Thierry Henry, pour l’histoire

Publié le 30 juillet 2010 - Bruno Colombari

Le dernier champion du monde en activité a donc annoncé la fin de sa carrière internationale après son départ à New York. Treize années brillantes au plus haut niveau, mais qui laissent toutefois un goût d’inachevé.

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On pourrait dire de lui que c’est le dernier des Mohicans. Arrivé en équipe de France le 11 octobre 1997 à 20 ans, deux mois et quatre jours, Thierry Henry l’a quittée le 22 juin 2010 à 32 ans, dix mois et cinq jours, après douze ans et huit mois de carrière internationale. Mais ce n’est pas pour ça qu’on peut lui attribuer le titre de Mohican ultime. Henry, c’est surtout le dernier champion du monde 1998 à quitter les Bleus. Après lui, c’est donc un autre chapitre de l’histoire de (l’équipe de) France qui s’écrit. Avec à sa tête, comme un relais qu’on se transmet, un autre champion du monde, Laurent Blanc.

 

 

En avril 1995, à l’AS Monaco.

Henry aura donc joué 114 fois en tant que champion du monde depuis le match à Vienne contre l’Autriche le 19 août 1998 [1]. C’est un record en France [2] qui n’est pas prêt d’être battu, pour au moins trois raisons : il faudrait d’abord que les Bleus gagnent à nouveau la coupe du monde, ce qui n’est pas pour demain, il faudrait ensuite que dans cette équipe figure un joueur très jeune, si possible de moins de 21 ans, et enfin que ce joueur ait une carrière internationale particulièrement dense, en participant à six ou sept phases finales. Bref, bon courage aux éventuels candidats.

S’il est un peu tôt pour faire un bilan complet de la carrière de Thierry Henry (laquelle n’est d’ailleurs pas terminée, puisqu’il a signé chez les Red Bulls de New York), deux impressions dominent toutefois : l’admiration et la frustration.

L’admiration devant un palmarès d’une richesse exceptionnelle : champion du monde 1998, champion d’Europe 2000, vainqueur de la coupe des Confédérations 2003, vainqueur de la ligue des champions 2009, du championnat du monde des clubs 2009, champion de France 1997, d’Angleterre 2002 et 2004, d’Espagne 2009 et 2010, vainqueur de la Cup anglaise en 2002, 2003 et 2005, de la coupe du Roi espagnole en 2009, meillleur buteur de l’équipe de France, meilleur buteur du championnat anglais en 2002, 2004, 2005 et 2006... On en passe.

L’admiration devant le culot avec lequel il est entré chez les Bleus et la façon dont il a gagné sa place, tout d’abord pour être dans les 22 en mai 1998 (ce qui n’avait rien d’évident puisqu’il ne comptait qu’une seule sélection avant l’annonce de la liste définitive par Aimé Jacquet), puis pour revenir après une longue éclipse entre octobre 1998 et mars 2000 (quinze matches manqués), pendant laquelle il est rappelé chez les Espoirs.

En juin 2000, il marque le second but contre le Danemark au terme d’une accélération impressionnante après une passe de... Zidane

L’admiration, enfin, pour son jeu fait d’accélérations fulgurantes et de frappes enroulées de l’intérieur du droit, mais aussi de passes décisives, on l’oublie un peu : plus d’une vingtaine en équipe de France, et 123 dans ses différents clubs.

D’où vient alors ce sentiment de frustration, cette impression qu’Henry est passé finalement à côté d’une carrière équivalente à celle des plus grands comme, pour en rester au football français, Platini, Zidane ou Kopa ? S’il éclate au plus haut niveau lors de l’Euro 2000, Thierry Henry semble stagner au cours des années suivantes, toujours dans l’ombre de Zidane. Quand ce dernier quitte une première fois les Bleus à l’été 2004, on pense que l’heure d’Henry est venue, mais non. S’il est un cadre indiscutable, le Gunner ne rayonne pas, hormis quelques jours à l’été 2006, mais c’est justement parce que Zidane est revenu. Et il ne marque pas lors de sa finale de la coupe du monde.

Henry et les finales. Il en aura joué beaucoup, mais réussi assez peu. Avec les Bleus, il reste sur le banc contre le Brésil en 1998 (l’expulsion de Desailly lui coûte sans doute une entrée en jeu, au profit de Vieira), l’emporte contre l’Italie en 2000 sans marquer, l’emporte encore contre le Cameroun (coupe des Confédérations) en 2003 en marquant le seul but du match en prolongations, et échoue en 2006 contre l’Italie. En club, il reste sur deux échecs avec Arsenal en 2000 (coupe UEFA) et 2006 (ligue des champions) avant de l’emporter avec Barcelone en 2009. Là aussi, il ne marque pas. Au total, et si on en reste au niveau international, il aura joué six finales pour trois remportées, et un seul but marqué.

Novembre 2009, stade de France, une main contre l’Irlande qui marquera la fin de sa carrière

Enfin, au niveau du jeu, ce qui faisait sa force en début de carrière s’est retourné contre lui : sa pointe de vitesse disparue, ne sont restés que des phases de jeu relativement stéréotypées et un positionnement aléatoire, entre le flanc gauche de l’attaque et la pointe. Sa dernière année aura été particulièrement pénible : 21 matches de championnat joués avec Barcelone, 4 buts marqués, devancé par le jeune Pedro, 12 matches joués avec les Bleus, les derniers comme remplaçant, et cette main contre l’Irlande qui restera comme une tache indélébile.

Pour conclure, on notera l’étrange lien entre Henry et l’Afrique du Sud : c’est contre cette équipe qu’il a fait ses débuts en Bleu en octobre 1997 à Lens, contre elle qu’il a joué son premier match en coupe du monde à Marseille en juin 1998, toujours contre elle qu’il a marqué le premier de ses 51 buts en bleu, contre elle qu’il joue pour la première fois dans l’hémisphère sud avec les Bleus en octobre 2000 à Johannesbourg et contre elle enfin qu’il fait ses adieux à l’équipe de France et à la coupe du monde en juin 2010 à Bloemfontein.

[1même si ce n’est que lors du match suivant, en Islande, que les Bleus porteront pour la première fois un maillot orné d’une étoile mondiale.

[2et, il faudrait le vérifier, aussi peut-être dans le monde.

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