T’as voulu voir Diego et on a vu Messi

Publié le 16 février 2011 - Bruno Colombari

Petite visite guidée du stade vélodrome où Maradona et ses joueurs de futbol ont corrigé les Bleus le 11 février dernier. Article publié sur le site du webzine Envrak le 16 février 2009.

2 minutes de lecture

Construit il y a 72 ans, le stade vélodrome a accueilli comme son nom l’indique des courses cyclistes, des matches de boxe, des courses de lévriers, de la pétanque, du hockey sur gazon, des matches de rugby à XIII, la coupe du monde de rugby à XV et des concerts, de Joan Bez à Johnny en passant par Pavarotti, U2, Pink Floyd ou les Stones. Le 9 juin prochain, il recevra AC/DC et le 19 juillet, Madonna.

Mais c’est bien sûr par le football et l’OM que le stade vel’ s’est rendu célèbre. Agrandi une première fois en 1984, il est démoli et reconstruit pour la coupe du monde 1998. Il y gagne 20 000 places supplémentaires et une réputation d’enrhumoir : une seule des quatre tribunes est couverte, et son architecture en corolle est idéale pour laisser s’engouffrer le mistral dans l’axe nord-sud.

Curieusement, trois des quatre tribunes portent le nom d’un personnage local disparu prématurément : la tribune principale s’appelle Jean-Bouin, un coureur à pied mort à 26 ans en 1914. Celle située en face honore le champion cycliste Gustave Ganay, mort en 1926 à 34 ans d’une chute de vélo à 80 km/h. A gauche, le virage nord porte le nom du boxeur Ray Grassi, mort à 23 ans après un combat. En 2000, il est rebaptisé de Peretti, du nom d’un supporter disparu à l’âge de 29 ans et rendu célèbre pour avoir lancé la mode de soutenir son club torse nu par tous les temps. Enfin, à droite, le virage sud s’appelle Chevalier Roze (aucun rapport avec Mathieu Chedid). Ce n’était ni un sportif, ni un supporter, mais il a joué un rôle déterminant au moment de la peste qui a ravagé Marseille en 1720 et il a vécu 58 ans. Comme quoi, le sport est dangereux pour la santé.

Le 11 février, le vélodrome n’a d’yeux que pour un petit homme replet à la coiffure rétro. « Diego en Marsella siempre eterno » proclame une banderole bleue et jaune, aux couleurs de Boca Juniors, déployée en haut du virage de Peretti. Si Maradona, désormais sélectionneur de l’Argentine, a bien failli venir jouer à l’OM il y a vingt ans, l’affaire a capoté, sans doute selon la volonté de la Camorra napolitaine dont Diego était le gagne-pain.

Qu’importe. Les Marseillais aiment bien cette équipe argentine qui leur ressemble : talentueuse et débraillée, teigneuse et capable de tout, du meilleur comme du pire. En plus, elle joue dans les mêmes couleurs que le club olympien (dont le maillot de rechange, l’an dernier, ressemblait furieusement à celui de la sélection sud-américaine).

Ici, la Marseillaise est entonnée à pleins poumons, d’abord parce que c’est un chant rendu célèbre par les volontaires locaux en 1792, et ensuite, bien sûr, pour faire le contraire des Parisiens qui la sifflent. Mais que les Bleus commencent à fatiguer, que les Argentins mettent le pied sur le ballon et ne le rendent plus, et le naturel frondeur revient au triple galop : les « olé » saluent les séances de passes à dix qui suivent chacun des buts, et des « Domenech démission » commencent à descendre des virages.

Les trois mille supporters argentins, venus de toute l’Europe et massés dans le coin de tribune réservé aux visiteurs font la fête à Lionel Messi, l’auteur du second but et probable meilleur joueur mondial.

Après le match, sur le boulevard Michelet, trois filles habillées de bleu ciel et blanc se font photographier par trois jeunes types en tricolore, sans doute prêts à rejouer une partie amicale. Après Maradona, il ne reste plus qu’à attendre Madonna.

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