C’est évidemment l’un des événements majeurs de cette intersaison, avec l’arrivée d’Olivier Giroud à Lille. Paul Pogba sous le maillot de Monaco, voilà de quoi exciter bon nombre de supporters des Bleus, puisque une saison probante en Principauté, avec la Ligue des Champions, ouvrirait la porte à un retour du champion du monde en sélection, avec la perspective de la Coupe du monde 2026 et l’objectif d’entrer dans le club très fermé des centenaires (il compte actuellement 91 capes, une de plus que Mbappé).
Paul Pogba, Manchester-Turin en double aller-retour
Mais Pogba faisait aussi partie d’un autre club, celui des Bleus qui n’ont jamais joué en Ligue 1. Formé au Havre, il part à Manchester United à seulement 16 ans en 2009. Mécontent de son faible temps de jeu (6 matchs), il est transféré à la Juventus en 2012, y passe quatre ans et revient en 2016 à Old Trafford. Son second séjour anglais durera six ans (2016-2022) et s’achèvera par un retour à la Juventus. Complètement raté (12 bouts de matchs et 160 minutes), en raison de blessures et de sa suspension de quatre ans (ramenée l’an dernier à 18 mois) pour suspicion de dopage. Au total, il a joué 233 matchs avec Manchester et 190 avec la Juventus, pour 73 buts et 90 passes décisives. Mais depuis avril 2022, sa carrière est à l’arrêt.
Comme lui, sept autres Bleus n’ont pas (encore) joué en club dans l’élite française. Bien entendu, il n’y a aucune nécessité de jouer en Ligue 1 (ou en première division avant 2002) pour être international A en équipe de France. Il suffit d’avoir la nationalité française et une licence en cours de validité, que ce soit sur le territoire national ou à l’étranger. Le cas de Daniel Horlaville, dernier joueur amateur en Bleu en 1969, montre même qu’il n’est pas nécessaire d’être professionnel, même si évidemment il est très improbable que ce cas se reproduise.
Pour autant, dans la foulée de l’arrêt Bosman faisant sauter les limites de joueurs étrangers (européens dans un premier temps) dans les clubs, de plus en plus de Français ont tenté leur chance à l’étranger. Et de plus en plus tôt, donc sans passer par la case Ligue 1. Si Jean-Pierre Papin avait montré la voie bien avant (en février 1986, alors qu’il évoluait au FC Bruges), son statut d’international A et sa présence à la Coupe du monde au Mexique lui avait permis de signer dans la foulée à l’OM, où il restera six saisons.
Charles N’Zogbia, 12 ans en Angleterre
Le tout premier à avoir porté le maillot de l’équipe de France sans avoir joué en L1 est Charles N’Zogbia, deux sélections en août 2010 (Norvège) et juin 2011 (Pologne). Formé au Havre, il quitte le club normand à 18 ans, en 2004, pour Newcastle. Il prolongera sa carrière anglaise à Wigan (2009-2011) puis à Aston Villa (2011-2016) sans s’imposer. En 12 ans outre-Manche, il aura disputé 337 matchs, marqué 33 buts et donné 54 passes décisives. En 2016, il tente un retour en France, mais alors qu’il s’apprête à signer au FC Nantes, une anomalie cardiaque est détectée. Elle met un terme à sa carrière, à trente ans.
Antoine Griezmann à l’heure espagnole
Le deuxième, chronologiquement parlant, est le plus connu de la liste puisqu’il s’agit d’Antoine Griezmann. Le natif de Mâcon, refusé par plusieurs clubs français en raison de son physique, intègre à 14 ans le centre de formation de la Real Sociedad à Saint-Sébastien, en Espagne. Il y signe son premier contrat professionnel en 2010 et y joue jusqu’au printemps 2014. Entre temps, il est sélectionné en A pour la première fois contre les Pays-Bas le 5 mars 2014, quelques jours avant ses 23 ans. Il fera tout son parcours en club en Espagne (à ce jour), essentiellement à l’Atlético Madrid (2014-2019, et depuis 2021), avec deux saisons décevantes au FC Barcelone (2019-2021). Il compte 749 matchs en club en Espagne, pour 285 buts marqués et 128 passes décisives. A 34 ans, alors qu’il était annoncé partant pour Los Angeles, Griezmann a décidé de prolonger à l’Atlético. La probabilité de le voir un jour en L1 diminue, mais qui sait ?
Dayot Upamecano, le Bayern via l’Autriche
Le troisième arrive six ans plus tard. Il s’agit de Dayot Upamecano. Formé à Valenciennes (comme Papin), le jeune défenseur central est recruté par le RB Salzbourg, en Autriche, à 16 ans à l’été 2015. Il y reste deux saisons avant de rejoindre la Bundesliga et le RB Leipzig. En 2021, désormais international (depuis le 5 septembre 2020, contre la Suède), il signe au Bayern Munich, dont il est désormais l’un des cadres, à 26 ans. Il compte 105 matchs en Allemagne et 23 en Autriche, avec 9 buts et 15 passes décisives, pas mal pour un défenseur central. Compte tenu de son âge, il a encore largement le temps de découvrir la L1.
Théo Hernandez, french latino
Le quatrième est Théo Hernandez. Né en 1997 à Marseille, comme son frère aîné Lucas, il découvre les Bleus le 7 septembre 2021 contre la Finlande. Formé à l’Atlético Madrid, où il ne joue aucun match en Liga, il est prêté à Alavés en 2016-2017 avant d’être transféré au Real Madrid, où il joue 23 matchs avant d’être encore prêté, à la Real Sociedad, en 2018-2019. Il est finalement transféré à l’AC Milan où il passe six saisons (2019-2025). Il est actuellement annoncé à Al-Hilal (Arabie Saoudite). Il aura joué 89 matchs en trois saisons en Espagne (1 but, 5 passes décisives) et 262 matchs en Italie (34 buts, 45 passes). Son frère Lucas est désormais au PSG. A 27 ans, il a lui aussi le temps de découvrir la L1 dans les années à venir.
Ibrahima Konaté, des Bulls aux Reds
Le cinquième, c’est Ibrahima Konaté. Lui a été formé au FC Sochaux, où il a joué en L2 (12 matchs en 2016-2017) avant d’être transféré au RB Leipzig, à 18 ans. En Allemagne, il rejoint Dayot Upamecano avec il évolue en défense pendant quatre saisons (2017-2021). Il signe ensuite à Liverpool, où il découvre la Premier League. Il y est toujours. Il compte 95 matchs en Allemagne et 132 en Angleterre. Il est international A depuis le 10 juin 2022 (contre l’Autriche).
Michael Olise, la promesse bavaroise
Deux autres expatriés ont rejoint ces cinq-là la saison dernière. Michael Olise, né à Londres et formé à Arsenal, puis Chelsea et Manchester City, a joué en pro à Reading (2020-21) et Crystal Palace (2021-2024) où il s’est révélé. Il a joué 163 matchs en Angleterre, dont seulement la moitié (82) en Premier League, pour 23 buts et 39 passes décisives. Il évolue désormais au Bayern Munich, où il vient de boucler une excellente première saison (54 matchs, 20 buts et 23 passes décisives). Il est international A depuis le 6 septembre 2024 (contre l’Italie) et s’affirme comme un des Bleus les plus prometteurs.
Pierre Kalulu, un Lyonnais à Turin
Enfin, Pierre Kalulu, formé à l’Olympique lyonnais (sans jouer en L1), est parti en Italie, à l’AC Milan, à 20 ans en 2020. Il a passé quatre saisons dans le club lombard, qui l’a prêté à la Juventus en 2024-25, où il a été définitivement transféré il y a quelques jours. En Italie, il compte 155 matchs (4 buts, 4 passes décisives). Sa première sélection, le 5 juin 2025 contre l’Espagne, s’est plutôt mal passée, au sein d’une défense en perdition (4-5).
Le fait que six des sept joueurs cités ont moins de trente ans plaide pour une diminution, dans les prochaines années, de cette liste, qui pourrait être compensée par de nouveaux arrivants.