A leur prochaine victoire contre la Belgique, les Bleus vont enfin équilibrer un bilan structurellement déficitaire depuis 1905 et la toute première défaite (0-7). Mais comme ils gagnent très souvent depuis une quarantaine d’années (10 victoires, 3 nuls et 2 défaites depuis 1984), les voici revenus à 29 victoires pour 30 défaites et 19 nuls. Bon, la différence de buts est encore loin du compte (136 pour, 163 contre, -27), mais c’est secondaire.
L’objet de cet article n’est pas de faire le bilan des confrontations entre les deux équipes (il existe déjà ici), mais de mettre en parallèle leurs caractéristiques historiques en termes de palmarès, de nombre de matchs joués, de joueurs (les plus âgés et les plus jeunes) et de buteurs.
Donc côté bilan, avantage à la Belgique, sauf si on se restreint aux matchs de compétition. Parce que là, l’équipe de France est largement devant avec 10 victoires pour 3 défaites et 3 nuls, et encore, ces trois défaites ont toutes eu lieu en matchs de qualification. En phase finale, c’est carton plein avec 6 victoires françaises en 6 matchs. Voilà pourquoi, entre autres, les Bleus ont un palmarès incomparable avec celui des Diables Rouges : deux fois champion du monde, deux fois champion d’Europe, double vainqueur de la Coupe des Confédérations, ainsi que de la Coupe intercontinentale et de la Ligue des Nations d’un côté, champion olympique de l’autre. Encore faut-il préciser que cet unique titre belge date de 1920, à Anvers et en seulement trois matchs. Et même deux matchs un tiers, puisque après deux victoires devant l’Espagne (3-0) et les Pays-Bas (3-1), les Belges menaient 2-0 en finale quand la Tchécoslovaquie a quitté le terrain après 39 minutes de jeu et un joueur expulsé.

Depuis 1920, la Belgique n’a disputé qu’une finale, celle de l’Euro 1980 (perdue 1-2 contre la RFA à Rome) et deux demi-finales mondiales, perdues elles aussi face à l’Argentine en 1986 (0-2) et à la France en 2018 (0-1). Pour être complet, on ajoutera une autre-demi finale, en Ligue des Nations en 2021, encore contre les Bleus (2-3).

Sur l’ensemble des matchs disputés depuis 1904, l’équipe de France u une avance de 73 rencontres (923 à 850) au printemps 2025. Ça n’a pas toujours été le cas : juste avant la première guerre mondiale, les Belges comptaient 46 matchs, les Français 36. En 1939, l’écart s’est creusé : 178 à 154 en faveur de la Belgique. Au début de 1970, il est à peu près le même (346 à 324). En juin 1986, quand les deux équipes se retrouvent pour la troisième place de la Coupe du monde au Mexique, l’écart a fondu (461 à 457). Les Bleus dépassent les Diables Rouges une première fois au printemps 1994, mais ces derniers jouent la Coupe du monde aux Etats-Unis et reprennent provisoirement l’avantage. L’Euro 1996 (que la Belgique ne joue pas, alors que la France y dispute cinq rencontres) donne une avance définitive aux Bleus, à partir du 540e match.
L’explication est simple : les Bleus n’ont plus manqué une seule phase finale européenne ou mondiale depuis 1994 et a disputé huit fois des demi-finales. Sur la même période, la Belgique a manqué deux Coupes du monde (2006 et 2010) et quatre Euros (1996, 2004, 2008 et 2012) et n’a atteint qu’une seule fois les demi-finales (en 2018, battue par la France). De plus, les Bleus ont participé à deux Coupes des Confédérations (2001 et 2003) en les remportant, donc en jouant deux fois cinq matchs.
Côté joueurs, logiquement il y a plus de Français que de Belges. Avec 942 internationaux A pour 923 matchs, l’équipe de France a un taux de renouvellement de 1,02 joueur par match. Pour la Belgique, avec 735 Diables rouges pour 850 matchs, le taux de renouvellement est beaucoup plus faible : 0,86 seulement. Signe évidemment d’un réservoir beaucoup plus restreint (66 millions d’habitants d’un côté, 11 millions de l’autre). Même si on sait qu’en football, la démographie n’a que peu de rapport avec le niveau de l’équipe nationale, sinon l’Uruguay n’aurait jamais été double champion du monde, et la Chine et l’Inde seraient des superpuissances footballistiques.
Un indicateur plus intéressant est celui du nombre d’éphémères. Côté français, il est important, avec 250 internationaux n’ayant qu’une sélection (26,5 % du total), contre 144 côté belge (19,5 %). Ce qui confirme le fait que la Belgique a consommé moins de joueurs que la France et les a beaucoup plus sollicités. Mais comment cela se traduit-il du côté des centenaires en sélection ?
Si les Bleus ont 9 centenaires, les Belges en ont 8, mais ils sont tous de la génération actuelle puisque le premier d’entre eux chronologiquement a atteint les 100 capes en juin 2018 (Jan Vertonghen), soit bien plus tard que Didier Deschamps, premier centenaire français en juillet 2000 (à Bruxelles d’ailleurs, contre le Portugal lors de l’Euro 2000).
Côté carrières, le Belge Hector Goetinck a eu la carrière la plus longue, 17 ans, 6 mois et 10 jours entre avril 1906 et novembre 1923 (17 sélections) dont 3 contre la France en 1905, 1907 et 1910. C’est beaucoup plus que le recordman français en la matière, Larbi Ben Barek (15 ans, 10 mois et 12 jours entre décembre 1938 et octobre 1954).
La Belgique compte aussi 7 joueurs ayant dépassé les 37 ans, le vétéran ayant même frôlé les 40 ans (Timmy Simons, à 28 jours près en novembre 2016). Côté Bleus, une telle longévité est plus rare, puisqu’on ne compte que 4 joueurs après 37 ans, le record étant détenu par Olivier Giroud.
Les internationaux belges commencent plus tôt également, puisque les moins de 18 ans à leur première sélection sont 11, dont 3 débutants à moins de 17 ans. Le dernier, et pas le moindre, est Romelu Lukaku en 2010. Les Bleus sont presque aussi nombreux dans ce cas (10), mais aucun d’eux n’a débuté en sélection avant 17 ans.
Enfin, du côté des meilleurs buteurs, net avantage à la Belgique, du moins pour le premier rang : Romelu Lukaku et ses 88 buts écrasent la concurrence, très loin devant Olivier Giroud. Mais on compte sur Kylian Mbappé pour faire mieux, même s’il lui manque 40 buts (et qu’il n’en a plus marqué depuis l’Euro 2024). La différence se voit en dessous : les Français compte 5 buteurs à plus de 40 buts, contre un seul côté belge. Et le deuxième meilleur buteur belge, Eden Hazard (33 buts), a fait moins bien que le septième français (David Trezeguet, 34).