Yvon Douis, une élégance trop discrète

Publié le 1er février 2021 - Richard Coudrais

Yvon Douis (1935-2021) était considéré comme le successeur de Raymond Kopa. Malgré un indéniable talent, il n’a pu enrayer le déclin de l’équipe de France qui a suivi l’épopée de la Coupe du monde 1958.

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Le 28 juin 1958 à l’Ullevi Stadion de Göteborg, Yvon Douis inscrit le quatrième but de l’équipe de France contre l’Allemagne de l’Ouest. Absent tout au long de la campagne suédoise de 1958, le jeune attaquant du LOSC doit au forfait de Roger Piantoni sa présence au sein des Tricolores pour le match de la troisième place. Il s’agit seulement de sa quatrième sélection et déjà de son deuxième but en bleu. A 23 ans, il se dit probablement qu’il aura l’occasion de disputer d’autres Coupes du monde.

L’homme des matchs de classement

C’est à Wembley qu’Yvon Douis connaît sa première cape en équipe de France. Ce 27 novembre 1957, le Lillois fait partie, avec René Domingo, Richard Tylinski et Bruno Bollini, des quatre débutants invités à découvrir les joies de l’équipe de France. Ils en reviennent avec une lourde défaite (4-0) signée par des doublés de Tommy Taylor et Bobby Robson [1].

Champion du monde militaire 1957, Douis s’installe en équipe de France à la fin de l’année 1958, occupant en attaque la place d’un des héros de Suède absent, soit pour blessure (Piantoni), soit appelé sous les drapeaux (Wisnewski) ou encore retenu par leur club (Kopa). Yvon Douis retrouve d’ailleurs les Allemands en octobre à Colombes, quatre mois après Göteborg, et leur marque un nouveau but, cette fois sur penalty.

Yvon Douis rencontre toutefois de grandes difficultés avec son club. Ils semblent déjà loin ces deux buts en finale de la Coupe du France 1955 contre Bordeaux. En cette fin de saison 1958/59, le LOSC, est relégué en deuxième division. Le prometteur attaquant est de moins en moins présent parmi les Tricolores et sait qu’il doit quitter le club nordiste, d’autant que celui-ci est en manque de liquidités. Il rejoint Le Havre au cours de l’été 1959, le club doyen qui vient d’être promu en première division.

Yvon Douis ne reste que deux ans en Normandie, dans une équipe assez loin du haut niveau. Il n’est alors plus qu’épisodiquement appelé en équipe de France. Il participe bien à la première Coupe d’Europe des nations en juin 1960, mais n’est aligné, une nouvelle fois, qu’au match pour la troisième place, perdu cette fois contre la Tchécoslovaquie (0-2).

Numéro un français de l’an 1963

En 1961, il est recruté par un club en mesure de répondre à ses ambitions, l’AS Monaco. L’équipe de la Principauté vient de remporter son premier titre de champion de France et elle donne à Douis l’occasion de s’affirmer au plus haut niveau. Durant la saison 1962-63, quand les Monégasques réalisent le doublé, Douis est tout simplement considéré comme le meilleur joueur français. Doté d’une technique au dessus de la moyenne et d’une remarquable intelligence de jeu, on lui reconnait en outre une certaine élégance et un comportement rarement pris en défaut.

L’équipe de France est en plein renouvellement. Elle a successivement perdu Fontaine et Piantoni qui ont dû se mettre en retrait suite à une grave blessure, Jean Vincent qui n’est plus très performant et Kopa qui a tiré un trait définitif sur l’équipe de France. Yvon Douis est alors régulièrement appelé chez les Tricolores au cours de l’année 1963. Il participe au festival offensif contre l’Angleterre en février, un mémorable 5-2 où il inscrit d’ailleurs un but. On le voit contre le Brésil de Pelé, en avril à Colombes (2-3), où il donne un ballon d’égalisation à Di Nallo. Enfin il porte trois fois le brassard de capitaine en fin d’année, notamment lors de la belle victoire (3-1) sur la Bulgarie au Parc en octobre, qui donna tant d’espoir au foot français.

Toutefois, après le France-Suisse qui clôt l’année 1963 le 11 novembre, Yvon Douis n’est plus rappelé en équipe de France. Les résultats de l’AS Monaco, comme ceux de Lille à ses débuts, se dégradent et Yvon Douis est oublié par les sélectionneurs. On ne le revoit qu’à l’occasion d’un Norvège-France en septembre 1965 à Oslo. Le temps de se faire percuter par Arne Pedersen (et de s’en tirer avec une arcade sourcilière ouverte alors que son adversaire doit sortir blessé), Yvon Douis dispute sans le savoir son dernier match en bleu. Il a pourtant longtemps espéré disputer la World Cup 1966 après avoir manqué le Mondial chilien de 1962. Finalement, Yvon Douis n’aura joué qu’un seul match de Coupe du monde.

20 sélections, 4 buts

De 1957 à 1965, Yvon Douis a disputé vingt rencontres avec l’équipe de France (soient 1762 minutes). Il a inscrit quatre buts, donné autant de passes décisives et porté le brassard en trois occasions. Son bilan est de 8 victoires, 6 nuls et 6 défaites. Troisième de la Coupe du monde 1958, quatrième de la Coupe d’Europe des nations 1960, il n’a en fait disputé que les matchs de classement de ces deux épreuves. Il a par ailleurs disputé six rencontres éliminatoires et donc, douze matchs amicaux.

Sel.GenreDateLieuAdversaireScoreTps jeuButscap.
20 qCM 15/09/1965 Oslo Norvège 1-0 90
19 Amical 11/11/1963 Paris (Parc) Suisse 2-2 90 (cap.)
18 qEuro 26/10/1963 Paris (Parc) Bulgarie 3-1 90 (cap.)
17 qEuro 29/09/1963 Sofia Bulgarie 0-1 90 (cap.)
16 Amical 28/04/1963 Colombes Brésil 2-3 90
15 Amical 17/04/1963 Rotterdam Pays-Bas 0-1 90
14 qEuro 27/02/1963 Paris (Parc) Angleterre 5-2 90 1
13 Amical 09/01/1963 Barcelone Espagne 0-0 90
12 Amical 02/04/1961 Madrid Espagne 0-2 90
11 qCM 11/12/1960 Colombes Bulgarie 3-0 90
10 Euro 3pl 09/07/1960 Marseille Tchécoslovaquie 0-2 90
9 Amical 17/12/1959 Paris (Parc) Espagne 4-3 52*
8 Amical 09/11/1958 Colombes Italie 2-2 90
7 Amical 26/10/1958 Colombes Allemagne 2-2 90 1 (p)
6 Amical 05/10/1958 Vienne Autriche 2-1 90
5 qEuro 01/10/1958 Paris (Parc) Grèce 7-1 90
4 CM 3pl 28/06/1958 Göteborg* Allemagne 6-3 90 1
3 Amical 13/03/1958 Paris (Parc) Espagne 2-2 90
2 Amical 25/12/1957 Paris (Parc) Bulgarie 2-2 90
1 Amical 27/11/1957 Londres Angleterre 0-4 90

[1Bobby Robson sera le sélectionneur anglais des Coupes du monde 1986 et 1990. Quand à Tommy Taylor, il disparaîtra en février 1958 dans l’accident d’avion de Munich où périrent plusieurs joueurs de Manchester United

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