Kopa, Platini, Zidane : leur première année à l’étranger

Publié le 3 juin 2024 - Bruno Colombari

Le premier en 1956, le deuxième en 1982 et le troisième en 1996 ont quitté la première division française pour tenter leur chance en Espagne ou en Italie. Avec quels résultats lors de leur première saison ?

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Kylian Mbappé a donc quitté la Ligue 1 où il évoluait depuis 2015 pour l’Espagne et le Real Madrid où il va poursuivre son principal objectif : conquérir la Ligue des Champions, et aussi le Ballon d’or. Avant lui, Raymond Kopa l’avait fait avec le Real Madrid, ainsi que Michel Platini à la Juventus. Zinédine Zidane avait obtenu le Ballon d’or à la Juventus, mais c’était plutôt grâce à sa Coupe du monde 1998 et son doublé en finale contre le Brésil. Pour la Ligue des Champions, après deux échecs en 1997 et 1998, il avait dû attendre son transfert suivant pour la remporter, avec le Real Madrid.

Comment s’est passée leur première saison à l’étranger ? Dans quelle mesure ont-ils trouvé leur place dans un effectif riche en grands joueurs et dans des clubs qui étaient des institutions ? Comment ont-ils géré le changement d’échelle après avoir quitté Reims, Saint-Etienne ou Bordeaux ?

Raymond Kopa en 1956-57 avec le Real Madrid : champion d’Espagne et vainqueur de la C1, mais pas de Bleus

En Coupe des Clubs champions européens, dont il a joué la finale de la première édition (perdue avec Reims contre le Real, 3-4), il dispute les 8 matchs, donc le barrage contre le Rapid Vienne en huitièmes de finale. Il inscrit deux buts, contre Vienne le 13 décembre (2-0) et à Manchester le 25 avril, pour la demi-finale retour (2-2). En attaque il est associé aux Espagnols Paco Gento, Hector Rial et Enrique Matéos et à l’Argentin Di Stéfano. Il joue à l’aile droite, alors qu’à Reims il évoluait en meneur de jeu. Il commence sous les ordres de José Villalonga puis Luis Carniglia (avril 1957).

En Liga il manque les six premières journées en attendant la naturalisation espagnole d’Alfredo Di Stéfano. Son contrat est signé le 24 septembre, après l’abolition de la loi Moscardo interdisant le recrutement d’un joueur étranger et ne débute que le 21 octobre contre le Real Jaen : victoire 7-1 et doublé de Kopa (les deux derniers buts du Real). Il joue 22 fois et manque seulement deux matchs, le 6 janvier 1957 contre l’Español de Barcelone et le dernier de la saison contre le Celta de Vigo.

En Coupe du Roi, il n’est pas aligné lors des quarts de finale perdus contre le Barça en mai (2-2, 1-6). Au total cette année-là il joue 30 matchs et marque 8 buts. Le Real Madrid est champion d’Espagne avec 5 points d’avance sur le FC Séville et sur Barcelone, c’est son cinquième titre seulement. La Maison Blanche est championne d’Europe pour la deuxième fois consécutive en battant en finale la Fiorentina (2-0) dans son stade récemment rebaptisé Santiago Bernabeu.

Durant cette saison, Raymond Kopa ne joue aucun match en équipe de France, manquant les 13 matchs d’octobre 1956 à avril 1958, dont les 5 de la saison 1956-57. A l’époque, un club n’est pas obligé de libérer un international étranger, même pour un match de compétition. Sans lui, les Bleus sont battus en Hongrie (1-2) mais remportent les 4 matchs suivants, contre l’URSS (2-1) et au Portugal (1-0) en amical et face à la Belgique (6-3) et l’Islande (8-0) en qualifications pour la Coupe du monde 1958. En son absence, c’est Jean Vincent (4 buts), Thadée Cisowski (6, dont un quintuplé contre la Belgique) et Roger Piantoni (3 buts) qui brillent. Just Fontaine, qui vient d’arriver à Reims et qui est appelé contre la Hongrie, déçoit.


 

Michel Platini en 1982-83 à la Juventus : titre perdu, finale de C1 perdue, mais vainqueur de la Coupe d’Italie

Après la Coupe du monde en Espagne, Platini fait ses débuts en Coupe d’Italie, le 18 août à Catane (1-1). Il découvre la série A sous les ordres de Giovanni Trapattoni le 12 septembre 1982 contre la Sampdoria à Gênes (0-1). Il évolue dans un 4-3-3 associé en milieu de terrain à Giuseppe Furino (puis Tardelli) et Zbigniew Boniek, recruté lui aussi après la Coupe du monde. Les champions du monde Zoff, Cabrini, Sciera, Gentile, Tardelli, Bettega et Rossi forment le reste de l’équipe.

Il joue 29 matchs sur 30 en série A, dont 1 comme remplaçant. Il a du mal à s’imposer les 4 premiers mois (4 buts et 2 passes en championnat, 2 buts et 1 passe en C1) où il souffre encore de la pubalgie qui l’avait gêné pendant le Mondial, mais décolle en février après la mise à l’écart de Furino et marque 12 buts et 6 passes lors des 14 matchs de la phase retour, et 3 buts et 2 passes en C1, même s’il rate sa finale contre Hambourg à Athènes (0-1) qu’il finit au poste d’avant-centre.

En Coupe d’Italie, que la Juve remporte après avoir échoué en championnat (2e à 4 points de l’AS Roma) et en C1, Platini est décisif avec 7 buts et 3 passes en 13 matchs, dont un doublé lors de la finale retour contre Vérone. C’est grâce à cette victoire qu’il gagnera son premier trophée européen, la Coupe des vainqueurs de coupes en 1984.

L’équipe de France est qualifiée d’office pour l’Euro 84 en tant que pays organisateur. Elle ne dispute donc que 7 matchs amicaux pendant la saison 1982-83, dont 4 avec Platini. Le néo-Turinois n’est pas là le 31 août pour la déculottée contre la Pologne dans un Parc vide (0-4). Il joue contre la Hongrie (1-0), aux Pays-Bas (2-1, un but), les deux fois en position d’avant-centre. En février, il bat le Portugal quasiment tout seul (3-0, trois passes décisives !) et dispute la première mi-temps contre l’URSS en mars (1-1, passe décisive). On ne le verra pas contre la Yougoslavie et la Belgique au printemps.


 

Zinédine Zidane en 1996-97 à la Juventus : champion d’Italie, mais finale perdue en Ligue des Champions

En Série A, Zizou débute le 8 septembre 1996 contre Reggiana (1-1) sous les ordres de Marcello Lippi, mais ses vrais débuts datent du 28 août en Coupe d’Italie contre Fidelis Andria, clubb de Série B (2-0). Il joue 29 fois sur 34, dont une fois remplaçant (en mai contre Piacenza). Il marque 5 buts et signe 3 passes décisives et termine champion d’Italie. Il est principalement associé dans un milieu à quatre en losange à Deschamps, Jugovic et Di Livio.

En Ligue des Champions, il ne manque qu’un match au premier tour à Vienne contre le Raid (en octobre). Il inscrit 2 buts et 6 passes décisives, dont 3 lors du même match le 30 octobre contre Vienne. Il brille en demi-finale retour contre l’Ajax (4-1), marquant un but (sur passe de Deschamps) et donnant deux passes. Comme l’ensemble de l’équipe, il rate sa finale contre Dortmund (1-3) à Munich. Tout comme Platini en 1983, il échoue contre un club allemand qui n’était pas favori. Il remporte toutefois la Supercoupe d’Europe contre le PSG et la Coupe intercontinentale des Clubs face à River Plate. Il dispute également deux matchs de Coupe d’Italie.

L’équipe de France est déjà qualifiée pour la Coupe du monde 1998, après avoir manqué les deux éditions précédentes. Comme en 1982-83, elle ne joue que des matchs amicaux (9), dont le tournoi de France en juin. Zidane participe à tous les matchs, même s’il est remplaçant contre le Mexique fin août et l’Angleterre en juin. Il brille contre la Turquie (4-0, deux passes décisives pour Djorkaeff et Pirès) et marque le premier but contre l’Italie (2-2). Pour le reste, sa saison internationale est plutôt moyenne.


 

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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