Badé laisse une impression mitigée, même s’il a gagné en assurance au cours d’une match et qu’il a bien mieux fini, après une première mi-temps brouillonne et pas du tout complémentaire avec un Lucas Hernandez dépassé par les incursions adverses.

Au milieu, Adrien Rabiot a encore commis beaucoup de fautes et pris des risques inconsidérés en position de sentinelle (en deuxième période surtout) alors que Aurélien Tchouaméni a manqué de rythme et n’a pas été d’un grand secours pour les deux défenseurs axiaux.

Devant, Randal Kolo Muani a gâché une énorme occasion à quatre contre trois à la 65e, et le reste du temps, il ne s’est pas beaucoup montré. Malgré son but contre l’Espagne, il va devoir affronter une concurrence de plus en plus sévère devant.

Marcus Thuram, toujours aussi inefficace devant le but, n’a pas assez pesé et a semblé un peu perdu sur le flanc gauche de l’attaque. Clairement, il est bien plus à l’aise dans un système à deux pointes qui n’est pas celui des Bleus et qui ne risque pas de le devenir, vu la pléthore de joueurs de côté dont dispose Deschamps. Ses deux balles de but en moins de dix minutes vont sûrement le faire gamberger un moment.

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Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Ce sera dans près de trois mois, le 5 septembre contre l’Ukraine à Wroclaw (Pologne), pour ouvrir les qualifications à la Coupe du monde 2026. Rappelons que l’équipe de France est placée dans un groupe à quatre avec l’Islande et l’Azerbaïdjan. Et avec la particularité d’être certaine de jouer les barrages en mars si elle ne finit pas première (ce qui serait quand même étonnant), mais quelle que soit sa place. Dans sa capacité illimitée pour inventer des complications là où il n’y en a pas, l’UEFA a en effet décidé que les quatre meilleures équipes de la Ligue des Nations 2025 (dont la France) ont droit à une place de barragiste si elles ne terminent pas premières de leur groupe en novembre. Donc une chose est certaine : les Bleus ne pourront pas être éliminés à l’automne, même s’ils perdent leurs six matchs.

Mais après une saison 2024-2025 en dents de scie, avec trois défaites systématiquement suivies par une victoire, et une défense laxiste au moment où l’attaque retrouvait des couleurs, un parcours propre à l’automne remettrait les Bleus dans le sens de la marche. Ce sera aussi la dernière saison de Didier Deschamps comme sélectionneur, et nul doute qu’il voudra soigner ses adieux.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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