L’UFWC, ce titre des Bleus que vous ne connaissez pas

Publié le 6 septembre 2019 - Bruno Colombari

En devenant championne du monde en 2018, l’équipe de France avait aussi décroché contre la Croatie le titre de l’UFWC (perdu depuis). Le quoi ? L’Unofficial Football World Championships. Ça mérite bien quelques explications.

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Mise à jour d’un article initialement paru en août 2018.


En assurant la victoire en finale de la Coupe du monde le 15 juillet 2018, Paul Pogba et Kylian Mbappé n’ont pas gagné un titre, mais deux. Le deuxième, celui dont personne ne parle, est pourtant le plus ancien : le championnat du monde non-officiel (UFWC en VO) fait remonter son palmarès à... 1872, soit la date du tout premier match international de l’histoire du football, entre l’Angleterre et l’Ecosse à Glasgow. Et son principe, calqué sur les championnats du monde de boxe, est très simple : l’équipe qui bat le tenant du titre le récupère, jusqu’à sa prochaine défaite.

La coupe (virtuelle) Charles William Alcock, trophée de l'UFWC
La coupe (virtuelle) Charles William Alcock, trophée de l’UFWC

Quand les Ecossais se prenaient pour les champions du monde, en 1967

Avant la Coupe du monde, le détenteur du titre était le Pérou. Le Danemark l’en a dépossédé au premier match du premier tour, puis l’a perdu contre la Croatie en huitièmes (les prolongations et les tirs au but comptent, contrairement au bâton de Nasazzi où seul le résultat sur 90 minutes prime). Et la Croatie l’a elle-même cédée en finale à Moscou contre l’équipe de France.

En réalité, l’UFWC n’a bien sûr pas été inventé en 1872. L’idée initiale remonte à 1967, quand des supporters écossais ont affirmé que puisque leur équipe avait battu l’Angleterre alors championne du monde en titre, alors elle devenait la championne du monde non-officielle. En 2003 l’UFWC était fondée par le journaliste anglais Paul Brown et remontait alors aux origines au prix d’un long travail d’archives pour reconstituer le parcours des champions non-officiels successifs.

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En 1969, les Bleus déjà champions du monde (pour de faux)

Ce n’était pas la première fois que l’équipe de France remporte le titre de champion du monde non-officiel. C’était même la septième fois. La première remonte à novembre 1969 (rappelons que la sélection existe depuis 1904) après une victoire contre la Suède (3-0). Elle le garde trois matchs, mais le perd assez vite, face à la Suisse en mai 1970.

Les Bleus regagnent le titre contre le champion du monde sortant, la RFA, en février 1977 (1-0). Un mois plus tard, ils l’abandonnent déjà à la République d’Irlande. Mais ils le récupèrent dès le mois de novembre au terme d’un match qui les envoie en Argentine (Bulgarie, 3-1).

C’est d’ailleurs à Mar del Plata contre l’Italie que l’équipe de France le cède à nouveau en juin 1978. Il sera reconquis à l’Euro 1984 grâce à la lumineuse victoire sur la Belgique à Nantes (5-0) et tiendra presque un an, jusqu’à une défaite à Sofia contre la Bulgarie en mai 1985.

Le journaliste Paul Brown, inventeur de l'UFWC, a aussi publié un livre (réel celui-là, bien qu'anglais).
Le journaliste Paul Brown, inventeur de l’UFWC, a aussi publié un livre (réel celui-là, bien qu’anglais).

En 1998, les deux titres sont unifiés

Il faudra attendre treize ans pour que ce titre aussi prestigieux que non-officiel nous revienne, et c’était un certain 12 juillet 1998 contre le Brésil (3-0). Champion du monde toute catégories : c’est ce que l’UFWC appelle l’unification des titres. La FIFA n’a qu’à bien se tenir.

Comme les choses sont bien faites, l’UEFA s’est alignée le 1er juillet 2000 à Rotterdam : ce jour-là, les Bleus remportent l’Euro et reconquièrent le titre de l’UFWC en battant l’Italie (2-1), un an après l’avoir cédée à la Russie en juin 1999.

Ils le perdent à nouveau en avril 2001 à Valence contre l’Espagne et mettront 17 ans avant de le récupérer. Au total, selon l’UFWC, la France a disputé 59 matchs pour le titre, et en a gagné 28, soit un peu moins de la moitié. Elle ne l’a pas gardé bien longtemps : les Pays-Bas le lui ont repris en novembre 2018 à Rotterdam (0-2), avant de se le faire eux-mêmes subtiliser à domicile par l’Allemagne pour six mois (2-3 en mars 2019) puis de le récupérer en battant ces mêmes Allemands à Hambourg (4-2 en septembre 2019).

Quatre périodes à quatre titres

Il y a donc eu plusieurs périodes dans l’histoire des Bleus où ils ont cumulé plusieurs titres, officiels ou pas. Si on en retient six, trois officiels (Coupe du monde, championnat d’Europe, premier au classement FIFA) et trois virtuels (bâtons de Nasazzi et de Netto, UFWC), les périodes les plus fastes en comptent quatre cumulées.

La première va d’octobre 1984 à mai 1985, pendant laquelle la France est championne d’Europe en titre et détient les trois titres virtuels. La deuxième va d’août 2000 à mars 2001, pendant laquelle les Bleus, qui sont champions du monde et d’Europe, détiennent aussi le bâton de Netto et le titre de l’UFWC. Ils perdent ces deux derniers juste avant de récupérer le bâton de Nasazzi et de devenir numéro 1 à la FIFA pendant deux jours, fin mai-début juin 2001. Autant dire qu’ils n’ont jamais été aussi près d’unifier les six titres. Enfin, ils en détiendront à nouveau quatre en septembre et octobre 2018 (champion du monde, FIFA, bâton de Netto et UFWC).

La Géorgie, le Zimbabwé et la Corée du Nord au palmarès

Le classement général compte 49 vainqueurs, parmi lesquels le Vénézuéla, la Géorgie, Israël, le Zimbabwé, l’Angola, la Corée du Nord ou l’Australie. Ce qui fait beaucoup plus de champions du monde qu’avec la FIFA, six fois plus environ.

Et si les Français sont très forts pour créer des compétitions qu’ils mettent des décennies à remporter (Jules Rimet pour la Coupe du monde, Henri Delaunay pour le championnat d’Europe, Jacques Ferran pour la Coupe des clubs champions), les Anglais ne sont pas mal pour concevoir des challenges aussi virtuels qu’improbables. On comprend mieux pourquoi en lisant le palmarès de l’UFWC : 22 titres pour l’Angleterre, 20 pour l’Ecosse. Ça en fait 41 de plus que dans les compétitions officielles.

pour finir...

L’idée de l’article m’est venue suite à un tweet de Matthieu Delahais, l’initiateur du Dico des Bleus.

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