Pendant quarante ans, avant que le Qatar ne vienne le porter dans son actuelle dimension stratosphérique, le Paris Saint-Germain n’a remporté que deux titres de champion de France. Un palmarès plutôt maigre pour un club qui a toujours été l’un des plus gros budgets du championnat. Si le premier titre, en 1986, a été le sommet des années Borelli, celui de 1994 est celui de l’ère Canal Plus, prolongé deux ans plus tard par la victoire en Coupe des Vainqueurs de Coupes, la seule d’un club français.
A l’assaut de l’hégémonie phocéenne
Lorsque la chaîne Canal Plus investit le club de la capitale en 1991, celui-ci compte de nombreux internationaux, mais certains n’échappent pas au ménage auquel procède Michel Denisot, l’animateur TV désigné président-délégué : Philippe Jeannol, Michel Bibard et Thierry Laurey sont priés d’aller jouer ailleurs. Jocelyn Angloma quant à lui est cédé à l’OM dans le cadre d’un échange contre trois joueurs olympiens : Bernard Pardo, Bruno Germain et Laurent Fournier. Le club conserve Joël Bats, Christian Perez, Daniel Bravo, ainsi qu’Amara Simba, qui connaît sa première sélection au début de cette saison 1991/1992.
L’équipe de France est alors essentiellement composée de joueurs de l‘Olympique Marseille. Lors du premier rendez-vous de la saison à Poznań, la sélection de Michel Platini compte jusqu’à huit joueurs phocéens contre seulement deux Parisiens : Amara Simba, première sélection, et Christian Perez, entré en jeu à la 53e minute. Le sélectionneur, qui a chois de préserver son groupe jusqu’à l’Euro 1992, n’appelle aucun autre joueur parisien, si bien qu’après la grave blessure d’Amara Simba (fracture du péroné) en avril 1992, Perez sera le seul Parisien en juin 1992 pour la phase finale en Suède.
Le bal des débutants
Lorsque Gérard Houllier reprend l’équipe de France, celle-ci débute la saison 1992/1993 par un match amical au Parc contre le Brésil. Le nouveau sélectionneur, ancien entraîneur du PSG, fait appel à trois joueurs du club parisien : Alain Roche, tout juste recruté, mais que Platini ne rappelait plus depuis trois ans et demi, David Ginola, recruté en décembre 1991 à la suite de la faillite du Brest Armorique, et qui ne comptait qu’une sélection datant de novembre 1990, et Laurent Fournier qui pour sa première sélection entre en jeu en seconde période. Deux mois plus tard, le sélectionneur fait débuter le défenseur Jean-Luc Sassus contre l’Autriche. En février 1993 à Tel Aviv, ce sont Bernard Lama et Paul le Guen qui honorent leur première sélection.
Il est intéressant de constater que Lama, Le Guen, Fournier et Sassus découvrent l’équipe de France A alors qu’ils sont déjà joueurs du PSG. Quant à Roche et Ginola, ils sont rappelés en Bleu après une longue période d’absence. Le club parisien recrute alors peu d’internationaux en exercice, mais les joueurs qu’il attire savent que de bonnes performances dans la capitale ouvrent très vite les portes de l’équipe de France.
Un phénomène s’opère au début de la saison 1993/1994 : la sélection nationale compte plus de Parisiens que de joueurs marseillais. Le club phocéen à la fois champion d’Europe et menacé par l’affaire VA-OM, voit certains de ses internationaux quitter le navire. L’ascendant parisien se manifeste tant chez les Bleus qu’en championnat. La rivalité entre les deux clubs, devenue féroce, provoque des tensions au sein du groupe de Gérard Houllier.
En septembre 1993 en Finlande, Vincent Guérin vient s’ajouter aux recrues du PSG qui découvrent l’équipe de France. Celle-ci compte alors quatre Parisiens. Ils seront cinq lors du fameux France-Bulgarie de novembre 1993. Aimé Jacquet, qui prend la relève au début de l’année 1994, s’appuie sur les mêmes joueurs.
Paris bleu
Lorsqu’il conquiert le titre de champion de France en 1994, le PSG compte neuf internationaux français, dont sept en activité, auxquels il faut ajouter Antoine Kombouaré, José Cobos, Patrick Colleter et Pierre Reynaud qui ont joué en équipe de France B. Xavier Gravelaine, qui a rejoint le club en 1993, a perdu sa place en Bleu faute d’avoir su rester titulaire au PSG.
Un an après son titre, au cours de l’été 1995, le club parisien fait face à quelques départs importants (Ginola, Weah, Valdo, Ricardo… ) et s’active donc sur le recrutement. Il parvient à attirer Youri Djorkaeff (8 sélections), Patrice Loko (8 sélections) et Bruno NGotty (1 sélection) qui seront les artisans de la victoire en Coupe des Coupes 1996.
Avec cinq joueurs, le PSG est le club le plus représenté dans la liste des Bleus pour l’Euro 1996. Tous les cinq sont titulaires lors de la demi-finale contre la République Tchèque à Manchester. Deux ans plus tard, pour la Coupe du monde 1998, la liste d’Aimé Jacquet n’en comptera… aucun ! Une page se tourne alors au sein du club parisien, avec les départs simultanés de Fournier, Le Guen, Roche, Guérin, Loko et N’Gotty, mais aussi de Michel Denisot, qui cède la présidence à son compère Charles Biétry.
Les Parisiens 1994-1996 en Bleu
Les champions de France 1994 et les vainqueurs de la Coupe des Coupes 1996.
| Joueur | Titres | Période PSG | Période bleue | Sélections |
|---|---|---|---|---|
| Daniel Bravo | 1994+1996 | 1989-1996 | 1982-1989 | 1/13 |
| Laurent Fournier | 1994+1996 | 1991-1994 & 1995-1998 | 1992-1992 | 3/3 |
| David Ginola | 1994 | 1991-1995 | 1990-1995 | 14/17 |
| Paul Le Guen | 1994+1996 | 1991-1998 | 1993-1995 | 17/17 |
| Jean-Luc Sassus | 1994 | 1992-1994 | 1992-1992 | 1/1 |
| Bernard Lama | 1994+1996 | 1992-1997 & 1998-2000 | 1993-2000 | 41/44 |
| Alain Roche | 1994+1996 | 1992-1998 | 1988-1996 | 23/25 |
| Vincent Guérin | 1994+1996 | 1992-1998 | 1993-1996 | 19/19 |
| Xavier Gravelaine | 1994 | 1993-1996 & 1999-2000 | 1992-1993 | 0/4 |
| Youri Djorkaeff | 1996 | 1995-1996 | 1993-2002 | 14/82 |
| Patrice Loko | 1996 | 1995-1998 | 1993-1997 | 18/26 |
| Bruno N’Gotty | 1996 | 1995-1998 | 1994-1997 | 5/6 |








