Le 27 novembre 1957, alors qu’elle vient de se qualifier pour la Coupe du monde suédoise, l’équipe de France commence sa préparation par le plus périlleux des rendez-vous, un match amical à Wembley contre l’équipe d’Angleterre. Alors que le Lyonnais André Lerond ne peut tenir sa place, les sélectionneurs font appel à Richard Tylinski, un jeune défenseur stéphanois de vingt ans.
Un but à Wembley
Né le 18 septembre 1937 à Noyant-d’Allier, le gamin a fait ses classes à La Combelle, dans le Puy-de-Dôme, avec son frère Michel, de trois ans son aîné. Tout comme René Domingo et Koczur Ferry, qui proviennent du même club et qui ont rejoint l’AS Saint-Etienne en 1949, les frères Tylinski, fils de mineur, sont recrutés par le club du Forez en 1953. Ils font partie, trois ans plus tard, de l’équipe réserve stéphanoise qui remporte la huitième édition de la Division Nationale, le nom du championnat de France amateur de l’époque, équivalent la troisième division. Une très belle équipe dans laquelle figurent également René Ferrier, Yvon Goujon, Jean Oleksiak, Lucien Baudino qui forme alors, avec les Tylinski, l’ossature stéphanoise de l’équipe de France amateur.
En 1957, l’AS Saint-Etienne remporte le premier titre de champion de son histoire, en première division, avec les frères Tylinski titulaires en défense. Richard, le plus jeune, est régulièrement appelé en équipe de France B, avec René Domingo, Eugène N’Jo Léa, René Ferrier et Bernard Lefèvre. Son frère aîné le rejoindra au début de la saison 1957/1958, mais seul Richard connaîtra par la suite l’équipe de France A. En novembre 1957, pour la rencontre en Angleterre, il fait partie des quatre nouveaux appelés par Paul Nicolas avec René Domingo, Yvon Douis et Bruno Bollini.
Le match à Wembley se passe mal. La défense française est confrontée à une terrible ligne d’attaque composée de Tom Finney, Johnny Haynes, Tommy Taylor et Bobby Robson. A la mi-temps, le score est de 3-0 pour les Anglais, avec deux buts de Taylor, que Tylinski est chargé de marquer. En début de seconde période, le défenseur français se blesse et est contraint de jouer les utilités sur l’aile gauche tandis que Mustapha Zitouni prend sa place. Exilé en attaque, Tylinski parvient malgré son handicap à marquer un but en reprenant un tir de Jean Vincent repoussé sur la ligne par un défenseur. L’histoire aurait été belle, mais l’arbitre soviétique Nikolay Latychev refuse le but, pour une raison inexpliquée. En fin de rencontre, Bobby Robson enfonce le clou et l’Angleterre l’emporte 4-0.
Le premier international formé à Saint-Etienne
Richard Tylinski, 454e joueur de l’histoire de l’équipe de France, est considéré comme le premier joueur formé à l’ASSE devenu international. Il ne sera toutefois pas rappelé par la suite et la Coupe du monde 1958 se passera sans lui. Cette première sélection, soldée par un échec, marque un coup d’arrêt dans la progression du jeune défenseur. Pour son frère, c’est encore pire : une grave blessure survenue lors d’un match de championnat contre Sochaux, en décembre 1958, met un terme à sa carrière, à vingt-quatre ans.
Richard Tylinski attendra plus de trois ans avant de retrouver le maillot bleu. Il retrouve l’équipe de France B en mars 1960 à Annecy pour une victoire facile (5-0) contre l’Irlande du Nord B. Mais ce n’est qu’après la première Coupe d’Europe des nations qu’il réapparaît chez les A, à l’occasion d’un Pologne-France amical disputé à Varsovie, où il prend la place de Raymond Kaelbel. La défense française est encore soumise à rude épreuve et les Polonais, dirigés par Jean Prouff, mène 2-0 à dix minutes de la fin. Il faudra une miraculeuse remontée pour que les Français sortent avec le score nul (2-2).
Un mois plus tard, les Tricolores se rendent à Bâle où ils encaissent un mémorable 6-2 qui provoquera la démission de deux membres du comité de sélection, Alex Thépot et Jean Gautheroux. Quant à Richard Tylinski, il a été aux premières loges pour assister aux exploits de Josef Hügi, auteur de cinq buts. Il ne sera pas rappelé par la suite.
Relancé par Jean Snella
A Saint-Etienne, Jean Snella avait quitté le club en 1959 et été remplacé par René Vernier. Les résultats se sont dégradés chaque saison et l’ASSE s’est retrouvée en deuxième division en 1962. L’équipe remonte aussitôt et est reprise en main par Snella. Un retour bénéfique pour les Verts, qui remportent leur deuxième titre l’année de leur accession, mais aussi pour Tylinski, qui retrouve l’entraîneur de ses débuts et le niveau qui était le sien.
Mais le double champion de France ne sera finalement jamais rappelé chez les Tricolores. Il aurait pu envisager la Coupe du monde 1966, mais plutôt que la World Cup anglaise, l’été 1966 est pour lui celui d’un transfert à Avignon, en deuxième division, où il terminera sa carrière.
Richard Tylinski est décédé dans la nuit du 16 au 17 août 2025 là où il est né, à Noyant-d’Allier. Il avait quatre-vingt-sept ans.
Dix matchs en Bleu, trois sélections A
Richard Tylinski compte trois sélections en équipe de France, une en 1957 et deux en 1960 (soit 270 minutes). Il n’a jamais connu la victoire. Il a par ailleurs disputé cinq rencontres avec l’équipe de France B et deux en équipe de France amateur.
Sel. | Match | Date | Lieu | Adversaire | Score | TpsJeu | Notes |
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Amateur | Amical | 21/04/1956 | Dulwich | Angleterre Am. | 1-3 | 90 | |
Amateur | Amical | 19/05/1956 | Fribourg | RFA Am. | 3-3 | 90 | |
B | Amical | 07/10/1956 | Varsovie | Pologne B | 1-1 | 90 | |
B | Amical | 21/10/1956 | Bratislava | Tchécoslovaquie B | 1-1 | 90 | |
B | Amical | 24/03/1957 | Nantes | Portugal B | 1-1 | 90 | |
B | Amical | 27/10/1957 | Dijon | Belgique B | 3-1 | 90 | |
1 | Amical | 27/11/1957 | Londres | Angleterre | 0-4 | 90 | |
B | Amical | 16/03/1960 | Annecy | Irlande Nord B | 5-0 | 90 | |
2 | Amical | 28/09/1960 | Varsovie | Pologne | 2-2 | 90 | |
3 | Amical | 12/10/1960 | Bâle | Suisse | 2-6 | 90 |