André-Pierre Gignac récupère un centre de Patrice Evra à l’angle de la zone des six mètres, crochète le ballon et envoie Pepe au tapis avant de croiser sa frappe qui prend Rui Patricio à défaut mais heurte le poteau. La balle passe devant Antoine Griezmann qui ne peut le pousser au fond des filets. Les Bleus ne le savent pas encore, mais ils viennent de laisser passer leur chance.
Quelques semaines après la finale, l’avant-centre des Bleus confie à Téléfoot [1] sa frustration par rapport à cette action. « La première semaine a été très dure. Les trois premières nuits, j’en ai fait des cauchemars. J’ai pensé qu’on gagnait l’Euro, à la joie des coéquipiers, si j’avais marqué ce but à la 92e ! Cela a été très difficile, les footballeurs ou les anciens joueurs doivent l’imaginer. Tout au long de ma carrière et même après ma carrière, cela va me hanter. »
Olivier Giroud, que André-Pierre Gignac avait remplacé un peu plus tôt, partage la détresse de son coéquipier. « Même moi il m’arrive d’y repenser donc lui, je n’imagine même pas. Il aurait pu être le héros d’une nation… Je pense qu’il a fait le bon geste, il élimine bien Pepe… C’est comme ça, c’est le football. Il faut passer à autre chose. »
Pour André-Pierre Gignac, le plus difficile à accepter, même des années après le match, c’est qu’en plus d’avoir fait le bon geste (à un poteau près), c’est que Antoine Griezmann n’ait pas pu reprendre le ballon pour marquer. « Quand je vois le défenseur se serrer dans l’axe et le gardien sortir, j’essaie de la frapper comme je peux en fait. Ça prend un petit rebond, mais avec un effet bizarre qui tape sur le poteau. C’est un truc de fou. Je ne sais pas si c’est le destin, je ne sais pas comment on peut appeler ça. Mais normalement, le ballon retombe dans les pieds d’Antoine. C’est un truc de malade quand on y pense ! Antoine est à un mètre du ballon. Et avec cet effet, au lieu de revenir sur lui, il part sur le côté, c’est un truc de fou. » [2]
De son côté, au moment d’évoquer ce qui a manqué aux Bleus pour l’emporter, Antoine Griezmann lâche « On a manqué de chance. La réussite qu’on a eue face à l’Irlande, à l’Islande, à l’Allemagne… Cette fois, ce n’est pas rentré. Le gardien a fait des parades, on a touché le poteau, ou c’est passé à quelques centimètres… Donc c’est assez frustrant, parce qu’on a tout donné et, au final, ce sont les Portugais qui gagnent. Il faut les respecter. Ils ont un bon groupe, de bons joueurs, et ils ont tout fait pour ne pas encaisser de but. »
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En conférence de presse d’après-match, Didier Deschamps parle de sa déception, sans revenir sur ce poteau, et de celle de ses joueurs. « Il n’y a pas de mots pour atténuer leur déception, elle est énorme. Il va nous falloir un peu de temps pour digérer ça. Mais on repartira... » Il tente aussi de regarder vers l’avenir et la coupe du monde 2018. « Sincèrement, je suis très fier de ce qu’on fait les joueurs, même s’il n’y a pas la récompense au bout. C’est un gros coup sur la tête, mais on ne s’arrête pas là. Avec ce groupe, on peut envisager des jours meilleurs et un avenir intéressant. »
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Et les jours seront meilleurs, en effet !