C’est Albert Briquet qui commente le tout premier match de l’équipe France (contre la RFA, le 5 octobre 1952) à la télévision. Jacques Sallebert (1954-1960), Georges de Caunes (1954-1958) et Jean Quittard (1959-1961), qui assurent le direct chacun lors de quatre rencontres lui succèdent avec Raymond Marcillac (6 rencontres entre 1958 et 1968).

Le 12 novembre 1961, les Français découvrent un certain Thierry Roland, qui sera la voix de l’équipe de France jusqu’au 6 septembre 2011. En près de 50 ans, il accompagne 246 rencontres des Tricolores sur cinq chaînes différentes (8 sur la RTF, 13 sur l’ORTF, 39 sur Antenne 2, 180 sur TF1 et 6 sur M6). Il raconte les matchs des Bleus d’abord en solo, puis avec Joseph Pasteur (premier match commenté en binôme de l’histoire, France-Brésil le 28 avril 1963), Bernard Père (27 matchs entre 1975 et 1983), Hervé Mathoux (deux rencontres en 1994) et Christian Jeanpierre (un match en 2000). Mais c’est surtout avec l’ancien international Jean-Michel Larqué qu’il va fonctionner (188 matchs coprésentés entre 1981 et 2004, d’abord sur Antenne 2 puis TF1 et enfin M6).

Onze internationaux derrière le micro

Au total, Larqué a été présent 263 fois à l’antenne lors des rencontres de l’équipe de France. Il n’est bien sûr pas le seul ancien Bleu à avoir commenté les rencontres de l’équipe de France. Frank Leboeuf, Christophe Dugarry (deux matchs commentés), Eric Di Méco, Paul Le Guen (5), Bruno Cheyrou (7), Roger Piantoni (11), Robert Pirès (15), Jean-Marc Ferreri (17), Daniel Bravo (24) et Bixente Lizarazu (152) ont aussi eu cet honneur, que ce soit sur la chaîne principale ou sur une chaîne payante lors d’une Coupe du monde ou d’un Euro codiffusé (sur Canal+, Eurosport ou BeIn Sport).

Georges Boulogne, sélectionneur de l’équipe de France entre 1959 et 1963 (31 matchs), a aussi été derrière le micro lors de France-Argentine le 18 mai 1974. Il y aussi les quatre anciens Bleus multicartes, qui en plus d’avoir été joueur et commentateur de l’équipe de France ont aussi été sélectionneur. Il s’agit d’Albert Batteux (8 sur la pelouse en équipe de France, 40 sur en tant que sélectionneur (ou plutôt membre du comité de sélection) et un en tant que commentateur), Just Fontaine (21 sélections, deux bancs de sélectionneur et une place en cabine de commentateur), Henri Michel (58 capes, deux matchs commentés puis 36 dirigés) et enfin Michel Hidalgo (une sélection, 75 matchs en tant que sélectionneur et trois rencontres comme consultant).

C’est Larqué (263 matchs) qui s’est le plus souvent assis derrière le micro pour des rencontres de l’équipe de France, suivi de Roland (246) et Lizarazu (152). Le podium change à peine si on prend en compte les matchs disputés sur la pelouse ou le banc, puisque l’ancien Stéphanois reste en tête (277), mais c’est Lizarazu, qui peut encore améliorer ses stats, qui le suit (249) avec trois longueurs d’avance sur Roland (246) [1].

Quelques répliques célèbres

Ces 72 années de Bleus à la télévision ont laissé quelques répliques mémorables. Une bonne partie d’entre elles viennent de Thierry Roland, qui n’hésite à traiter un arbitre de salaud en 1976. On essaiera toutefois plutôt de retenir le coté cocardier du commentateur qui expliquait dans sa biographie que cet état d’esprit remonte à 1965 et la qualification française pour la Coupe du monde en Angleterre.

« Quand Gondet marque, j’oublie complètement qui je suis et ce que je fais là. Je saute en l’air au risque d’abîmer le matériel (...) et pour la première fois, je suis, quelque part, partie prenante du résultat. Pour la première fois de ma carrière, le grand public peut m’associer à une victoire de l’équipe de Franc de football. Ma réputation d’esprit cocardier est en route. Je deviens peu à peu le représentant des supporters et de tous ceux qui souhaitent voir triompher les Bleus, à une époque où ils ne sont pas à chaque rencontre les dieux du stade. »

En 1982, alors qu’Alain Giresse marque le but qui donne deux longueurs d’avance à la France en demi-finale de la Coupe du monde face à la RFA, il voit déjà les Bleus en finale : « 3 buts à 1, 9e minute de la prolongation. Et les Français qui sont pratiquement en finale de la Coupe du monde... »

C’est le regretté Didier Roustan qui commentera la première demi-finale victorieuse de la France deux ans plus tard et lâche des propos beaucoup plus pudiques quand la France met enfin à genou des Portugais combatifs. « Pour ne rien vous cacher, on a les larmes aux yeux. »

Le 12 juillet 1998, sur le coup de 23 heures, Roland peut enfin laisser éclater un bonheur sans retenue, quelques secondes après le troisième but français face au Brésil. « Vous le croyez ça ? L’équipe de France est championne du monde en battant le Brésil 3-0. Deux buts de Zidane, un but de Petit. Je crois qu’après avoir vu ça, on peut mourir tranquille. Enfin, le plus tard possible, mais on peut. Ah, c’est superbe. Quel pied ! Ah quel pied. Oh p*** ! »

Le héros de cette soirée mythique des Bleus a aussi droit à des adieux beaucoup plus douloureux, huit ans plus tard à Berlin, avec cette fois -ci un Thierry Gilardi incrédule, découvrant comme des millions de fans atterrés le dernier coup de tête du génial numéro 10 de l’équipe France. « Ouh, ouh Zinédine. Oh Zinédine. Pas ça. Pas ça Zinédine. Pas ça Zinédine. Oh non. Oh non, pas ça. Pas aujourd’hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait… »