Toutes les défenses alignées par Didier Deschamps

Publié le 1er août 2025 - Bruno Colombari

En 169 matchs dirigés depuis août 2012, Didier Deschamps a aligné pas moins de 108 défenses différentes au coup d’envoi, en comptant le gardien et les quatre (ou cinq) défenseurs. 25 d’entre elles ont été utilisées plusieurs fois, dont une à neuf reprises.

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Pour construire une maison, il faut commencer par les fondations : tous les entraîneurs (ou du moins la plupart d’entre eux) affirment que leur équipe ne peut pas être performante sans une défense solide sur laquelle s’appuyer. On l’a vu lors de la période Hidalgo, où il a fallu attendre l’automne 1983 (et l’arrivée de Joël Bats) pour enfin stabiliser l’arrière-garde des Bleus, qui avait tendance à s’ouvrir un peu trop sous la pression.

De 1996 à 2000, un modèle inégalé

C’est à partir de l’ère Jacquet, en 1994, que l’équipe de France a développé une vraie culture défensive, qui a duré jusqu’en 2006, avec un épisode un peu moins rigoureux entre 2000 et 2002. Ainsi, la meilleure défense de l’histoire des Bleus (Fabien Barthez, Lilian Thuram, Laurent Blanc, Marcel Desailly et Bixente Lizarazu) a été alignée 19 fois entre mai 1998 (Belgique) et juillet 2000 (Italie) pour un bilan exceptionnel de 15 victoires et 4 nuls (Italie 0-0 en 1998, victoire aux tab, Ukraine 1999 0-0 deux fois et Japon 2000, 2-2). Elle a encaissé huit buts encaissés seulement contre la Croatie en 1998, l’Arménie en 1999 (2), le Japon en 2000 (2), et enfin l’Espagne, le Portugal et l’Italie à l’Euro 2000) et 13 clean sheets.

La même ligne défensive avec Lama dans les cages a fait presque aussi bien : 8 matchs entre juin 1996 (Bulgarie) et septembre 2000 (Angleterre), pour 5 victoires et 3 nuls mais 7 buts encaissés et seulement 3 clean sheets. Autant dire que cette défense-là était imbattable.

Depuis 2016, une stabilité en phase finale

On peut parier sans risque que Didier Deschamps y a pensé lorsqu’il a été nommé sélectionneur, à l’été 2012. Mais, malgré la longévité de Hugo Lloris, qui a joué 108 fois sous ses ordres, la défense des Bleus n’a quasiment jamais été stabilisée depuis 13 ans. Ou alors de façon très ponctuelle, le temps d’une phase finale, comme au début de l’Euro 2016 (mais Umititi a remplacé Koscielny à partir du quart de finale), à l’Euro 2024, à la Coupe du monde 2018, où, à un degré moindre, à celle de 2022.

Mais ces défenses de tournoi ne leur ont pas survécu, et n’ont pas dépassé les huit occurrences. Les fins de carrière internationale de Lloris et Varane début 2023, la longue indisponibilité d’Umtiti après la victoire en Russie et les indisponibilités de Saliba ou d’Upamecano à l’automne 2024 n’ont pas permis d’installer dans la durée des lignes défensives pourtant solides.

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108 défenses différentes depuis 2012

En 169 matchs dirigés depuis 2012, Didier Deschamps a aligné pas moins de 108 défenses différentes (gardien compris). Il a eu recours à 48 joueurs, dont 7 gardiens. Et il est d’ailleurs frappant de voir que sur ces 48 joueurs, deux seulement en ont joué plus de 50 : Hugo Lloris, on l’a vu (108) et Raphaël Varane (90), pour qui la finale contre l’Argentine le 18 décembre 2022 aura été leur dernière sélection. Deux autres dépassent à peine le quart des rencontres jouées : Benjamin Pavard (44) et Laurent Koscielny (43). Et 19 d’entre eux ont débuté moins de 10 fois.

Hugo Lloris (108 titularisations) a joué avec 64 défenses différentes, dont 44 uniques. Mike Maignan (31 titularisations) a connu 18 défenses différentes dont 14 uniques.

Rappelons qu’on ne parle ici que des titularisations, mais la défense est le secteur de jeu le plus stable, celui qui est le moins concerné par les remplacements. La finale de la Coupe du monde 2022 est une exception, avec trois changements sur cinq (Théo Hernandez par Eduardo Camavinga, Raphaël Varane par Ibrahima Konaté et Jules Koundé par Axel Disasi).

Alors qu’on aurait pu penser intuitivement que la défense des Bleus la plus utilisée était celle de 2018, de 2022 ou de 2024, ce n’est pas le cas. La première (Lloris, Pavard, Varane, Umtiti et Lucas Hernandez) a servi six fois en Russie (tous les matchs sauf le troisième contre le Danemark).

La deuxième a été alignée quatre fois au Qatar avec Lloris, Koundé, Varane, Upamecano et Théo Hernandez. Quatre fois seulement, car Varane a manqué le premier match contre l’Australie (où Lucas Hernandez a débuté avant de se blesser et d’être remplacé par son frère Théo) et le sixième face au Maroc (suppléé par Konaté) et l’ensemble a tourné lors du troisième match face à la Tunisie.

Enfin, celle de l’Euro 2024 (Maignan, Koundé, Saliba, Upamecano et Théo Hernandez) a joué les six matchs du tournoi, mais aussi un avant (contre le Canada en amical) et un autre depuis (face à la Croatie en quart retour de Ligne des Nations en mars 2025). C’est à ce jour la défense-type de Mike Maignan.

La défense la plus fréquente parmi toutes celles de Deschamps est la 56e, qui a servi neuf fois entre octobre 2018 et juin 2021. C’est en fait quasiment la même que celle de 2018, avec Kimpembe à la place d’Umtiti (blessé au genou). Elle est invaincue (7 victoires et 2 nuls) et n’a concédé que quatre buts, pour six clean sheets. Mais elle n’a servi qu’une fois en phase finale (contre l’Allemagne à l’Euro 2020) et les retraits de Pavard et Lucas Hernandez l’ont condamnée.

Les associations les plus fréquentes avec Lloris puis Maignan

Pour visualiser les associations les plus fréquentes, j’ai utilisé des diagrammes de cordes par gardien, avec les défenseurs les plus fréquents qui ont été titularisés avec lui. Je l’ai fait pour les deux titulaires successifs du poste, Hugo Lloris (de 2012 à 2022) et Mike Maignan (depuis 2023). Steve Mandanda a été titularisé 20 fois sur la période, mais il a le plus souvent évolué avec des équipes bis ou en amical, donc les résultats ne seraient pas significatifs.

Au survol des cordes, vous pouvez voir le nombre d’associations entre deux joueurs. Si vous cliquez sur l’arc de cercle correspondant à un joueur, seule ses associations apparaissent.

L’inconnue Théo Hernandez d’ici la Coupe du monde

L’enjeu des prochains mois, à l’automne 2025 et en mars 2026, sera de dégager une défense-type pour la Coupe du monde. On peut penser, au vu flottements constatés à Split contre la Croatie ou à Stuttgart face à l’Espagne, que la ligne défensive de l’Euro 2024 part avec une longueur d’avance, à condition qu’il n’y ait pas d’indisponibilité ni de baisse de forme. Devant Maignan, on devrait donc retrouver Koundé à droite, Théo Hernandez à gauche, Saliba et Upamecano en charnière centrale.

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Mais le départ de Théo Hernandez en Arabie Saoudite (à Al-Hilal), et son niveau très fluctuant la saison dernière, ont relancé Lucas Digne. A droite, Malo Gusto a montré des choses intéressantes en juin, de même que Loïc Badé dans l’axe, alors que Lucas Chevalier, désormais numéro 2 et tout proche du PSG, attend son heure. Reste le cas d’Ibrahima Konaté, qui avait perdu son statut de titulaire à l’Euro, avant de le retrouver à l’automne 2024, puis de le reperdre en 2025.

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Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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