Jean-Pierre Papin, une carrière en trois temps

Publié le 13 août 2025 - Matthieu Delahais

Seul Français à avoir remporté le Ballon d’or en jouant en L1, Jean-Pierre Papin a fait la liaison entre la génération Platini finissante et celle de Zidane débutante. Il a inscrit 30 buts en Bleu, et a laissé son nom à un geste technique.

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Le natif de Boulogne-sur-Mer (le 5 novembre 1963) qui deviendra célèbre par ses initiales (JPP) a débuté en deuxième division avec Valenciennes (16 buts en 35 matchs en 1984-85) avant de tenter l’aventure à l’étranger quand c’était encore rarissime pour un joueur français. Ce n’est pas bien loin : à 125 kilomètres de sa ville natale, au FC Bruges, avec qui il remporte la Coupe de Belgique au printemps 1986 (33 buts en 44 rencontres). Il en profite pour se faire connaître en France en réalisant notamment un triplé en coupe d’Europe face à Boavista, alors que le même soir, les équipes françaises réalisent de piètres performances.

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Des débuts timides

Son bon parcours en Belgique lui vaut d’être appelé en équipe de France en février 1986, où il fait ses débuts sur la pelouse gelée du Parc des Princes face à l’Irlande du Nord, devenant ainsi le 674e international français. Il est retenu pour la Coupe du monde 1986, sans doute au bénéfice du forfait sur blessure de José Touré. Il est titulaire lors de la première rencontre face au Canada où il marque l’unique but du match après avoir vendangé de nombreuses occasions. Il participe ensuite aux autres matchs du premier tour, mais disparaît lors des trois matchs à élimination directe contre l’Italie, le Brésil et la RFA, concurrencé par le duo Stopyra-Rocheteau. On le retrouve lors du match pour la troisième place face à la Belgique, où il marque à nouveau. Il ne le sait pas encore, mais il vient de disputer son quatrième et dernier match en Coupe du monde.

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Alors que les Bleus perdent de leur superbe avec les départs progressifs à la retraite des cadres, Papin participe aux qualifications pour le championnat d’Europe sans réussir à marquer. Il doit attendre septembre 1988 pour trouver à nouveau le chemin des filets (Norvège, victoire 1-0). Un mois plus tard, il fait partie de l’équipe incapable de battre Chypre à Nicosie qui marque la fin de l’ère Henri Michel. Ce dernier est remplacé par Michel Platini sous les ordres duquel Papin trouve ses marques en Bleu et devient un sérial buteur.

Une montée en puissance

En parallèle, après des débuts compliqués à Marseille qu’il a rejoint après la Coupe du monde 1986, JPP commence à marquer régulièrement. Il est d’ailleurs meilleur buteur du championnat en 1988 (19 buts), titre qu’il conserve les quatre saisons suivantes en atteignant même la barre des 30 réalisations en 1991. Si l’OM monte en puissance en France (champion de France à quatre reprises entre 1989 et 1992, vainqueur de la Coupe de France en 1989 et finaliste de la C1 en 1991), l’équipe de France va suivre la même courbe sous la houlette de Platini. En dépit de débuts compliqués (deux défaites et un nul pour les trois premières rencontres), les Bleus, bien aidés par le retour d’Eric Cantona à l’été 1989, commencent à inspirer le respect, même si trop tard pour parvenir à se qualifier pour le mondial italien.

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Une année 1991 rayonnante couronnée d’un Ballon d’or

En février 1990, grâce à des buts de Cantona et Papin, la France bat la RFA, future championne du monde, 2-1 à Montpellier. A la fin de l’été, Papin et ses partenaires se lancent dans la campagne qualificative de l’Euro dans un groupe particulièrement relevé avec l’Espagne et la Tchécoslovaquie. JPP participe à six rencontres et marque à neuf reprises. La France fait un carton plein en gagnant tous ses matchs, exploit alors réalisé uniquement par la RFA pour lors des qualifications de l’Euro 1980. L’année 1991 se termine de la meilleure des manières pour Papin qui remporte le Ballon d’or haut la main (141 points sur 145 possibles).

Les choses se corsent cependant en début d’année suivante. La France est battue à Londres par l’Angleterre 2-0 et voit une série d’invincibilité de 19 matchs se terminer. La suite n’est pas meilleure avec des nuls face à la Belgique (3-3) et les Pays-Bas (1-1) ainsi qu’une défaite face à la Suisse (1-2). L’équipe qui avait fini l’année 1991 en pleine euphorie aborde l’Euro suédois remplie de doutes. Les Bleus ne font qu’y passer : nuls contre la Suède (1-1) et l’Angleterre (0-0), défaite contre le Danemark (1-2). Si Papin marque les deux buts français, cela n’est pas suffisant pour sortir des poules. Platini démissionne de son poste, remplacé dans les jours qui suivent par son adjoint Gérard Houllier. Papin, pour sa part, quitte l’OM (182 buts en 275 matchs entre 1986 et 1992) et rejoint le Milan avec pour objectif de remporter la toute nouvelle Ligue des Champions.

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Le début de la fin

Sous la direction de Gérard Houllier, les Bleus réalisent un bon parcours dans les éliminatoires de la Coupe du monde. Papin se voit même attribuer le brassard de capitaine. Mais l’équipe de France gâche tout lors des deux derniers matchs en s’inclinant à domicile successivement face à Israël (2-3) puis la Bulgarie (1-2), où JPP est remplacé à vingt minutes de la fin par David Ginola. Le rêve américain de Papin s’achève avec ces deux défaites. Le Milanais a marqué quatre fois en neuf rencontres sans que cela ne soit suffisant. Il joue encore cinq fois en sélection (trois buts) sous les ordres d’Aimé Jacquet qui l’appelle une dernière fois en janvier 1995 pour une victoire aux Pays-Bas, le soir même de l’ultime cape de Cantona.

Echec à Milan et à Munich

La carrière en club de l’avant-centre suit la même courbe descendante puisqu’il ne parvient à s’imposer ni à Milan (1992-1994, 63 matchs et 31 buts, quand même), ni au Bayern (1994-1996, 40 matchs et six buts). Pire, il voit ses anciens coéquipiers marseillais remporter la Coupe des champions en 1993 alors qu’il est dans le camp d’en face. Ces quatre années à l’étranger lui permettent toutefois d’étoffer son palmarès avec deux championnats d’Italie (1993 et 1994) et une coupe de l’UEFA (1996). Il remporte également la coupe des champions en 1994 mais jouer la finale. Papin revient en France à l’été 1996 avec l’espoir de jouer la coupe du monde 1998, mais n’atteint pas ce dernier objectif. Après deux ans à Bordeaux (72 matchs, 31 buts), il rejoint Guingamp (10 matchs et trois buts) pour quelques mois et termine ensuite sa carrière dans le monde amateur.

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Une carrière en quelques chiffres

Jean-Pierre Papin aura passé près de neuf ans en équipe de France (1986-1995), jouant à 54 reprises pour 30 buts marqués. Au moment où il quitte les Bleus, il est le deuxième meilleur buteur de la sélection à égalité avec Just Fontaine, mais derrière Michel Platini (41 buts). Il n’a participé qu’à la Coupe du monde 1986 (troisième place) et à l’Euro 1992 (premier tour) où il a marqué à deux reprises à chaque fois. Il compte tout de même à son actif trois trophées amicaux : le Tournoi de France en 1988, le Tournoi du Koweït en 1990 et la coupe Kirin en 1994. Et si ses neuf années en sélection n’auront débouché sur aucun titre, il aura été le chef de file de la septième génération des Bleus, qui aura fait le lien entre celle de Platini et celle de Zidane.

L’équipe préférentielle de JPP

L’équipe préférentielle de Papin est typique des années Platini sélectionneur puisque que tous les joueurs qui la compose ont participé à l’Euro 1992. On y trouve six joueurs avec entre 30 et 35 matchs en commun avec le buteur, puis quatre autres avec entre 20 et 22 capes communes.

Grâce à ses partenaires, Papin a pu faire profiter la France de quelques-unes de ses célèbres papinades. C’est le cas par exemple à Bratislava face à la Tchécoslovaquie où il reprend de l’angle droit de la surface un centre de Perez pour l’égalisation des Bleus. Quelques mois plus tôt, il marque l’un de ses buts les plus emblématiques face à l’Espagne, un ciseau pas tout à fait retourné ou une reprise pas tout à fait de volée, chacun définira ce geste comme bon lui semble. Le geste parfait, c’est face à la Belgique qu’il le réussit en mars 1992 sur un centre de Basile Boli. Alors que la France est menée 2-3, le tout récent ballon d’or égalise d’une reprise de volée retournée magistrale (pour reprendre les mots de Thierry Roland).

54 sélections et 30 buts

Il compte 4272 minutes de temps de jeu en 48 titularisations (6 fois remplaçants) et a porté le brassard de capitaine 11 fois.

Sel.num.MatchDateLieuAdversaireScorebutsTpsJeu (cap)
1 11 26/02/1986 Amical Paris (Parc) Irlande du Nord 0-0 0 90
2 17 01/06/1986 CM Leon Canada 1-0 1 90
3 17 05/06/1986 CM Leon URSS 1-1 0 76
4 17 09/06/1986 CM Leon Hongrie 3-0 0 61
5 17 28/06/1986 CM Puebla Belgique 4-2 1 120
6 15 19/08/1986 Amical Lausanne Suisse 0-2 0 > 10
7 11 11/10/1986 qEuro Paris (Parc) URSS 0-2 0 70
8 11 19/11/1986 qEuro Leipzig RDA 0-0 0 83
9 15 29/04/1987 qEuro Paris (Parc) Islande 2-0 0 > 23
10 9 12/08/1987 Amical Berlin Allemagne 1-2 0 55
11 15 09/09/1987 qEuro Moscou URSS 1-1 0 > 3
12 17 02/02/1988 Amical Toulouse Suisse 2-1 0 > 19
13 9 23/03/1988 Amical Bordeaux Espagne 2-1 0 90
14 9 24/08/1988 Amical Paris (Parc) Tchécoslovaquie 1-1 0 90
15 9 28/09/1988 qCM Paris (Parc) Norvège 1-0 1 90
16 9 22/10/1988 qCM Nicosie Chypre 1-1 0 90
17 15 19/11/1988 qCM Belgrade Yougoslavie 2-3 0 > 12
18 10 07/02/1989 Amical Dublin Rep. d’Irlande 0-0 0 90
19 9 08/03/1989 qCM Glasgow Ecosse 0-2 0 90
20 9 16/08/1989 Amical Malmö Suède 4-2 2 90
21 9 05/09/1989 qCM Oslo Norvège 1-1 1 90
22 9 18/11/1989 qCM Toulouse Chypre 2-0 0 90
23 9 21/01/1990 Amical Koweït City Koweït 1-0 0 32
24 9 28/02/1990 Amical Montpellier Allemagne 2-1 1 90
25 9 15/08/1990 Amical Paris (Parc) Pologne 0-0 0 90
26 9 05/09/1990 qEuro Reykjavik Islande 2-1 1 90
27 9 13/10/1990 qEuro Paris (Parc) Tchécoslovaquie 2-1 2 90
28 9 20/02/1991 qEuro Paris (Parc) Espagne 3-1 1 90
29 9 30/03/1991 qEuro Paris (Parc) Albanie 5-0 2 90
30 9 14/08/1991 Amical Poznan Pologne 5-1 1 90
31 9 04/09/1991 qEuro Bratislava Tchécoslovaquie 2-1 2 90
32 9 12/10/1991 qEuro Séville Espagne 2-1 1 90
33 9 19/02/1992 Amical Londres Angleterre 0-2 0 90
34 9 25/03/1992 Amical Paris (Parc) Belgique 3-3 2 90
35 9 05/06/1992 Amical Lens Pays-Bas 1-1 1 61
36 9 10/06/1992 Euro Stockholm Suède 1-1 1 90
37 9 14/06/1992 Euro Malmö Angleterre 0-0 0 90
38 9 17/06/1992 Euro Malmö Danemark 1-2 1 90
39 9 26/08/1992 Amical Paris (Parc) Brésil 0-2 0 90 (cap)
40 9 09/09/1992 qCM Sofia Bulgarie 0-2 0 90 (cap)
41 9 14/10/1992 qCM Paris (Parc) Autriche 2-0 1 90 (cap)
42 9 14/11/1992 qCM Paris (Parc) Finlande 2-1 1 90 (cap)
43 9 17/02/1993 qCM Tel Aviv Israël 4-0 0 90 (cap)
44 9 27/03/1993 qCM Vienne Autriche 1-0 1 90 (cap)
45 9 28/07/1993 Amical Caen Russie 3-1 1 90 (cap)
46 9 22/08/1993 qCM Stockholm Suède 1-1 0 90 (cap)
47 9 08/09/1993 qCM Tampere Finlande 2-0 1 90 (cap)
48 9 13/10/1993 qCM Paris (Parc) Israël 2-3 0 90 (cap)
49 9 17/11/1993 qCM Paris (Parc) Bulgarie 1-2 0 90 (cap)
50 9 22/03/1994 Amical Lyon Chili 3-1 1 90
51 9 26/05/1994 Amical Kobé Australie 1-0 0 90
52 9 29/05/1994 Amical Tokyo Japon 4-1 1 90
53 9 13/12/1994 qEuro Trabzon Azerbaïdjan 2-0 1 90
54 9 18/01/1995 Amical Utrecht Pays-Bas 1-0 0 68

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