De Bliard à Payet, ces blessés qui ont manqué une Coupe du monde

Publié le 1er mars 2022 - Bruno Colombari - 1

De René Bliard en 1958 à Dimitri Payet en 2018, retour sur ces Bleus assurés d’aller à la Coupe du monde jusqu’au jour où une blessure a ruiné leurs espoirs, et parfois leur carrière internationale.

5 minutes de lecture
Mise à jour d’un article initialement paru en mars 2018.

2018 : Dimitri Payet, finale maudite à Lyon

Il n’a plus joué en sélection depuis octobre 2017, mais la fin de saison canon de Dimitri Payet avec l’OM lui entrouvrent les portes de l’équipe de France au printemps : à 31 ans, c’est certainement sa dernière chance de jouer une Coupe du monde, alors qu’il a déjà manqué celle de 2014. Brillant en demi-finale de Ligue Europa contre Salzbourg, il se blesse quelques jours plus tard, et sa participation à la finale contre l’Atlético de Madrid à Lyon est compromise. Rudi Garcia prend le risque et l’aligne avec le brassard de capitaine. Mais il doit sortir après 32 minutes, en larmes, alors que l’OM avait bien démarré le match. Sans lui, tout comme Ludovic Giuly avec Monaco en 2004, les Marseillais s’inclinent lourdement (0-3). Le lendemain, la liste des 23 pour la Russie est annoncée, sans Payet évidemment. Le Réunionnais ne sera pas champion du monde, et ne jouera plus qu’une fois en Bleu, en octobre 2018 contre l’Islande.

2014 : Franck Ribéry en a plein le dos

Le 6 juin 2014, victime d’une lombalgie tenace, Franck Ribéry officialise son forfait pour la Coupe du monde au Brésil, qui aurait été sa troisième après celle en Allemagne en 2006 et celle en Afrique du Sud en 2010. Et ce, quelques heures après la photo officielle sur laquelle il pose au premier rang, soucieux, au côté de Didier Deschamps. Il sera remplacé par Rémi Cabella, qui ne jouera pas la moindre minute au Brésil.

Mais son vrai remplaçant, et ce depuis son dernier match en mars contre les Pays-Bas, c’est Antoine Griezmann. Il va très vite récupérer le numéro 7 du joueur du Bayern, et après un temps d’adaptation où il ne marque que lorsqu’il n’est pas titulaire, Griezmann devient un cadre inamovible, et le meilleur joueur français à l’Euro 2016 où il marque six fois.

Quant à Franck Ribéry, on ne le reverra plus en sélection. Le 13 août 2014, 68 jours après son forfait, il annonce qu’il ne jouera plus avec les Bleus. Il a alors 31 ans, compte 81 sélections et 16 buts marqués pour 17 passes décisives.

2006 : le syndrome chinois de Djibril Cissé

Le 7 juin 2006, les Bleus jouent le dernier match de préparation pour la Coupe du monde à Saint-Etienne contre la Chine. C’est aussi l’ultime match de Zinédine Zidane sur le sol français, mais ce n’est pas pour ça que la rencontre, anecdotique (3-1) est restée dans les mémoires. Après 9 minutes de jeu, sur une phase de jeu anodine, Djibril Cissé se retrouve par terre et se tient la jambe. Laquelle fait un angle bizarre au niveau du tibia. Les images sont terribles, et le diagnostic tout autant : double fracture tibia-péroné. Adieu l’Allemagne, Sidney Govou étant appelé à la place du joueur de Liverpool. Lequel Govou n’apportera rien dans ses entrées en jeu à la Coupe du monde.

A 24 ans, Cissé, qui compte alors 30 sélections, ne rejouera que 11 fois en équipe de France. Evincé de l’Euro 2008 par Gomis, il est dans la liste des 23 pour la Coupe du monde en Afrique du Sud, où il ne jouera qu’un peu moins d’une heure lors du dernier match.

2002 : Robert Pirès est mal tombé

Après deux phases finales en demi-teinte pendant lesquelles il n’était que remplaçant, Robert Pirès franchit un palier à Arsenal à partir de l’été 2000. Au sein d’un collectif qui tourne comme une pendule, il est l’un des meilleurs joueurs du club et de la Premier League. Le 23 mars 2002, en Cup contre Newcastle, il saute pour éviter un tacle de boucher de Nikos Dabizas, mais en retombant son genou tourne et les ligaments croisés lâchent.

Forfait pour le match France-Ecosse quelques jours plus tard, il est opéré en avril et renonce évidement à la Coupe du monde. C’est Youri Djorkaeff que Roger Lemerre appelle pour jouer en Corée du Sud. Mais à 34 ans, le Snake n’a plus le niveau pour redevenir champion du monde, d’autant qu’une deuxième blessure, celle de Zidane le 26 mai, achève définitivement les chances des Bleus.

Quant à Pirès, il redeviendra un cadre lors de la période de Jacques Santini sélectionneur (2002-2004) mais ne brille pas à l’Euro portugais. Il entre très vite en conflit avec Raymond Domenech à l’automne 2004, et ce dernier l’écarte du groupe après un déplacement à Chypre. Il compte 79 sélections, pour 14 buts marqués.

1986 : José Touré, ce Brésilien qui a tant manqué

Michel Platini l’a reconnu : au Mexique, avec Touré, les Bleus auraient pu l’emporter. A la fin de l’hiver 1986, le Nantais est certain d’être du voyage en Coupe du monde, lui qui a manqué l’Euro deux ans plus tôt sur blessure, déjà. Contre l’Uruguay en août 1985, son entente avec Giresse, Platini et Rocheteau avait fait merveille.

Le 19 mars 1986, le FC Nantes reçoit l’Inter Milan en quart de finale de la coupe de l’UEFA. A l’aller, les Milanais l’ont emporté 3-0, mais la remontada nantaise est en route et à la mi-temps le score est de 3-1. La sortie sur blessure d’Ayache, l’expulsion de Der Zakarian et un pénalty transformé par Brady (3-2) douchent les espoirs nantais. Puis arrive la blessure de José Touré, qui se réceptionne mal sur une détente verticale. Les ligaments croisés du genou lâchent. C’est fini pour le Brésilien.

Yannick Stopyra fera une très belle Coupe du monde en attaque, mais Touré ne retrouvera plus son niveau de jeu par la suite. Il rejouera six fois avec les Bleus entre 1987 et 1989, et disparaîtra de la circulation à seulement 28 ans. Un immense gâchis.

1978 : André Rey perd la main

Jusqu’en septembre 1983, le poste de gardien de but est une grosse épine dans le pied du sélectionneur. S’il choisit par défaut Jean-Paul Bertrand-Demanes et Dominique Baratelli en 1976, il essaie le Messin André Rey début 1977 contre la RFA. Essai concluant, puisque ce gardien de 29 ans, découvert sur le tard en première division, s’est hissé très vite au niveau des meilleurs grâce notamment à son envergure (1,87 m), atypique à l’époque. Jusqu’en mars 1978, il est le titulaire en sélection, ne perd qu’une fois sur huit (contre l’Irlande à Dublin) et signe quatre clean-sheets.

Mais il se blesse à l’entraînement en mars, une semaine après une victoire contre le Portugal, sur un tir de Battiston. La fracture du scaphoïde va lui coûter sa place en Argentine, et chez les Bleus. On ne le verra plus que deux fois en sélection, en septembre 1978 contre la Suède (2-2) et en mai 1979 aux Etats-Unis (6-0).

1966 : Daniel Eon, sauter n’est pas jouer

A 26 ans, le gardien du FC Nantes connaît un début d’année 1966 parfait : avec son club, entraîné par José Arribas, il va conserver le titre de champion de France acquis l’an dernier, jouer la finale de la Coupe de France contre Strasbourg et il est appelé en sélection par Henri Guérin le 5 juin pour rencontrer l’URSS à Moscou (3-3). Un mois avant la Coupe du monde en Angleterre, le timing est parfait, sauf que le 11 juin à Cannes, lors de la dernière journée de championnat, son coéquipier Philippe Gondet signe un triplé (6-1) qui fait de lui le meilleur buteur de première division (36 buts, un record qui tient toujours pour un joueur français). Dans sa surface, Eon saute de joie, se réceptionne mal et son tendon d’Achille lâche. Il n’ira pas en Angleterre et ne comptera que deux autres sélections en 1967.

1958 : René Bliard, une entorse pour Fontaine

Le 30 mai, à l’entraînement à Kopparberg, René Bliard se fait une entorse à la cheville. Il repart en France (en train !) et Paul Nicolas appelle le Monégasque Raymond Bellot. René Bliard compte alors 7 sélections (depuis 1955). Il joue au Stade de Reims. Il a 25 ans et a marqué 72 buts en D1 (en 111 matchs) auxquels il faut ajouter 5 buts en 7 matchs de Coupe des clubs champions.

Après sa blessure, il n’est plus rappelé en sélection. Il joue une nouvelle finale européenne avec Reims en 1959, puis est transféré au Red Star et à Rouen. On dit souvent que sa blessure a permis à Fontaine, qui n’avait pas brillé en sélection jusque là, d’être l’avant-centre titulaire. Ce dernier assure que non, les deux protagonistes étant coéquipiers ensemble à Reims. En tout cas, Fontaine s’apprête à jouer six matchs pour l’Histoire, en développant une complicité extraordinaire avec un joueur qu’il n’avait jamais côtoyé : Raymond Kopa.

Vous êtes plusieurs milliers chaque jour à venir sur Chroniques bleues. Nous vous en sommes reconnaissants et nous aimerions en savoir plus sur vous. Avec, en cadeau, trois articles inédits au format pdf à télécharger !

Vos commentaires

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Vos articles inédits