Dans un peu plus de huit mois, en mai 2026, si les Bleus se qualifient pour la Coupe du monde, Didier Deschamps annoncera sa quatrième liste des 23 à 26 joueurs qui participeront au tournoi mondial en Amérique du Nord. Dans ses trois précédentes listes (2014, 2018 et 2022), qui concernent 72 joueurs, quelle était l’ancienneté des participants en sélection ? Et quel statut leur a-t-elle donné lors du tournoi ?
On pourrait en faire trois grandes catégories, qu’il sera toujours possible d’affiner par dates. La première regroupe les anciens, ceux dont les débuts sont antérieurs à la précédente Coupe du monde (qu’ils l’aient jouée ou pas). Donc avec une ancienneté, au moment de l’annonce de la liste, d’au moins quatre ans. La deuxième concerne les intermédiaires, ceux qui ont découvert l’équipe de France lors des trois saisons qui ont suivi la précédente Coupe du monde. La dernière regroupe les récents, ceux qui ont été lancés lors de la saison en cours au moment de la liste, avec donc une ancienneté de juit à neuf mois maximum.
Les anciens sont les plus nombreux
Avant de voir l’importance des trois catégories dans chacune des listes, regardons d’abord l’ensemble. Sur les 72 joueurs concernés (55 différents, dont 4 joueurs cités 3 fois et 9 autres à deux reprises), les anciens sont les plus nombreux (30). Leur ancienneté est en moyenne de 7 ans et demi, mais il y en a huit pour laquelle elle dépasse les dix ans : le recordman du genre est Karim Benzema en novembre 2022, qui avait débuté 15 ans et huit mois plus tôt (mais qui se blessera deux jours avant le début du tournoi, tout en restant officiellement sur la liste). Viennent ensuite les gardiens Hugo Lloris, Steve Mandanda (tous deux 14 ans en 2022) et Mickaël Landreau (13 ans en 2014), Olivier Giroud (11 ans en 2022, Patrice Evra et Rio Mavuba (10 ans en 2004). Mandanda apparaît deux fois dans cette catégorie, puisqu’il avait déjà 10 ans d’ancienneté en juin 2018, contrairement à Lloris, qui avait débuté en novembre 2008.
Les intermédiaires sont un petit peu moins nombreux, mais à peine : 28 en tout, tous différents, ce qui est normal, puisqu’avec au maximum trois ans d’ancienneté au moment de l’annonce de la liste, un joueur ne peux pas figurer deux fois dans cette catégorie. Yohan Cabaye, Blaise Matuidi, Stéphane Ruffier et Mamadou Sakho sont les plus expérimentés dans cette catégorie, puisqu’ils avaient tout trois débuté au début de la saison 2010-2011, avant d’être convoqués en 2014. A l’inverse, Mattéo Guendouzi, par exemple, avait tout juste un an d’ancienneté en novembre 2022.
14 joueurs récents lors des trois dernières éditions
La dernière catégorie, celle qui nous intéresse le plus ici, est celle des récents. Pour 2014 et 2018, ça concerne les joueurs qui ont débuté à partir de septembre 2013 et septembre 2017. Pour 2022, la Coupe du monde ayant lieu en novembre et décembre, on retiendra ceux qui ont été lancé depuis le mois de mars. Ceux là sont 14. On pourrait trouver que c’est peu, mais ça en fait entre 4 et 5 à chaque fois, soit entre 17 et 21% de la liste finale.
Trois d’entre eux ont gagné une place de titulaire lors de leur première Coupe du monde, comme Griezmann (3 fois sur 5 en 2014) mais surtout Benjamin Pavard et Lucas Hernandez (respectivement 6 et 7 fois en 2018). Konaté est tout proche (3 fois sur 7 en 2022), quand il suppléait Varane au Qatar. Les dix autres ont été des remplaçants, comme Cabella, Digne et Schneiderlin en 2014, Aréola et Kimpembe en 2018 et Disasi, Kolo Muani, Saliba et Fofana en 2022.
En appelant dès le mois de septembre deux nouveaux (Maghnes Akliouche et Hugo Ekitiké, en plus de Lucas Chevalier, qui n’a pas encore joué), Didier Deschamps ouvre en grand les portes de l’équipe de France. Si ces trois là, ce qui n’est évidemment pas garanti, franchissent l’Atlantique en juin, ils seront sans doute accompagnés d’un ou deux autres, surtout si le sélectionneur emmène 26 joueurs.
Si on regarde maintenant la répartition de ces trois catégories sur chacune des listes depuis 2014, que constate-t-on ?
Une liste 2022 plus expérimentée
Celles du Brésil et de la Russie sont très semblables : elles comptent toutes deux 23 joueurs, et dans les deux cas, les intermédiaires sont 10. La seule différence (minime) est entre les anciens et les récents : 9 et 4 en 2014, contre 8 et 5 en 2018. La liste de 2022 tranche, mais parce qu’elle compte 26 joueurs (avec Benzema), et que parmi eux, il y a 13 anciens. C’est une surprise, car la liste pour le Qatar semble très jeune et peu expérimentée. Mais c’est illusion d’optique : elle a la même moyenne d’âge que celle de 2014 (26 ans et 9 mois) et dépasse celle de 2018 (26) et son nombre de sélections moyen est largement supérieur aux deux précédentes (31,8, contre 26 en 2018 et 21,3 en 2014).
En 2014, parmi l’équipe-type (celle dont les joueurs ont débuté plus de la moitié des matchs), on trouve seulement 4 anciens : Lloris, Evra, Valbuena et Benzema. Il y a 6 intermédiaires : Sakho, Varane, Debuchy, Pogba, Matuidi et Cabaye. Et un seul nouveau, Griezmann.
En 2018, les anciens sont majoritaires dans l’équipe-type : ils sont 6 avec Lloris, Varane, Pogba, Matuidi, Griezmann et Giroud. Il y a 3 intermédiaires : Umtiti, Kanté et Mbappé. Et deux nouveaux, les arrières latéraux Pavard et Lucas Hernandez.
En 2022, on compte désormais 7 anciens dans le onze-type : Lloris, Varane, Rabiot, Griezmann, Dembélé, Giroud et Mbappé, dont 5 étaient déjà titulaires en Russie. Les 4 autres sont des intermédiaires : Koundé, Upamecano, Théo Hernandez et Tchouaméni. Aucun des 5 nouveaux n’a pu faire sa place, hormis Konaté, on l’a vu, qui a été titulaire 3 fois sur 7.
En 2026, les places de titulaires seront chères
Cette évolution n’est pas rassurante pour les joueurs qui vont débuter en 2025-26. Et effectivement, aujourd’hui, on voit mal Chevalier, Akliouche ou Ekitiké gagner un statut de titulaire d’ici juin, sauf en cas de blessure des joueurs déjà installés. En revanche, parmi les intermédiaires qui ont débuté depuis 2023, il y en a au moins deux qui ont leur place quasi assurée dans le onze de départ : Maignan et Olise. Et deux autres, Koné et Doué, qui n’en sont pas loin. Une répartition 7-4-0 comme en 2022 semble donc la plus probable. Mais bien sûr, nous ne sommes qu’en septembre, et il peut se passer beaucoup de choses dans les huit prochains mois.