Matthieu Delahais : « 1998 est le point culminant de l’Histoire des Bleus »

Publié le 15 septembre 2016 - Bruno Colombari, Matthieu Delahais

Des trois auteurs du Dico des Bleus, c’est lui l’initiateur, et c’est aussi lui le plus jeune. En 1998, il avait 23 ans et s’en souvient d’autant plus que Lens avait été champion cette année-là. Entretien avec Matthieu Delahais.

12 minutes de lecture

12 minutes de lecture

 
A quand remonte ton premier souvenir des Bleus ?
J’ai commencé à m’intéresser au football juste après la coupe du monde 1982. J’avais 7 ans. On était en vacances en famille à Noirmoutier et tous les soirs on jouait au foot avec les autres enfants du VVF. Et forcément, vu le bon résultat de la France à la coupe du monde, il y avait de l’ambiance.

JPEG - 36 kio

Mon tout premier souvenir des Bleus doit venir dans la foulée, même si c’est difficile à dater précisément. Je me souviens un peu du match face au Danemark en 1983 (défaite 3-1). Il y avait une présentatrice, à cette époque, qui donnait le programme de la soirée. Elle avait sorti l’historique des matches face aux Danois. Mon ego de jeune supporter avait pris un coup au moral en apprenant qu’on avait perdu nos deux premiers matches face aux Danois 17-1 et 9-0.

 

Les premiers souvenirs dont je me rappelle avec précision sont ceux de l’Euro 84. J’ai eu la chance de débuter mon histoire avec les Bleus en connaissant le meilleur. Ça jouait bien, il y avait du suspens (notamment contre le Portugal en demi-finale) et Platini marchait sur l’eau. Il y a aussi eu les JO cette année-là. Le jour de la finale, je suis allé dormir ces mes grands-parents avec mon frère aîné et notre grand-père nous a réveillé, sans doute vers 5 heures du matin, pour qu’on puisse voir la finale en direct (C’était à Los Angeles).

J’ai un souvenir très précis de la fin du match. Alors qu’on menait 2-0, un joueur français a pris un coup et ne s’est pas relevé. L’arbitre a sifflé la fin du match juste après et les joueurs français, tout à leur joie, se sont totalement désintéressés de leur coéquipier blessé. Je n’oublierai jamais le commentaire de ma grand-mère : « Je ne comprends pas. Leur copain est blessé et ils sont contents ».

 

En 1998, ton club de cœur, le RC Lens, est champion de France, et les Bleus jouent leur huitième de finale à Bollaert. Quel souvenir en gardes-tu ?

Quand Lens a été champion, on est allé au stade et on a attendu les joueurs jusque 2 ou 3 heures du matin (le match s’était joué à Auxerre). Mais le terrain a été envahi dès leur arrivée. Comme la coupe du monde commençait un mois après et qu’il ne fallait pas abîmer la pelouse, les joueurs sont tout de suite repartis. Mais, on a fait la fête le reste de la nuit en ville.


 

En 1998, j’étais étudiant à Lens et j’ai réussi à être engagé pour être volontaire pour la coupe du monde. Je travaillais au centre de presse. Ma mission était d’aider les journalistes à trouver les infos sur l’intranet, à veiller à ce qu’il n’y ait pas de poste ou d’imprimante en rade... Du coup, pendant les matches, il n’y avait rien à faire vu que tout le monde était au stade. A chaque fois, on a réussi à récupérer quelques places pour les matches.

« J’avais l’impression de sentir le sol trembler »

Pour France-Paraguay, j’étais dans la tribune latérale, tout en bas. J’étais du côté du but que défendait Fabien Barthez quand Laurent Blanc a marqué. A cause du grillage, je n’ai pas vu grand-chose, mais c’était une super ambiance. Le seul truc qui est dommage, c’est que je n’ai pas pu rester dans le stade. Dès que le but a été marqué, je suis reparti au centre de presse pour m’occuper des journalistes. Mais ça reste quand même un super souvenir.

Il y a un truc qui m’a vraiment impressionné. J’étais quasiment au niveau de la pelouse. Quand les Paraguayens attaquaient et que les défenseurs français revenaient à toute vitesse pour les contrer, j’avais l’impression de sentir le sol trembler. Et quand je lisais la détermination des joueurs sur leur visage, la rage avec laquelle ils se battaient pour récupérer le ballon, je me disais que je n’avais vraiment pas envie d’être à la place des joueurs paraguayens. L’impact physique mis par les joueurs était vraiment impressionnant !

« Les Bleus, c’est quelque chose de rare et d’intense »

En quoi le soutien aux Bleus est-il différent de celui de son club de cœur ?

Un club, Lens en l’occurrence, on le suit toute la saison. L’équipe joue quasiment toutes les semaines. Pour Lens, il faut avouer que ces dernières années sont sportivement difficiles. Il s’est passé plus de choses sur le terrain administratif et financier que sur la pelouse.

A l’inverse, les Bleus, c’est quelque chose de rare et d’intense. Il n’y a qu’une dizaine de matches répartis sur toute la saison, en dehors des phases finales. Mais il y a une plus grande passion. Quinze jours avant les matches, on commence à en parler, à annoncer la date à laquelle le sélectionneur donnera le groupe, à anticiper le groupe en fonction de la forme des joueurs, des blessures, des « chouchous » du sélectionneur...

Contrairement à un club où le groupe est défini pour la saison, on peut espérer voir arriver de nouvelles têtes ou voir disparaître ceux qui sont à cours de forme. C’est un sujet de discussion sans fin pour essayer de savoir si le joueurs auquel on croit sera la surprise de la sélection.

Et puis, les matches sont télévisés sur une chaîne gratuite, ce qui devient de plus en plus rare. Ce sont les rares matches, avec un réel intérêt ou du moins plus de passion que pour le championnat, que tout le monde peut suivre.

Les résultats sont aussi beaucoup plus décortiqués. Après chaque match, on parle du suivant, on sort les règles à calcul pour savoir le pourcentage de chance de qualification... L’équipe de France est un sujet de discussion qui peut durer toute l’année. Même en dehors des périodes de match, on décortique les performances des joueurs en les projetant vers le prochain rendez-vous des Bleus.

Curieusement, on ne retrouve presque pas de Lensois de 1998-2002 chez les Bleus (Déhu, Vairelles, 13 sélections à eux deux entre 1998 et 2000...). Alors qu’il y avait beaucoup d’Espoirs (Warmuz en A’, Sikora, Lachor, Debève, Ziani). Finalement, le Lensois le plus célèbre des années 90 ne serait-il pas Raphaël Varane, qui avait 5 ans à l’époque ?

Les grandes années lensoises correspondent effectivement aux meilleures années des Bleus. En 1998, Lens a été champion de France, puis vainqueur de la coupe de la Ligue en 1999 et demi-finaliste de la coupe de l’UEFA en 2000. Et puis, en 2002, Lens a perdu le titre lors de la dernière journée contre Lyon.

En fait, je pense que ces très bons résultats s’expliquent par l’arrêt Bosman, aussi bien pour Lens que pour les Bleus. Après l’Euro 1996, le championnat de France a perdu énormément de joueurs (Thuram, Dugarry, Lizarazu, Zidane, Djorkaeff pour ne citer que les plus célèbres). Si nous avons été champions du monde, puis d’Europe, c’est parce que ces joueurs ont appris la culture de la gagne dans les clubs qu’ils sont rejoints.

« Lens, une vraie équipe qui avait ses repères, une histoire et un vécu »

A l’inverse, Lens a su garder certaines valeurs, notamment la notion de groupe. L’équipe a peu changé sur cette période. Il y avait des bons joueurs, qui n’étaient pas forcément les meilleurs du moment, mais ils formaient une vraie équipe, qui avait ses repères, une histoire et un vécu qui lui a permis de gagner des titres.

Metz, vice-champion en 1998 et finaliste de la coupe de la Ligue en 1999, était un peu dans la même situation, avec un très bon groupe, sans réelles vedettes, mise à part Robert Pires et à un degré moindre Cyril Pouget. Les grosses équipes habituelles (Paris ou Marseille) avaient quelques très bons joueurs, mais étaient en pleine reconstruction constamment et n’avaient pas le temps de créer un réel fond de jeu.

En bref, Lens n’est certainement pas le champion de France le plus clinquant de l’histoire, mais a su être présent au bon moment. Et si il y avait peu d’internationaux à Lens, c’est tout simplement parce que les meilleurs joueurs français jouaient à l’étranger ou essayait de surnager dans des équipes françaises aux projets sportifs totalement incohérents, comme Pirès, Dugarry et Blanc à Marseille en 2000 par exemple.

Pour revenir à la question, Varane sera sans doute le joueur le plus célèbre a avoir porté le maillot lensois. Mais malheureusement pour nous, ce n’est pas avec le maillot sang et or qu’il a gagné cette reconnaissance. Après, je ne suis pas sûr qu’il aurait atteint ce niveau en restant à Lens. Pour les supporters sang et or, je pense que le joueur le plus célèbre des années 90 est Tony Vairelles. Disons que c’était le plus emblématique. Et il avait une hargne énorme sur le terrain qui correspondait bien aux valeurs du club...

Raconte-nous ton 12 juillet.

Sur le 12 juillet, avant de parler du match, j’ai une anecdote. On recevait ce week-end là une tante qui vivait à Orléans. Le midi, nous sommes allés manger dans un estaminet, un restaurant typique nordiste. Le restaurant vendait des produits régionaux, dont de la limonade à la violette ou à la rose. J’en ai acheté avant de partir. Je ne rappelle plus combien ça avait coûté, mais en gros, c’était 20 francs et je n’avais qu’un billet de 50. Et là, la vendeuse me rend la monnaie comme si je lui avait donné 100 francs. Je suis quelqu’un de plutôt honnête et je pense qu’en temps normal je lui aurait dit son erreur. Mais là, j’ai bloqué une seconde et je me suis dit intérieurement : « Si tu lui dis pas qu’elle s’est trompée et qu’on perd ce soir, tu te le pardonneras jamais... ». Bref, j’ai été honnête !

« Cette poussée d’adrénaline d’un but marqué en finale de Coupe du monde »

Pour le match, on s’est retrouvé avec quelques copains avec qui on avait été volontaires pendant la coupe du monde à Lens. On s’est retrouvé sur Lille. Je me souviens qu’on a eu du mal à trouver une place dans un café pour suivre le match. A 18 heures, c’était déjà bondé partout... J’espérais vraiment qu’on gagne. Et je pensais qu’on pouvait le faire. Mais je voulais au moins qu’on marque un but qui compte pour ressentir cette émotion, cette poussée d’adrénaline... d’un but marqué en finale de coupe du Monde. Je n’osais pas imaginer qu’on soit arrivé là pour passer à côté d’une telle émotion !

Dans mon souvenir, le match a été très difficile. Une finale de coupe du monde, ça reste quand même tendu, au moins psychologiquement. La vraie libération, elle n’arrive qu’à la fin. Sur le dernier corner brésilien, on est à 10 contre 11, il reste au plus une minute à jouer, on mène 2-0. Je me suis dis que si on arrivait à s’en tirer sans dommage là dessus, on gagnerait. Par contre, si on se prenait un but, ça aurait être l’enfer pendant les quelques secondes qui restaient. Et puis, on récupère proprement le ballon, on part en contre et on marque et là, ce n’est plus « on va gagner », mais « on a gagné », même si le match n’est pas encore terminé.

Il y a un truc qui m’a marqué à l’époque, c’est qu’une fois le match terminé, la moitié au moins des gens présents dans le café sont partis faire la fête en ville sans attendre la remise du trophée. J’ai trouvé ça incroyable. De vrais Footix... J’ai connu la déception de 1986 où on n’est pas passé loin d’une finale. On a perdu aussi pas mal de finales européennes dans les années 90 (Marseille en 91, Monaco en 92, Bordeaux en 96, Paris en 97). Si je n’avais eu le droit de voir que 10 minutes de la coupe du Monde, ça aurait été ce moment totalement incroyable où un joueur français allait brandir la coupe du Monde. Et là, tous ces pseudo-supporters ont raté ce moment historique...

On a ensuite été faire la fête en ville et à 5 heures, on a été chez un pote boire un dernier verre. Le match était rediffusé à la télé et c’est là, avec toute la tension du match en moins, que j’ai vraiment vu le match. En fait, il n’y avait vraiment eu aucune raison de s’inquiéter parce qu’il n’y avait pas eu de match. On aurait même dû gagner beaucoup plus largement...

Cette équipe de 1998 a été longtemps critiquée pour sa tactique frileuse avec huit joueurs défensifs, avant d’être encensée une fois la coupe du monde gagnée. Rétrospectivement, quelles qualités et quels défauts lui trouves-tu ?

La principale qualité de cette équipe était sa solidité défensive. Sa défense type (Barthez, Lizarazu, Blanc, Desailly, Thuram) n’a perdu aucun match quand elle a été alignée ensemble, même si Lebœuf remplaçait Blanc le jour de la finale. D’ailleurs, lors de la coupe du monde, on n’a encaissé qu’un seul but sur une phase de jeu, et c’était dû à une erreur individuelle. Lorsque Davor Suker marque en demi-finale, c’est parce que Thuram n’est pas remonté assez vite. Sinon, l’avant-centre croate était hors-jeu.

« Zidane a été immense le jour de la finale »

Ensuite, les milieux défensifs étaient monstrueux : Deschamps était le patron de la Juventus, Petit et Karembeu avaient fait aussi une très grosse saison avec leurs clubs respectifs.

Et puis, il y avait deux leaders techniques : Djorkaeff et Zidane. Ce dernier n’a pas réussi une super coupe du monde, mais il a été immense le jour de la finale. Il a eu le Ballon d’Or en 1998, et je pense que c’est juste ce match qui a été pris en compte par le jury. Mais c’était le match le plus important de l’année et il a répondu présent.

Une autre qualité très important de l’équipe, c’est qu’elle formait un véritable groupe. Certains joueurs ont très peu joué, mais on su parfaitement trouver leur place lorsqu’on a fait appel à eux. Je pense notamment à Vieira, entré en finale, suite à l’expulsion de Desailly. Ou à Lebœuf, qui a parfaitement remplacé Blanc lors de la finale. Je crois que cette notion de groupe et d’oubli de soi a joué un rôle primordial pour la victoire.


 

Pour ce qui est des défauts de cette équipe, il faut avouer qu’elle ne faisait par rêver en termes de jeu. C’était super costaud derrière, mais devant c’était quand même un peu plus compliqué. D’ailleurs, il n’y a pas vraiment de buteur qui se dégageait. Henry a marqué trois buts, mais tous lors de la première phase. Si on compare aux autres grandes épopées des Bleus, il y avait toujours un buteur qui se dégageait : Fontaine, Platini ou encore Griezmann lors du dernier Euro. En 1998, il n’y avait pas ce joueur sur lequel on pouvait compter pour débloquer les situations compliquées. D’ailleurs, lors de la phase finale, c’est bien souvent les défenseurs qui ont débloqué la situation, avec Blanc en huitième, puis Thuram en demi.

Par contre, il y a une chose très importante que cette équipe a appris à toute la France. C’est que le baron de Coubertin avait tort. L’essentiel n’est pas de participer, l’essentiel est de gagner... On pardonne tout aux vainqueurs ! Je pense que cette victoire a été un déclic pour beaucoup de sportifs français. Ils abordent bien plus souvent leurs compétitions en se disant qu’ils doivent gagner qu’ils ne le faisaient avant.

Peut-on dire qu’en 1998 les Bleus ont atteint le point culminant de leur Histoire ?

Oui, sans aucun doute possible. Quand on pense à la meilleure équipe du monde, on pense au Brésil parce que ce sont eux qui ont gagné le plus de coupes de monde. La génération 98 est la seule qui ait été championne du monde pour la France. Donc, le point culminant de l’Histoire des Bleus est 1998. Parce qu’on ne peut pas aller plus haut...

Il y a des générations qui étaient plus agréables à regarder jouer, mais on s’en souvient à travers des défaites. Kopa et Fontaine ont perdu en demi-finale contre le Brésil, Platini et les siens sont présents dans la mémoire collective à travers la demi-finale de Séville. Je suis sûr que les Bleus de 98 n’auraient pas perdu la demi-finale de Séville en menant 3-1 pendant les prolongations. Ils avaient une culture de la victoire, même au détriment du beau jeu, que n’avait pas l’équipe de 82.

Certes, Platini et les siens ont ensuite gagné l’Euro, mais la coupe du monde, c’est un cran au dessus. Le chef d’œuvre de la génération Platini, en alliant à la fois l’intensité dans le jeu et le résultat, doit se jouer entre la demi-finale contre le Portugal en 1984 et le quart de finale de la coupe du monde 1986. Mais ce n’était pas la dernière marche de la compétition. Donc, ça ne peut pas être un point culminant.

« La plus grande qualité de cette équipe est d’avoir assumé ce titre de champion du monde »

Ce sont les résultats et les trophées qui mesurent la valeur d’une équipe. Et si les Bleus de 98 ont fait le plein de trophées, ils ont aussi aligné des séries de résultats impressionnants : record d’invincibilité (30 matches entre 1994 et 1997), record de victoires (14 entre 2003 et 2004), records de sélections (6 joueurs de cette génération sont à plus de 100 sélections), meilleur buteur de l’histoire (Henry, 51 buts). Cette équipe n’a jamais non plus perdu contre la Brésil, ni l’Italie, ni l’Allemagne, qui sont les trois équipes les plus titrées du monde.

Les Bleus ont atteint le point culminant de leur Histoire en décrochant la coupe du monde en 1998. Mais la plus grande qualité de cette équipe est d’avoir assumé ce titre de champion du monde. Elle l’a fait en devenant championne d’Europe deux ans plus tard. Mais elle a aussi parfaitement assumé dans les matches amicaux.

Les Anglais étaient persuadés d’être meilleurs que nous, que leur élimination en coupe du monde était due à l’exclusion de Beckham contre l’Argentine... Mais on a été gagner 2-0 à Wembley sans trembler. Sans une erreur d’arbitrage, ça aurait même du faire 3-0. Même chose face au Portugal en 2001. Ils étaient hyper motivés, surtout parce qu’on les avaient éliminés en demi-finale de l’Euro. Résultat, on a fait un récital et il n’y a pas eu de match (victoire 4-0). Par contre, en termes de jeu, je pense que c’est peut-être ce jour-là que cette génération a atteint son sommet.

Qu’est-ce qui a changé autour des Bleus depuis 1998 ?

Ce qui a changé, c’est qu’en 1998, on a gagné. Ou pour formuler différemment, en 1998, pour la première fois, ce ne sont pas les autres qui ont gagné. Et ça a tout changé... Parce que ceux qui gagnent ont toujours raison.

Beaucoup de personnes ont voulu récupérer l’image de cette équipe qui gagne, notamment les politiques et les people. En 1998, ils en ont bien profité. Mais par la suite, il y a des fois où ça a frisé le ridicule. Francis Lalanne et ses guitares, c’était bien gentil, mais ce n’était plus du football. Et en 2010, les politiques se sont autant ridiculisés que les joueurs.

Ce qui a aussi beaucoup changé, c’est l’entourage des Bleus, des joueurs. Mais, je ne pense pas que ce soit propre à la victoire en 98. La multiplication des médias puis l’apparition des réseaux sociaux font que le moindre geste est épié, décortiqué... Et puis, il y a beaucoup plus d’argent maintenant. Et les joueurs en profitent, aussi bien dans leurs clubs qu’en sélection. Le paradoxe c’est que l’argent a éloigné les joueurs de leurs supporters, alors que grâce aux bons résultats, le nombre de supporters n’avait jamais été aussi important. Et la proximité, ça ne se limite pas à accueillir quelques personnes chanceuses pour une journée. Cela doit se faire au quotidien, ce que les joueurs ne savent plus faire, car ils sont surprotégés...

« Il ne sera jamais possible d’être plus que champion du monde »

Pour revenir aux Bleus de 1998, cette surmédiatisation et cet apport d’argent expliquent en partie l’échec de 2002. Même s’il ne faut pas se voiler la face, il n’était pas possible de gagner éternellement. Il fallait bien que ça s’arrête un jour. D’autant plus qu’on était devenu l’équipe à battre pour le monde entier...

Enfin, de manière sportive, pour les internationaux actuels, c’est devenu beaucoup plus difficile. On n’attend plus d’eux la qualification, mais la victoire finale. Si on a su être champions du monde, on doit être capable de le refaire. Donc, l’attente autour des Bleus est beaucoup plus forte. La génération Platini a essayé de faire mieux que celle de Kopa. Celle de Zidane a fait mieux que celle de Platini.

Par contre, les générations à venir n’auront pour objectif que de faire aussi bien que celle de 98. Il ne sera jamais possible d’être plus que champion du monde. Du coup, on privilégie le résultat plutôt que la manière. On accepte tout à fait que l’équipe joue mal, qu’elle ennuie, tant qu’au bout du compte elle gagne. Lors de l’Euro, le jeu proposé par les Bleus n’était pas terrible, mais on ne leur en a pas tenu rigueur, parce que l’équipe est passée. Il n’y a qu’après la finale que les critiques sont apparues.

Portfolio

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Spécial Ligue des Nations