Brève histoire des numéros de maillots en équipe de France

Publié le 22 février 2022 - Matthieu Delahais - 1

L’équipe de France a joué avec des maillots numérotés pour la première fois le 26 mai 1945 lors d’un déplacement en Angleterre. Il faut ensuite attendre presque trois ans et un match face à l’Italie pour en retrouver à nouveau sur la tenue des Bleus, mais depuis, l’équipe de France en a toujours portés.

3 minutes de lecture

Lorsque la France se présente sur la pelouse de Wembley pour affronter l’Angleterre pour une rencontre que nos voisins d’Outre-Manche qualifient de Victory International, les tenues des joueurs sont numérotées. Si c’est une première pour les Bleus, cette pratique était courante en Grande-Bretagne. On suppose que ce sont les hôtes du jour qui ont demandé aux Français de floquer leurs maillots. Cette théorie est renforcée par la couleur noire des numéros des Français qui est la même que celle de leurs adversaires. On peut penser que ce sont les Anglais qui les auraient fournis aux Bleus [1].

De 1 à 11 pendant un demi-siècle

Pendant des années, les joueurs débutant les matches avaient les maillots numérotés de 1 à 11. Initialement, les tenues des remplaçants n’étaient même pas numérotées. Il faut attendre 1966 pour que ces derniers aient également leur propre numéro. Le premier remplaçant numéroté, hors match de phase finale, est Blanchet, le 20 avril 1966 face à la Suisse.

Car depuis la Coupe du monde 1954, les joueurs se voient attribuer un numéro pour la totalité de l’épreuve. C’est donc lors du France-Yougoslavie du 16 juin 1954 que les Tricolores ont débuté pour la première fois un match avec des numéros n’allant pas de 1 à 11. Pour cette occasion, François Remetter (numéro 1) gardait les buts devant une défense où officiaient Lazare Gianessi (4), Raymond Kaelbel (6), Robert Jonquet (10) et Jean-Jacques Marcel (12). Le milieu de terrain était composé d’Armand Penverne (14) et René Dereuddre (16), tandis que Léon Glovacki (17), Raymond Kopa (18), André Strappe (21) et Jean Vincent (22) géraient les lignes avant.

En 1958, les joueurs sont numérotés par poste, puis par ordre alphabétique. François Remetter, gardien titulaire lors des deux premiers matchs jouait ainsi avec le numéro 3. En 1978, les gardiens auront doit aux numéros 1, 21 et 22. Pour les autres joueurs, le principe de 1958 est appliqué. Les défenseurs ont les numéros 2 à 8, les milieux 9 à 14 et les attaquants 15 à 20 et sont classés par ordre alphabétique. Mais de petits arrangements ont lieu. Michel Platini, par exemple, qui devait avoir le numéro 14 l’échange contre le 15 de Marc Berdoll pour éviter toute comparaison avec Johann Cruyff.

Pour être complet sur ce sujet, il faut aussi mettre en avant la tournée réalisée en Amérique du Sud en juin 1977 où les joueurs avaient également des numéros attribués pour les deux matchs (Argentine puis Brésil).

Libéralisation des numéros

Un petit évènement a lieu lors France-Portugal joué le 8 mars 1978. Michel Platini, numéro 10, est contraint de déclarer forfait au tout dernier moment. Il est remplacé au pied levé par Alain Giresse, porteur du 13. Pour la première fois (en dehors des cas particuliers cités ci-dessus), le Onze de France démarre avec une numérotation n’allant pas de 1 à 11.

Mais ce n’est que dans la deuxième moitié des années 1990 que les joueurs commenceront réellement à jour avec leur numéro fétiche. Il existe tout de même l’exception Jean Tigana, qui à partir de l’Euro 84 jouera systématiquement avec le numéro 14. Desailly, défenseur central de métier, va vite récupérer le 8, numéro plutôt destiné à un milieu de terrain. Tandis que Youri Djorakeff, à l’inverse, va prendre le 6, historiquement attribué à un milieu défensif, alors qu’il officiait aux avants postes. De son côté, Grégory Coupet conservera son numéro de troisième gardien (23) même lorsqu’il deviendra titulaire en sélection. Son prédécesseur, Fabien Barthez, avait fait de même puisqu’il portait le 16.

Mais les joueurs ne sont pas les seuls responsables de ces numéros qui nous auraient semblé étranges il y a quelques années. A l’hiver 2008, Raymond Domenech organise des rencontres avec une sélection A’ la veille des matches de l’équipe A. Son groupe est élargi et les Bleus se partagent les numéros. On voit ainsi lors de France-Espagne Lassana Diarra jouer avec le 32, Hatem Ben Arfa avec le 33 et Julien Escudé avec le 35. Un mois plus tard, Patrice Evra portait le 27, mais n’utilisera pas ce numéro puisqu’il restera sur le banc de touche.

A la fin du printemps 2011, Laurent Blanc emmènera un groupe de 26 joueurs en Europe de l’Est (match en Biélorussie, Ukraine et Pologne). Cela réussira à Marvin Martin (numéro 25) auteur d’un doublé et d’une passe décisive pour sa première sélection. Un an plus tard, Laurent Koscielny joue avec le 24 en match de préparation à l’Euro et Rémi Cabella avec le 28 en préparation de la Coupe du monde 2014. Les matchs estivaux, hors phase finale deviennent propices aux gros numéros. En 2015, on voit Paul-Georges Ntep avec le 24, en 2017 Florian Thauvin avec le 26. Ce n’est que lors de l’Euro 2021, où le groupe est élargi à 26 joueurs, que ces numéros deviennent plus courants.

[1Lire Un maillot, une légende de Matthieu Delahais et Bruno Colombari, éditions Solar

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Vos commentaires

  • Le 23 février 2022 à 00:16, par Nhi Tran Quang En réponse à : Brève histoire des numéros de maillots en équipe de France

    Si en 78, Platini ne semblait pas encore assumé d’être un numéro 10 de la même trempe que les grands joueurs en prenant le 15 à la place du 14 voire même du 10. En 82, ce n’est plus le cas, car si on respecte la logique des numéros en coupe du monde auquelle les joueurs sont numérotés par poste, puis par ordre alphabétique, Platini aurait dû avoir le 13 à la place Larios (tiens, tiens) tandis que le 10 aurait dû revenir à Girard. Et tout comme en 86 auquel Platini garde le 13, le 10 serait revenu à Ferreri.
    Par contre la numérotation lors de l’Euro 84 me semble être un peu différent de celle en coupe du monde, car si 2 à 5 les numéros me semblent logique en fonction des joueurs l’ordre alphabétique n’est pas respecté, au milieu & en attaque il y a quelques cas qui posent question, car le 7 devrait être Bravo et le 8 Ferreri et non l’inverse. Le 11 devrait revenir à un milieu mais c’est Bellone attaquant qui le porte à la place du 16, et le 15 qui devrait être un attaquant ou au pire un milieu est porté par Le Roux un défenseur qui lui devrait être dans les premiers numéros, à la limite Tusseau qui pouvait jouer aussi bien en défense qu’au milieu devait porter le 15, lui porte le 18 un numéro d’attaquant.
    Et à partir de 92, les numéros me semblent avoir été attribués par préférence des joueurs.

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