Dialogue avec Soccer Nostalgia : Michel Platini, saison 4 (1991-92)

Publié le 2 octobre 2024 - Richard Coudrais

La saison 1991-92 aurait dû être celle de l’aboutissement de l’équipe de France du sélectionneur Michel Platini. Il n’en a rien été. La rédaction de Chroniques Bleues cherche l’explication en répondant aux questions du média américain Soccer Nostalgia.

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Lire l’article sur le site de Soccer Nostalgia The Soccernostalgia Interview-Part 93
Cet article fait partie de la série Dialogue avec Soccer Nostalgia
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Soccernostalgia : Quelle était l’ambiance en équipe de France avec Michel Platini à l’automne 1991, après une excellente saison en équipe nationale et un Olympique de Marseille impressionnant en Europe ?

Richard Coudrais : Les résultats de l’OM et de l’équipe de France vont de pair puisque les deux équipes ont de nombreux joueurs en commun. L’équipe-type de Michel Platini compte au moins huit joueurs marseillais : Amoros, Angloma, Boli, Casoni, Deschamps, Durand, Sauzée et Papin. Le club phocéen a perdu la finale de la Coupe des Champions mais a effectué un gros recrutement pour remporter l’édition suivante. Le moral est au beau fixe d’autant que l’on entre dans l’une des meilleures périodes du football français avec des clubs qui vont briller en Coupes d’Europe.

La France avait remporté ses cinq matches de qualification européenne et la qualification était probable. Mais y a-t-il eu une inquiétude puisqu’il y a eu deux matches à l’extérieur contre ses deux principaux adversaires ?

Bien sûr, le plus dur reste à faire puisque les Bleus doivent se déplacer en Tchécoslovaquie puis en Espagne, deux équipes qui restent en course pour la première place du groupe, la seule qualificative pour l’Euro. Le fait d’avoir fait le plein lors des cinq premiers matchs donne une grande confiance aux Tricolores mais on sait que les matchs de Bratislava et de Séville vont vraiment permettre d’évaluer cette équipe de France.

La saison a commencé par un match amical à Poznań contre la Pologne le 14 août 1991. Amara Simba a fait ses débuts internationaux. Malgré la victoire (5-1), la France a connu des difficultés en première mi-temps et Platini les a décrits comme « les 25 premières minutes les plus catastrophiques depuis que je suis sélectionneur ». Quelle a été la réaction de la presse ?

C’est un match assez paradoxal. Le score donne l’impression que l’équipe de France s’est baladée et il fait oublier que le début de match a été difficile. La Pologne aurait pu mener de deux ou trois buts. Finalement, les Français s’imposent 5-1. Michel Platini s’est efforcé de minimiser le résultat car je crois qu’il avait peur que ses joueurs s’enflamment alors que deux matchs importants les attendaient. Il a conscience que malgré une série de bons résultats, son équipe était très perfectible et bénéficiait d’une grande réussite.

Le premier match de qualification pour l’Euro de la saison fut un déplacement difficile à Bratislava, le 4 septembre 1991. La France s’imposait (2-1) grâce à un doublé de Papin. La France a pratiquement scellé sa qualification de manière impressionnante. Comment a été perçue cette importante victoire à l’extérieur ?

Encore une fois, le match a commencé de manière catastrophique. Le capitaine Manuel Amoros fait une erreur de débutant en dégageant le ballon dans l’axe. Celui-ci est récupéré par Nemecek dont le tir est dévié par Basile Boli, ce qui trompe Bruno Martini. Cela sentait l’hécatombe mais une fois de plus, les hommes de Platini démontrent qu’ils sont très forts dans l’adversité. Ils retournent le match en leur faveur et Jean-Pierre Papin marque deux buts, sur deux passes de Christian Perez qui est entré à la mi-temps. On loue alors l’efficacité de Papin, qui est alors le meilleur avant-centre d’Europe, et le coaching de Platini, dont les remplacements s’avèrent souvent pertinents.

Lors du match de qualification suivant, le 12 octobre 1991, à Séville, la France bat l’Espagne (2-1) pour sa septième victoire consécutive grâce à un but du vétéran renaissant Luis Fernandez (comme en 1988) et une autre frappe de Papin. Était-ce l’apogée de Platini comme sélectionneur ?

On peut en effet dire que c’est le sommet de la carrière du sélectionneur Platini puisque cette victoire permet d’accrocher la qualification pour l’Euro 1992, qui n’était pas forcément envisagée un an plus tôt. Et il n’a rien remporté depuis. Cette fois, le match a très bien débuté, avec deux buts inscrits dans les vingt premières minutes. L’Espagne n’avait jamais perdu à Séville jusqu’alors. Cette victoire, ajoutée à celle de Bratislava, fait prendre conscience à l’Europe que l’équipe de France est bien de retour.

Le dernier match de la campagne de qualification eut lieu le 20 novembre 1991, au Parc des Princes contre l’Islande. La France s’est imposée confortablement (3-1) comme prévu. Pour la première fois, la France a remporté tous ses matches lors d’une campagne de qualification. Quelle importance cela avait-il à l’époque ?

L’enjeu du match contre l’Islande est de réaliser "le grand huit”. Jean-Pierre Papin est absent et Eric Cantona a à cœur de démontrer qu’il peut également être un grand leader d’attaque. Il est associé à Amara Simba, devenu célèbre grâce à des buts spectaculaires en championnat, mais dont on doute de la constance au niveau international. Simba marque un but et Cantona deux, mais le match est loin d’être facile car les Islandais sont très embêtants à jouer et leur gardien fait un grand match. Ce grand chelem réussi par les Tricolores impressionne.

À la fin de l’année 1991, l’année de la France et de l’Olympique de Marseille est récompensée par la victoire de Jean-Pierre Papin au Ballon d’Or. Était-ce le reflet d’une renaissance du football français ?

C’est la première fois qu’un joueur du championnat de France reçoit le Ballon d’Or. Cela récompense à la fois la performance des Bleus mais aussi celle de l’Olympique de Marseille sur le front européen. Il est rare que le football français soit performant tant en club qu’en sélection. Malgré tout, il n’a remporté aucun titre cette année-là, à part ce Ballon d’Or.

En cette fin d’année, l’inquiétude était grande puisqu’Eric Cantona, désormais à Nîmes, a insulté la commission disciplinaire de la Ligue et a été suspendu pendant des mois. Cela l’a forcé à rejoindre l’équipe de la Ligue anglaise Leeds United. Pouvez-vous décrire ce drame ?

Eric Cantona se fait exclure à l’occasion d’un houleux Nîmes-Saint-Etienne pour avoir jeté un ballon sur l’arbitre. Il craque ensuite face à la commission de discipline et se retrouve suspendu. Il déclare alors mettre un terme à sa carrière. Platini, qui compte sur lui pour l’Euro 1992, intervient pour le faire changer d’avis et lui trouver un club. A l’époque, il n’y a que le l’Angleterre qui peut recruter en janvier. Il faut préciser que le championnat anglais de l’époque est dans le creux de la vague après les suspensions dues au Heysel. Il accueille en outre peu de joueurs étrangers. Après avoir failli signer à Sheffield Wednesday, Cantona se retrouve à Leeds, qui va remporter le championnat. Même s’il est souvent remplaçant, Cantona commence à se faire un nom. Platini est quant à lui soulagé : il pourra compter sur Cantona à l’Euro.

La nouvelle année débute par un match amical à Wembley contre l’Angleterre (adversaire du premier tour de l’Euro) le 19 février 1992. La France s’incline (0-2) et met fin à sa série d’invincibilité (19 matches). La dernière défaite remonte au 8 mars 1989 contre l’Écosse. Platini a minimisé cette défaite, mais rétrospectivement, était-ce le début du déclin de l’équipe ?

Je considère ce match comme la grosse erreur de coaching de Platini. Au lieu de mobiliser ses joueurs, il leur fait savoir qu’une défaite n’est pas grave et qu’elle n’impactera pas leur présence à l’Euro. En somme, il leur donne un droit de perdre. Les Bleus font une bonne première mi-temps, mais ils sont dominés en seconde période sur des buts d’Alan Shearer (dont c’est la première sélection) et Gary Lineker. On ne le sait pas encore, mais une dynamique a été brisée.

Manuel Amoros a fait sa 77e apparition, un record. Il a mis fin à sa carrière avec l’équipe nationale après une décennie à la fin de l’Euro. Quel est son héritage avec les Bleus ?

Manuel Amoros a fait une énorme carrière. Il s’est imposé chez les Bleus durant la Coupe du monde 1982 alors qu’il n’avait que vingt ans et n’a plus jamais quitté l’équipe (sauf lors de l’Euro 1984 où il est suspendu trois matchs après un coup de boule lors du match d’ouverture). Il a pris le capitanat lorsque les grands noms se sont retirés, mais il n’a pas pu empêcher le déclin de l’équipe, au même titre que Luis Fernandez. Il a fait une belle carrière en club également, notamment à l’OM où il a apporté son expérience et son agressivité. Un des meilleurs arrières latéraux de l’histoire, assurément.

Lors de son prochain match amical, le 25 mars 1992, la France (avec un nouveau design de maillot) ne rebondit pas et le match se termine par un match nul (3-3) au Parc des Princes. Leur forme devenait-elle inquiétante à ce stade ?

L’adversaire est la Belgique, une très bonne équipe avec Scifo, Albert, Wilmots… Elle n’a pas pu se qualifier pour l’Euro car elle a été devancée par la RFA. Au Parc, les Belges mènent trois fois au score mais les Français reviennent à chaque fois. Et puis il y a ce but extraordinaire de Papin qui ramène les deux équipes à 3-3. On a dès lors plus parlé de cette Papinade que des difficultés rencontrées par les Bleus pendant ce match.

Avant l’Euro, la France poursuit sa mauvaise forme avec une défaite contre la Suisse à Lausanne (27 mai 1992) et un match nul (1-1) à domicile à Lens contre les Pays-Bas le 5 juin 1992. Compte tenu de la perte de forme lors de l’Euro, nouvelle année, quelles étaient les attentes pour l’Euro ?

Le match contre la Suisse est le premier disputé pendant la préparation. Les Bleus s’inclinent 2-1 alors qu’ils ont ouvert le score. L’équipe joue sans Papin et démontre qu’elle est très dépendante du buteur marseillais. Contre les Pays-Bas dix jours plus tard, Papin est présent et c’est lui qui ouvre le score. Les Français concèdent malgré tout l’égalisation et se font balader par des Hollandais inspirés, qui restent les grands favoris à leur propre succession. Platini ne semble pas s’inquiéter de cette série de mauvais résultats. Tout le monde pense que l’esprit de compétition des joueurs va se réveiller pendant le tournoi.

L’Euro a débuté le 10 juin 1992 contre la Suède à Stockholm. La France s’en sort avec un (1-1). Est-ce considéré comme un résultat satisfaisant face au pays hôte ?

Ce qu’il y a de satisfaisant est que l’on retrouve le schéma des matchs éliminatoires. Une entame de match difficile avec un but encaissé rapidement, puis Papin qui rétablit la situation en marquant sur une passe de Christian Perez. Il n’y a pas encore d’inquiétude à proprement parler, même si les Bleus n’ont pas maîtrisé le match comme on l’attendait.

Pour son match suivant le 14 juin 1992, contre l’Angleterre à Malmö, pensez-vous que la défaite en amical en février a contraint Platini à jouer un match plus défensif. Le match s’est terminé sans but. Quelle a été la réaction de la presse suite à ce match ?

Jamais l’équipe de France, dans toute son histoire, n’a rencontré une équipe d’Angleterre aussi faible. Et pourtant elle ne l’a pas battue car l’équipe de France était elle-même très faible. Je ne pense pas que Platini a monté son équipe par rapport à la défaite de Wembley quatre mois plus tôt. Il a toujours misé sur une base défensive à cinq hommes quel que soit l’adversaire.

A la fin de ce match, il y avait l’image de Jean-Pierre Papin levant les bras en triomphe après un match si austère. Quelle a été la réaction de la presse face à son geste ?

Oui. Ce geste de Papin est curieux. Il trahissait un excès de confiance des Bleus persuadés qu’ils allaient battre le Danemark et se qualifier. Un péché d’orgueil inadmissible à ce niveau. On allait forcément y revenir dès que l’équipe de France se ferait sortir.

La France est éliminée de l’Euro le 17 juin 1992, après s’être inclinée (1-2) face au futur vainqueur, le Danemark, à Malmö. La France était considérée comme favorite avant ce match, quelle a été la réaction après cette défaite inattendue ?

L’équipe de France a clairement été surprise par la vitalité des joueurs danois, qui n’avaient rien à perdre puisqu’ils n’auraient même pas dû participer au tournoi (ils ont été repêchés après l’exclusion de la Yougoslavie). On a pourtant cru au miracle Papin lorsque celui-ci a égalisé mais les Bleus ont ensuite concédé un but sur une incroyable faute de placement de la défense. Une fois éliminés, les Tricolores ont reçu une volée de bois vert tant pour le jeu pratiqué que pour leur attitude.

Lors d’une conférence de presse en Suède, après avoir été critiqué pour le style de jeu de la France, Platini a répondu que le football n’est pas comme le patinage artistique, qu’ils ne distribuent pas de points sur le style. Était-il justifié pour les tactiques négatives de l’équipe ?

C’est un peu la réponse standard des entraîneurs qui font pratiquer à leur équipe un jeu défensif : « Si vous voulez du spectacle, allez au théâtre... ». Platini assure également qu’il ne peut pas faire autrement, vu les joueurs qu’il a à disposition. C’est un peu abusé car le championnat disposait quand même de joueurs assez créatifs comme Vercruysse, Ferreri ou Bravo. Enfin, le sélectionneur avouera que son équipe était parfaite pour disputer des éliminatoires, mais pas une phase finale et qu’il aurait dû modifier son équipe. Il a eu le temps de le faire mais sans doute n’avait-il plus la motivation.

Dans une interview, Jean-Pierre Papin a déclaré qu’ils auraient dû commencer chaque match (0-1) et tout s’en serait bien passé. C’était une référence au fait que la France ne commençait à jouer que lorsqu’elle était menée. Était-ce également le consensus de la presse ?

C’est une équipe de réaction et c’est ce qui a longtemps fait sa force. Après, l’Euro 1992 a surtout révélé les faiblesses de cette équipe, et de la réussite dont elle a bénéficié pendant les éliminatoires. Platini lui-même répétait souvent que ses joueurs n’étaient pas tous au niveau, mais on l’écoutait peu sur ce point.

Michel Platini démissionne le 2 juillet 1992 et est immédiatement nommé membre du comité d’organisation de la Coupe du monde 1998 qui se déroulera en France. Sa décision était-elle attendue ?

Oui. On le savait très motivé à l’idée d’organiser la Coupe du monde en France et c’est pour cette raison qu’il a quitté son poste de sélectionneur. En interne, beaucoup disent que Platini avait décroché depuis longtemps et que son manque de motivation a été ressentie par les joueurs.

Il a été remplacé par son adjoint Gérard Houllier. Comment cette nomination a-t-elle été perçue à l’époque ?

C’est une nomination qui va dans l’ordre des choses. A peu d’exception près, quand le sélectionneur s’en va, c’est l’adjoint qui prend sa place. Platini était justement l’exception de cette période. Il ne faut pas oublier que Houllier était l’entraîneur de l’équipe quand Platini était sélectionneur. Il connaît donc bien le terrain quand il prend ses fonctions de sélectionneur.

Parmi les raisons citées par Platini pour son départ, il y avait le fait que les clubs n’étaient pas utiles dans les préparatifs en insistant toujours sur une première division à 20 équipes plutôt qu’un nombre plus petit. Était-ce une excuse valable ?

Les points de désaccord sont nombreux entre les clubs et les sélections, dont les intérêts ne sont pas toujours les mêmes. Le nombre de clubs en première division a toujours été un sujet de discussion, du moins tant que la majorité des joueurs de l’équipe de France provenaient du championnat. Platini se sert de cet argument, mais je crois qu’au fond, le métier de sélectionneur ne l’intéressait plus.

Comme Amoros, Luis Fernandez a mis fin à sa carrière internationale après l’Euro. Quel a été son héritage avec l’équipe nationale ?

Luis Fernandez est arrivé en 1983 en équipe de France et a réussi l’exploit de s’imposer dans le carré magique que l’on croyait immuable avec Platini, Giresse, Tigana et Genghini. Le dernier nommé a perdu sa place. Luis aurait dû être, comme Manuel Amoros, un leader de la génération de l’après-Platini, mais il n’a pas été à la hauteur. Son come-back en 1990 a été salutaire pour les Bleus, qui avaient besoin d’un homme d’expérience. Avec soixante sélections, il reste un grand nom du football français.

Christian Perez a également joué pour la dernière fois pour la France. Il fut l’un des joueurs emblématiques de l’ère Platini. Que peut-on dire de sa carrière avec l’équipe nationale ?

Dire qu’il fut un joueur emblématique de l’ère Platini est un peu exagéré car il a souvent été remplaçant ou remplacé. Il aurait dû être un titulaire en puissance pour sa capacité à adresser des passes précises à Jean-Pierre Papin, mais Platini avait du mal à le faire entrer dans son système.

Y a-t-il eu un consensus et/ou des raisons expliquant pourquoi la France a perdu sa forme au cours de la nouvelle année 1992 après avoir été si impressionnante au cours des deux années précédentes ?

Les raisons sont multiples. D’abord, on peut penser que cette équipe était en sur-régime durant les éliminatoires et qu’elle a bénéficié des circonstances. Le fait que Platini ait brisé la dynamique de victoires est aussi un élément à prendre en compte.

Malgré la fin décevante, y avait-il le sentiment que Platini était responsable de la résurgence temporaire de la France ?

On peut également penser que Platini était là au bon moment, ce qui est le propre des hommes providentiels. L’embellie qu’à connue son équipe de France, en 1990 et 1991, n’a pas été suivie d’effets. Au contraire, l’équipe de Houllier a sombré de façon rocambolesque.

Rétrospectivement, quel a été le véritable héritage de Michel Platini en tant que manager de l’équipe nationale ?

On lui doit d’avoir su exploiter au mieux le talent de Papin et son association avec Cantona. Mais son passage a été court. Il a rendu l’équipe de France invincible pendant deux ans mais on retient aussi son échec de l’Euro, qui a peut-être dévoilé ses limites en tant que sélectionneur.

pour finir...

English version

Soccernostalgia : What was the mood with the French National team with Michel Platini in the Autumn of 1991, following an excellent season at National Team level and Olympique Marseille impressive in Europe ?

Richard Coudrais : The results of OM and the French team go hand in hand since the two teams have many players in common. Michel Platini’s typical team has at least eight Marseille players : Amoros, Angloma, Boli, Casoni, Deschamps, Durand, Sauzée and Papin. The Marseille club lost the Champions Cup final but made a big recruitment effort to win the following edition. Morale is high, especially as we enter one of the best periods in French football with clubs that will shine in the European Cups.

France had won their five European qualification matches and qualification was likely. But was there some concern as there were two away matches against its two main opponents ?

Of course, the hardest part remains to be done since the Blues must travel to Czechoslovakia then to Spain, two teams which remain in the race for first place in the group, the only qualifier for the Euro. The fact of having filled up during the first five matches gives great confidence to the Tricolores but we know that the matches in Bratislava and Seville will really allow us to evaluate this French team.

The season started with a friendly at Poznań vs. Poland on August 14, 1991. Amara Simba made his international debut. Despite the (5-1) win, France struggled in the first half and Platini described it as ‘the most catastrophic 25 first minutes since I’ve been the selector’. What was the Press reaction ?

It’s a fairly paradoxical match. The score gives the impression that the France team was wandering and it makes us forget that the start of the match was difficult. Poland could have led by two or three goals. Finally, the French won 5-1. Michel Platini tried to downplay the result because I believe he was afraid that his players would get fired up while two important matches awaited them. He is aware that despite a series of good results, his team had room for improvement and enjoyed great success.

The first Euros qualifier of the season was a difficult trip to Bratislava, on September 4, 1991. France won (2-1) with a double from Papin. France virtually sealed qualification in impressive fashion. How was this important away win viewed ?

Once again, the match started in disastrous fashion. Captain Manuel Amoros makes a rookie mistake by clearing the ball in the middle. This is recovered by Nemecek whose shot is deflected by Basile Boli, which deceives Bruno Martini. It smacked of slaughter but once again, Platini’s men demonstrated that they are very strong in the face of adversity. They turned the match in their favor and Jean-Pierre Papin scored two goals, on two passes from Christian Perez who came on at half-time. We then praised the efficiency of Papin, who was then the best center forward in Europe, and the coaching of Platini, whose replacements often proved relevant.

The next Euro qualifier was on October 12, 1991, at Sevilla, France defeated Spain (2-1) for its seventh straight win with a goal from the resurging veteran Luis Fernandez (just like in 1988) and another strike from Papin. Was this the peak of Platini as Manager ?

We can indeed say that it is the peak of coach Platini’s career since this victory allows him to secure qualification for Euro 1992, which was not necessarily envisaged a year earlier. And he hasn’t won anything since. This time, the match started very well, with two goals scored in the first twenty minutes. Spain had never lost in Seville until then. This victory, added to that of Bratislava, makes Europe aware that the French team is back.

The last match in the qualification campaign was on November 20, 1991, at Parc des Princes against Iceland. France won comfortably (3-1) as was expected. For the first time France won all of its matches in a qualification campaign. How significant was this regarded at the time ?

The challenge of the match against Iceland is to achieve "the big eight”. Jean-Pierre Papin is absent and Eric Cantona is keen to demonstrate that he can also be a great attacking leader. He is associated with Amara Simba, who became famous thanks to spectacular goals in the championship, but whose consistency at international level is doubtful. Simba scores a goal and Cantona two, but the match is far from easy because the Icelanders are very annoying to play and their goalkeeper has a great match. This grand slam achieved by the Tricolores impresses.

At the end of the year 1991, France and Olympique Marseille’s year was rewarded with Jean-Pierre Papin winning the Ballon d’Or. Was this a reflection of renaissance of French Football ?

This is the first time that a player from the French championship has received the Ballon d’Or. This rewards both the performance of the Blues but also that of Olympique de Marseille on the European front. It is rare for French football to perform well both at club and national level. Despite everything, he didn’t win any titles that year, apart from this Ballon d’Or.

At the end of this year there was concern as Eric Cantona, now at Nîmes, insulted the League’s disciplinary panel and was suspended for months. This forced him to join the English League side Leeds United. Can you describe this drama ?

Eric Cantona was sent off during a stormy Nîmes-Saint-Etienne match for having thrown a ball at the referee. He then breaks down in front of the disciplinary committee and finds himself suspended. He then declared that he was ending his career. Platini, who is counting on him for Euro 1992, intervenes to change his mind and find him a club. At the time, only England could recruit in January. It should be noted that the English championship at the time was in the trough after the suspensions due to Heysel. It also welcomes few foreign players. After almost signing for Sheffield Wednesday, Cantona found himself at Leeds, who went on to win the championship. Even though he is often a substitute, Cantona is starting to make a name for himself. Platini is relieved : he will be able to count on Cantona at the Euro.

The new year started with a friendly at Wembley vs. England (first round opponent at Euros) on February 19th, 1992. France lost (0-2) and ended its unbeaten run (19 matches). The last loss was against Scotland on March 8, 1989. Platini downplayed this loss, but in retrospect was this the beginning of the team’s decline ?

I consider this match to be Platini’s big coaching mistake. Instead of mobilizing his players, he lets them know that a defeat is not serious and that it will not impact their presence at the Euro. In short, it gives them the right to lose. The Blues had a good first half, but they were dominated in the second half with goals from Alan Shearer (whose first selection) and Gary Lineker. We don’t know it yet, but a dynamic has been broken.

Manuel Amoros made his record-breaking 77th appearance. He ended his career with the National team after a decade at the end of the Euros. What is his legacy with the Blues ?

Manuel Amoros has had a huge career. He established himself with the Blues during the 1982 World Cup when he was only twenty years old and never left the team again (except during Euro 1984 where he was suspended three matches after a headbutt during the opening match). He took over the captaincy when the big names withdrew, but he could not prevent the decline of the team, like Luis Fernandez. He also had a good club career, notably at OM where he brought his experience and his aggressiveness. One of the best full-backs in history, certainly.

For its next friendly on March 25, 1992, France (with new kit design) did not bounce back and the match ended in a (3-3) tie at Parc des Princes. Was their form becoming a worry at this point ?

The opponent is Belgium, a very good team with Scifo, Albert, Wilmots… They were unable to qualify for the Euro because they were beaten by the West Germany. At the Parc, the Belgians lead three times but the French come back each time. And then there is this extraordinary goal from Papin which brings the two teams to 3-3. We therefore talked more about this Papinade than about the difficulties encountered by the Blues during this match.

Ahead of the Euros, France continued its poor form with a loss to Switzerland at Lausanne (May 27, 1992) and a (1-1) tie at home at Lens against Holland on June 5, 1992. Given the loss of form in the new year, what were the expectations for the Euros ?

The match against Switzerland is the first played during preparation. The Blues lost 2-1 even though they opened the scoring. The team is playing without Papin and showing that it is very dependent on the Marseille striker. Against the Netherlands ten days later, Papin was present and it was he who opened the scoring. The French nevertheless concede the equalizer and are swept aside by the inspired Dutch, who remain the big favorites in their own succession. Platini does not seem to be worried about this series of poor results. Everyone thinks that the competitive spirit of the players will awaken during the tournament.

The Euros started on June 10, 1992, against Sweden at Stockhom. France came away with a (1-1), was this regarded as a satisfactory result against the host Nation ?

What is satisfactory is that we find the pattern of the elimination matches. A difficult start to the match with a goal conceded quickly, then Papin who restored the situation by scoring on a pass from Christian Perez. There are no concerns yet, strictly speaking, even if the Blues did not control the match as expected.

For its next match on June 14th, 1992, against England at Malmö, do you think the Friendly loss at February, forced Platini to play a more defensive match. The match ended scoreless. What was the Press reaction following this match ?

Never in its entire history has the France team met such a weak England team. And yet did not beat them because the French team was itself very weak. I don’t think Platini built his team up from the Wembley defeat four months earlier. He has always relied on a five-man defensive base regardless of the opponent.

At the end of this match, there was the image of Jean-Pierre Papin raising his arms in triumph after such a dour match. What was the Press reaction about his gesture ?

Yes. This gesture from Papin is curious. It betrayed an excess of confidence from the Blues, convinced that they were going to beat Denmark and qualify. An unacceptable sin of pride at this level. We were inevitably going to come back to it as soon as the French team was taken out.

France crashed out of the Euros on June 17th, 1992, after losing (1-2) to future winners Denmark at Malmö. France were seen as favorites ahead of this match, what was the reaction after this unexpected loss ?

The French team was clearly surprised by the vitality of the Danish players, who had nothing to lose since they should not even have participated in the tournament (they were drafted after the exclusion of Yugoslavia). However, we believed in the Papin miracle when he equalized but the Blues then conceded a goal due to an incredible misplacement by the defense. Once eliminated, the Tricolores received a volley of criticisms both for the game played and for their attitude.

During a Press conference in Sweden, after he was criticized for France’s playing style, Platini famously replied that Football is not like figure skating, they don’t hand out points on style. Was he justified for the team’s negative tactics ?

It’s a bit like the standard response from coaches who make their team practice a defensive game : "If you want a show, go to the theater…”. Platini also assures that he cannot do otherwise, given the players he has available. It’s a bit of an abuse because the championship still had quite creative players like Vercruysse, Ferreri or Bravo. Finally, the coach will admit that his team was perfect for playing in the qualifiers, but not a final phase and that he should have changed his team. He had the time to do it but probably no longer had the motivation.

In an interview, Jean-Pierre Papin stated that they should have started each match (0-1) down and they would have been ok. This was a reference to the fact that France only started playing when they were behind. Was this the consensus from the Press as well ?

It’s a reaction team and that’s what has long been its strength. Afterwards, Euro 1992 above all revealed the weaknesses of this team, and the success it enjoyed during the qualifiers. Platini himself often repeated that his players were not all up to standard, but he was rarely listened to on this point.

Michel Platini resigned on July 2nd, 1992, and was immediately appointed as part of the organizing committee for the 1998 World Cup to be held in France. Was his decision expected ?

Yes. We knew he was very motivated by the idea of organizing the World Cup in France and it is for this reason that he left his position as coach. Internally, many say that Platini had dropped out a long time ago and that his lack of motivation was felt by the players.

He was replaced by his assistant Gérard Houllier. How was this appointment viewed at the time ?

It’s an appointment that goes in the order of things. With few exceptions, when the coach leaves, it is the assistant who takes his place. Platini was precisely the exception of this period. We must not forget that Houllier was the team’s coach when Platini was selector. He therefore knows the terrain well when he takes up his duties as coach.

Among reasons Platini cited for his leaving was the fact that the clubs were not helpful in preparations by still insisting upon a 20 team first division as opposed to a smaller number. Was this a valid excuse ?

There are many points of disagreement between clubs and National Teams, whose interests are not always the same. The number of clubs in the first division has always been a subject of discussion, at least as long as the majority of players in the French team came from the championship. Platini uses this argument, but I believe that deep down, the job of coach no longer interested him.

Just like Amoros, Luis Fernandez ended his International career after the Euros. What was his legacy with the National team ?

Luis Fernandez arrived in 1983 for the French team and achieved the feat of getting in the magic square that we believed to be immutable with Platini, Giresse, Tigana and Genghini. The last named lost his place. Luis should have been, like Manuel Amoros, a leader of the post-Platini generation, but he was not up to the task. His comeback in 1990 was beneficial for the Blues, who needed a man with experience. With sixty caps, he remains a big name in French football.

Christian Perez also played for the last time for France. He was one of the emblematic players of the Platini era. What can be said of his career with the National Team ?

To say that he was an emblematic player of the Platini era is a bit of an exaggeration because he was often a substitute or substituted. He should have been a potential starter for his ability to send precise passes to Jean-Pierre Papin, but Platini had difficulty getting him into his system.

Has there been any consensus and/or reasons given why France lost form in the new year 1992 after being so impressive in the previous two years ?

The reasons are multiple. First, we can think that this team was in overdrive during the qualifiers and that it benefited from the circumstances. The fact that Platini broke the winning dynamic is also an element to take into account.

Despite the disappointing ending, was there a feeling that Platini was responsible for the temporary resurgence of France ?

We can also think that Platini was there at the right time, which is the characteristic of providential men. The improvement that his French team experienced in 1990 and 1991 was not followed by effects. On the contrary, Houllier’s team sank in an incredible way.

In retrospect, what was the true legacy of Michel Platini as National team Manager ?

We owe it to him to have been able to make the most of Papin’s talent and his association with Cantona. But his stay was short. He made the French team invincible for two years but we also remember his failure at the Euro, which perhaps revealed his limits as a coach.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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