Une si longue absence

Publié le 3 avril 2020 - Bruno Colombari

Les Bleus sont de retour en septembre, plus de neuf mois après leur dernière sortie. Un intervalle record depuis plus de 73 ans, mais qui était souvent dépassé entre les deux guerres mondiales.

3 minutes de lecture

L’UEFA ayant décidé le report de l’Euro à 2021 (du 11 juin au 11 juillet), les deux matchs amicaux de mars contre l’Ukraine et la Finlande avaient dans un premier temps été reportés en juin, avant d’être annulés par l’UEFA le 1er avril. Ces deux amicaux pourraient s’ajouter aux six matchs prévus entre septembre et novembre prochain, qualificatifs pour la Ligue des Nations. Pour l’instant, le prochain rendez-vous des Bleus aura lieu le 5 septembre en Suède.

Comme la dernière sortie des Bleus date du 17 novembre 2019 à Tirana contre l’Albanie, l’intervalle sera largement supérieur à neuf mois. Neuf mois et 18 jours pour être précis.

Un intervalle sans précédent depuis 1947

Neuf mois et demi mois sans match de l’équipe de France, c’est énorme. Tellement que je me suis penché sur l’historique des rencontres pour trouver trace du dernier. Autant dire qu’il ne date pas d’hier, ni même d’avant-hier : il faut remonter à 1947 pour trouver un intervalle plus long : 10 mois et 4 jours entre le 19 mai 1946 (face à l’Angleterre) et le 23 mars 1947 (contre le Portugal).

Depuis cette date, jamais une période entre deux matchs n’a atteint neuf mois. La plus longue, avant 2020, remonte à 1959 (7 mois et 10 jours). Trois seulement ont été supérieures à cinq mois : la dernière, entre le 19 novembre 1986 contre la RDA et le 29 avril 1987 face à l’Islande (dernier match en sélection de Platini), s’était étalée sur cinq mois et dix jours.

Dans le tableau ci-dessous, les jours ont été remplacés par une fraction exprimée en centièmes. Par exemple, 10 jours = 0,33 mois.

Plus largement, l’après-guerre a marqué un étalement des matchs sur l’ensemble de l’année. Ce n’est pas pour rien que l’intervalle record depuis 1945 se situe un an après la fin de la guerre, entre mai 1946 et mars 1947 (10 mois et 4 jours). Avant-guerre, les Bleus jouaient surtout en hiver et au printemps (sur des terrains souvent en très mauvais état) entre janvier et mai, quasiment jamais entre juin et septembre (sauf lors des JO et des Coupes du monde) et rarement à l’automne. Ce qui donnait assez régulièrement des intervalles très conséquents de neuf mois ou plus : 10 mois et 9 jours entre 1919 et 1920, 10 mois et 20 jours entre mai 1925 et avril 1926.

Evidemment, les deux conflits mondiaux ont généré les plus longues interruptions de l’histoire de l’équipe de France : entre le dernier match d’avant l’Occupation, le 28 janvier 1940 contre le Portugal, et le premier match qui a suivi la Libération, le 24 décembre 1944, il n’y a eu que deux rencontres internationales, à une semaine d’intervalle en mars 1942 contre la Suisse et l’Espagne. Soit 25 mois et 8 jours sans jouer d’abord, puis 33 mois et 9 jours après.

Ces 58 mois et 17 jours cumulés sont presque aussi importants que les 59 mois et 8 jours, consécutifs ceux-là, entre le 31 mai 1914 (Hongrie-France à Budapest) et le 9 mars 1919 (Belgique-France à Bruxelles).

Huit matchs dans l’année, du jamais vu depuis 1997

Si les deux amicaux prévus en mars se joueront bien en octobre et novembre, ils s’ajouteront donc aux six autres rencontres calées entre septembre et novembre pour les qualifications de la Ligue des Nations 2021 (dont le format final reste d’ailleurs à définir, peut-être en mars de l’année prochaine). Soit huit matchs pour l’année 2020, au lieu des 13 (minimum) à 17 (maximum) prévus.

Il y a bien longtemps que l’équipe de France n’a pas eu une année aussi légère en terme de calendrier. 23 ans très précisément, autant dire au siècle dernier. C’était en 1997, un programme minceur dû à l’absence de matchs de compétition, les Bleus étant qualifiés d’office à la Coupe du monde en tant que sélection issue du pays organisateur. Pour rappel, ils avaient battu le Portugal (2-0), les Pays-Bas (2-1) et la Suède (1-0) avant de caler lors du Tournoi de France face au Brésil (1-1), à l’Angleterre (0-1) et à l’Italie (2-2). L’année s’était achevée par deux victoires étriquées contre l’Afrique du Sud et l’Ecosse (2-1 à chaque fois).

Depuis, il y a toujours eu entre 10 (en 2015) et 18 (en 2018) rencontres par an, pour une moyenne de 13,7. La multiplication des phases finales (aucune manquée depuis 1997) et les regroupements de matchs par deux ont radicalement changé la donne.

Et si les deux amicaux de mars reportés en juin puis à l’automne passent à la trappe, les Bleus ne joueront que six fois en 2020. Un minimum jamais atteint depuis 1991, à l’époque où Platini était sélectionneur et où le duo Papin-Cantona semait la terreur dans les défenses adverses. 1991, c’était aussi une année parfaite avec six victoires en six matchs (20 buts marqués pour 5 encaissés).

Espérons que 2021 retrouvera les standards habituels. L’équipe de France nous manque !

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