Dialogue avec Soccer Nostalgia : Michel Platini, saison 3 (1990-91)

Publié le 26 septembre 2024 - Richard Coudrais

En 1990-91, l’équipe de France du sélectionneur Michel Platini devient invincible. La rédaction de Chroniques Bleues évoque ce passage avec le média américain Soccer Nostalgia.

10 minutes de lecture
Lire l’article sur le site de Soccer Nostalgia The Soccernostalgia Interview-Part 87
Cet article fait partie de la série Dialogue avec Soccer Nostalgia
Lire la version en anglais. English version here


Soccernostalgia : Quelle était l’ambiance en équipe de France avec Michel Platini à l’automne 1990, après une saison relativement réussie ?

Richard Coudrais : Le football français était dans une bonne dynamique. L’Olympique de Marseille et l’AS Monaco avaient été jusqu’en demi-finales des Coupes d’Europe (L’OM en C1 et l’ASM en C2) et l’équipe de France, même si elle était absente de la Coupe du monde 1990 en Italie, était invaincue depuis plusieurs mois. Michel Platini et son adjoint Gérard Houllier avaient construit une équipe de France solide portée par le duo d’attaque Papin-Cantona. Le public français était confiant.

La France devait participer aux éliminatoires de l’Euro 1992 dans un groupe avec l’Espagne, la Tchécoslovaquie, l’Islande et l’Albanie. L’Espagne et la Tchécoslovaquie venaient de participer à la Coupe du monde 1990. Comment ont été considérées les chances de la France alors qu’une seule équipe pouvait se qualifier dans ce groupe ?

C’était un groupe difficile car seule l’équipe classée première se qualifiait pour l’Euro 1992 (le dernier disputé à huit équipes). Les équipes d’Espagne et de Tchécoslovaquie faisaient figures de favorites car elles avaient fait un bon tournoi lors de la Coupe du monde 1990. La France pouvait toutefois tirer son épingle du jeu, car elle était redevenue performante et tenait à le prouver sur le terrain.

La saison a commencé par un match amical à Paris contre la Pologne le 15 août 1990. Emmnauel Petit a fait ses débuts internationaux dans un match nul et sans but sans intérêt. Était-ce un match typique de début de saison où la plupart des joueurs ne sont pas en forme et prêts ?

Un match international, même amical, n’est jamais sans intérêt. Les rencontres qui inaugurent la saison ne sont pas très spectaculaires, mais elles permettent à l’équipe de retrouver ses automatismes avant de s’engager dans les rencontres éliminatoires. Emmanuel Petit a en effet connu sa première sélection contre la Pologne au Parc, alors qu’il n’avait même pas vingt ans. Associé à Franck Sauzée en défense centrale, il a connu pas mal de difficultés et Platini ne l’alignera plus durant les éliminatoires.

La fortune de la France semblait liée à l’Olympique de Marseille de Bernard Tapie, qui recrutait la plupart des internationaux français (Boli, Casoni, Pardo, rappel de Cantona), pour constituer une équipe capable de remporter la Coupe des Champions. Dans une interview, Platini a estimé qu’il s’agissait d’une pression positive sur les joueurs car cela les faisait progresser, était-ce le consensus général ?

La moitié de l’équipe de France était en effet constituée de joueurs marseillais, y compris Didier Deschamps et Franck Sauzée, qui avaient rejoint Bordeaux et Monaco mais qui reviendront très vite. Le fait d’avoir une ossature de club est toujours un atout pour une sélection. Bernard Tapie avait des moyens financiers extraordinaires, mais il ne pouvait pas recruter plus de trois joueurs étrangers. Il devait alors investir dans ce qui se faisait de mieux dans l’hexagone et il se servait de l’équipe de France pour faire son marché. Platini ne voyait pas ça d’un mauvais œil. Le système Tapie assurait la cohésion de son équipe.


 

Le premier match de qualification pour l’Euro a eu lieu à Reykjavik, le 5 septembre 1990. La France s’est imposée (2-1) grâce aux buts du duo d’attaquants Papin et Cantona. Ce n’était pas un match spectaculaire, mais la France avait fait le minimum requis. Quelle a été la réaction de la presse ?

Un match en Islande est toujours un match piège. La pelouse n’est pas toujours de bonne qualité et les joueurs islandais sont vaillants et compliqués à jouer. En marquant dans le premier quart d’heure, Papin a permis aux Français de jouer libérés. Cantona a doublé la mise en fin de rencontre et a consolidé la victoire tricolore. Les Islandais ont réduit l’écart mais n’ont pas été en mesure d’égaliser. C’était une victoire très importante car elle lançait idéalement les éliminatoires. On restait en outre persuadés que l’Islande était en mesure de faire tomber un des trois favoris. L’Espagne s’inclinera à Reykjavik.

Le match de qualification suivant eut lieu le 13 octobre 1990, au Parc des Princes, la France battait la Tchécoslovaquie (2-1) grâce à un doublé de Papin. Jocelyn Angloma a également fait ses débuts dans ce match. Y a-t-il eu le sentiment qu’il s’agissait d’un match de référence pour le groupe de Platini ?

Cette rencontre contre la Tchécoslovaquie au Parc constituait le premier grand rendez-vous pour les Français et ceux-ci devaient absolument l’emporter car il s’agissait d’un concurrent direct. Jean-Pierre Papin marque les deux buts et devient l’atout numéro un de l’équipe. Jamais la France n’avait connu un tel avant-centre depuis Just Fontaine. Quant à Jocelyn Angloma, il a fait ses débuts comme milieu droit. Il venait alors de rejoindre le Paris-Saint-Germain mais comme il portait désormais le maillot bleu, il était annoncé à l’OM… qu’il rejoindra en fin de saison.


 

Laurent Blanc a fait la transition avec beaucoup de succès pour jouer en tant que nouveau libéro de l’équipe nationale de France, ce qui a forcé Platini à repenser sa tactique. Que pouvez-vous dire du nouveau positionnement de Blanc ?

Franck Sauzée ne voulait plus jouer en défense centrale puisqu’il jouait milieu de terrain à Monaco. Dans le même temps à Montpellier, Laurent Blanc est passé du numéro 10 au numéro 5 et a été performant en Coupe d’Europe où le club pailladin a multiplié les exploits. C’est tout à fait logiquement qu’il a pris ce poste de libéro en équipe de France. Il fera la carrière que l’on sait à ce poste qui ne lui était pas prédestiné.

Le prochain match de qualification pour l’Euro se déroule contre l’Albanie à Tirana le 17 novembre 1990. La France fait le minimum requis et s’impose (1-0) grâce à un but de Boli (à une époque où il marquait également beaucoup pour l’OM). La conclusion était-elle que le groupe de Platini était capable de remporter des victoires à l’extérieur ?

C’était la première fois que la France rencontrait l’Albanie. La rencontre avait lieu dans un petit stade qui ne disposait pas d’éclairage, raison pour laquelle elle est disputée en après-midi. L’équipe d’Albanie est alors très faible (elle perdra 9-0 contre l’Espagne). Privé de Papin et Cantona, Platini a aligné une équipe très offensive avec Philippe Tibeuf et Pascal Vahirua servis par Jean-Marc Ferreri et Christian Perez. Mais l’expérience n’est pas satisfaisante. L’équipe de France l’emporte grâce à un but de Basile Boli, qui marque de la tête sur un corner. A Marseille, Franz Beckenbauer en a fait un arrière latéral, ce qui lui donne une plus grande liberté et la possibilité de participer au jeu offensif. Et donc de marquer des buts. Mais il retrouvera son poste de défenseur central quand le Kaiser quittera la Canebière. Cette victoire (1-0) en Albanie démontre que l’équipe de Platini peut remporter des rencontres même quand elle ne joue pas très bien, ce qui est la force des grandes équipes.

Durant ces derniers mois de 1990, Phillipe Vercryusse, connaît une seconde jeunesse à l’Olympique de Marseille et est même sélectionné par Platini mais se blesse à ces occasions. Y a-t-il eu une demande pour qu’il fasse partie de l’équipe nationale ?

Le public français restait nostalgique des années Platini joueur et rêvait toujours d’un grand meneur de jeu. Philippe Vercruysse avait le profil pour tenir ce rôle (il le tenait à l’OM) mais il aurait fallu reconstruire l’équipe autour de lui. Platini préférait s’en tenir à son 5-3-2 basé sur la contre-attaque avec Papin et Cantona pour conclure. A Marseille, quand Beckenbauer a cédé sa place à Raymond Goethals, Vercruysse s’est retrouvé sur le banc de touche au même titre que Cantona. On peut regretter que des joueurs comme Vercruysse, mais aussi Ferreri, Touré, Passi, Bravo, n’aient pas bénéficié de conditions favorables pour devenir de grands meneurs de jeu.

Au début de l’année 1991, quelques semaines avant le match contre l’Espagne en février, les joueurs de l’Olympique de Marseille risquaient de faire grève. Le président du club, Bernard Tapie, a été suspendu le 28 janvier par la Commission nationale de discipline pour avoir insulté et intimidé des arbitres. Pouvez-vous expliquer cela davantage ?

Cette saison 1990-1991 fut très riche en “affaires”. Les Girondins de Bordeaux étaient dans la tourmente, notamment le président Claude Bez accusé de malversations financières qui le conduiront en prison. A Toulon, c’est le manager général Roland Courbis qui faisait l’objet d’une enquête pour des histoires de commissions sur les transferts. Plus tard, c’est Jean-Claude Darmon, l’homme chargé du sponsoring de nombreux clubs et de la fédération, qui est à son tour menacé pour d’éventuelles malversations. Curieusement, chacune de ces affaires a éclaté avant un match de l’équipe de France. En janvier, c’est en effet Bernard Tapie qui s’attire les foudres de la commission de discipline, ce qui provoque des remous au sein des joueurs. Comme la moitié de l’équipe de France fait partie de l’OM, on pouvait craindre un impact mais il n’en a rien été.


 

Le match le plus important de la saison a eu lieu le 20 février 1991, au Parc des Princes contre l’Espagne. La France s’est imposée (3-1) face à un rival et adversaire. Est-ce le match qui a définitivement établi la France comme favorite pour remporter le groupe et espérer la Suède ?

Après avoir battu la Tchécoslovaquie, la France bat son autre rival direct et s’installe en tête du groupe avec quatre victoires en quatre rencontres. Elle devient naturellement la favorite du groupe. Ce match contre l’Espagne est extraordinaire, car les Espagnols font le jeu et ouvrent rapidement le score. Mais les Français font alors preuve d’un remarquable esprit de corps et l’emportent 3-1, avec notamment une “Papinade”, le genre de but que seul Jean-Pierre Papin est capable de marquer.

C’était le dernier match de Bernard Pardo pour la France, car il s’est blessé peu de temps après et n’a jamais vraiment retrouvé sa forme par la suite. Que pouvez-vous dire de l’impact d’un des acteurs clés de Platini ?

Bernard Pardo s’est blessé au moment où sa carrière était au sommet, alors qu’il avait trente ans. Ce n’était pas à proprement parler un grand joueur, mais c’était un bagarreur et un remonteur de mécaniques. Tant à l’OM qu’en équipe de France, il était le relais de l’entraîneur sur le terrain. Sa blessure aurait pu constituer un handicap pour les Tricolores, mais il n’en a rien été.

Quelques semaines plus tard, l’Olympique de Marseille éliminait le grand AC Milan et le football français et l’OM étaient à la pointe du football européen et Papin était lié à des équipes de Serie A, dont l’AC Milan. Pouvez-vous décrire cette phase ?

L’élimination de l’AC Milan par l’OM en quart de finale de la Coupe des Clubs champions a été un tournant pour le football français. Le club phare pouvait traiter d’égal à égal avec le meilleur club du monde (double champion d’Europe). On n’avait pas connu un tel phénomène depuis Saint-Etienne. Les grands clubs étrangers s’intéressaient aux joueurs français, mais c’était déjà le cas dans les années Hidalgo : Beaucoup de contacts mais peu de mouvements. Les opportunités restaient rares car le nombre d’étrangers par club restait limité. On verra Laurent Blanc rejoindre Naples en 1991 puis Papin l’AC Milan en 1992, sans oublier Cantona dont la carrière prendra un virage inattendu en Angleterre.

L’Olympique de Marseille et dans une moindre mesure Montpellier ont bien performé en Europe. Malheureusement, l’aventure de l’OM s’est terminée par une défaite en finale à Bari contre l’Etoile Rouge en mai, mais visiblement l’équipe de France avec autant de joueurs olympiens a profité de cette aventure. De même, le Montpelliérain Laurent Blanc a été récompensé par un transfert à Naples. Pensez-vous que Platini a été bénéfique à la progression des joueurs ou vice versa ?

Le joueur progresse tant en club qu’en sélection et chacune des équipes où il évolue bénéficie de sa progression. C’est un cercle vertueux qui est renforcé quand le joueur retrouve les mêmes coéquipiers dans ses différentes équipes. La politique de l’OM a bénéficié à l’équipe de France et le parcours de l’équipe de France a bénéficié à l’OM, voire aux autres clubs français (Montpellier, Monaco, Auxerre, notamment).

La saison se termine par un nouveau match de qualification pour l’Euro, le 30 mars 1991, au Parc des Princes, contre l’Albanie. La France s’est imposée confortablement (5-0) grâce à Franck Sauzée marquant deux coups francs. La France avait remporté ses cinq premiers matches de qualification. La qualification était-elle pratiquement assurée ?

Cette rencontre contre l’Albanie au Parc des Princes était très étrange. Le pays des Aigles traversait une grave crise politique et certains joueurs envisageaient le déplacement à Paris pour fuir. L’équipe albanaise était donc très friable avec des joueurs qui avaient autre chose que le football à penser. Les Tricolores ont voulu en profiter pour faire comme l’Espagne, c’est-à-dire lui marquer au moins neuf buts, car la différence de buts entrait en jeu en cas d’égalité. Ils s’y sont appliqué en marquant dès les premières secondes du match et en atteignant le score de 4-0 à la mi-temps. Platini avait aligné quatre attaquants (Cocard, Papin, Cantona, Vahirua). Mais en seconde période, ce fut une catastrophe. Les Français étaient incapables de faire le jeu contre une équipe pourtant démobilisée. Ils n’ont marqué qu’un but, sur une erreur du gardien Nallbani. Cette équipe de France n’était forte que dans l’adversité. Jamais dans la facilité.


 

Bizarrement, dans cette seconde partie de saison, Eric Cantona, était un titulaire indiscutable avec Platini, malgré son écart à l’OM par Raymond Goethals. Comment cela a-t-il été perçu par la presse de l’époque ?

Platini avait perçu que Cantona était un joueur exceptionnel, ce qui n’était pas le cas de Goethals et Tapie, qui ne supportaient pas que l’on conteste leur autorité. A l’OM, Cantona était un titulaire à part entière avec Beckenbauer, mais une blessure l’a éloigné du terrain. A son retour, Goethals lui a signifié qu’il ne comptait pas sur lui et qu’il le laisserait sur le banc de touche. Comme Vercruysse. Ce dernier a perdu sa place en équipe de France contrairement à Cantona qui bénéficiait d’un traitement de faveur du sélectionneur. Le cas Cantona était un gros sujet de discussion à l’époque, et il le sera durant toute sa carrière.

Tout comme la saison précédente, le groupe de Platini était quelque peu fermé et des joueurs comme Ginola, Ferreri, Roche, etc. seraient exclus. Comme l’équipe a réussi, j’imagine que ce n’était pas un problème pour la presse ?

David Ginola est apparu à l’occasion du déplacement à Tirana (17 novembre 1990) mais Platini ne le rappelera pas par la suite. Il jouait alors à Brest mais n’avait pas encore la maturité nécessaire au niveau international. Ferreri n’a plus été rappelé non plus alors qu’il faisait encore les beaux jours de Bordeaux, tout comme Alain Roche, qui n’a jamais convaincu Platini. Bien sûr, la presse émettait quelques noms au sélectionneur, mais celui-ci avait décidé de s’en tenir à un groupe, en injectant quelques nouveaux à dose homéopathique. Comme les résultats parlaient en sa faveur (n’oublions pas que l’équipe de France venait de boucler sa deuxième saison d’invincibilité), on discutait peu de ses choix.

Tout comme la saison précédente, Platini était-il considéré comme le sauveur de la France après de nombreuses années décevantes ?

Platini conservait une très bonne image dans la presse et aux yeux du public. Même si l’on savait que le travail de fond était réalisé par son adjoint Gérard Houllier, l’ancien capitaine des Bleus conservait une certaine aura. Une bonne étoile le guidait.

Rétrospectivement, s’agissait-il des saisons les plus réussies du football français avec une équipe nationale à succès et un club à succès comme l’Olympique de Marseille (similaire à la popularité de Saint-Etienne dans les années 1970) ?

Sur le plan des résultats, 1990-1991 était en effet une très belle saison pour le football français : L’équipe de France qui remporte toutes ses rencontres de qualification, l’OM qui atteint le finale de la Coupe d’Europe, Montpellier qui surperforme en Coupe des Coupes… Rétrospectivement, c’est une saison qui annonce une belle décennie pour le football français. Certes, il y aura le couac de l’Euro 1992, la rocambolesque élimination des Bleus face à la Bulgarie, l’affaire VA-OM, le drame de Furiani… mais en contrepartie, il s’agit d’une décennie où le football français remportera sa première Coupe d’Europe, puis sa première Coupe du monde. Il s’agira de la meilleure période des clubs sur le plan européen avec l’OM, le PSG, Auxerre, Monaco, qui atteindront régulièrement les demi-finales. Plus globalement, le sport français a connu une embellie dans les années 1990, en améliorant significativement le nombre de médailles récoltées aux Jeux olympiques à partir de 1992 à Barcelone et en remportant de nombreux titres mondiaux dans des sports majeurs.

pour finir...

English version

Soccernostalgia : What was the mood with the French National team with Michel Platini in the Autumn of 1990, following a relatively successful season ?

Richard Coudrais : French football was in good shape. Olympique de Marseille and AS Monaco had reached the semi-finals of the European Cups (OM in C1 and ASM in C2) and the French team, even if it was absent from the 1990 World Cup in Italy, had been undefeated for several months. Michel Platini and his deputy Gérard Houllier had built a solid French team supported by the Papin-Cantona attacking duo. The French public was confident.

France were to compete in the 1992 Euros qualifiers in a group with Spain, Czechoslovakia, Iceland and Albania. Spain and Czechoslovakia had just participated in the 1990 World Cup. How were France’s chances regarded as only one team could qualify from this group ?

It was a difficult group because only the first-placed team qualified for Euro 1992 (the last one played by eight teams). The teams of Spain and Czechoslovakia were favorites because they had had a good tournament during the 1990 World Cup. France, however, could do well because they had become efficient again and wanted to prove it on the field .

The season started with a friendly at Paris vs. Poland on August 15, 1990. Emmnauel Petit made his international début in an uninspiring scoreless draw. Was it a typical early season match where most players are not fit and ready ?

An international match, even a friendly match, is never without interest. The matches which open the season are not very spectacular, but they allow the team to regain its automatisms before engaging in the elimination matches. Emmanuel Petit actually had his first selection against Poland at the Parc, when he was not even twenty years old. Associated with Franck Sauzée in central defense, he experienced quite a few difficulties and Platini will no longer field him during the qualifiers.

France’s fortunes seemed linked to Bernard Tapie’s Olympique Marseille, who was signing most French internationals (Boli, Casoni, Pardo, recall of Cantona), to build a team to win the Champions Cup. In an interview Platini felt this was a positive type of pressure on the players because it made them progress, was this the general consensus ?

Half of the French team was in fact made up of Marseille players, including Didier Deschamps and Franck Sauzée, who had joined Bordeaux and Monaco but who will return very quickly. Having a club framework is always an asset for a selection. Bernard Tapie had extraordinary financial means, but he could not recruit more than three foreign players. He then had to invest in what was best in France and he used the French team to do his bidding. Platini didn’t take a dim view of that. The Tapie system ensured the cohesion of his team.

The first Euros qualifier was at Reykjavik, on September 5, 1990. France won (2-1) with goals by the striking duo Papin and Cantona. It was not a spectacular match, but France had done the required minimum. What was the reaction of the Press ?

A match in Iceland is always a trap match. The pitch is not always of good quality and the Icelandic players are valiant and complicated to play. By scoring in the first quarter of an hour, Papin allowed the French to play free. Cantona doubled the lead at the end of the match and consolidated the French victory. The Icelanders reduced the gap but were unable to equalize. It was a very important victory because it ideally kicked off the playoffs. We also remained convinced that Iceland was capable of bringing down one of the three favorites. Spain will lose in Reykjavik.

The next Euro qualifier was on October 13, 1990, at Parc des Princes, France defeated Czechoslovakia (2-1) with a double strike from Papin. Jocelyn Angloma also made his debut in this match. Was there a feeling that this was a reference match for the Platini Group ?

This meeting against Czechoslovakia at the Parc was the first major meeting for the French and they absolutely had to win because they were a direct competitor. Jean-Pierre Papin scores both goals and becomes the team’s number one asset. France has never known such a center forward since Just Fontaine. As for Jocelyn Angloma, he made his debut as a right midfielder. He had then just joined Paris-Saint-Germain but as he now wore the blue jersey, it was announced to OM... that he would join at the end of the season.

Laurent Blanc transitioned with great success to play as the new Libero of the France National Team and this forced Platini to rethink his tactics. What can you say about Blanc’s new positioning ?

Franck Sauzée no longer wanted to play in central defense since he played midfielder in Monaco. At the same time in Montpellier, Laurent Blanc went from number 10 to number 5 and performed well in the European Cup where the pailladin club multiplied its exploits. It is entirely logical that he took this position of libero in the French team. He will have the career we know in this position which was not predestined for him.

The next Euros qualifier was against Albania at Tirana on November 17, 1990. France did the required minimum and won (1-0) through a Boli goal (during a spell when he was also scoring many for OM). Was the takeaway that Platini’s group was capable of picking up wins away from home ?

It was the first time that France met Albania. The match took place in a small stadium which did not have lighting, which is why it was played in the afternoon. The Albania team was then very weak (it lost 9-0 against Spain). Deprived of Papin and Cantona, Platini aligned a very offensive team with Philippe Tibeuf and Pascal Vahirua served by Jean-Marc Ferreri and Christian Perez. But the experience is not satisfactory. The French team won thanks to a goal from Basile Boli, who scored with a header from a corner. In Marseille, Franz Beckenbauer made him a full-back, which gives him greater freedom and the possibility of participating in attacking play. And therefore to score goals. But he will return to his position as central defender when the Kaiser leaves Marseille. This victory (1-0) in Albania demonstrates that Platini’s team can win matches even when they are not playing very well, which is the strength of great teams.

During these last months of 1990, Phillipe Vercryusse, was having a second youth at Olympique Marseille and was even selected by Platini but was injured on these occasions. Was there a clamor for him to be in the National team ?

The French public remained nostalgic for the Platini playing years and always dreamed of a great playmaker. Philippe Vercruysse had the profile to play this role (he played it at OM) but the team would have had to be rebuilt around him. Platini preferred to stick to his 5-3-2 based on the counterattack with Papin and Cantona to conclude. In Marseille, when Beckenbauer gave way to Raymond Goethals, Vercruysse found himself on the sidelines in the same way as Cantona. We can regret that players like Vercruysse, but also Ferreri, Touré, Passi, Bravo, did not benefit from favorable conditions to become great playmakers.

In the new year 1991, weeks before the match vs. Spain in February, there was a threat of a strike by Olympique Marseille players. Club President Bernard Tapie was suspended on January 28th by the French National disciplinary committee for insulting and intimidating referees. Can you explain this further ?

This 1990-1991 season was very busy with ‘Affairs’. The Girondins of Bordeaux were in turmoil, notably President Claude Bez accused of financial embezzlement which landed him in prison. In Toulon, it was the general manager Roland Courbis who was the subject of an investigation for stories of commissions on transfers. Later, it was Jean-Claude Darmon, the man responsible for sponsoring numerous clubs and the federation, who was in turn threatened for possible embezzlement. Curiously, each of these affairs broke out before a French team match. In January, it was Bernard Tapie who attracted the wrath of the disciplinary committee, which caused turmoil among the players. As half of the French team is part of OM, we could have feared an impact but it did not happen.

The most important match of the season was on February 20, 1991, at Parc des Princes vs. Spain. France won (3-1) against a rival and opponent. Was this the match that firmly established France as favorites to win the group and look forward to Sweden ?

After beating Czechoslovakia, France beat its other direct rival and moved to the top of the group with four victories in four matches. France naturally becomes the group’s favorite. This match against Spain is extraordinary, because the Spaniards play the game and quickly open the score. But the French then showed remarkable esprit de corps and won 3-1, notably with a “Papinade”, the kind of goal that only Jean-Pierre Papin can score.

This turned out to be Bernard Pardo’s last match for France, as he was injured shortly thereafter and never really found his form afterwards. What can you say about the impact of one of Platini’s key players ?

Bernard Pardo was injured when his career was at the peak, when he was thirty years old. He wasn’t strictly speaking a great player, but he was a fighter and a mechanic. Both at OM and the French team, he was the coach’s relay on the field. His injury could have been a handicap for the Tricolores, but it was not.

Weeks later, Olympique Marseille eliminated the great AC Milan and French Football and OM were at the forefront of European Football and Papin was being linked to Serie A sides including AC Milan. Can you describe this phase ?

The elimination of AC Milan by OM in the quarter-final of the Champion Clubs’ Cup was a turning point for French football. The flagship club could deal on equal terms with the best club in the world (double European champion). We have not experienced such a phenomenon since Saint-Etienne. The big foreign clubs were interested in French players, but this was already the case in the Hidalgo years : Lots of contacts but few movements. Opportunities remained rare because the number of foreigners per club remained limited. We will see Laurent Blanc join Naples in 1991 then Papin AC Milan in 1992, without forgetting Cantona whose career will take an unexpected turn in England.

Olympique Marseille and to a lesser extent Montpellier performed well in Europe. Unfortunately, OM ‘s adventure ended with a loss in the Final at Bari against Red Star in May, but clearly the French National Team with so many OM players benefited from this adventure. Similarly, Montpellier’s Laurent Blanc was rewarded with a transfer to Napoli. Do you think Platini was beneficial to the players’ progress or vice versa ?

The player progresses both at club and national level and each of the teams where he plays benefits from his progress. It is a virtuous circle which is reinforced when the player finds the same teammates in his different teams. OM’s policy has benefited the French team and the progress of the French team has benefited OM, and even other French clubs (Montpellier, Monaco, Auxerre, in particular).

The season ended with another Euros qualifying match on March 30, 1991, at Parc des Princes, against Albania. France won comfortably (5-0) with Franck Sauzée scoring two free kicks. France had won all their first five matches in the qualifiers. Was qualification virtually assured ?

This meeting against Albania at the Parc des Princes was very strange. The country of the Eagles was going through a serious political crisis and some players were considering moving to Paris to escape. The Albanian team was therefore very crumbly with players who had something other than football to think about. The Tricolores wanted to take the opportunity to do like Spain, that is to say score at least nine goals, because the goal difference came into play in the event of a tie. They applied themselves, scoring in the first seconds of the match and reaching the score 4-0 at halftime. Platini had lined up four attackers (Cocard, Papin, Cantona, Vahirua). But in the second half, it was a disaster. The French were unable to play the game against a team that was nevertheless demobilized. They only scored one goal, on an error by goalkeeper Nallbani. This French team was only strong in adversity. Never easy.

Strangely, in this second half of the season, Eric Cantona, was a regular with Platini, despite being frozen out at OM by Raymond Goethals. How was this regarded by the Press at the time ?

Platini had perceived that Cantona was an exceptional player, which was not the case for Goethals and Tapie, who could not stand their authority being challenged. At OM, Cantona was a full starter with Beckenbauer, but an injury kept him from the field. On his return, Goethals told him that he was not counting on him and that he would leave him on the sidelines. Like Vercruysse. The latter lost his place in the French team unlike Cantona who benefited from preferential treatment from the coach. The Cantona case was a big topic of discussion at the time, and it would be throughout his career.

Just like the previous season, Platini’s group was somewhat closed, and the likes of Ginola, Ferreri, Roche, etc. would be frozen out. As the team was successful, I imagine this was not an issue for the press ?

David Ginola appeared during the trip to Tirana (November 17, 1990) but Platini did not call him back afterwards. He was then playing in Brest but did not yet have the necessary maturity at international level. Ferreri was no longer recalled either while he was still in the heyday of Bordeaux, just like Alain Roche, who never convinced Platini. Of course, the press gave the coach a few names, but he decided to stick to one group, injecting a few new ones in a homeopathic dose. As the results spoke in his favor (let’s not forget that the French team had just completed its second season of invincibility), there was little discussion of his choices.

Just like the previous season, was Platini regarded as the savior of France following many disappointing years ?

Platini maintained a very good image in the press and in the eyes of the public. Even if we knew that the basic work was done by his deputy Gérard Houllier, the former captain of the Blues retained a certain aura. A lucky star guided him.

In retrospect, was this the most successful seasons of French Football with a successful National Team along with a successful club like Olympique Marseille (similar to Saint Etienne’s popularity in the 1970s) ?

In terms of results, 1990-1991 was indeed a very good season for French football : The French team which won all its qualifying matches, OM which reached the final of the European Cup, Montpellier which outperforms in the Cup Winners Cup… In retrospect, it is a season which heralds a great decade for French football. Of course, there will be the hiccup of Euro 1992, the incredible elimination of the Blues against Bulgaria, the VA-OM affair, the Furiani drama... but on the other hand, it is a decade where football French will win their first European Cup, then their first World Cup. This will be the best period for clubs at the European level with OM, PSG, Auxerre, Monaco, who will regularly reach the semi-finals. More generally, French sport experienced an improvement in the 1990s, significantly improving the number of medals collected at the Olympic Games from 1992 in Barcelona and winning numerous world titles in major sports.

Documents joints

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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