Si en cette fin de XXe siècle, le titre de champion du monde donne encore une qualification automatique pour le Mondial suivant, il ne dispense pas des éliminatoires du championnat d’Europe. L’équipe de France auréolée de son titre mondial aborde donc la saison 1998/1999 avec l’objectif de se qualifier pour l’Euro co-organisé en juin 2000 par la Belgique et les Pays-Bas.
L’héritage
Après trois rencontres, les hommes de Roger Lemerre, qui a succédé à Aimé Jacquet, comptent deux victoires et un match nul. Ils reçoivent le 27 mars 1999 l’équipe d’Ukraine, qui compte quant à elle trois victoires et se dresse en rival principal de ce groupe 4 des éliminatoires, lequel comprend par ailleurs la Russie, l’Islande, l’Arménie et Andorre.
Comme il le dit lui-même, le nouveau sélectionneur gère l’héritage d’Aimé Jacquet. Il s’appuie sur l’équipe championne du monde, laisse mûrir les plus jeunes et intègre de nouveaux éléments à petites doses. L’équipe qu’il aligne face à l’Ukraine compte ainsi dix champions du monde auxquels s’est greffé le jeune Nicolas Anelka, auteur d’un doublé un mois et demi plus tôt lors d’une victoire historique sur la pelouse de Wembley.
Pour ce match contre l’Ukraine, la sélection française déplore l’absence de Zinédine Zidane, que le sélectionneur remplace poste pour poste par Youri Djorkaeff, ce qui libère une place d’attaquant à Christophe Dugarry. Le capitaine Didier Deschamps quant à lui décroche sa 83e sélection, dépassant ainsi le record de Manuel Amoros.
Les mystères de l’Ukraine
L’Ukraine est une équipe encore un peu mystérieuse. Le pays a retrouvé son indépendance en 1991 à la suite du démantèlement de l’URSS. Le monde du football attend beaucoup de cette formation. On se souvient que les meilleures équipes de la sélection soviétique étaient principalement composées de joueurs ukrainiens, parmi lesquels Oleg Blokhine et Igor Belanov.
Toutefois, les premières campagnes de la Zbirna sont des échecs. L’équipe jaune et bleue ne parvient pas à se qualifier pour l’Euro 1996, ni pour la Coupe du monde 1998. Elle n’en reste pas moins une équipe redoutable. L’ancien international soviétique József Szabó dirige la sélection depuis 1996 et s’appuie sur quelques joueurs remarquables tels Andriy Shevchenko et Serhiy Rebrov qui composent le duo d’attaque du Dynamo Kiev.
Très vite, l’équipe de France prend le jeu à son compte. Dès la troisième minute, une tête de Laurent Blanc oblige le gardien ukrainien Oleksandr Shovkovskyi à un arrêt réflexe. Plus tard, Anelka se distingue sur deux frappes, une qui frôle la lucarne et l’autre qui passe au-dessus. Dugarry, à son tour, se procure une occasion mais sa reprise de la tête passe au-dessus.
Les Ukrainiens procèdent par contre-attaque. Sur l’une d’elle, Shevchenko est lancé au cœur de la défense française, mais il est arrêté par une sortie kamikaze de Fabien Barthez, un peu la même qu’en finale de la Coupe du monde face à Ronaldo. L’arbitre autrichien Günter Benkö n’y trouve rien à redire.
Les frissons Shevchenko
En seconde période, les Bleus poursuivent leurs offensives. Laurent Blanc a de nouveau l’occasion de frapper de la tête, sur un coup franc de Youri Djorkaeff, mais le ballon est facilement arrêté par le gardien. A l’entrée des vingt dernières minutes, l’équipe de France procède à son premier changement. Dugarry cède sa place à Sylvain Wiltord, qui a connu sa première sélection contre l’Angleterre un mois et demi plus tôt. Le Bordelais, en tête du classement des buteurs en championnat, donne son premier ballon à Djorkaeff qui se lance dans une longue course ponctuée par un tir de vingt mètres que le gardien maîtrise sans difficulté.
La France domine mais s’expose à de dangereux contres ukrainiens. Sur l’un d’eux, Shevchenko passe par la gauche, entre dans la surface et tente un tir qui oblige Barthez à une superbe parade. Cinq minutes plus tard, le même Shevchenko s’échappe balle au pied et se retrouve seul devant Barthez. Mais la frappe de l’attaquant ukrainien arrive directement sur le gardien français, qui bloque parfaitement le ballon.
Entre temps, Alain Boghossian a remplacé Emmanuel Petit, puis Robert Pirès a cédé sa place à un nouveau venu, Vikash Dhorasoo. Cela ne change rien à l’affaire. Malgré une ultime frappe en retourné de Djorkaeff, le score reste nul et vierge.
Ce n’est pas un bon résultat pour l’équipe de France, qui compte toujours deux points de retard sur son adversaire du soir. Elle ne compte en outre qu’un seul point d’avance sur l’Islande et sait que la Russie, qui a manqué ses premiers matchs, est en capacité de revenir très fort. Bref, rien n’est facile, même pour une équipe championne du monde.
France et Ukraine 0-0
FRANCE : Barthez - Thuram, Blanc, Desailly, Lizarazu - Deschamps (cap), Petit (78’ Boghossian), Pirès (84’ Dhorasoo), Djorkaeff - Anelka, Dugarry (69’ Wiltord). Sél. : Roger Lemerre.
Ukraine : Shovkovskyi - Luzhnyi (cap), Golovko, Popov, Vashchuk, Mykytin - Gusin, Kovalyov, Rebrov - Shevchenko, Skachenko. Sél. : József Szabó.
Arbitre : Günter Benkö (Autriche)
78.519 spectateurs.
| Joueur | Âge | Poste | Sélections | Club |
|---|---|---|---|---|
| Fabien Barthez | 27 ans | Gardien | 24/87 | AS Monaco |
| Lilian Thuram | 27 ans | Défenseur | 45/142 | Parme AC (Italie) |
| Laurent Blanc | 33 ans | Défenseur | 79/97 | Olympique de Marseille |
| Marcel Desailly | 30 ans | Défenseur | 53/116 | Chelsea FC (Angleterre) |
| Bixente Lizarazu | 29 ans | Défenseur | 45/97 | Bayern Munich (Allemagne) |
| Robert Pirès (84’) > | 25 ans | Milieu | 24/79 | Olympique de Marseille |
| > (84’) Vikash Dhorasoo | 25 ans | Milieu | 1/18 | Olympique Lyonnais |
| Didier Deschamps (cap) | 30 ans | Milieu | 83/103 | Juventus (Italie) |
| Youri Djorkaeff | 31 ans | Milieu | 52/82 | FC Inter (Italie) |
| Emmanuel Petit (78’) > | 28 ans | Milieu | 30/63 | Arsenal (Angleterre) |
| > (78’) Alain Boghossian | 28 ans | Milieu | 16/26 | Parme AC (Italie) |
| Nicolas Anelka | 20 ans | Attaquant | 6/69 | Arsenal (Angleterre) |
| Christophe Dugarry (69’) > | 27 ans | Attaquant | 32/55 | Olympique de Marseille |
| > (69’) Sylvain Wiltord | 24 ans | Attaquant | 2/92 | Girondins de Bordeaux |
Ne sont pas entrés en jeu : Stéphane Porato, Christian Karembeu, Franck Leboeuf et Patrick Vieira.








