Quand l’équipe de France se lance dans les éliminatoires de l’Euro 1992, son sélectionneur Michel Platini fait savoir qu’il s’appuiera jusqu’à la phase finale sur un groupe auquel il fait confiance depuis août 1989. Il laisse toutefois la porte entrouverte à d’éventuelles intégration. A l’occasion de la rencontre éliminatoire contre la Tchécoslovaquie au Parc des Princes en octobre 1990, le sélectionneur titularise Jocelyn Angloma, qu’un récent transfert au Paris Saint-Germain a mis en lumière.

Champion d’Europe espoirs

Jocelyn Angloma est le troisième natif de Guadeloupe à rejoindre l’équipe de France, après Marius Trésor et Luc Sonor. Né le 7 août 1965 aux Abymes, la plus grande ville de Guadeloupe, il débarque dans la métropole à l’âge de vingt ans pour jouer deux saisons au Stade Rennais. Marc Bourrier, le sélectionneur de l’équipe de France espoirs, est impressionné par son activité et le convoque dès le début de la saison 1986/1987 pour une aventure qui emmènera les Bleuets au titre de champion d’Europe de leur catégorie.

Lorsque Rennes est relégué en 1987, Jocelyn Angloma rejoint Lille où il reste trois saisons avant d’être repéré par le Paris Saint-Germain. Contre la Tchécoslovaquie, le Guadeloupéen devient à vingt-cinq ans le 711e joueur de l’histoire de l’équipe de France. Il débute comme milieu droit avant d’être remplacé par Luis Fernandez en début de seconde mi-temps. Un mois plus tard, il est du voyage en Albanie et entre en fin de rencontre, à la place de Pascal Vahirua.

Sa troisième sélection n’arrive qu’au début de la saison suivante. Jocelyn Angloma a défrayé la chronique pendant l’été 1991 en rejoignant l’Olympique de Marseille, le PSG acceptant de l’échanger contre trois joueurs (Laurent Fournier, Bruno Germain et Bernard Pardo). A partir de la rencontre amicale de Poznan, remportée 5-1 contre les Polonais, Jocelyn Angloma, devenu arrière latéral droit, est un titulaire régulier de la défense à cinq mise en place par Platini. Le Guadeloupéen participe aux qualifications pour l’Euro 1992, dispute les matchs de préparation puis il est aligné pour le match d’ouverture de l’Euro suédois.

Champion d’Europe avec l’OM

A Solna, alors que la France obtient difficilement le match nul (1-1), Jocelyn Angloma est remplacé après l’heure de jeu par Luis Fernandez. Lors du match suivant à Malmö contre l’Angleterre, il est remplaçant et n’entre qu’à la pause en remplacement de Franck Sauzée. Le troisième match contre le Danemark, il le suit entièrement du banc de touche, impuissant face à l’élimination tricolore.

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Gérard Houllier, qui succède à Platini, estime pouvoir se passer d’Angloma. Le nouveau sélectionneur manifeste un faible pour les lignes à quatre défenseurs centraux. Il fait toutefois appel au Marseillais au début de l’année 1993, quand une cascade de forfait l’oblige à puiser dans les réserves pour une rencontre amicale à Lisbonne contre le Sporting. Angloma réapparaît à la pause en remplacement de Jean-Luc Sassus. Le sélectionneur fait appel à lui pour la rencontre de qualification à Vienne, contre l’Autriche (1-0) puis au Parc contre la Suède (2-1).

Jocelyn Angloma est un acteur prépondérant du triomphe européen de l’Olympique de Marseille en 1993, aux côtés de Deschamps, Di Meco, Sauzée et des jeunes Barthez et Desailly. Mais l’émergence de ce dernier éloigne le Guadeloupéen de l’équipe de France. C’est en spectateur qu’il assiste à la rocambolesque élimination des Tricolores en novembre 1993.

Le maudit des Euro

Lorsque Aimé Jacquet prend les commandes de l’équipe de France, il rappelle Jocelyn Angloma à l’occasion d’un match amical à Lyon contre le Chili (3-1). Il l’embarque ensuite dans le groupe de la Kirin Cup, au Japon, où il dispute les deux rencontres. Alors qu’il rejoint le Torino au cours de l’été 1994, Jocelyn Angloma redevient plus que jamais un titulaire de l’équipe de France. Il est titularisé à l’ensemble des matchs de qualification pour l’Euro 1996.

Pendant deux ans, la seule rencontre à laquelle il ne prend pas part est un match amical à Oslo, programmé en juillet 1995 alors qu’il a tout juste repris la préparation avec le club italien. Son niveau de confiance est tel qu’il inscrit son premier (et seul) but en bleu lors de la rencontre de préparation contre l’Arménie à Villeneuve d’Ascq (2-0), un magnifique ballon piqué au-dessus du gardien sur une remise toute aussi inspirée de Djorkaeff.

Toutefois, lorsque les Tricolores disputent leur premier match de l’Euro 1996 en Angleterre, Jocelyn Angloma ne figure pas dans le onze de départ. Aimé Jacquet lui préfère un autre Guadeloupéen, le prometteur Lilian Thuram. Angloma réapparaît lors du deuxième match contre l’Espagne (1-1), mais sort à l’heure de jeu et n’est plus rappelé par la suite. Comme quatre ans plus tôt en Suède, Angloma perd sa place au cours de la phase finale du championnat d’Europe.

Aimé Jacquet le fait toutefois entrer en toute fin de match lors de la demi-finale contre la République tchèque. Angloma remplace Thuram à la 87e minute, mais la prolongation lui permet de jouer une demi-heure supplémentaire. L’équipe de France s’incline aux tirs au but. A trente ans seulement, Jocelyn Angloma met un terme à sa carrière internationale. Il avait connu sa première sélection contre la Tchécoslovaquie, il connaît sa dernière contre la République Tchèque, signe du temps qui passe.

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La carrière du Guadeloupéen est toutefois loin d’être terminée. Juste après l’Euro, il rejoint l’Inter Milan puis signe un an après au FC Valence, où il reste cinq ans, le temps de disputer deux finales de Ligue des champions. En 2002, estimant la carrière accomplie, il rentre en Guadeloupe.

Une deuxième carrière avec la Guadeloupe

Alors que le mot “Fin” semble apparaître au générique, l’Étoile de Morne-à-l’Eau, le club de ses jeunes années, fait appel à lui en novembre 2003 pour un match de Coupe de France à Romorantin. Un match épique que le club guadeloupéen, mené deux fois au score, remporte aux tirs au but. L’ancien international participe au tour suivant à Colombes où son équipe s’incline logiquement face à l’US Boulogne. Ces deux rencontres redonnent à Angloma le goût de la compétition.

Son niveau de jeu reste tel que trois ans plus tard, alors qu’il a dépassé les quarante ans, Jocelyn Angloma est convoqué en équipe de Guadeloupe. Les règlements le permettent car la fédération guadeloupéenne n’est pas reconnue par la FIFA. Les Gwada Boys terminent à la quatrième place de la Coupe caribéenne des nations et se qualifient pour la Gold Cup, équivalent de l’Euro ou de la Copa America dans la zone Concacaf.

A Miami, le 9 juin 2007, la sélection guadeloupéenne réalise l’exploit de battre un grand favori, le Canada (2-1). Angloma est l’auteur du premier but, d’un magnifique tir lointain qui lobe le gardien canadien. Huit jours plus tard à Houston, le joueur de Morne-à-l’Eau inscrit un nouveau but contre le Honduras (2-1) et participe à la qualification de son équipe pour les demi-finales.

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Jocelyn Angloma est donc très probablement le seul joueur au monde à avoir disputé la demi-finale de deux compétitions continentales différentes, l’Euro et la Gold Cup. A quarante et un ans, il décide de raccrocher les crampons. Il devient l’entraîneur de l’Étoile de Morne-à-l’Eau puis, à partir de 2017, le sélectionneur de l’équipe de Guadeloupe.

37 sélections avec les Bleus, 1 but

Jocelyn Angloma a disputé 38 rencontres ave l’équipe de France (dont un match non-officiel contre une équipe de club). Trente-et-une fois titulaire, le site FFF lui compte 2.659 minutes de jeu. Il connu trois sélectionneurs (Platini, Houllier, Jacquet) et disputé deux fois l’Euro (1992, 1996). Il est l’auteur d’un but.