Les éliminatoires de la Coupe du monde 1958 ont fort bien débuté pour les Tricolores. En novembre 1956 à Colombes, ils ont terrassé la Belgique (6-3) avec notamment cinq buts de Thadée Cisowski. Une victoire aussi flamboyante que décisive, sachant que le troisième larron du groupe éliminatoire est l’Islande, un nouveau venu sur la scène internationale.
Premières à Nantes
Cette équipe venue du froid existe officiellement depuis 1946. La jeune république venait d’acquérir définitivement son autonomie vis-à-vis du Danemark et avant même que soit créée la KSI, fédération islandaise de football, une équipe fut mise en place pour recevoir, le 17 juillet 1946, l’équipe du grand frère danois. Celui-ci l’emporta 3-0.
Après une quinzaine de matchs et quatre victoires recensées, la fédération inscrit son équipe à sa première épreuve internationale, la Coupe du monde 1958 qui sera organisée en territoire scandinave, la Suède. Le sort a voulu que le premier match de compétition de son histoire se dispute en France, le 2 juin 1957.
Craignant probablement un désintérêt du public parisien, la fédération a choisi de faire jouer cette rencontre sur la pelouse d’un club de deuxième division, le stade Malakoff à Nantes. C’est la première fois qu’une ville de province accueille un match éliminatoire de Coupe du monde. Jusqu’alors, toutes ces rencontres avaient eu lieu au Parc ou à Colombes. Plus de quinze mille spectateurs garnissent les tribunes pour l’occasion.
Daníelsson le glas
Quatre changements ont été opérés par rapport aux onze vainqueurs de la Belgique. Xercès Louis a été remplacé par Armand Penverne dès la rencontre du 24 mars au Portugal. Par ailleurs, Rachid Mekhloufi, Maryan Wisniewski et Thadée Cisowski, présents à Lisbonne ont cédé leur place à René Dereuddre, Célestin Oliver et le Toulousain Saïd Brahimi dont c’est la première sélection.
Dès le début de la rencontre, le gardien Helgi Daníelsson est mis à contribution. A la 6e minute, il repousse un tir de Kaelbel mais ne peut empêcher Célestin Oliver d’ouvrir le score. Cinq minute plus tard, l’attaquant Sedanais reprend un centre de Saïd Brahimi et double la mise. Le gardien islandais n’est pas dans un grand jour. Il ne parvient pas à bloquer le ballon et les attaquants français l’ont bien compris. Ils se positionnent sur chaque tir pour reprendre les ballons mal repoussés.
Les Islandais évoluant en maillot bleu, les Français jouent en maillot rouge. Peu importe le contraste puisque la rencontre n’est pas retransmise à la télévision. A la 29e minute, Saïd Brahimi tente une reprise de volée. Le ballon est repoussé par le gardien islandais dans les pieds de Jean Vincent qui marque le troisième but. Six minutes plus tard, c’est une frappe de Célestin Oliver que Danielsson ne parvient pas à maîtriser, ce dont profite René Dereuddre. Et juste avant la pause, le même Danielsson repousse un ballon du poing, mais celui-ci est repris aux dix-huit mètres par Roger Piantoni qui marque le cinquième but français.
Un carton record, pour la troisième fois
En début de seconde période, Célestin Oliver rend la monnais de sa pièce à Saïd Brahimi, en lui adressant un centre que le Toulousain convertit en but. Par la suite, Helgi Daníelsson se reprend et démontre en plusieurs occasions qu’il n’est pas un gardien de second plan. Les Tricolores n’inscrivent leur septième but qu’à l’entrée des dix dernières minutes, Roger Piantoni concluant un une-deux avec René Dereuddre. Deux minutes plus tard, le même Piantoni adresse à Jean Vincent la passe du huitième but. L’ancien Lillois, qui vient de disputer sa première saison à Reims, ne sait pas encore que ce stade nantais deviendra, dans les années futures, le théâtre de ses meilleurs moments d’entraîneur.
8-0, c’est la troisième fois que l’équipe de France réalise ce score record. Les deux précédents avaient été encaissés par le Luxembourg, la première fois à Saint-Ouen en 1913 (cinq buts d’Eugène Maès) puis en 1953 au Parc des Princes (Jean Vincent avait déjà inscrit deux buts et son coéquipier Fontaine trois).
La France termine la saison 1956/1957 en trombe avec une série de quatre victoires consécutives dont deux qui lui donnent de l’avance dans l’optique de la Coupe du monde 1958. Le match retour est prévu au début de la saison suivante, au Laugardalsvöllur de Reykjavik. Ce sera le premier voyage des Tricolores sur l’île de glace et de feu.
France bat Islande 8-0
Buts : Oliver (6’, 11’), Vincent (29’, 83’), Dereuddre (36’), Piantoni (45’, 81’), Brahimi (49’).
FRANCE Remetter - Kaelbel, Jonquet, Marche - Penverne, Marcel - Brahimi, Dereuddre, Oliver Célestin. Piantoni, Vincent.
ISLANDE Danielson - Gunnlaugsson, Halldorsson, Gislasson - Teitsson, Finnbogasson - Grimsson, R.Jonsson, Thordarsson, Gudmansson, T.Jonsson. Entr : Alex Weir.
Arbitre : Arthur Ellis (Angleterre)
15.080 spectateurs.
Joueur | Poste | Âge | Sélections | Club |
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François Remetter | Gardien | 28 ans | 22/26 | FC Sochaux |
Raymond Kaelbel | Défenseur | 25 ans | 10/35 | AS Monaco |
Roger Marche | Défenseur | 33 ans | 54/63 | RC Paris |
Armand Penverne | Milieu de terrain | 30 ans | 21/39 | Stade de Reims |
Robert Jonquet | Défenseur | 32 ans | 43/58 | Stade de Reims |
Jean-Jacques Marcel | Milieu de terrain | 25 ans | 21/44 | Olympique de Marseille |
Saïd Brahimi | Attaquant | 26 ans | 1/2 | Toulouse FC |
René Dereuddre | Attaquant | 26 ans | 6/6 | Toulouse FC |
Célestin Oliver | Attaquant | 26 ans | 3/5 | UA Sedan-Torcy |
Roger Piantoni | Attaquant | 25 ans | 20/37 | FC Nancy |
Jean Vincent | Attaquant | 26 ans | 17/46 | Stade de Reims |