Face-à-face : Papin-Kostadinov

Publié le 12 septembre 2025 - Bruno Colombari

Ces deux-là se sont croisés seulement six fois, et Jean-Pierre Papin l’a toujours emporté en club, que ce soit avec l’OM ou le Milan. En sélection, Emil Kostadinov a pris sa revanche, et plutôt deux fois qu’une.

4 minutes de lecture

Difficile de trouver un adversaire étranger fréquent pour Jean-Pierre Papin, surtout avec au moins deux matchs concernant l’équipe de France. J’étais parti au départ sur Hristo Stoïchkov, mais il n’y avait que quatre confrontations. Emil Kostadinov, bourreau des Bleus en novembre 1993 avec la Bulgarie (doublé fatal), avait un profil plus intéressant car il avait croisé auparavant cinq fois JPP, dont quatre en clubs, avec des équipes différentes : l’OM et l’AC Milan pour le Français, le CSKA Sofia (Sredrets à l’époque) et le FC Porto pour le Bulgare.

Ils se croiseront à Munich en 1995-96

Emil Kostadinov a presque quatre ans de moins que Papin, puisqu’il est né en août 1967 (novembre 1963 pour le Boulonnais). Il n’a certes jamais été Ballon d’or, mais, comme Papin, il a atteint une demi-finale de Coupe du monde, en 1994 aux Etats-Unis. Et il compte 70 sélections, soit 16 de plus que Papin, qui a cependant marqué quatre buts de plus que le Sofiote (30 contre 26). Les deux joueront même ensemble au Bayern Munich, avec lequel ils remporteront la Coupe de l’UEFA en 1996, contre le Bordeaux de Lizarazu, Dugarry et Zidane.

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La première fois que ces deux-là se rencontrent, c’est lors d’un quart de finale de Coupe des clubs champions (l’ancienne Ligue des Champions) en mars 1990, dans le cadre d’une confrontation aller-retour entre le Sredrets Sofia et l’OM. Les Marseillais ont fière allure, même avec Enzo Francescoli (l’idole du jeune Zidane) sur le banc : ils comptent sept internationaux A, plus Carlos Mozer et Chris Waddle. Et ils s’imposent en fin de match sur un but de Philippe Thys servi par Papin. En face, le Sredrets est composé également de nombreux internationaux, dont le duo offensif Stoichkov-Kostadinov. Au retour, au Vélodrome, l’OM fait le break dans la première demi-heure, avec notamment un but de Papin, et s’impose logiquement (3-1), JPP finissant même le match dans les buts marseillais à la place de Gaëtan Huard, blessé. Jusque ici, tout va bien.

Première alerte à Sofia

Le duel reprend juste après l’Euro 1992. Michel Platini n’est plus sélectionneur et la Bulgarie accueille la France pour débuter la phase qualificative de la Coupe du monde 1994. Le nouveau sélectionneur Gérard Houllier essaie d’assembler Marseillais et Parisiens, mais la sauce ne prend pas, et les Bleus perdent déjà 0-2 à la 29e. Kostadinov sort à la 70e, Papin n’y arrive pas et la Bulgarie s’impose.

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L’embellie milanaise

Le match retour n’est que dans quatorze mois et entre temps, il va y avoir deux confrontations en club. Papin joue désormais à l’AC Milan, où il essaie de se faire une place parmi les étrangers du club, alors que Kostadinov a pris le large pour Porto, dont il est l’avant-centre. A Porto, le Milan s’impose sur un but tardif de Papin, six minutes avant la sortie de Kostadinov (0-1). Deux semaines plus tard à Milan, même score, mais aucun des deux joueurs ne se distingue. L’AC Milan file en finale (il n’y a pas de quarts ni de demies, c’est une phase de poules à deux groupes de quatre dont les premiers sont finalistes) et la perdra à Munich, contre l’OM.

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Arrive alors le fatidique 17 novembre 1993, sans doute le jour le plus noir du football français. On connaît l’histoire par cœur tant elle a été racontée, mais rappelons juste qu’un nul suffit à l’équipe de France pour assurer sa qualification à la Coupe du monde 1994. Oui, mais un mois plus tôt, elle a concédé une défaite stupide (et beaucoup plus dommageable) dans ce même Parc des Princes contre Israël (2-3, après avoir mené 2-1 à la 82e minute). Ce qui, forcément, a donné des idées à des Bulgares qui n’ont plus rien à perdre…

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Emil et une nuit

Côté Bulgare, Stoichkov occupe le flanc gauche de l’attaque et Kostadinov le droit. En face, Papin est aligné en pointe avec Cantona, devant un milieu pas très créatif (Deschamps, Sauzée, Le Guen et Pedros). Il y a pourtant cinq futurs champions du monde dans cette équipe de départ (Lama, Petit, Blanc, Desailly et Deschamps), mais elle se complique la vie toute seule, car cinq minutes après avoir ouvert le score par Cantona, servi de la tête par Papin, elle se fait surprendre sur corner par Kostadinov (coucou !). A 1-1, la qualification est acquise, mais il serait prudent de marquer un deuxième but.

Il va venir, mais pas du bon côté, après que Papin soit sorti à la 69e, remplacé par Ginola. Alors qu’on joue la dernière minute, un coup franc excentré du même Ginola ne trouve pas preneur et déclenche une ultime relance bulgare. Kostadinov est à la conclusion d’un tir sous la barre de Lama, mais auparavant, pas mois de six Bleus ont été passés au cours de l’action. En moins de treize secondes, Emil Kostadinov est entré dans l’histoire, et Jean-Pierre Papin n’a plus que ses yeux pour pleurer.

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Les six matchs entre Papin et Kostadinov

datelieugenrematchscorebuts JPPbuts EK
07/03/1990 Sofia C1 Sredrets Sofia-OM 0-1 0 0
21/03/1990 Marseille C1 OM-Sredrets Sofia 3-1 1 0
09/09/1992 Sofia qCM Bulgarie-France 2-0 0 0
03/03/1993 Porto LdC Porto-AC Milan 0-1 1 0
17/03/1993 Milan LdC AC Milan-Porto 1-0 0 0
17/11/1993 Paris qCM France-Bulgarie 1-2 0 2

pour finir...

Merci à Richard Coudrais pour ses précisions sur le Sredrets Sofia et l’anecdote de Papin qui remplace Huard.

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