“Balles au centre”, le plaidoyer de Tony Vairelles

Publié le 30 juin 2022 - Richard Coudrais

Alors qu’il vient d’être condamné à une peine de prison, l’ancien international Tony Vairelles publie une autobiographie « Balles au centre » chez Hugo Sport.

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On aurait voulu garder de Tony Vairelles les souvenirs de ses exploits balle au pied, sa vivacité et son sens du dribble qui ont permis au Racing Club de Lens de côtoyer les sommets. On aurait voulu ne garder également que sa personnalité rafraîchissante, sans calcul, au look un peu suranné, symbolisé par une coupe mulet hors du temps.

Une nuit en enfer

Mais un dramatique incident survenu après la fin de sa carrière, en 2011, a sérieusement écorné cette image. Surtout, cette affaire de fusillade sur le parking d’une boîte de nuit lui a définitivement gâché la vie et celle de sa famille. Appelé en pleine nuit par ses deux jeunes frères en maille avec des videurs, le footballeur et son autre frangin se rendent sur place et se retrouvent mêlés à des incidents où des coups de feu sont tirés, blessant deux vigiles.

Tony Vairelles est alors accusé d’être l’auteur des coups de feu, ce qu’il dément avec force. Son ouvrage, doté d’un titre au jeu de mots glaçant, “Balles au centre”, a été publié dans ce sens. Le footballeur donne en long et en large sa version des faits. Il décrit ensuite avec précision, en pesant chaque mot, son arrestation, sa garde à vue, son séjour en prison et son incompréhension.

Sa carrière de footballeur n’est alors évoquée que de manière éparse. Si son co-auteur ne lésine pas sur les métaphores footballistiques, le joueur explique aussi combien sa renommée interfère trop souvent dans les appréciations des enquêteurs, tout autant d’ailleurs que les origines gitanes de sa famille. Mais il reconnaît aussi que le sport de haut niveau lui a donné un mental qui lui permet de ne pas s’effondrer face à ces épreuves inédites.

Le foot au second plan

La carrière de l’ancien joueur de Lens, formé à Nancy, passé ensuite à Lyon, Bastia et quelques autres, sélectionné également en équipe de France, n’est vraiment développée que dans la deuxième partie du livre. Le joueur en évoque, sans chronologie, les hauts et les bas, les débuts chez les pros de l’AS Nancy-Lorraine (marqués par un imbroglio qui lui permet d’esquiver le service militaire), les sommets du championnat avec Lens, les soirées de Champions league (la victoire à Wembley contrariée par un carton rouge immérité), l’interview people de l’ancienne miss France de Télé-Foot, les rumeurs de transferts à la Juve ou à Dortmund, l’argent fou qu’il gagne à Lyon, où sa réussite mitigée le pousse à devenir une monnaie d’échange pour quelques prêts éphémères, les derniers feux à Bastia, puis une fin de carrière erratique, ponctuées de come-back ratés à Lens et à Bastia, de clubs sordides à l’étranger où règnent la corruption et enfin Gueugnon et son expérience inédite de joueur actionnaire qui a tourné court.

Tony Vairelles a également disputé quelques rencontres en équipe de France, huit sélections aux côtés de Zidane et compagnie, coincées entre deux tournois majeurs pour lesquels il n’a pas été convoqué. Il regrette de ne pas avoir su intégrer un groupe solidifié par les succès mais peu ouvert, selon lui, aux nouveaux venus. Il n’a pas su convaincre en outre un sélectionneur avec qui il avait pourtant des affinités pour l’avoir connu en équipe de France militaire et au RC Lens.

La famille et le slam

Tony Vairelles parle également de sa passion pour le slam, poésie urbaine sur fond de hip hop, transmise par un camarade de cellule. Et de sa famille, qu’il porte au-dessus de tout. Le portfolio central de l’ouvrage contient plus de photos issues de l’album familial que de la presse sportive.

Les autobiographies de footballeurs sont généralement des lectures ennuyeuses et les co-auteurs s’efforcent souvent de trouver un angle d’attaque pour rendre l’ouvrage intéressant. Celle du joueur s’appuie surtout sur l’affaire du parking, pour laquelle il a récemment été condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis. Le football arrive au second plan. “Balles au centre” est avant tout une plaidoirie de son innocence et un hommage à ses proches.

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Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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