[809] France-Allemagne (2-0) : sur les épaules des géants

Publié le 8 juillet 2016 - Bruno Colombari

PNG - 21.7 kioVoilà le match référence dans un grand tournoi que la France attendait depuis dix ans. Vainqueurs sereins de l’Allemagne (2-0), les Bleus emmenés par un Griezmann exceptionnel et un Lloris imbattable sont désormais en finale de leur Euro. Qui les arrêtera ?

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Le résultat était-il prévisible ?

Non, dans la mesure où depuis le début du tournoi l’Allemagne semblait facile alors que les Bleus, hormis en première mi-temps contre l’Islande, ont évolué dans la douleur sans aucune continuité tactique et avec des sautes de niveau inquiétantes. Mais depuis quatre jours, le vent a tourné en défaveur des champions du monde alors que les Bleus se sont rassurés en quart de finale. Et voilà comment ce qui semblait très improbable il y a un mois est devenu possible, et finalement certain dans les dix dernières minutes d’une deuxième mi-temps magnifique à Marseille.

L’équipe est-elle en progrès ?

C’est évidemment le meilleur match des Bleus depuis sans doute dix ans et le France-Brésil 2006, sans Zidane mais avec un extraordinaire Antoine Griezmann. Autant l’avouer, on était très perplexe par la défense extrêmement basse et sans aucun pressing au milieu en première mi-temps, où le jeu était abandonné aux Allemands qui par bonheur n’ont pas marqué pendant leur principal temps fort. Mais le pénalty transformé par le héros du soir (et du tournoi) a complètement changé la donne. Dès lors, les Bleus ont franchi plusieurs paliers, bien aidés par la poisse allemande (main de Schweinsteiger, sortie prématurée de Boateng) et par les prestations hors norme de plusieurs de ses joueurs.

Quels sont les joueurs en vue ?

Allez, même si on pourrait pinailler en disant que le match de Patrice Evra a été crispant, que celui de Blaise Matuidi aurait pu être meilleur (trop bas, il n’a pas servi à grand chose jusqu’à la mi-temps) et que la rentrée d’André-Pierre Gignac a été remarquablement inutile, mais qu’importe. Ce soir, toute l’équipe a été à la hauteur et même beaucoup plus que ça pour Antoine Griezmann qui semblait moralement carbonisé il y a un mois et qui a littéralement survolé cette demi-finale, au niveau des plus grandes performances de Platini et de Zidane. Il a marqué deux fois mais il aurait pu en ajouter un ou deux de plus, notamment si Paul Pogba l’avait laissé tirer le coup-franc de la 37e minute. Surtout, il a défendu, attaqué, contre-attaqué, organisé le jeu. C’est un Ballon d’Or potentiel maintenant, surtout s’il réussit sa finale.

Hugo Lloris a lui aussi réussit une performance hors normes, alors que les Allemands ont quand même pressé pendant une grosse demi-heure en première mi-temps et après le second but français. Décisif a plusieurs reprises, il a même été sauvé par son poteau sur un tir de Kimmich à la 74e. Il était tout simplement imbattable ce soir et a surclassé Manuel Neuer.

La défense centrale Koscielny-Umtiti a été également irréprochable. Le joueur d’Arsenal a enlevé tous les ballons de la tête aux attaquants allemands et a gagné un grand nombre de duels. Samuel Umtiti, excessivement prudent à Saint-Denis contre l’Islande, a été bien meilleur à Marseille où il a joué en vieux briscard sans jamais se laisser déborder.

Enfin, Moussa Sissoko a gagné sa place de titulaire pour la finale contre le Portugal, tant son apport a été déterminant sur le côté droit. Il faudrait le même côté gauche pour sécuriser le couloir d’Evra, mais c’est déjà bien. Il a réussi à faire oublier N’Golo Kanté et Kingsley Coman à lui tout seul, notez la performance.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Avoir fait une telle performance contre l’Allemagne et perdre contre le Portugal en finale serait une immense déception. On n’attend rien d’autre de cette équipe qu’elle gagne cet Euro maintenant. Attention toutefois de ne pas prendre de haut les Portugais sous prétexte que cette équipe ne pratique pas un jeu flamboyant, ou que les Bleus ont gagné les dix dernières confrontations. La onzième victoire sera sans doute très difficile, au moins au niveau des demis de 1984 ou de 2000, et sans doute plus compliquée parce que ce sera une finale. Comment cette jeune équipe digèrera-t-elle le plus grand exploit de sa carrière ? Leurs aînés de la génération Zidane se projetaient immédiatement vers la finale avec beaucoup de sang-froid. On verra si les nerfs de Pogba, Payet et Griezmann tiennent jusqu’à dimanche soir vers vingt-trois heures.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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