Terminus Euro

Publié le 3 juillet 2021 - Bruno Colombari

21 internationaux français ont terminé leur carrière en sélection en phase finale d’un Euro. De Robert Jonquet à Yohan Cabaye, en voici la liste, en attendant de savoir qui seront les suivants pour l’édition 2021.

5 minutes de lecture

Une phase finale de Coupe du monde ou de Championnat d’Europe est évidemment le moment propice pour mettre un terme à sa carrière internationale, de manière choisie ou pas d’ailleurs. C’est la fin de la saison, c’est aussi un objectif que se fixe le joueur et enfin c’est la période la plus fréquente pour le changement d’un sélectionneur : sur les cinquante dernières années, seulement trois (Stefan Kovacs en 1975, Henri Michel en 1988 et Gérard Houllier en 1993) ont passé la main au dernier trimestre, contre huit qui ont quitté les Bleus pendant l’été. Et parmi eux, quatre l’ont fait au terme d’un Euro. C’était prévu à l’avance pour Michel Hidalgo en 1984 ainsi que pour Jacques Santini en 2004. Michel Platini a démissionné quelques jours après l’élimination des Bleus à l’Euro 1992 et Laurent Blanc en a fait de même après celui de 2012.

Combien d’internationaux ont disputé leur dernier match en équipe de France au cours d’un Euro ? Pour l’instant, et sans savoir qui, dans le groupe actuel, ne portera plus le maillot des Bleus, il y en a 21. On en compte à chacune des phases des neuf phases finales auxquelles l’équipe de France a participé entre 1960 et 2016, et il y en aura sans doute un ou deux dans celle de 2021.

1960 : Robert Jonquet

A 35 ans, le défenseur rémois est en bout de course, et il le sait. Après douze ans de bons et loyaux services en équipe de France, dont le superbe parcours en Suède dont il est un des héros malheureux en subissant une double fracture tibia-péroné contre Vava face au Brésil, il n’est que remplaçant lors du naufrage français contre la Yougoslavie en demi-finale de la toute première Coupe d’Europe des Nations, dont la France accueille le carré final (4-5 contre la Yougoslavie). Il est aligné à Marseille avec le brassard de capitaine, dans un Vélodrome aux trois quarts vide (moins de 10.000 spectateurs) pour sa 58e et dernière sélection. Il ne peut empêcher la Tchécoslovaquie de prendre la troisième place (0-2).

1984 : Didier Six et Bernard Lacombe

Ces deux-là ont joué 21 fois ensemble depuis 1976 et se connaissent par cœur, mais à l’Euro 1984, leur cote a baissé. Lacombe a été titularisé quatre fois et Six trois fois, mais ce dernier est suppléé par Bruno Bellone contre le Danemark et en finale face à l’Espagne. Il jouera donc sa dernière sélection (la 52e à 29 ans) à Marseille le 23 juin contre le Portugal, où il sera d’ailleurs remplacé par Bellone pendant la prolongation. Lacombe ne marque aucun but pendant l’Euro, mais il obtient le coup franc marqué par Platini en finale, avant de céder sa place à dix minutes de la fin. Il a alors 31 ans et 38 sélections.

1992 : Manuel Amoros, Luis Fernandez et Christian Perez

On aurait aimé une fin plus brillante (et devant le public français) pour ces deux joueurs clé des années 80, le défenseur Manuel Amoros et le milieu défensif Luis Fernandez. Tous deux quittent la sélection à Malmö au terme d’un match raté contre le Danemark (1-2).

Le premier est titulaire et capitaine, il n’a que 30 ans et 82 sélections au compteur. Le second entre à la mi-temps à la place de Pascal Vahirua : depuis le début de l’année 1992, c’est la cinquième fois en six matchs qu’il débute sur le banc. A 32 ans, et après 60 sélections, on ne le reverra plus en Bleu.

Le troisième est Christian Perez, un joueur atypique, petit gabarit à la Valbuena (1,65 m), lancé en 1988 par Michel Platini et qui restera l’homme d’un sélectionneur. A 29 ans et 22 sélections, le Parisien s’en va sans vraiment laisser de traces, sinon deux buts marqués dont l’un lors de sa première apparition contre la Yougoslavie à Belgrade.

1996 : Alain Roche, Eric Di Meco et Jocelyn Angloma

Si Eric Di Meco, 32 ans, pouvait se douter que son avenir n’était pas en Bleu malgré son étonnante invincibilité (18 victoires et 5 nuls en 23 sélections), Jocelyn Angloma (30 ans) et Alain Roche (28) pouvaient nourrir l’espoir d’aller jusqu’à la Coupe du monde 1998 en France. Mais comme Di Meco à gauche avec Bixente Lizarazu (qui le remplace au cours du premier match face à la Roumanie), Angloma à droite allait subir la concurrence déloyale de Lilian Thuram : c’est pendant l’Euro 1996 que les deux futurs champions du monde allaient s’installer définitivement comme titulaires, jusqu’en 2004 pour l’un et 2008 pour l’autre. Alain Roche, quant à lui, n’est plus qu’un remplaçant à l’Euro où il bouche les trous : il remplace Zidane contre la Roumanie, supplée Angloma face à l’Espagne et se retrouve titulaire en demi-finale contre la République tchèque pour pallier au forfait de Didier Deschamps : Jacquet place Roche en défense centrale et fait monter Desailly en milieu défensif. Mais les Français ne parviennent pas à marquer contre les Tchèques malgré la rentrée d’Angloma à la place de Thuram.

2004 : Bixente Lizarazu et Marcel Desailly

L’Euro 2004 au Portugal marque en théorie la fin de carrière de Zinédine Zidane, Lilian Thuram et Claude Makélélé, mais c’est un faux départ puisque les trois reviendront quatorze mois plus tard, en août 2005. En revanche, Marcel Desailly, aligné pour la 116e fois contre la Croatie, rate complètement son match et finira le tournoi sur le banc à 35 ans. Bixente Lizarazu, lui, jouera trois des matchs mais ne sera pas exempt de tous reproches, en particulier contre la Grèce en quart de finale où il se fait éliminer facilement par Zagorakis sur le but de Charisteas. A 34 ans, il s’arrête donc à 97 sélections, le même total que Laurent Blanc.

2008 : Lilian Thuram, Claude Makélélé, Grégory Coupet, François Clerc et Willy Sagnol

L’équipe de France qui dispute l’Euro 2008 compte bien quelques jeunes joueurs, comme Samir Nasri ou Karim Benzema, mais elle est chargée en trentenaires bien tassés dont le gardien Grégory Coupet (35 ans, 34 sélections) enfin titulaire après avoir attendu son tour derrière Barthez, le défenseur droit Willy Sagnol (31 ans, 58 sélections), le récupérateur Claude Makélélé (35 ans, 71 sélections) et bien entendu le vétéran Lilian Thuram (36 ans, 142 sélections), qui se voyait bien continuer jusqu’en… 2012. Il ne finira même pas le premier tour, Raymond Domenech le sortant après une prestation très compliquée contre les Pays-Bas (1-4) qui signera sa toute dernière prestation sous le maillot bleu. François Clerc, qui a dix ans de moins, ne sera plus rappelé après l’Euro.

2012 : Yann M’vila, Florent Malouda, Philippe Mexès et Alou Diarra

La déception ukrainienne signe la fin prématurée du court mandat de Laurent Blanc par un échec prévisible en quart de finale contre l’Espagne, mais c’est la manière qui a déplu. Elle coûte leur place aux vice-champions du monde Florent Malouda (32 ans, 80 sélections) et Alou Diarra (30 ans, 44 sélections) mais aussi au défenseur central Philippe Mexès (30 ans, 29 sélections) et au tout jeune Yann M’vila (21 ans, 22 sélections), qui semblait promis à un bel avenir mais que Didier Deschamps ne rappellera pas.

2016 : Yohan Cabaye

Enfin, l’Euro 2016 en France marquera la fin de la carrière internationale de Yohan Cabaye. Ce sera à Marseille contre l’Allemagne, où il remplace Antoine Griezmann, double buteur ce soir-là, à la 90e minute. Homme de base du onze de Didier Deschamps jusqu’en 2015, il perd ce statut au printemps et n’est titularisé qu’une fois à l’Euro, contre la Suisse à Lille. A 30 ans et 48 sélections, il termine sa carrière internationale avec un statut frustrant de vice-champion d’Europe.

Sur ces 21 joueurs, le plus jeune est donc Yann M’Vila dont la carrière s’est arrêtée avant ses 22 ans (21 ans et 11 mois en juin 2012) et le plus vieux Lilian Thuram, 36 ans et 5 mois en juin 2008. Thuram est évidemment celui qui compte le plus de sélections, puisqu’il en détient le record (142), alors que François Clerc s’est arrêté à 13.

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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