1998-2018 : combien de champions du monde titulaires quatre ans après ?

Publié le 4 avril 2023 - Bruno Colombari

Ils n’étaient que deux contre les Pays-Bas en mars, et quatre à Dublin : les champions du monde 2018 ne sont plus majoritaires au coup d’envoi après l’édition 2022. Et il y vingt ans, c’était comment ?

4 minutes de lecture

Il y a beaucoup de différences entre la période de quatre ans qui a suivi la conquête du premier titre mondial de 1998 et celle postérieure au second, en 2018. Tout d’abord, parce que là où se sont succédé trois sélectionneurs en cinquante mois (Aimé Jacquet jusqu’en juillet 1998, Roger Lemerre jusqu’en juin 2002 et Jacques Santini à partir de juillet), il n’y en a qu’un seul dans la période 2018-2022, Didier Deschamps.

Ensuite parce que les deux phases finales suivantes, l’Euro 2000 et la Coupe du monde 2002, ont connu des trajectoires croisées avec celles de 2021 et 2022 : les Bleus de Zidane s’étaient maintenus au sommet avant de chuter brutalement au moment de défendre leur titre mondial, alors que ceux de Griezmann ont commencé par une gamelle à l’Euro avant de rebondir, contre toute attente, et de manquer d’un rien un incroyable doublé.

En 2018, l’équipe alignée en finale a deux ans de moins que celle de 1998

Enfin, parce qu’en 1998, l’équipe de France était plutôt expérimentée, surtout en âge (28 ans et 4 mois pour les titulaires de la finale, compte tenu de l’absence de Laurent Blanc), avec aucun joueur de moins de 26 ans au coup d’envoi. En 2018, elle est plus jeune de deux ans (26 ans et 3 mois) et aligne surtout quatre joueurs de moins de 25 ans : Samuel Umtiti (24), Benjamin Pavard et Lucas Hernandez (22) et Kylian Mbappé (19).

Mais dans les faits, la question posée au sélectionneur est toujours la même, après une victoire en Coupe du monde : ceux qui ont été titrés sont-ils prioritaires (y compris ceux qui ont peu joué), et si oui, jusqu’à quand ?

Pour mener cette comparaison, j’ai étudié la période qui va d’août 1998 à septembre 2002, à savoir en dépassant de deux matchs la Coupe du monde suivante. Ce qui correspond aux 53 rencontres dirigées par Roger Lemerre, plus les deux premières de Jacques Santini, donc 55 au total.

Sur la période actuelle, j’en ai fait de même, en allant de septembre 2018 à mars 2023, soit deux matchs après l’édition suivante. La durée est évidemment plus longue (55 mois contre 50) mais le nombre de matchs est relativement proche (58 matchs contre 55). Les ordres de grandeurs sont donc comparables.

Roger Lemerre aligne 24 fois au moins dix champions du monde au coup d’envoi

Entre 1998 et 2002, Roger Lemerre est extrêmement conservateur. Les champions du monde sont presque toujours majoritaires au coup d’envoi, hormis à la Coupe des Confédérations 2001 (3 contre l’Australie, match perdu, quatre face au Mexique, cinq contre la Corée du Sud et sept lors des deux derniers matchs face au Brésil et au Japon. Le reste du temps, à part en Afrique du Sud en 2000 (cinq), il en aligne au moins sept. A six reprises, il en met même onze (Slovénie 2000, Espagne 2001, Italie, Sélection FIFA et Algérie 2001 et Corée du Sud 2002), alors que cinq de ces matchs sont amicaux. Et 18 fois, il en retient dix. Dont 12 où le onzième homme a débuté avant la Coupe du monde 1998, comme Anelka, Makelele, Laslandes ou Maurice…

Le changement est très net avec l’arrivée de Jacques Santini, qui fait le ménage : lors de ses deux premiers matchs en août et septembre 2002 en Tunisie et à Chypre, il ne rappelle que quatre champions du monde, un ancien (Makelele) et six qui ont débuté avec Lemerre, ou qu’il a lui même lancé (Govou).

Entre 2018 et 2023, le brassage des trois catégories de joueurs (champions du monde 2018, ceux qui ont débuté avant et ceux qui arrivent après) est beaucoup plus net. Même si, jusqu’à l’Euro 2021, les champions du monde sont encore largement majoritaires, il n’en aligne 11 que lors de trois des quatre premiers matchs de l’automne 2018, et plus jamais par la suite. On en retrouve 10 à six reprises (trois fois moins que Lemerre, donc), la dernière fois contre la Bulgarie en 2021, où le onzième était Benzema.

En 2022, six champions du monde titulaires au Qatar

Et ils ont commencé à être minoritaires au coup d’envoi dès juin 2019 (Andorre) avec deux points bas contre la Finlande en novembre 2020 (4) et un an plus tard, fin 2021 (3). En 2022, les joueurs arrivés après la Coupe du monde ont pris progressivement le pouvoir, notamment en juin pendant la phase qualificative de Ligue des Nations (6 lors des trois derniers matchs de la saison).

La Coupe du monde au Qatar a marqué un retour des champions du monde, puisqu’ils étaient six contre le Danemark, la Pologne, l’Angleterre, le Maroc et l’Argentine, et même sept face à l’Australie. Mais avec les départs de Lloris et Varane, ils n’étaient plus que deux contre les Pays-Bas en mars (Griezmann et Mbappé) et quatre à Dublin (les mêmes plus Giroud et Pavard).

Même si des retours de Lucas Hernandez, Pogba, Kanté et Dembélé vont de possible à probable, ça fait quatre trentenaires sur huit, sachant que les statuts de titulaire de Lucas Hernandez, Pavard et Dembélé sont loin d’être acquis. Il n’est donc pas impossible que d’ici peu, Kylian Mbappé se retrouve le seul titulaire champion du monde en titre. Une situation bien différente de 2006, où parmi les finalistes de Berlin, il y avait cinq titrés de 1998 au coup d’envoi (Barthez, Thuram, Vieira, Zidane et Henry) et un sixième entré en cours de jeu (Trezeguet)…

Quel sort pour les titulaires, les remplaçants et les non-entrés ?

On peut affiner un peu l’analyse en regardant quels sont les protagonistes (titulaires, remplaçants et ceux qui n’ont pas joué) de chacune des deux finales qui ont le plus joué par la suite, en tant que titulaire mais aussi en tant que remplaçant.

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Après 1998, Roger Lemerre va très vite écarter un des titulaires (Stéphane Guivarc’h), ne va faire jouer qu’un rôle accessoire à un autre (Christian Karembeu), de même qu’à Alain Boghossian, remplaçant lors de la finale de 1998 et forfait sur blessure pour l’Euro 2000. Il fait de Patrick Vieira un titulaire à part entière, de même que Thierry Henry, qui n’a pas joué la finale. Et hormis le troisième gardien Lionel Charbonnier et l’attaquant auxerrois Bernard Diomède, les vingt mondialistes auront tous été titulaires au moins une fois.

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Avec Didier Deschamps, la donne est différente. Un seul titulaire de 2018 aura été très peu utilisé par la suite (Samuel Umtiti), mais parmi les trois remplaçants entrés lors de la finale, aucun ne s’est imposé par la suite. Corentin Tolisso a joué 14 fois dont trois en cours de jeu, Nabil Fekir n’a plus été titularisé, et Steven Nzonzi a rapidement disparu. Avec 23 titularisations, Presnel Kimpembe est le seul non participant à la finale à tirer son épingle du jeu.

pour finir...

Merci à Matthieu Delahais qui m’a suggéré l’idée de cet article.

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