Télé : l’audience des Bleus en 2024

Publié le 21 novembre 2024 - Matthieu Delahais

Les Bleus ont joué 16 fois en 2024. Si l’Euro a permis aux chaines de réaliser quelques beaux scores, cette année 2024 ne restera pas un grand souvenir pour les pontes de l’audiovisuel.

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L’année a commencé avec quatre matchs amicaux, tous sur TF1. La première chaine a ensuite partagé avec M6 la diffusion de l’Euro, mais a été la seule à retransmettre la Ligue des Nations. Cependant, en dehors de la demi-finale face à l’Espagne (16,12 millions de téléspectateurs, ce qui représente la 28e meilleure audience de l’histoire des Bleus), l’année 2024 n’a pas capté l’attention des téléspectateurs.

Des amicaux peu attractifs

Les quatre matchs amicaux de début d’année ont attiré en moyenne un peu moins de 5 millions de téléspectateurs. Il faut remonter à 2018 pour retrouver une année commençant par des rencontres sans enjeu. En 2022, la Coupe du monde a eu lieu en fin d’année et 2021 a commencé par des matchs de qualification au tournoi mondial. En 2018, donc, les Bleus ont joué cinq rencontres amicales (Colombie et Russie en mars, Irlande, Italie et Etats-Unis fin mai-début juin) qui ont intéressé en moyenne un peu plus de six millions de fans.

A l’Euro, une moyenne plus basse qu’en 2021 et 2022

Les audiences de l’Euro sont dans la norme basse pour une phase finale, avec entre 9,348 millions de téléspectateurs au 1er tour contre la Pologne et 16,12 millions lors de la demi-finale perdue contre l’Espagne. En 2018, ces chiffres ont varié entre 8,67 (Danemark) et 19,34 millions (Croatie). Trois ans plus tard, lors de l’Euro post Covid, entre 12,26 (Hongrie) et 16,34 millions de fans ont encouragé la France. Enfin, lors de la Coupe du monde 2022, si la rencontre contre la Tunisie n’a attiré que 8,8 millions de téléspectateurs, la finale face à l’Argentine a tenu en haleine plus de 23 millions de Français.

Rupture plus prononcée à l’automne

La Ligue des nations, jouée dans un troisième temps pour les Bleus, a semblé marquer une rupture de plus en plus prononcée entre l’équipe de Deschamps et ses supporters. Les chiffres ont été assez bas en 2024 (entre 3,982 et 5,128 millions de supporters), ce qui est moins que lors des premières éditions de l’épreuve (entre 6,6 et 7 millions en 2018, 5 et 6,4 en 2020 et 5,2 et 6,4 en 2022). La rencontre d’octobre disputée face à Israël, dans un contexte certes particulier, n’a attiré que 3,982 millions de téléspectateurs. Il faut remonter à remonter à juin 2019 pour trouver un match avec une audience plus faible (Bolivie, 2,955).

Au cours de ces 12 mois, TF1 s’est taillé la part du lion avec 14 matchs diffusés contre deux seulement pour M6 (Pays-Bas au premier tour de l’Euro, Portugal en quart de finale). Ces deux rencontres ont permis à Christophe Dugarry de rejoindre le club des anciens Bleus devenus consultants. Le consultant de la sixième a d’ailleurs subi les critiques des supporters français qui lui ont reproché de plus supporter le Portugal que la France lors du quart de finale. Le champion du monde 1998 s’est d’ailleurs senti obligé de se justifier dans les jours qui ont suivi.

« Moi j’ai subi dernièrement des critiques parce qu’on m’a reproché d’être trop supporteur du Portugal lors du match contre la France. Ok, pourquoi pas, les gens ont peut-être ressenti ça. Et j’ai envie de leur dire que mon métier ce n’est pas d’être supporteur, c’est de faire passer des émotions. Je vais voir un match où je regarde un match en me disant que j’ai envie de me régaler, j’ai envie de prendre du plaisir, j’ai envie de voir un beau match. Il s’avère que si l’équipe pour laquelle j’ai plus d’affinités est excellente et en plus elle gagne le match alors j’ai les poils qui se hérissent. Par contre, aller voir un match qui est pourave, où je m’ennuie et à la fin mon équipe gagne 1-0 sur un but tout pourri ou un CSC, je n’arrive pas à kiffer. Ça ne me plait pas, ce n’est pas ma sensibilité. Je ne dis pas que ceux qui ont cette sensibilité, c’est un défaut. Il y a des gens pour qui le foot c’est par-dessus tout, et encore plus la génération d’aujourd’hui qui est une génération où on parie sur tout, il n’y a que le résultat qui est important et qui compte. Pourquoi pas, je n’ai pas de jugement à apporter… »

Dissolution et différé

Le sélectionneur, Didier Deschamps, à qui la qualité du jeu de son équipe a été reproché, n’a, de son côté, rien fait pour inciter le public à suivre les Bleus. Il n’a d’ailleurs pas hésité à suggérer aux supporters français à changer de chaîne s’ils n’aimaient pas ce qu’ils voient. Mais là où le mal est le plus étrange, c’est que les pontes de TF1 ne cherchent pas toujours non plus à valoriser leur produit, n’hésitant même pas le dénigrer.

Le dimanche 9 juin, alors que l’équipe de France s’apprête à rencontrer le Canada, Emmanuel Macron décide de dissoudre l’assemblée nationale à la suite des élections européennes. Si la soirée est forcément particulière, aucune information n’est donnée aux spectateurs qui découvriront le match avec un quart d’heure de différé [1]. Un cadre de TF1 aurait même lâché « on ne va pas s’emmerder avec un match amical alors qu’il y a dissolution… ». Les propos, certes vulgaires, peuvent s’entendre, mais informer les téléspectateurs ou proposer le début de la rencontre sur une autre chaîne du groupe aurait pu être une solution qui aurait pu satisfaire tout le monde.

La belle performance réalisée lors du dernier match de l’année, même si elle ne s’est pas traduite par une audience importante, donne un motif d’espoir pour l’année prochaine. Il reste à espérer que les Bleus réalisent de nouveaux matchs de cet acabit pour doper les audiences.

[1Première rencontre diffusé en différé depuis France Australie du 26 mai 1994

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