Les Bleus face aux équipes de club, une histoire parallèle

Publié le 13 mai 2024 - Richard Coudrais - 2

Pendant 90 ans, il arrivait ponctuellement que l’équipe de France soit opposée à une équipe de club. Une tradition aujourd’hui disparue.

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La vocation d’une sélection nationale est de rencontrer d’autres sélections nationales. Toutefois, de nombreux matchs ont dans l’histoire opposé des équipes nationales à d’autres types d’équipes : des sélections régionales, des équipes de clubs, des formations d’un jour, etc.

Ces rencontres pas comme les autres

L’équipe de France n’échappe pas à la règle. Au-delà des plus de 900 rencontres officielles référencées par la FFF et régulièrement mises à jour dans Chroniques Bleues, l’histoire de la sélection tricolore compte aussi de nombreuses rencontres, plus ou moins formelles, face à d’autres types d’équipes.

Il est difficile de faire un décompte exact de ces rencontres pas comme les autres. Toutes n’ont pas la même valeur. Si certains matchs contre des clubs représentent le même enjeu qu’un match amical contre une autre sélection, d’autres ne sont que des rencontres de préparation avant une échéance importante, notamment les veilles de Coupes du monde. Ces “matchs d’entraînement” comme disait Michel Hidalgo, permettaient quelques arrangements avec le règlement (matchs en tiers temps, remplacements illimités, etc.), car l’objectif était avant tout de préparer l’équipe.

L’histoire commence contre un club

Si le France-Belgique de 1904 est considéré comme la première rencontre officielle de l’équipe de France, on n’ignore pas que celle-ci avait été constituée bien avant pour affronter des équipes anglaises de passage dans l’hexagone. En mars 1904, l’équipe anglaise de Southampton affronte deux équipes de France en deux jours. La première est constituée par l’USFSA, la puissante fédération qui fait autorité à l’époque. La seconde regroupe des joueurs de la FSAPF, une fédération concurrente. Le club anglais l’emporte deux fois, 6-1 le premier jour puis 11-0 le lendemain.

Un mois plus tard, en avril, c’est l’équipe londonienne du Corinthian FC qui vient au Parc des Princes infliger à l’équipe de France USFSA une défaite sur un score atypique : 11-4. En mai, 23 jours après le match initial en Belgique, l’équipe de France reçoit l’Union Saint-Gilloise à Joinville et s’incline 3-1.

Vingt ans après, les Tricolores se préparent pour les Jeux olympiques de Paris et, après avoir reçu l’Angleterre à Pershing (défaite 3-1), les derniers détails se règlent face à West Ham le 22 mai. Les Français l’emportent 2-1, une victoire rassurante cinq jours après le premier match des Jeux contre la Lettonie à Colombes.

Jusqu’au milieu des années 1920, on organise pour l’équipe de France quelques rencontres contre des sélections à caractère régional, mais aussi contre des clubs en tournée dans le pays. C’est le cas, en mars 1925, des Brésiliens du Club Athlético Paulistano, première opposition brésilienne de l’équipe de France. Le club de São Paulo (dont il ne subsiste aujourd’hui que la section basket) s’impose 7-2 au Parc des Princes.

Ce match est le premier d’une série de trois que dispute l’équipe de France à cette période. Elle rencontre l’Italie à Turin une semaine après le club brésilien (défaite 7-0), puis se retrouve opposée la semaine suivante aux Basques de l’Athletic Bilbao (1-1).

Nacional, Santos mais pas Fluminense

En 1930, alors qu’elle vient d’être éliminée au premier tour de la Coupe du monde 1930, l’équipe de France est invitée à affronter le Nacional à Montevideo, match qu’elle remporte 3-2. Les Thépot, Villaplane et autres Laurent poursuivent leur périple au Brésil. Ils rencontrent le Santos FC (défaite 6-1) à Sao Paulo puis se rendent à Rio pour affronter deux jours plus tard le Fluminense. Or, à leur grande surprise, c’est l’équipe du Brésil au grand complet qui se dresse face à eux.

A l’issue de la saison 1932-1933, Bristol Rovers, club de troisième division anglaise, effectue une tournée dans le sud de la France. Le club anglais affronte l’AC Milan au stade Saint-Maurice de Nice, puis quatre jours plus tard, une équipe de France qui l’emporte 3-1. George McNestry est le buteur anglais de cette rencontre.

Au début de l’année 1937, l’équipe de France est battue (1-0) à Saint-Ouen par les Autrichiens du Wiener Sport-Club en préambule d’un France-Autriche disputé quelques jours plus tard au Parc des Princes. Le défenseur rouennais Lucien Hauchecorne dispute à cette occasion sa seule rencontre avec l’équipe de France. Elle ne sera pas considérée comme une sélection puisque seuls les matchs entre nations doivent être comptabilisées. D’autres joueurs subiront le destin de Lucien Hauchecorne, celui des internationaux français à zéro sélection.

Quelques mois plus tard, en avril, ce sont les Anglais du Charlton Athletic qui se rendent au Parc des Princes pour pallier la défection de l’Italie. L’équipe londonienne s’impose 5-2.

Les équipes de clubs servent donc de sparring-partner pour l’équipe de France. Les rencontres entre sélections ont beau être qualifiées d’amicales, elles n’en restent pas moins des rendez-vous importants et attendus. Les oppositions face à des clubs servent donc de préparation à ces échéances. La sélection française se retrouve confrontée à une opposition de valeur dotée de surcroît d’un collectif parfaitement huilé. Juste avant la Coupe du monde 1938, la sélection avait rencontré le Red Star à Chantilly pour un match de préparation (remporté 5-3).

Austria, Malmö et le Standard

Au lendemain de la seconde guerre, l’équipe de France est de nouveau, de manière ponctuelle, opposée à des clubs. En septembre 1949, les Autrichiens de l’Austria Vienne sont invités au Parc des Princes pour lancer la saison des Tricolores (victoire 4-2). Les Lillois Marceau Somerlinck et Jean-Marie Prévost font alors leur unique apparition sous le maillot bleu. Le premier nommé sera appelé pour les deux rencontres de barrage face à la Yougoslavie mais restera sur le banc. Son coéquipier sera encore plus malheureux puisqu’il ne sera jamais rappelé.

Deux ans plus tard, quasiment jour pour jour en 1951, ce sont les Suédois du Malmö FF qui viennent inaugurer la saison tricolore. Les Français s’imposent 4-2, buts de Stappe et Flamion (deux chacun). L’équipe de France B est également opposée à des équipes de club. En mars 1952 à Toulouse, l’équipe des jeunes Penverne et Ben Tifour est opposée au Rapid de Vienne, qu’elle bat 3-2.

Par la suite viendra la mode des matchs de bienfaisance contre des sélections de joueurs du championnat (Hollandais de France en 1953, Africains du Nord en 1954…). En mars 1955, c’est le Standard de Liège qui vient au Parc des Princes s’opposer aux Vincent, Bliard et Kopa, huit jours avant un déplacement historique à Madrid où le dernier nommé deviendra Napoléon. Le milieu de terrain parisien Antoine Dalla Cieca fait sa première apparition contre le Standard. Il sera appelé pour le match en Espagne mais restera sur le banc.

Au début de l’année 1958, l’équipe de France se prépare face à des équipes de deuxième division française : le FC Limoges en janvier (3-2 à Beaublanc devant 6.500 spectateurs) puis le Stade rennais en février (4-1 route de Lorient). Les deux clubs accéderont à l’élite en fin de saison. L’équipe de France affronte ensuite en mai, dans un Parc des Princes garni de 30.000 personnes, une sélection de Paris qu’elle bat 2-1. Les Tricolores se rendent aussitôt après en Suède, où opposés à des modestes sélections locales, ils affinent leurs automatismes offensifs en distribuant des scores à deux chiffres.

Servette, Zurich, Francfort et Bologne

C’est contre le Servette de Genève que l’équipe de France débute sa saison 1961-1962, deux semaines avant la réception de la Finlande à Paris dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde. Le club suisse est écrasé 6-0 et la sélection finlandaise subira également la puissance offensive des Tricolores (5-1) qui plus que jamais se voient disputer une nouvelle Coupe du monde au Chili.

En septembre 1963, c’est le Standard de Liège qui revient au Parc pour subir une défaite identique (3-2) à celle de 1955. Le club belge était déjà revenu en 1961 au Parc pour être battu (3-1) par l’équipe de France B. Au début de cette saison 1963-1964, l’équipe de France se prépare alors pour une rencontre amicale à Sofia quinze jours plus tard. L’attaquant bordelais Aimé Gori, entré en jeu à la mi-temps, profite de son seul passage en bleu pour inscrire un des trois buts. Il sera rappelé en quatre occasions mais ne sera jamais titularisé.

La saison suivante, en 1964, c’est au Letzigrund de Zurich que la sélection tricolore débute sa saison, infligeant une défaite 3-1 au club local, le FC Zurich. L’occasion de voir débuter quelques joueurs comme Marcel Aubour, Jean Djorkaeff, Bernard Bosquier, Jacky Simon et Edmond Baraffe. Un an plus tard, en août 1964, l’équipe de France reçoit l’Eintracht Francfort à Strasbourg pour un match nul (2-2, buts de Hausser et Combin).

En février 1966, ce sont deux équipes de club qui servent, le même jour, de sparring-partners aux équipes de France A et B. Les sélectionneurs procèdent à une revue d’effectif dans la perspective de la World Cup 1966. Le FC Bologne l’emporte 3-1 au Parc des Princes contre l’équipe de France B alors que les Girondins à Bordeaux, sur leur pelouse, s’inclinent 3-2 contre l’équipe de France A.

Quelques mois plus tard, les Français iront préparer leur Coupe du monde anglaise en Ecosse. Comme en 1958, les sélectionneurs miseront sur de faibles oppositions pour parfaire la complémentarité offensive des attaquants. Le Gala Fairydean Rovers (8-1), Vale of Leithen (8-0) et Selkirk (11-2) se prêteront au jeu mais la méthode ne donnera pas de résultats aussi satisfaisants qu’en Suède.

De Kanterbrau à l’UNFP

Quand Just Fontaine reprend l’équipe de France en 1967, il se montre un adepte des rencontres de préparation. Il invite ainsi la sélection de Corse en février à Marseille (défaite 2-0 des Tricolores). Trois mois plus tard, il fait appel aux clubs d’Hanovre 96 et du Torino pour affronter les équipes de France A et B. A Rouen, les Allemands accrochent un 3-3 à l’équipe de Just Fontaine alors qu’à Nancy, les Italiens s’imposent 4-0 contre la sélection dirigée par Henri Biancheri. L’attaquant stéphanois André Fefeu et le gardien monégasque Jean-Claude Hernandez apparaissent en bleu pour la première et unique fois.

En septembre 1967, à l’occasion d’un déplacement à Varsovie pour y rencontrer l’équipe de Pologne, l’équipe de France de Louis Dugauguez fait un détour par Odense où, devant 8000 spectateurs, le BK local lui inflige une défaite (2-1). Alors que Robert Herbin a marqué contre son camp, un gamin de dix-neuf ans entrera en jeu pour sa première apparition en bleu, Henri Michel.

En mars 1968, quelques semaines avant un délicat quart de finale de Coupe d’Europe des Nations contre la Yougoslavie, le club du Torino est invité en voisin à Nice contre une équipe de France au grand complet. Le match se terminera sur un score nul (1-1).

La tradition de l’équipe de club comme premier adversaire de la saison se poursuit en août 1968 avec la réception du Bayern Munich à Saint-Etienne devant 19.337 spectateurs. L’équipe de France et son débutant Aimé Jacquet obtiennent un méritant match nul (1-1) et retiennent la leçon. Ils retrouveront en effet Franz Beckenbauer, Sepp Maier et Gerd Müller à Marseille un mois plus tard pour un match contre l’équipe de RFA. Pour un résultat identique (1-1).

En avril 1969, c’est le Real Madrid, champion d’Espagne en titre, qui est accueilli au Parc des Princes devant 15.000 spectateurs. La jeune équipe de Georges Boulogne compte six débutants (Yves Chauveau, Jacques Novi, José Broissart, Daniel Horlaville, Jean-Claude Bras et le remplaçant Francis Camerini). Elle réussit un impressionnant 5-3 contre l’équipe du glorieux Francisco Gento, 36 ans, auteur du dernier but. Cette équipe, requalifiée espoirs, dispute deux semaines plus tard à Grenoble une Coupe Latine contre l’équipe d’Italie espoirs.

La saison 1969-1970 débute à Béziers devant 14.310 spectateurs contre le club danois de Hvidovre IF. Un jour de gloire pour Hervé Revelli qui inscrit les quatre buts français (4-2) alors que débutent Serge Chiesa et Jean-Michel Larqué. Une préparation idéale pour l’équipe de George Boulogne, appelée à affronter successivement la Norvège et la Suède (deux fois) dans les mois qui suivent.

En janvier 1971, l’équipe de France s’envole en Amérique du Sud pour une tournée. Après deux rencontres convaincantes contre l’Argentine (4-3 à Buenos Aires puis 0-2 à Mar del Plata), les Tricolores de Georges Boulogne affrontent successivement les Brésiliens de Coritiba (défaite 1-2) puis de l’Internacional Porto Alegre (victoire 3-1) avant de terminer la tournée au Pérou contre l’Universitario Lima (0-0).

C’est avec Stefan Kovacs que l’équipe de France retrouve les oppositions de club. En novembre 1973, la veille d’un France-Danemark au Parc des Princes, il fait appel au Cercle de Bruges pour affronter l’équipe de France B à Lens. Devant 3.912 spectateurs, l’équipe des Dropsy, Lopez, Bousdira et Berdoll (le seul à compter au moins une sélection) est accrochée (1-1).

Quatre mois plus tard, c’est un autre club belge qui vient s’opposer à une équipe tricolore, le RSC Anderlecht. A Lille, devant plus de 12.000 spectateurs, quatre jours avant un France-Roumanie au Parc des Princes, l’équipe de Stefan Kovacs s’incline 2-0 (buts de Coeck et Rensenbrink) malgré les débuts prometteurs de Jean-Marc Guillou.

Les bons plans de Stefan Kovacs

Un mois plus tard, quatre jours avant un déplacement en Tchécoslovaquie, Stefan Kovacs parvient à faire venir son ancien club, l’Ajax Amsterdam, au Parc des Princes. Le club néerlandais est toujours champion d’Europe en titre, même s’il a été éliminé de la Coupe des champions 1973-1974. Les Français s’imposent 1-0 sur un but d’Henri Michel inscrit dans les dernières minutes de la rencontre.

Cette rencontre face à l’Ajax, disputée au Parc devant plus de 37.000 spectateurs, est la première organisée par l’UNFP, le syndicat des footballeurs français. La deuxième a lieu en août 1974 contre Cologne au Parc des Princes. Elle lance une longue série de rencontres de début de saison contre des équipes de clubs. Tour à tour passeront le Real Madrid (3-2 en 1975), le Borussia Mönchengladbach (5-0 en 1976), Hambourg (4-2 en 1977), Anderlecht (1-0 en 1978), le Bayern Munich (4-1 en 1979), la Juventus (1-0 en 1980), Stuttgart (défaite 1-3 en 1981), Peñarol Montevideo (1-0 en 1983 à Toulouse) et enfin l’Inter Milan (défaite 0-1 en 1984).

A côté des rencontres UNFP, l’équipe de France a en plusieurs autres occasions été confrontée à des clubs. Faut-il évoquer ce France-Benfica organisé par Kanterbräu au Parc des Princes où face à Eusebio et Humberto, l’équipe de Stéphane Kovacs est renforcée par Carlos Bianchi, Hugo Bargas et Ivan Ćurković ?

En mai 1975, peu avant un déplacement en Islande, c’est le Queens Park Rangers, de retour d’une tournée en Norvège, qui est invité à Rouen pour une rencontre face aux Tricolores. Devant 10.000 spectateurs, les Français l’emportent 3-1, buts de Berdoll, Trésor et Michel. Le gardien rennais Daniel Bernard et l’attaquant lensois Romain Arghirudis, entrés en seconde période, font leur première apparition. Ils seront du voyage en Islande mais n’entreront pas en jeu. Leur compteur sélections restera bloqué à zéro.

En octobre 1975, quelques jours avant un déplacement en RDA, Stefan Kovacs invite Hambourg a donner la réplique aux tricolores au stade de la Meinau, à Strasbourg. L’occasion de voir en bleu des joueurs comme Dropsy, Janvion, Piasecki et Zimako qui ne comptent encore aucune sélection.

Michel Hidalgo poursuit chaque début de saison la tradition du match UNFP. Son équipe rencontre plus rarement des clubs hors de ce cadre. Les Bleus rencontrent l’Atletico Mineiro en juillet 1977 dans le prolongement de leur tournée sud-américaine. Après les exploits de la Bombonera et du Maracana, les Français s’inclinent (3-1) à Belo Horizonte. Un match où Henri Zambelli fait sa seule apparition en bleu, malgré de nombreuses convocations.

Si un match de l’équipe de France contre une équipe de club ressemble toujours à une incongruité, ce type de rencontre fait pourtant son chemin dans la culture populaire, et notamment les bandes dessinées de Raymond Reding. Dans “L’homme de la tribune F”, l’équipe de France est opposée au FC Barcelone d’Eric Castel. Plus tard, dans “L’Anderlechtois”, la section R assiste à une rencontre entre la France et le club belge.

En guise de préparation ou de jubilé

Quand les Bleus affrontent une équipe de club, c’est désormais dans le cadre d’une préparation à une échéance importante. Ainsi avant le France-Pays-Bas de novembre 1981, les hommes de Michel Hidalgo sont opposés à l’AJ Auxerre dans un Parc des Princes à huis-clos. Quelques mois plus tard, alors qu’ils préparent la Coupe du monde 1982 dans les hauteurs de Font-Romeu, c’est le FC Andorrà, club de troisième division espagnole basé à Andorre qui donne, en deux occasions, la réplique aux Tricolores.

Quelques jours avant que ne débute le Mundial, les hommes de Michel Hidalgo sont confrontés à une équipe de la Real Sociedad double championne d’Espagne en titre, mais privée de six de ses meilleurs joueurs (Arconada, Alonso, Satrustegui, Zamora, Lopez Ufarte et Uralde). Et pour cause, ceux-ci sont en préparation avec l’équipe d’Espagne. Le FC Andorrà servira encore de sparring partner peu avant l’Euro 1984, avec de douloureuses défaites (9-0 puis 5-1). Aujourd’hui, le club appartient à l’ancien international espagnol Gérard Piqué et évolue en deuxième division.

En 1986, le nouveau sélectionneur Henri Michel emploiera la même méthode en faisant jouer ses Tricolores à Tlaxcala face au Guatemala (8-1), aux U20 mexicains (1-1) et au Club Universidad Nacional (0-2), plus connu sous le sigle de UNAM ou le surnom de Pumas. Une équipe elle aussi privée de ses meilleurs éléments parmi lesquels Negrete, Flores, Servín, España, Cruz… appelés en équipe du Mexique.

Arsenal, Sporting, OL et Monaco

Après la fin des matchs UNFP en 1984, les rencontres de l’équipe de France contre des clubs se raréfient. Tout juste font-elles l’objet d’un jubilé, comme celui de Marius Trésor disputé le 14 juillet 1985 et opposant les Girondins de Bordeaux aux hommes d’Henri Michel, parmi lesquels le Monégasque Claude Puel qui ne connaîtra pas d’autres sélections.

Michel Platini relance l’idée en 1989 quand, à un mois d’un rendez-vous important en Ecosse, il fait jouer son équipe à Highbury contre une équipe d’Arsenal sur la route d’un nouveau titre national. Deux joueurs y font leur première apparition, l’Auxerrois William Prunier et le Nantais Thierry Bonalair. C’est la seule apparition du second alors que le premier ne connaîtra qu’une seule sélection par la suite.

En janvier 1990, l’équipe de France, toujours dirigée par Michel Platini, croise le club de Al Qadysia devant 10.000 spectateurs au cours d’une tournée au Koweït. Un match où Rémi Garde et Pascal Vahirua font leurs débuts en bleu et inscrivent chacun leur premier but, Eric Cantona ayant transformé un penalty dans l’intervalle.

Au début de l’année 1993, le sélectionneur Gérard Houllier demande la tenue d’un match pour son équipe, mais la fédération ne parvient à décrocher qu’une équipe de club, le Sporting Lisbonne, privé en outre de ses internationaux. L’occasion de voir débuter Paul Le Guen et Patrice Loko, le second nommé ouvrant même le score dans le dernier quart d’heure. C’est Bixente Lizarazu qui inscrit le but du 2-0.

En avril 1993, une semaine avant un France-Suède décisif au Parc des Princes, c’est l’Olympique Lyonnais qui donne la réplique aux Tricolores de Gérard Houllier, lequel donne sa chance à Jean-Luc Dogon, Pierre Laigle, Jean-Michel Ferri, Nicolas Ouédec et le gardien Jean-Claude Nadon. A Gerland, devant 8000 spectateurs, l’équipe de France s’impose 4-1.

En septembre 1993, une équipe de France A’ dirigée par Roger Lemerre est opposée à Monaco au stade Louis-II et l’emporte 2-1, buts de Laurent Fournier et Franck Leboeuf sur penalty. Cela semble être, historiquement, le dernier match de l’équipe de France contre une équipe de club.

Pourquoi les Bleus n’affrontent-ils plus de clubs ?

Les rencontres entre clubs et sélections ont disparu avec le XXe siècle. Peut-être les instances ont-elles interdit ces rencontres contre-nature. Peut-être l’arrêt Bosman a-t-il bouleversé le rapport entre clubs et nationalités. Peut-être tout simplement ce type de match n’est-il plus dans l’air du temps.

Il est vrai que le match amical entre sélections, aussi prestigieuses soient-elles, est aujourd’hui complètement dévalué. Même s’il s’agit d’une opposition contre le Brésil ou l’Angleterre, celle-ci n’est considérée que comme un sparring-partner de luxe, rôle dévolu naguère aux équipes de clubs.

Il n’y a toutefois aucune nostalgie à retirer de ces rencontres entre clubs et sélections, qui restent quoi qu’il arrive des rendez-vous de second plan. Michel Hidalgo avait lui-même fait part de son peu d’enthousiasme pour ce type de rencontre : “Une victoire sur une équipe de club n’a aucun retentissement. Une défaite a des conséquences morales fâcheuses…”.

62 rencontres contre des clubs (voire plus…)

Cette liste prétend recenser toutes les rencontres de l’équipe de France face à des équipes de clubs. Elle s’appuie en grande partie sur les recherches de Romain Vercruyce du site selectiona.free.fr. Peut-être certaines rencontres ont-elles été oubliées. N’hésitez pas à nous les signaler.

DateLieuAdversaireScoreNotes
12/03/1904 Paris (Parc) Southampton FC (Angleterre) 1-6
16/04/1904 Paris (Parc) London Corinthians (Angleterre) 4-11
23/05/1904 Joinville Union Saint-Gilloise (Belgique) 1-3
22/05/1924 West Ham United (Angleterre) 2-1 Préparation JO
15/03/1925 Club Athlético Paulistano (Brésil) 2-7
27/03/1925 Athletic Bilbao (Espagne) 1-1
25/07/1930 Montevideo Nacional Montevideo (Uruguay) 3-2 Tournée post-CM 1930
30/07/1930 Sao Paulo Santos FC (Brésil) 1-6 Tournée post-CM 1930
26/05/1933 Bristol Rovers (Angleterre) 3-1
01/01/1937 Saint-Ouen Wiener Sport-Club (Autriche) 0-1
11/04/1937 Paris (Parc) Charlton (Angleterre) 2-5
01/06/1938 Chantilly Red Star (France) 5-3 Préparation CM 1938
20/09/1949 Paris (Parc) Austria Vienne (Autriche) 4-1
19/09/1951 Paris (Parc) Malmö FF (Suède) 4-2
09/03/1955 Paris (Parc) Standard de Liège (Belgique) 3-2
22/01/1958 Limoges Limoges FC (France) 3-2
12/02/1958 Rennes Stade rennais (France) 4-1
13/09/1961 Paris (Parc) Servette Genève (Suisse) 6-0
12/09/1963 Paris (Parc) Standard de Liège (Belgique) 3-2
23/09/1964 Zürich FC Zürich (Suisse) 3-1
25/08/1965 Strasbourg Eintracht Francfort (RFA) 2-2
23/02/1966 Bordeaux Girondins de Bordeaux (France) 3-2
30/06/1966 Galashiels Gala Fairydean Rovers F.C. (Ecosse) 8-1 Préparation CM 1966
04/07/1966 Innerleithen Vale of Leithen F.C. (Ecosse) 8-0 Préparation CM 1966
07/07/1966 Selkirk FC (Ecosse) 11-2 Préparation CM 1966
17/05/1967 Rouen Hanovre 96 (RFA) 3-3
13/09/1967 Odense Odense BK (Danemark) 1-2
13/03/1968 Nice Torino (Italie) 1-1
27/08/1968 Saint-Etienne Bayern Munich (RFA) 1-1
02/04/1969 Paris (Parc) Real Madrid (Espagne) 5-3 Match requalifié Espoirs
23/08/1969 Béziers Hvidovre IF (Danemark) 4-2
18/01/1971 Curitiba Coritiba FC (Brésil) 1-2 Tournée Amsud 1971
21/01/1971 Porto Alegre Internacional Porto Alegre (Brésil) 3-1 Tournée Amsud 1971
24/01/1971 Lima Universitario Lima (Pérou) 0-0 Tournée Amsud 1971
19/03/1974 Lille RSC Anderlecht (Belgique) 0-2
23/04/1974 Paris (Parc) Ajax Amsterdam (Pays-Bas) 1-0 Match UNFP
20/08/1974 Paris (Parc) FC Cologne (RFA) 0-0 Match UNFP
31/08/1974 Paris (Parc) Benfica Lisbonne (Portugal) 4-2 Avec Curkovic, Bianchi et Bargas
21/05/1975 Rouen Queens Park Rangers FC (Angleterre) 3-1
19/08/1975 Paris (Parc) Real Madrid (Espagne) 3-2 Match UNFP
08/10/1975 Strasbourg Hambourg SV (RFA) 0-0
24/08/1976 Paris (Parc) Borussia Mönchengladbach (RFA) 5-0 Match UNFP
03/07/1977 Belo Horizonte CA Mineiro (Brésil) 1-3 Tournée Amsud 1977
24/08/1977 Paris (Parc) Hambourg SV (RFA) 4-2 Match UNFP
12/08/1978 Paris (Parc) RSC Anderlecht (Belgique) 1-0 Match UNFP
21/08/1979 Paris (Parc) Bayern Munich (RFA) 4-1 Match UNFP
03/09/1980 Paris (Parc) Juventus (Italie) 1-0 Match UNFP
18/08/1981 Paris (Parc) VFB Stuttgart (RFA) 1-3 Match UNFP
15/11/1981 Paris (Parc) AJ Auxerre (France) 3-1 Disputé à huis-clos
29/05/1982 Andorre-la-Vieille FC Andorrà (Espagne) 2-1 Préparation CM 1982
08/06/1982 Font-Romeu FC Andorrà (Espagne) 2-0 Préparation CM 1982
11/06/1982 San Sebastian Real Sociedad (Espagne) 3-1 Préparation CM 1982
24/08/1983 Toulouse Peñarol Montevideo (Uruguay) 1-0 Match UNFP
26/05/1984 Andorre-la-Vieille FC Andorrà (Espagne) 9-0 Préparation Euro 1984
29/05/1984 Font-Romeu FC Andorrà (Espagne) 5-1 Préparation Euro 1984
05/09/1984 Paris (Parc) Inter Milan (Italie) 0-1 Match UNFP
14/07/1985 Bordeaux Girondins de Bordeaux (France) 2-3 Jubilé Marius Trésor
28/05/1986 Tlaxcala Pumas UNAM (Mexique) 0-2 Préparation CM 1986
14/02/1989 Highbury Arsenal (Angleterre) 0-2
18/01/1990 Koweït City Al Qadysia SC (Koweït) 3-0 Tournée Koweït 1990
19/01/1993 Lisbonne Sporting (Portugal) 2-0
19/04/1993 Lyon Olympique Lyonnais (France) 4-1

Le bilan nation par nation

9 matchs contre un club allemand : Eintracht Francfort (1965), Hanovre 96 (1967), Bayern Munich (1968 et 1979), FC Cologne (1974), Hambourg SV (1975 et 1977), Borussia Mönchengladbach (1976), VFB Stuttgart (1981)
8 matchs contre un club espagnol : Athletic Bilbao (1925), Real Madrid (1969 et 1975), FC Andorrà (1982 x 2, 1984 x2), Real Sociedad (1982),
7 matchs contre un club français : Red Star (1938), Limoges FC (1958), Stade rennais (1958), Girondins de Bordeaux (1966 et 1985), Auxerre (1981), Olympique Lyonnais (1993).
7 matchs contre un club anglais : Southampton FC (1904), London Corinthians (1904), West Ham United (1924), Bristol Rovers (1933), Charlton (1937), Queens Park Rangers FC (1975), Arsenal (1989).
5 matchs contre un club brésilien : Club Athlético Paulistano (1925), Santos FC (1930), Coritiba FC (1971), Internacional Porto Alegre (1971), CA Mineiro (1977),
5 matchs contre un club belge : Union Saint-Gilloise (1904), Standard de Liège (1955 et 1963), RSC Anderlecht (1974 et 1978),
3 matchs contre un club écossais : Gala Fairydean Rovers F.C. (1966), Vale of Leithen F.C. (1966), Selkirk FC (1966).
3 matchs contre un club italien : Torino (1968), Juventus (1980), Inter Milan (1984).
2 matchs contre un club autrichien : Wiener Sport-Club (1937), Austria Vienne (1949).
2 matchs contre un club danois : Odense BK (1967), Hvidovre IF (1969).
2 matchs contre un club portugais : Benfica (1974), Sporting (1993).
2 matchs contre un club suisse : Servette Genève (1961), FC Zürich (1964).
2 matchs contre un club uruguayen : Nacional (1930), Peñarol (1983).
1 match contre un club mexicain : Pumas UNAM (1986).
1 match contre un club koweïtien : Al Qadysia SC (1990).
1 match contre un club néerlandais : Ajax Amsterdam (1974).
1 match contre un club péruvien : Universitario Lima (1971).
1 match contre un club suédois : Malmö FF (1951).

Les tricolores à zéro sélections

Les joueurs apparus lors d’une rencontre de l’équipe de France contre un club (et jamais revus depuis) : Lucien Hauchecorne (Wiener Sport-Club 1937), Marceau Somerlinck (Austria Vienne 1949), Jean-Marie Prévost (Austria Vienne 1949), Antoine Dalla Cieca (Standard Liège 1955), Aimé Gori (Standard Liège 1963), André Fefeu (Hanovre 1967), Jean-Claude Hernandez (Hanovre 1967), Alain Richard (France-Cologne 1974), Daniel Bernard (QPR 1975), Romain Arghirudis (QPR 1975), Henri Zambelli (l’Atletico Mineiro 1977), Daniel Sanchez (France-Anderlecht 1978), Claude Puel (Bordeaux 1985), Thierry Bonalair (Arsenal 1989) et Jean-Claude Nadon (Lyon 1993).

pour finir...

Sources : Les sites selectiona.free.fr, RSSSF + les ouvrages “L’intégrale de l’équipe de France de football” (First édition) de Pierre Cazal, Jean-Michel Cazal et Michel Oreggia ; “La fabuleuse histoire du football” (Nathan) de Jacques Thibert et Jean-Philippe Rethacker ; “Sélectionneur des Bleus” (Mareuil) de Pierre Cazal...

Merci à Jean-Marc Serrano qui a trouvé le score de France-Red Star de juin 1938.

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