Partir ou rester : les matchs à élimination directe en Championnat d’Europe

Publié le 26 juin 2021 - Bruno Colombari - 2

Finis les calculs, terminée la gestion du groupe et des efforts : désormais commencent les matchs les plus intéressants, ceux qui sanctionnent immédiatement. Retour sur les 15 matchs à élimination directe des Bleus à l’Euro depuis 1960.

4 minutes de lecture

En 2018, j’avais écrit un article sur les 22 matchs couperet en Coupe du monde. Il est donc logique d’en faire de même avec l’Euro, même si dans ce dernier, les Bleus ne comptent pour l’instant que 15 matchs à élimination directe, contre 26 pour la compétition mondiale.

Peu d’occasions de jouer un match décisif avant 1996

Pourquoi un tel écart ? Tout d’abord parce que le championnat d’Europe compte 16 éditions, contre 22 pour la Coupe du monde. Ensuite parce que de 1960 à 1976, soit les cinq premiers tournois, la phase finale se limitait à quatre matchs, sur le principe de l’actuelle Ligue des Nations (deux demi-finales, une finale et un match de classement). Puis, de 1980 à 1992, le tournoi s’est joué à 8 avec des demi-finales et une finale, voire seulement une finale pour la première édition de ce nouvel Euro. Ce n’est qu’à partir de 1996, avec l’apparition de quarts de finale dans un tournoi à 16, puis de à partir de 2016 avec des huitièmes et 24 participants, que le nombre de matchs couperet a nettement augmenté. Enfin, parce que l’équipe de France a longtemps été absente de cette compétition très sélective, qui qualifiait beaucoup moins de sélections européennes que la Coupe du monde, paradoxalement.

Ce n’est plus que depuis 1992 que les Bleus s’invitent tous les quatre ans à l’Euro. Mais ils ont calé au premier tour à deux reprises (1992 et 2008) et ont échoué deux autres fois avant d’entrer dans le dernier carré (2004 et 2012). Voilà qui explique le nombre relativement faible de matchs à élimination directe dans cette compétition, 15 en 9 participations.

15 matchs, 9 victoires et 6 défaites

Comme je l’avais fait dans l’article sur la Coupe du monde, je classe ici les matchs terminés aux tirs au but dans les victoires ou les défaites, même si statistiquement ce sont des matchs nuls. Les Bleus l’ont emporté 9 fois sur 15, donc dans 60% des cas (contre 69% en Coupe du monde, 18 victoires sur 26). 4 matchs se sont achevés en prolongations (3 gagnés) et deux autres sont allés jusqu’au tirs au but (un gagné). Soit 6 matchs sur 15 qui se sont terminés par un nul dans le temps réglementaire, 40% du total (27% en Coupe du monde).

Voyons maintenant les différents scénarios possibles en fonction du déroulement de la partie. Les Bleus ont marqué les premiers 4 fois, et ont toujours gagné. Quand ce sont eux qui ont encaissé le premier but, ils ont perdu 5 fois sur 9.

La France marque en premier et gagne (5 fois sur 15)

Portugal 1984 (3-2)
Espagne 1984 (2-0)
Espagne 2000 (2-1)
Islande 2016 (5-2)
Allemagne 2016 (2-0)

Il faut souligner ici que face au Portugal à Marseille, il y a eu un double renversement de score, puisque la France a marqué la première par un coup franc de Jean-François Domergue en première période, puis le Portugal a égalisé et pris l’avantage en prolongations par un doublé de Jordao. Enfin, les Bleus ont eux aussi égalisé, toujours par Domergue, avant que Michel Platini ne marque le but victorieux à la toute fin du match. Les quatre autres matchs ont connu un scénario beaucoup plus linéaire : contre l’Espagne en finale de l’édition 1984 et face à l’Allemagne en 2016, le premier qui a marqué a gagné (même si ce n’était pas celui qui dominait les débats, loin de là). En 2000, l’Espagne a égalisé par Mendieta suite à l’ouverture du score de Zidane, mais Djorkaeff a redonné l’avantage aux Bleus six minutes plus tard. Et contre l’Islande en 2016, l’affaire était pliée à la mi-temps (4-0), les Islandais sauvent l’honneur en deuxième période.

La France est d’abord menée et gagne (3 fois sur 15)

Portugal 2000 (2-1)
Italie 2000 (2-1)
Irlande 2016 (2-1)

Cette stat-là est importante, et elle est comparable à celle de la Coupe du monde. A l’Euro, les Bleus ont encaissé le premier but du match à huit reprises, et elle l’a emporté trois fois. Chose plus remarquable, elle l’a fait deux fois d’affilée en une semaine lors de l’Euro 2000 : surprise en demi contre le Portugal par un but de Nuno Gomes à la 19e, elle s’en sort grâce à l’égalisation de Henry à la 51e et à un but en or de Zidane sur pénalty à trois minutes de la fin de la prolongation.

Autant dire qu’en finale contre l’Italie, les Bleus ne paniquent pas quand Mauro Delvecchio marque à la 55e. Mais le temps passe, et ce n’est que dans la quatrième minute du temps additionnel qu’ils égalisent enfin par Sylvain Wiltord, puis qu’ils achèvent les Italiens à la 103e, encore un but en or signé David Trezeguet.

La troisième fois est plus expéditive : en 2016, les Irlandais marquent sur pénalty dès la 2e, et ce n’est qu’après un changement tactique à la mi-temps (sortie de Kanté pour Coman) que Griezmann plie l’affaire en trois minutes, de la tête sur un centre de Sagna et du gauche après un relais avec Giroud.

La France est d’abord menée et perd (5 fois sur 15)

Yougoslavie 1960 (4-5)
Tchécoslovaquie 1960 (0-2)
Grèce 2004 (0-1)
Espagne 2012 (0-2)
Portugal 2016 (0-1)

C’est évidemment la plus inquiétante : ces fois-là, le premier but encaissé a été fatal, l’équipe de France étant incapable d’égaliser même s’il restait beaucoup de temps comme face à l’Espagne en 2012. Le cas du France-Yougoslavie 1960 est atypique, car si les Yougoslaves ont marqué les premiers par Milan Galic (11e), les Français ont mené ensuite 3-1 puis 4-2 jusqu’à un quart d’heure de la fin, avant de perdre complètement les pédales en encaissant trois buts en trois minutes (75e, 77e, 78e). Le genre de choses qu’on ne reverra plus, à moins d’être Brésilien à Belo Horizonte.

Aucun but n’est marqué : (2 fois sur 15)

Pays-Bas 1996 (0-0)
République tchèque 1996 (0-0)

Enfin, il reste les deux derniers cas, où aucun but n’a été inscrit. C’est arrivé deux fois, qui plus est coup sur coup, à l’Euro 1996, et ce n’était pas beau à voir. Après un quart de finale cadenassé contre les Pays-Bas à Liverpool où les Bleus sont tout heureux de sortir des Néerlandais dominateurs aux tirs au but, la même soupe indigeste est servie quatre jours plus tard à Manchester face à la République tchèque. Mais comme on ne peut pas toujours gagner à pile ou face, l’équipe de France d’Aimé Jacquet sort du tournoi sans avoir marqué le moindre but en quatre heures de matchs à élimination directe.

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