Platini-Rummenigge, un face-à-face en 8 actes

Publié le 1er juillet 2025 - Bruno Colombari

Entre 1977 et 1986, le capitaine des Bleus et celui de la Mannschaft se sont croisés à huit reprises, dont quatre fois en club et deux en Coupe du monde. Et le match a été serré…

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D’un côté, nous avons un double Ballon d’or (1980 et 1981), champion d’Europe (1980) et deux fois finaliste de la Coupe du monde (1982 et 1986) et multititré en club (deux championnats nationaux, deux coupes nationales, deux Coupes des champions et une coupe intercontinentale). De l’autre, un triple Ballon d’or (1983, 1984 et 1985), champion d’Europe (1984), deux fois demi-finaliste de la Coupe du monde (1982 et 1986) et un beau palmarès en club (trois titres nationaux, deux coupes nationales, une C1, une C2 et une coupe intercontinentale). Et comme le premier est né 96 jours après le second, fatalement l’Allemand Karl-Heinz Rummenigge et le Français Michel Platini étaient appelés à se croiser tout au long d’une quinzaine d’années de carrières respectives.

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1982 : Séville, égalité parfaite mais avantage KHR

Ils l’ont fait huit fois, trois fois en sélection, quatre en club et une autre dans un mélange des deux, et curieusement, jamais en Allemagne. Le Français a un léger avantage, même en considérant le RFA-France de Séville en 1982 comme un nul statistique (c’est le cas) alors que Rummenigge l’a emporté aux tirs au but. La demi-finale en Espagne est d’ailleurs la confrontation la plus prolifique en nombre de buts (six) mais aussi pour les deux hommes, qui ont marqué chacun pendant le match : Platini a égalisé sur pénalty à la 27e, Rummenigge a relancé la Mannschaft en prolongations à la 102e. Mais le duel s’est poursuivi lors de la séance de tirs au but, puisqu’ils ont tous deux frappé en cinquième position, sans que leur tir victorieux ne détermine la victoire (4-4 au terme de la série initiale).

Ce match-là était la troisième rencontre officielle entre les deux joueurs, qui s’étaient croisés pour la première fois au Parc des Princes, le 23 février 1977 en amical. Pour la dernière sélection de Franz Beckenbauer (et la première de Patrick Battiston !), les Bleus l’avaient emporté grâce à un but d’Olivier Rouyer. Platini, pour sa sixième sélection, était associé au milieu aux deux Stéphanois Bathenay et Synaeghel, alors que Rummenigge (troisième cape) évoluait dans une attaque bicéphale avec Dieter Müller.

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Entre les deux, il y aura eu toutefois un match UNFP France-Bayern Munich, non officiel donc, le 21 août 1979 au Parc. Les Bleus l’emportent largement face à Rummenigge (4-1) et Platini inscrit le dernier but français. Mais ce dernier n’est pas décompté parmi les 41 qu’il a inscrits en 72 sélections, le match ne comptant pas pour une cape.

Il faudra attendre l’été 1982 pour la première confrontation en compétition, même si les deux hommes auraient pu se retrouver à Hanovre en novembre 1980 pour un match amical cuisant pour les Bleus (1-4). Platini y était, mais pas Rummenigge, forfait. A Séville, les deux sont diminués : Platini souffre d’une pubalgie et joue sous infiltrations, et Rummenigge a une contracture à la cuisse et commence sur le banc. Mais la rentrée du second, en prolongations à la place du milieu défensif Briegel et alors que les Bleus mènent 2-1, va changer le cours du match. KHR marque trois minutes après le but de Giresse, et va pousser ses coéquipiers jusqu’à la victoire finale. Alors que Platini s’énerve contre l’arbitre Charles Corver, peste après l’égalisation de Fischer et râle encore après l’échec de Six aux tirs au but.

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1984 : trois rendez-vous manqués en France

En avril 1984 en amical à Strasbourg, Rummenigge est titulaire et capitaine, mais le porteur du brassard chez les Bleus est Maxime Bossis, car Platini est forfait. L’Euro qui suit laisser présager un nouveau duel en demi-finale ou en finale, mais Rummenigge et la RFA calent dès le premier tour. Et début septembre, quand l’Inter rencontre la France en match UNFP (non officiel, comme celui contre le Bayern en 1979), Platini n’est toujours pas là.

Le transfert de Rummenigge à l’Inter Milan, en juillet 1984, va pourtant multiplier les oppositions avec Platini, qui a rejoint la Juventus deux ans plus tôt. Les deux Ballons d’or vont se croiser cinq fois en deux ans, dont quatre fois en club en Série A. Et si Rummenigge remporte largement le premier match (4-0 en novembre 1984, avec un doublé), Platini prend sa revanche en gagnant en mars 1985 (3-1) et en mars 1986 (2-0, un but). La dernière opposition, en novembre 1986, se termine par un nul (1-1).

1986 : Guadalajara, les derniers feux des géants

Mais avant, c’est encore en Coupe du monde, et encore en demi-finale, que Rummenigge retrouve Platini à Guadalajara. Les Bleus, qui viennent de sortir l’Italie et le Brésil, sont favoris devant une RFA poussive, nettement battue au premier tour par le Danemark et qui a souffert contre le Maroc et le Mexique. Mais les Allemands ne laissent aucun espoir aux Français, et même si les deux capitaines sont loin de leur meilleure forme, c’est Rummenigge (sorti à la 57e, remplacé par Rudi Völler) qui l’emporte encore (2-0). Il vient de jouer le 94e et avant-dernier match de sa carrière internationale. Platini finira dix mois plus tard, en avril 1987. Et les deux quitteront l’Italie et la Série A dans la foulée : pour le Servette de Genève côté Rummenigge, pour la retraite de joueur côté Platini. Les deux hommes fêteront leurs 32 ans dans les semaines suivantes.

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Aucun des deux n’aura remporté de Coupe du monde en trois tentatives (1978, 1982 et 1986), même si Rummenigge aura joué deux finales. Et si le palmarès en club du bavarois est supérieur à celui du Lorrain, ce dernier aura fait un meilleur parcours à l’étranger, en Italie. L’importance statistique de Rummenigge est supérieure en sélection à celle de Platini, avec 95 capes en un peu moins de 10 ans et 45 buts marqués, contre 72 et 41. Mais Platini est considéré comme l’un des deux meilleurs joueurs français de tous les temps, avant ou après Zidane. Alors que Rummenigge serait plutôt dans le top 5 allemand, loin derrière Beckenbauer et Gerd Müller.

Les huit confrontations

datelieugenrematchscorebuts KHRbuts MP
23/02/1977 Paris (Parc) amical France-Allemagne 1-0 0 0
21/08/1979 Paris (Parc) UNFP France-Bayern 4-1 0 1
08/07/1982 Séville CM Allemagne-France 3-3 (5-4 tab) 1 (+1 tab) 1 (+1 tab)
11/11/1984 Milan Série A Inter-Juventus 4-0 2 0
24/03/1985 Turin Série A Juventus-Inter 3-1 0 0
23/03/1986 Turin Série A Juventus-Inter 2-0 0 1
25/06/1986 Guadalajara CM France-Allemagne 0-2 0 0
26/10/1986 Turin Série A Juventus-Inter 1-1 0 0

pour finir...

Merci à Richard Coudrais qui m’a signalé le France-Bayern UNFP d’août 1979.

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