Pour les Bleus aussi c’est la rentrée

Publié le 1er septembre 2019 - Bruno Colombari

Que faut-il attendre des six derniers matchs de l’équipe de France dans les trois prochains mois ? Enjeux à court et moyen terme, particularités du calendrier, intégration des nouveaux : on fait le point.

4 minutes de lecture

D’abord se qualifier, puis dégager un groupe

L’enjeu principal des rencontres de septembre (Albanie, le 7, Andorre le 10), d’octobre (Islande le 11, Turquie le 14) et de novembre (Moldavie le 14, Albanie le 17) est bien entendu la qualification directe pour l’Euro, sachant que les deux premières places seront qualificatives sans barrage. Sur 30 points possibles, la qualification est probable à partir de 20 points et la première place devrait se jouer à moins de 25.

Il reste 18 points à prendre, avec pour les Bleus un calendrier très favorable : quatre matchs sur six à domicile, dont trois face aux adversaires les plus faibles du groupe (Albanie et Andorre en septembre, Moldavie en novembre). Les deux matchs les plus délicats sont regroupés en octobre, avec la réception de la Turquie et un déplacement en Islande.

L’objectif de Didier Deschamps est certainement d’obtenir la qualification le plus tôt possible, idéalement dès le 14 octobre en cas de victoires sur les deux adversaires directs (Islande et Turquie, qui comptent actuellement 9 points, comme la France), au pire le 14 novembre contre la Moldavie à Saint-Denis. Et ce afin de neutraliser le dernier déplacement en Albanie, qui n’a jamais été une partie de plaisir (victoires par un but d’écart en 1990 et 2011, défaite en 2015).


 

L’autre enjeu, c’est commencer à dégager un groupe pour l’Euro. Si le sélectionneur semble prioriser les titulaires de la Coupe du monde 2018, l’absence, dans un premier temps, de Samuel Umtiti en septembre (il a été appelé suite au forfait d’Aymeric Laporte) montre que ceux-ci n’ont pas d’immunité, ce qui est une bonne chose quand on se souvient à quoi avait aboutit la « sénatorisation » des champions d’Europe entre 2000 et 2002.

Parmi les titulaires à Moscou, on surveillera particulièrement ceux dont le statut est a priori le plus fragile, à savoir Benjamin Pavard, Blaise Matuidi et Olivier Giroud. Mais c’est dans l’autre moitié du groupe, celle qui fournit les remplaçants, que le turnover sera le plus important. Il a déjà commencé : exit Rami, Mandanda ou Sidibé, alors que Benjamin Mendy part désormais de très loin et que Presnel Kimpembe a vu deux concurrents directs lui passer devant pour le poste de défenseur central.

Il y aura de l’écrémage, car tous les essais depuis septembre 2018 ne pourront aller à l’Euro, mais pour l’heure seul Alassane Plea ne semble pas avoir convaincu le sélectionneur, qui ne l’a jamais rappelé depuis sa première convocation en novembre 2018.

Aucun amical d’ici décembre : ce n’est plus arrivé depuis quand ?

En mettant de côté les années impaires précédant un tournoi à domicile (1983, 1997, 2015) ou une qualification d’office (2001), il n’est pas fréquent que les Bleus ne jouent aucun amical entre août et décembre. Sur les quarante dernières années, ce n’est arrivé que deux fois. La première date de 2009 avec un déplacement aux Féroé et en Serbie, la réception de la Roumanie, des Féroé et de l’Autriche et pour finir, le barrage aller-retour contre l’Irlande, soit la bagatelle de sept matchs de compétition (il y en aura six cette année). La deuxième fois, c’était en 1985 avec la Coupe intercontinentale contre l’Uruguay, un déplacement en RDA et la réception du Luxembourg et de la Yougoslavie.

On pourrait aussi y ajouter 1984 et 1981 mais, ces années là, l’équipe de France disputait un amical non-officiel en ouverture de la saison au profit de l’UNFP, respectivement contre l’Inter Milan et le VfB Stuttgart. En 1984 les Bleus avaient enchaîné sur trois matchs au Luxembourg, contre la Bulgarie et la RDA. Et en 1981 ils s’étaient déplacés en Belgique et en Irlande avant de recevoir les Pays-Bas et Chypre.


 

Que des victoires entre août et décembre, c’est déjà arrivé ?

Le calendrier plutôt favorable des Bleus (quatre matchs à domicile, deux déplacements gagnables en Islande et en Albanie) peut faire espérer un carton plein. Là aussi, c’est une configuration plutôt rare, même avec des amicaux au milieu. Depuis 1979, ce n’est arrivé que cinq fois, dont seulement deux fois avec plus de trois matchs disputés.

La dernière fois remonte à 2003 avec cinq victoires sur cinq contre la Suisse en amical (2-0), Chypre (5-0), la Slovénie (2-0) et Israël (3-0) en qualifications pour l’Euro et l’Allemagne en amical (3-0). Soit un joli 15-0 pour clôturer une année faste (13 victoires consécutives, victoire en Coupe des Confédérations).

Les Bleus avaient fait presque aussi bien en 1991 avec un quatre sur quatre en Pologne en amical (5-1), en Tchécoslovaquie (2-1), en Espagne (2-1) et contre l’Islande (3-1) en qualification pour l’Euro. Ils avaient également tout gagné en 1984 (Luxembourg 4-0, Bulgarie 1-0 et RDA 2-0) et en 1979 (Suède 3-1, Etats-Unis 3-0, Tchécoslovaquie 2-1) mais avec seulement trois matchs au programme. Et en 1997, il n’y en avait eu que deux (Afrique du Sud 2-1, Ecosse 2-1).

Le bon moment pour lancer des nouveaux ?

Ils sont nombreux à avoir débuté en sélection dans les neuf mois qui précèdent une phase finale. Depuis 1995, l’équipe de France s’est qualifiée systématiquement pour les phases finales d’Euro ou de Coupe du monde. Et la seule fois où aucun nouveau joueur n’a été lancé entre août et décembre, c’est en 2001. Mais il y avait eu juste avant la Coupe des Confédérations où Roger Lemerre avait fait appel à de nombreux débutants.

S’il est trop tôt pour savoir si Jonathan Ikoné, Aymeric Laporte et Mike Maignan auront leur chance dans les prochains mois, on peut rappeler les précédents, en remarquant qu’ils ont été particulièrement nombreux en 2011 et 1997 (5) et rares en 2013, 2009, 2005 et 2003 (1). Les joueurs dont le nom est suivi d’une astérisque n’ont pas été retenu pour la phase finale suivante. Entre parenthèses, le nombre de sélections obtenues jusqu’au 1er septembre 2019. En gras, les joueurs encore en activité.

2017 : Pavard (22) et Nzonzi (14)
2015 : Martial (18) et Coman (17)
2013 : Kondogbia* (5)
2011 : Debuchy (27), Koscielny (51), Giroud (91), Mathieu* (5) et Gonalons* (8)
2009 : Sissoko* (58)
2007 : Sagna* (65), Ben Arfa* (15), Flamini* (3) et Frey (2)
2005 : Jurietti* (1)
2003 : Réveillère* (20)
2001 : néant
1999 : Micoud (17), Robert* (9) et Porato*(1)
1997 : Guivarc’h (14), Henry 123), Letizi* (4), Boghossian (26) et Laslandes* (7)
1995 : Makelele* (71), Lebœuf (50), Madar* (3) et Keller* (6)

La probabilité d’être dans la liste des 23 en mai quand on a débuté en sélection entre septembre et novembre de l’année précédente n’est pas très élevée : c’est arrivé 13 fois sur 29, mais 4 fois sur 5 depuis l’arrivée de Deschamps. Avec lui, seul Geoffrey Kondogbia n’a pas été rappelé (il a depuis opté pour la République centrafricaine et n’est donc plus sélectionnable). La proportion est inversée avec Domenech, qui sur les 6 joueurs lancés en 2005, 2007 et 2009, n’en a retenu qu’un seul, Sébastien Frey en 2008.

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