16 août 1995 : France-Pologne, premier sursis

Publié le 16 août 2025 - Richard Coudrais

Le 16 août 1995, France et Pologne se neutralisent (1-1) au Parc des Princes dans les éliminatoires de l’Euro 1996. Un coup franc miraculeux maintient les hommes d’Aimé Jacquet dans la course.

4 minutes de lecture

C’est au cœur de l’été 1995, alors que la saison vient à peine de débuter, que l’équipe de France dispute au Parc des Princes une rencontre capitale pour son avenir. Après six rencontres éliminatoires pour l’Euro 1996, l’équipe d’Aimé Jacquet compte dix points, autant que la Pologne, alors que la Roumanie a pris le large en tête du groupe 1. La rencontre du 16 août 1995 au Parc des Princes revêt une importance capitale puisque son vainqueur prend une option pour la deuxième place qualificative et le vaincu le risque de ne pas voir l’Angleterre.

Embed from Getty Images

Zidane à la baguette

La belle victoire (4-0) contre la Slovaquie à Nantes a relancé les Tricolores qui accumulaient alors les matchs nuls. Elle a quelque peu mis les critiques en veilleuse et permis au sélectionneur de dégager une ossature intéressante. Contre la Pologne, Aimé Jacquet préserve le milieu de terrain qui a été la grosse satisfaction du match de Nantes avec Desailly, Deschamps et Guérin derrière Zidane en meneur de jeu.

La défense en revanche est particulièrement remaniée en raison des forfaits sur blessure de Blanc et Roche et de la suspension de Di Meco. Le sélectionneur crée alors une charnière centrale inédite avec Frank Lebœuf et Lilian Thuram tandis que sur les côtés sont alignés Jocelyn Angloma et Bixente Lizarazu. Devant, les indisponibilités de Loko et Cantona conduisent le sélectionneur à associer Christophe Dugarry à David Ginola, un duo d’attaque déjà testé un an plus tôt lors de France-République Tchèque (2-2) à Bordeaux.

Le match est à sens unique. Les Tricolores sont dans le même état d’esprit qu’à Nantes et multiplient les offensives, sous la baguette d’un Zinédine Zidane de plus en plus influent. Mais le gardien Andrezj Woźniak se montre aussi dans un grand soir et multiplie les arrêts décisifs. L’équipe polonaise reste groupée en défense et mise sur la récupération et la contre-attaque.

Huit cent minutes

A dix minutes de la mi-temps, Zidane se fait tacler par un défenseur et perd le ballon au milieu de terrain. Les Polonais déclenchent un contre éclair qui aboutit à Andrezj Juskowiak. A son entrée dans la surface sur le côté gauche, l’attaquant de l’Olympiakos ne laisse aucune chance à Bernard Lama, qui encaisse son premier but après huit cent minutes d’invincibilité tricolore. Le précédent but datait de un an moins un jour, œuvre du Tchèque Daniel Šmejkal à Bordeaux. Le gardien parisien, capitaine d’un soir, avait ensuite conservé sa cage inviolée pendant huit rencontres d’affilée. Le record ne sera battu qu’en 2004.


 

L’équipe de France est menée 1-0 à la pause et le public du Parc des Princes fait savoir que ce résultat n’est pas à son goût. En seconde période, les Bleus se créent de nombreuses occasions mais manquent d’efficacité offensive. L’équipe polonaise se montre de plus en plus compacte, d’autant qu’elle est réduite à dix depuis l’exclusion du défenseur Tomasz Łapiński juste avant l’heure de jeu.

Aimé Jacquet tente de dynamiser son équipe par quelques changements. Reynald Pedros remplace David Ginola, Christian Karembeu prend la place de Jocelyn Angloma, puis Youri Djorkaeff supplée Frank Lebœuf, ce qui conduit Marcel Desailly à prendre place en défense centrale. Alors que l’on entre dans les dix dernières minutes de jeu, Zidane s’approche de la cage polonaise mais est irrégulièrement agrippé par un défenseur. L’arbitre espagnol Manuel Diaz Vega accorde un penalty aux Français. Bixente Lizarazu s’en charge, mais le gardien Woźniak repousse le tir du Bordelais.

Embed from Getty Images

Le miracle Djorkaeff

Il ne reste alors que quelques minutes à jouer. Lilian Thuram tente à son tour une percée dans la défense polonaise, mais après un relais avec Djorkaeff, il est fauché aux abords de la surface. L’arbitre accorde un coup franc. Les deux remplaçants, Pedros et Djorkaeff discutent autour du ballon posé à vingt mètres de la cage polonaise, légèrement sur la droite. Tout indique que c’est le gaucher nantais qui va le frapper, mais Djorkaeff tente finalement sa chance, du pied droit. Sa frappe flottante passe au-dessus du mur polonais et va se nicher sur la droite du gardien, qui plonge trop tard. Woźniak attendait probablement un tir de Pedros.

Le Parc des Princes explose de joie et les Français poussent un ouf de soulagement. Il reste encore une poignée de minutes à jouer pour arracher la victoire. Christophe Dugarry tente un ultime tir à bout portant, qui s’écrase sur le poteau. L’arbitre espagnol siffle la fin du match sur un score nul (1-1), qui ne satisfait aucune des deux équipes. Il permet toutefois aux Français de conserver une chance de qualification, mais la remarque est identique pour les Polonais. La neutralisation des deux équipes laisse également la Slovaquie et Israël dans la course.

Quelques jours plus tard, à Saint-Denis, le premier ministre Alain Juppé pose la première pierre du « grand stade » destiné à accueillir la finale de la Coupe du monde 1998. L’événement ne fait pas encore vibrer le pays, qui espère avant tout une qualification de son équipe à l’Euro 1996, après la traumatisante élimination de la Coupe du monde 1994.

Paris, Parc des Princes le mercredi 16 août 1995
France et Pologne 1-1
Buts : Juskowiak (34’) pour la Pologne, Djorkaeff (87’) pour la France.
FRANCE : Lama (cap) - Thuram, Lebœuf (69’ Djorkaeff), Lizarazu, Angloma (65’ Karembeu) - Desailly, Deschamps, Guérin, Zidane - Dugarry, Ginola (63’ Pedros). Sel. : Aimé Jacquet.
POLOGNE : Woźniak - Wałdoch, Zieliński, Koźmiński, Łapiński - Iwan, Nowak (56’ Czerwiec), Świerczewski, Kosecki (71’ Wojtala) - Juskowiak, Kowalczyk (60’ Bukalski). Sel. : Henryk Apostel
Arbitre : Manuel Díaz Vega (Espagne)
Avertissements : Zieliński (17’) et Iwan (38’) pour la Pologne, Guérin (33’) et Zidane (88’) pour la France.
Expulsion : Łapiński (55’) pour la Pologne.
40.426 spectateurs
JoueurPosteÂgeSélectionsClub
Bernard Lama (cap) Gardien 32 ans 21/44 Paris Saint-Germain
Jocelyn Angloma (66’) > Défenseur 30 ans 26/37 Torino (Italie)
> (66’) Christian Karembeu Défenseur 24 ans 9/53 Sampdoria (Italie)
Lilian Thuram Défenseur 23 ans 4/142 AS Monaco
Frank Lebœuf (69’) > Défenseur 27 ans 2/50 RC Strasbourg
> (69’) Youri Djorkaeff Attaquant 27 ans 10/82 Paris Saint-Germain
Bixente Lizarazu Défenseur 25 ans 14/97 Girondins de Bordeaux
Didier Deschamps Milieu 26 ans 42/103 Juventus (Italie)
Marcel Desailly Milieu 26 ans 15/116 AC Milan (Italie)
Vincent Guérin Milieu 29 ans 6/19 Paris Saint-Germain
Zinédine Zidane Milieu 23 ans 5/108 Girondins de Bordeaux
Christophe Dugarry Attaquant 23 ans 6/55 Girondins de Bordeaux
David Ginola (64’) > Attaquant 28 ans 16/17 Newcastle United (Angleterre)
> (64’) Reynald Pedros Attaquant 23 ans 13/25 FC Nantes

Ne sont pas entrés en jeu : Bruno Martini (gardien, Auxerre) et Christophe Cocard (attaquant, Auxerre)

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Les gardiens des Bleus